Pierre de Ronsard : Je voudroi bien richement jaunissant... [du Premier Livre des Amours, 1552]
Je voudrais bien richement jaunissant En pluie d'or goutte à goutte descendre Dans le beau sein de ma belle Cassandre, Lors qu'en ses yeux le somme va glissant.
Je voudrais bien en taureau blanchissant Me transformer pour finement la prendre, Quand en avril par l'herbe la plus tendre Elle va, fleur, mille fleurs ravissant.
Je voudrais bien alléger ma peine, Etre un Narcisse, et elle une fontaine, Pour m'y plonger une nuit à séjour ;
Et voudrais bien que cette nuit encore Durât toujours sans que jamais l'Aurore Pour m'éveiller ne rallumât le jour.