Journal en français facile 24 février 2019
Loïc Bussières : 21h à Paris 1h de moins temps universel. Bonsoir et bienvenue si vous nous rejoignez pour cette nouvelle édition de votre Journal en français facile. Journal que j'ai le plaisir de vous présenter aux côtés de Jacques Allix. Bonsoir Jacques.
Jacques Allix : Bonsoir.
LB : Au sommaire ce soir : la situation au Venezuela et ces camions d'aide humanitaire toujours bloqués à la frontière avec la Colombie. Une zone qui se remet tant bien que mal d'une journée de violences. Les détails dans ce journal.
JA : Le pape François qui a appelé à une « bataille totale » contre ce qu'il qualifie de crime abominable après quatre jours de conférence au Vatican sur les violences sexuelles sur les mineurs.
LB : Et puis en France, le Gouvernement qui renonce à augmenter les frais d'inscription pour les doctorants étrangers. C'est ce qu'annonce la ministre de l'Enseignement supérieur.
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JA : Direction le Venezuela pour débuter cette édition au lendemain d'une journée marquée par des violences à la frontière avec la Colombie.
LB : En cause, le blocage de l'aide humanitaire du côté colombien. Une aide qui n'est toujours pas arrivée au Venezuela, contrairement à ce qu'affirmait hier le président par intérim Juan Guaido. Au même moment, vous le disiez Jacque Allix, des violences ont éclaté dans la zone frontalière où la garde nationale et des groupes de civils armés par le gouvernement sont parvenus à contenir la pression de ceux qui, de part et d'autre de la frontière, voulaient parvenir à faire passer ces cargaisons d'aliments et de médicaments. Plusieurs camions d'aides ont été brûlés devant le pont Simon Bolivar, l'un des principaux postes-frontière à San Antonio. Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées samedi. Ce dimanche, la vie reprend petit à petit. Reportage de notre envoyée spéciale Marie Normand.
Du verre brisé, des restes de barricade, quelques pierres… partout les stigmates de la journée de samedi. Cette femme qui habite juste à côté du pont Simon Bolivar sort timidement de chez elle. « Ici ils ont pillé deux magasins. On m'a dit que c'étaient les colectivos, les groupes armés par le gouvernement. Mais moi je n'ai rien vu, je ne suis pas sortie. Je ne serais sortie pour rien au monde ». Jésus Mirano tient un petit commerce de vêtements. Il a dû fermer précipitamment samedi. « Ça a été extrêmement dangereux pour tous les commerçants ici. Ils tiraient sans ménagement. Et avec la frontière fermée maintenant, il va falloir qu'on trouve autre chose à faire pour vivre. Toutes les personnes qui vivent exclusivement de ce commerce frontalier vont être affectées. Tout le pays va être affecté ». D'autres profitent de l'aubaine. Autour du poste-frontière, des familles négocient avec les passeurs pour traverser clandestinement en Colombie. Cela coûte l'équivalent de deux euros par personne. Gladys Quintero a fait le chemin inverse pour rentrer au Venezuela après avoir tenté d'aider le passage de l'aide humanitaire. « C'est une grande douleur pour moi, ce qu'il s'est passé. Parce que j'ai vu comment la garde nationale, l'institution censée protéger le peuple vénézuélien, a brûlé les médicaments dont le peuple a tant besoin ». Comme son mari à côté d'elle, elle appelle désormais à une intervention militaire. Marie Normand, San Antonio del Tachira, RFI.
LB : Par ailleurs, au plan diplomatique, la pression internationale continue de monter sur le régime de Nicolas Maduro. Ses « jours sont comptés » affirment notamment les États-Unis. Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo ajoute que le président socialiste est « pire du pire des tyrans ». De son côté, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres appelle « au calme » dans un communiqué où il demande « à tous les acteurs d'éviter la violence à tout prix ».
JA : À la une également, l'élection présidentielle au Sénégal.
LB : Plus de six millions de Sénégalais étaient appelés aux urnes ce dimanche après trois semaines de campagne. Les résultats ne sont pas encore connus, mais les premières tendances devraient se dessiner dans la soirée. Rendez-vous toute à l'heure, avec Zéphyrin Kouadio pour une édition spéciale élections au Sénégal à partir de 22h10 heure de Paris. À noter que la rédaction de RFI se mobilisera également demain matin, autour de Nathalie Amar, édition spéciale à partir de 8h10.
JA : 21h au Vatican. L'actualité de ce dimanche, c'est aussi ce sommet international sur la crise des abus sexuels sur les mineurs dans l'Église qui se refermait après quatre jours de travaux intenses.
LB : À l'issue de la messe qui venait clore cet évènement ce matin, le Pape François a prononcé un discours de conclusion. Un discours sans aucune annonce concrète, mais le pape a prononcé des mots forts pour dénoncer un mal qui ronge l'Église. Le reportage de notre correspondant au Vatican de Eric Sénanque.
Le Pape s'exprimant devant les évêques a d'abord dressé un panorama mondial des crimes sexuels contre les mineurs, s'appuyant notamment sur les données de l'ONU, évoquant par ailleurs les ravages du tourisme sexuel. Un constat très général pour expliquer que la pédophilie est un problème universel et transversal qui, malheureusement, existe presque partout. Mais ce sombre bilan « n'atténue pas sa monstruosité à l'intérieur de l'Église. » A dit aussi François. Les abus dans l'Église a expliqué le Pape sont d'autant plus scandaleux qu'ils sont en contradiction avec son autorité morale. Et cela vaut avant tous pour les prêtres. « La personne consacrée, choisie par Dieu pour guider les âmes vers le salut, se laisse asservir par sa propre fragilité humaine, ou sa propre maladie, devenant ainsi un instrument de Satan. » Face à ce fléau, l'Église a une conscience nouvelle de ce qu'elle doit faire a encore assuré François. « Elle se sent appelée à combattre ce mal qui touche le centre de sa mission : annoncer l'Évangile aux petits et les protéger des loups avides ». « Nous sommes aujourd'hui face à une manifestation du mal, flagrante, agressive et destructrice » a encore expliqué le souverain pontife. Des mots qui ne sont pas suffisants pour plusieurs victimes. S'il est encore trop pour dire ce qu'il ressortira de ce sommet au cœur du Vatican, quelques mesures concrètes devraient prochainement voir le jour, comme une nouvelle loi contre les abus sexuels à l'intérieur du Vatican et de la Curie.
JA : L'actualité en France et cette annonce du Gouvernement qui renonce à augmenter les frais d'inscription pour les doctorants étrangers.
LB : En se basant sur les recommandations d'un rapport remis cette semaine, le Gouvernement ne renonce pas pour autant à la hausse pour les étrangers voulant faire leurs licences et masters en France. Manon Leterq.
3 770 euros, c'est ce qu'aurait dû payer un doctorant étranger à la rentrée 2019 pour poursuivre ses études dans une université française. Mais le gouvernement fait marche arrière. Une bonne chose pour Abdoulaye Diarra, vice-président de l'UNEF, l'Union nationale des étudiants de France. [...] En revanche, la hausse des inscriptions en licences et masters pour les étudiants étrangers doit financer des exonérations et des bourses pour les moins favorisés. Un argument irrecevable pour le syndicat étudiant. [...] Avec cette mesure, le gouvernement espère attirer 127 000 étudiants de plus d'ici 2027, notamment ceux qui en ont les moyens.
LB : Fin de ce journal, l'heure de retrouver Yvan Amar et son expression de la semaine.
À la fin du Sommet organisé à la demande du Pape, sur les abus sexuels des prêtres, l'Église amorce son mea culpa. On nous le dit sur Rfi. Elle l'amorce, c'est-à-dire qu'elle le commence, un premier pas est fait, vers ce mea culpa. Mais de quoi s'agit-il quand on parle de mea culpa ? L'expression est latine, mais couramment utilisée en français. Et on comprend ce qui a poussé les journalistes à l'employer : il est question de l'Église catholique, et cette formule a son origine dans le rituel catholique. On trouve ces mots dans une prière très importante, le Confiteor, dans laquelle on avoue ses fautes pour demander qu'elles soient pardonnées : mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa, ce qui se traduit par c'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute. L'expression faire son mea culpa s'est donc répandue dans la langue française, et on peut très bien l'utiliser dans des circonstances qui n'ont aucun rapport avec la religion. Faire son mea culpa, c'est reconnaître devant tout le monde, et pas seulement face à sa conscience, ou en privé qu'on s'est trompé, c'est reconnaître sa faute. Avec une certaine solennité, en tout cas en insistant sur cet aveu public qui a presque valeur officielle. Ça n'annule peut-être pas les conséquences de la faute, ça ne fait pas vraiment revenir en arrière, mais c'est un symbole important. Une manière d'exprimer devant tout le monde, et qu'on demande pardon.