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Cinq semaines en ballon de Jules Verne, CHAPITRE XXIX

CHAPITRE XXIX

Symptômes de végétation.—Idée fantaisiste d'un auteur français.—Pays magnifique.—Royaume d'Adamova.—Les explorations de Speke et Burton reliées à celles de Barth.—Les monts Atlantika.—Le fleuve Benoué.—La ville d'Yola.—Le Bagélé.—Le mont Mendif. Depuis le moment de leur départ, les voyageurs marchèrent avec une grande rapidité ; il leur tardait de quitter ce désert qui avait failli leur être si funeste.

Vers neuf heures un quart du matin, quelques symptômes de végétation furent entrevus, herbes flottant sur cette mer de sable, et leur annonçant, comme à Christophe Colomb, la proximité de la terre ; des pousses vertes pointaient timidement entre des cailloux qui allaient eux-mêmes redevenir les rochers de cet Océan.

Des collines encore peu élevées ondulaient à l'horizon ; leur profil, estompé par la brume, se dessinait vaguement ; la monotonie disparaissait. Le docteur saluait avec joie cette contrée nouvelle, et, comme un marin en vigie, il était sur le point de s'écrier : « Terre ! terre ! Une heure plus tard, le continent s'étalait sous ses yeux, d'un aspect encore sauvage, mais moins plat, moins nu, quelques arbres se profilaient sur le ciel gris. Nous sommes donc en pays civilisé ? dit le chasseur.

—Civilisé ? Monsieur Dick ; c'est une manière de parler ; on ne voit pas encore d'habitants. —Ce ne sera pas long, répondit Fergusson, au train dont nous marchons.

—Est-ce que nous sommes toujours dans le pays des nègres, Monsieur Samuel ?

—Toujours, Joe, en attendant le pays des Arabes.

—Des Arabes, Monsieur, de vrais Arabes, avec leurs chameaux ?

—Non, sans chameaux ; ces animaux sont rares, pour ne pas dire inconnus dans ces contrées ; il faut remonter quelques degrés au nord pour les rencontrer.

—C'est fâcheux. —Et pourquoi, Joe

—Parce que, si 1e vent devenait contraire, ils pourraient nous servir.

—Comment ?

—Monsieur, c'est une idée qui me vient : on pourrait les atteler à la nacelle et se faire remorquer par eux. Qu'en dites-vous ? —Mon pauvre Joe, cette idée, un autre l'a eue avant toi ; elle a été exploitée par un très spirituel auteur français [M. Méry] ... dans un roman, il est vrai. Des voyageurs se font traîner en ballon par des chameaux ; arrive un lion qui dévore les chameaux, avale la remorque, et traîne à leur place ; ainsi de suite. Tu vois que tout ceci est de la haute fantaisie, et n'a rien de commun avec notre genre de locomotion. Joe, un peu humilié à la pensée que son idée avait déjà servi, chercha quel animal aurait pu dévorer le lion ; mais il ne trouva pas et se remit à examiner le pays.

Un lac d'une moyenne étendue s'étendait sous ses regards, avec un amphithéâtre de collines qui n'avaient pas encore le droit de s'appeler des montagnes ; là, serpentaient des vallées nombreuses et fécondes, et leurs inextricables fouillis d'arbres les plus variés ; l'élaïs dominait cette masse, portant des feuilles de quinze pieds de longueur sur sa tige hérissée d'épines aiguës ; le bombax chargeait le vent à son passage du fin duvet de ses semences ; les parfums actifs du pendanus, ce « kenda » des Arabes, embaumaient les airs jusqu'à la zone que traversait le Victoria ; le papayer aux feuilles palmées, le sterculier qui produit la noix du Soudan, le baobab et les bananiers complétaient cette flore luxuriante des régions intertropicales. « Le pays est superbe, dit le docteur.

—Voici les animaux, fit Joe ; les hommes ne sont pas loin.

—Ah ! les magnifiques éléphants ! s'écria Kennedy. Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de chasser un peu ? —Et comment nous arrêter, mon cher Dick, avec un courant de cette violence ? Non, goûte un peu le supplice de Tantale ! Tu te dédommageras plus tard. Il y avait de quoi, en effet, exciter l'imagination d'un chasseur ; le coeur de Dick bondissait dans sa poitrine, et ses doigts se crispaient sur la crosse de son Purdey. La faune de ce pays en valait la flore. Le b uf sauvage se vautrait dans une herbe épaisse sous laquelle il disparaissait tout entier ; des éléphants gris, noirs ou jaunes, de la plus grande taille, passaient comme une trombe au milieu des forêts, brisant, rongeant, saccageant, marquant leur passage par une dévastation ; sur le versant boisé des collines suintaient des cascades et des cours d'eau entraînés vers le nord ; là, les hippopotames se baignaient à grand bruit, et des lamentins de douze pieds de long, au corps pisciforme, s'étalaient sur les rives, en dressant vers le ciel leurs rondes mamelles gonflées de lait. C'était toute une ménagerie rare dans une serre merveilleuse, où des oiseaux sans nombre et de mille couleurs chatoyaient à travers les plantes arborescentes. A cette prodigalité de la nature, le docteur reconnut le superbe royaume d'Adamova. « Nous empiétons, dit-il, sur les découvertes modernes ; j'ai repris la piste interrompue des voyageurs ; c'est une heureuse fatalité, mes amis ; nous allons pouvoir rattacher les travaux des capitaines Burton et Speke aux explorations du docteur Barth ; nous avons quitté des Anglais pour retrouver un Hambourgeois, et bientôt nous arriverons au point extrême atteint par ce savant audacieux. —Il me semble, dit Kennedy, qu'entre ces deux explorations, il y a une vaste étendue de pays, si j'en juge par le chemin que nous avons fait. —C'est facile à calculer ; prends la carte et vois quelle est la longitude de la pointe méridionale du lac Ukéréoué atteinte par Speke. —Elle se trouve à peu près sur le trente-septième degré.

—Et la ville d'Yola, que nous relèverons ce soir, et à laquelle Barth parvint, comment est-elle située ? —Sur le douzième degré de longitude environ.

—Cela fait donc vingt-cinq degrés ; à soixante milles chaque, soit quinze cents milles [Six cent vingt-cinq lieues].

—Un joli bout de promenade, fit Joe, pour les gens qui iraient à pied.

—Cela se fera cependant. Livingstone et Moffat montent toujours vers l'intérieur ; le Nyassa, qu'ils ont découvert, n'est pas très éloigné du lac Tanganayka, reconnu par Burton ; avant la fin du siècle, ces contrées immenses seront certainement explorées Mais, ajouta le docteur en consultant sa boussole, je regrette que le vent nous porte tant à l'ouest ; j'aurais voulu remonter au nord. Après douze heures de marche, le Victoria se trouva sur les confins de la Nigritie. Les premiers habitants de cette terre, des Arabes Chouas, paissaient leurs troupeaux nomades. Les vastes sommets des monts Atlantika passaient par-dessus l'horizon, montagnes que nul pied européen n'a encore foulées, et dont l'altitude est estimée à treize cents toises environ. Leur pente occidentale détermine l'écoulement de toutes les eaux de cette partie de l'Afrique vers l'Océan ; ce sont les montagnes de la Lune de cette région. Enfin, un vrai fleuve apparut aux yeux des voyageurs, et, aux immenses fourmilières qui l'avoisinaient, le docteur reconnut le Bénoué, l'un des grands affluents du Niger, celui que les Indigènes ont nommé la « Source des eaux. Ce fleuve, dit le docteur à ses compagnons, deviendra un jour la voie naturelle de communication avec l'intérieur de la Nigritie ; sous le commandement de l'un de nos braves capitaines, le steamboat 1a Pléiade l'a déjà remonté jusqu'à la ville d'Yola ; vous voyez que nous sommes en pays de connaissance. De nombreux esclaves s'occupaient des champs, cultivant le sorgho, sorte de millet qui forme la base de leur alimentation ; les plus stupides étonnements se succédaient au passage du Victoria , qui filait comme un météore. Le soir, il s'arrêtait à quarante milles d'Yola, et devant lui, mais au loin, se dressaient les deux cônes aigus du mont Mendif. Le docteur fit jeter les ancres, et s'accrocha au sommet d'un arbre élevé ; mais un vent très dur ballottait le Victoria jusqu à le coucher horizontalement, et rendait parfois la position de la nacelle extrêmement dangereuse. Fergusson ne ferma pas l' il de la nuit, souvent il fut sur le point de couper le câble d'attache et de fuir devant la tourmente. Enfin la tempête se calma, et les oscillations de l'aérostat n'eurent plus rien d'inquiétant. Le lendemain, le vent se montra plus modéré, mais il éloignait les voyageurs de la ville d'Yola, qui, nouvellement reconstruite par les Foullannes, excitait la cutiosité de Fergusson ; néanmoins il fallut se résigner à s'élever dans le nord, et même un peu dans l'est. Kennedy proposa dé faire une halte dans ce pays de chasse ; Joe prétendait que le besoin de viande fraîche se faisait sentir ; mais les m urs sauvages de ce pays, l'attitude de là population, quelques coups de fusil tirés dans la direction du Victoria , engagèrent le docteur à continuer son voyage. On traversait alors une contrée, théâtre de massacres et d'incendies, où les luttes guerrières sont incessantes, et dans lesquelles les sultans jouent leur royaume au milieu des plus atroces carnages. Des villages nombreux, populeux, à longues cases, s'étendaient entre les grands pâturages, dont l'herbe épaisse était semée de fleurs violettes ; les huttes, semblables à de vastes ruches, s'abritaient derrière des palissades hérissées. Les versants sauvages des collines rappelaient les « glen » des hautes terres d'Écosse, et Kennedy en fit plusieurs fois la remarque. En dépit de ses efforts, le docteur portait en plein dans le nord-est, vers le mont Mendif, qui disparaissait au milieu des nuages ; les hauts sommets de ces montagnes séparent le bassin du Niger du bassin du lac Tchad.

Bientôt apparut le Bagelé, avec ses dix-huit villages accrochés à ses flancs, comme toute une nichée d'enfants au sein de leur mère, magnifique spectacle pour des regards qui dominaient et saisissaient cet ensemble ; les ravins, se montraient couverts de champs de riz et d'arachides. A trois heures, le Victoria se trouvait en face du mont Mendif. On n'avait pu l'éviter, il fallut le franchir. Le docteur, au moyen d'une température qu'il accrut de cent quatre-vingts degrés [100° centigrades] , donna au ballon une nouvelle force ascensionnelle de près de seize cents livres ; i1 s'éleva à plus de huit mille pieds. Ce fut la plus grande élévation obtenue pendant le voyage, et la température s'abaissa tellement que le docteur et ses compagnons durent recourir à leurs couvertures. Fergusson eut hâte de descendre, car l'enveloppe de l'aérostat se tendait à rompre ; il eut le temps de constater cependant l'origine volcanique de la montagne, dont les cratères éteints ne sont plus que de profonds abîmes. De grandes agglomérations de fientes d'oiseaux donnaient aux flancs du Mendif l'apparence de roches calcaires, et il y avait là de quoi fumer les terres de tout le Royaume-Uni. A cinq heures, le Victoria , abrité des vents du sud, longeait doucement les pentes de la montagne, et s'arrêtait dans une vaste clairière éloignée de toute habitation ; dès qu'il eut touché le sol, les précautions furent prises pour l'y retenir fortement, et Kennedy, son fusil à la main, s'élança dans la plaine inclinée ; il ne tarda pas à revenir avec une demi-douzaine de canards sauvages et une sorte de bécassine, que Joe accom-moda de son mieux. Le repas fut agréable, et la nuit se ; passa dans un repos profond

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CHAPITRE XXIX CHAPTER XXIX CAPÍTULO XXIX FEJEZET XXIX ROZDZIAŁ XXIX CAPÍTULO XXIX

Symptômes de végétation.—Idée fantaisiste d'un auteur français.—Pays magnifique.—Royaume d'Adamova.—Les explorations de Speke et Burton reliées à celles de Barth.—Les monts Atlantika.—Le fleuve Benoué.—La ville d'Yola.—Le Bagélé.—Le mont Mendif. ||||||||||||||||||||those|||||||||||||Bagélé||| Vegetation symptoms. — Fanciful idea of a French author. — Magnificent country. — Kingdom of Adamova. — The explorations of Speke and Burton linked to those of Barth. — The Atlantika mountains. — The Benoué river. — The city of 'Yola. — Le Bagélé. — Mont Mendif. A növényzet tünetei. – Egy francia szerző fantáziaötlete. – Csodálatos ország. – Adamova királysága. – Speke és Burton felfedezései összefüggenek Barth felfedezésével. – Az Atlantika-hegység. – A Benoué folyó. – A város – Yola. – Le Bagélé. – Mont Mendif. Depuis le moment de leur départ, les voyageurs marchèrent avec une grande rapidité ; il leur tardait de quitter ce désert qui avait failli leur être si funeste. ||||||||||||||||||||||||||disastrous From the moment of their departure, the travelers walked with great rapidity; they longed to leave this desert which had almost been so fatal to them. Az utazók indulásuk pillanatától kezdve nagy sebességgel meneteltek; vágytak elhagyni ezt a sivatagot, amely majdnem végzetes volt számukra.

Vers neuf heures un quart du matin, quelques symptômes de végétation furent entrevus, herbes flottant sur cette mer de sable, et leur annonçant, comme à Christophe Colomb, la proximité de la terre ; des pousses vertes pointaient timidement entre des cailloux qui allaient eux-mêmes redevenir les rochers de cet Océan. |||||||||||were|were glimpsed|||||||||||||||||||||shoots|||||||||||||||| Towards a quarter past nine in the morning, some symptoms of vegetation were glimpsed, grasses floating on this sea of sand, and announcing to them, as at Christopher Columbus, the proximity of the earth; green shoots timidly pointed between pebbles which were themselves going to become again the rocks of this Ocean. Körülbelül reggel negyed tíz körül a növényzet néhány tünete megpillantották, füvek lebegtek ezen a homoktengeren, és a szárazföld közelségét hirdették nekik, mint Kolumbusz Kristófnak; zöld hajtások bátortalanul kilógtak a kavicsok között, amelyek maguk is újra ennek az óceánnak a sziklái lettek.

Des collines encore peu élevées ondulaient à l'horizon ; leur profil, estompé par la brume, se dessinait vaguement ; la monotonie disparaissait. ||||||||||blurred|||mist|||||| Still low hills rippled on the horizon; their profile, blurred by the mist, was outlined vaguely; the monotony disappeared. Még mindig alacsony dombok hullámzottak a láthatáron; a ködtől elmosódott profiljuk homályosan körvonalazódott; megszűnt a monotónia. Le docteur saluait avec joie cette contrée nouvelle, et, comme un marin en vigie, il était sur le point de s'écrier : The doctor greeted this new country with joy, and, like a sailor on the lookout, he was on the point of exclaiming: « Terre ! terre ! Une heure plus tard, le continent s'étalait sous ses yeux, d'un aspect encore sauvage, mais moins plat, moins nu, quelques arbres se profilaient sur le ciel gris. ||||||||||||||||||bare|||||||| An hour later, the continent sprawled before his eyes, still wild, but less flat, less naked, a few trees loomed against the gray sky. Nous sommes donc en pays civilisé ? So we are in a civilized country? dit le chasseur.

—Civilisé ? Monsieur Dick ; c'est une manière de parler ; on ne voit pas encore d'habitants. Mr. Dick; it is a way of speaking; we don't see any inhabitants yet. —Ce ne sera pas long, répondit Fergusson, au train dont nous marchons. "It won't be long," replied Fergusson, as we are walking.

—Est-ce que nous sommes toujours dans le pays des nègres, Monsieur Samuel ? "Are we still in the country of the negroes, Monsieur Samuel?"

—Toujours, Joe, en attendant le pays des Arabes. “Always, Joe, waiting for the land of the Arabs.

—Des Arabes, Monsieur, de vrais Arabes, avec leurs chameaux ? "Arabs, sir, real Arabs, with their camels?"

—Non, sans chameaux ; ces animaux sont rares, pour ne pas dire inconnus dans ces contrées ; il faut remonter quelques degrés au nord pour les rencontrer. —No, without camels; these animals are rare, not to say unknown in these countries; you have to go up a few degrees north to meet them.

—C'est fâcheux. |unfortunate “It is annoying. —Et pourquoi, Joe

—Parce que, si 1e vent devenait contraire, ils pourraient nous servir. —Because if the wind becomes headwind, they could serve us.

—Comment ?

—Monsieur, c'est une idée qui me vient : on pourrait les atteler à la nacelle et se faire remorquer par eux. ||||||||||harness|||||||tow|| - Sir, this is an idea that comes to me: we could harness them to the basket and be towed by them. Qu'en dites-vous ? What do you think? —Mon pauvre Joe, cette idée, un autre l'a eue avant toi ; elle a été exploitée par un très spirituel auteur français [M. Méry] ... dans un roman, il est vrai. “My poor Joe, another idea had it before you; it was exploited by a very witty French author [M. Méry] ... in a novel, it is true. Des voyageurs se font traîner en ballon par des chameaux ; arrive un lion qui dévore les chameaux, avale la remorque, et traîne à leur place ; ainsi de suite. ||||drag||||||||||||camels|swallows|||||||||| Travelers are dragged in a balloon by camels; a lion arrives who devours the camels, swallows the trailer, and drags in their place; and so on. Tu vois que tout ceci est de la haute fantaisie, et n'a rien de commun avec notre genre de locomotion. Joe, un peu humilié à la pensée que son idée avait déjà servi, chercha quel animal aurait pu dévorer le lion ; mais il ne trouva pas et se remit à examiner le pays. Joe, a little humiliated at the thought that his idea had already served, looked for which animal could have devoured the lion; but he did not find and resumed examining the country.

Un lac d'une moyenne étendue s'étendait sous ses regards, avec un amphithéâtre de collines qui n'avaient pas encore le droit de s'appeler des montagnes ; là, serpentaient des vallées nombreuses et fécondes, et leurs inextricables fouillis d'arbres les plus variés ; l'élaïs dominait cette masse, portant des feuilles de quinze pieds de longueur sur sa tige hérissée d'épines aiguës ; le bombax chargeait le vent à son passage du fin duvet de ses semences ; les parfums actifs du pendanus, ce « kenda » des Arabes, embaumaient les airs jusqu'à la zone que traversait le  Victoria ; le papayer aux feuilles palmées, le sterculier qui produit la noix du Soudan, le baobab et les bananiers complétaient cette flore luxuriante des régions intertropicales. ||||||||||||||||||||||||||||||fertile||||tangle|||||elaïs|||||||||||||||hunched|of thorns|sharp||bombax|||||||||down|||seeds|||||pandanus|||||perfumed||||||||||||||||sterculier||||nut||||||||||||||intertropical regions A medium-sized lake stretched out before him, with an amphitheater of hills which were not yet entitled to be called mountains; there, meandering numerous and fertile valleys, and their inextricable jumble of the most varied trees; the elais dominated this mass, carrying leaves fifteen feet long on its stem bristling with sharp thorns; the bombax charged the wind as it passed with the fine down of its seeds; the active scents of pendanus, this "kenda" of the Arabs, perfumed the air up to the area crossed by Victoria; the papaya tree with palmate leaves, the cranberry tree which produces Sudan nuts, baobab and banana trees completed this luxuriant flora of the intertropical regions. « Le pays est superbe, dit le docteur. "The country is superb," said the doctor.

—Voici les animaux, fit Joe ; les hommes ne sont pas loin.

—Ah ! les magnifiques éléphants ! s'écria Kennedy. Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de chasser un peu ? Isn't there a way to hunt a little? —Et comment nous arrêter, mon cher Dick, avec un courant de cette violence ? "And how can we stop, my dear Dick, with a current of this violence?" Non, goûte un peu le supplice de Tantale ! No, taste the tantalum's torture a little! Tu te dédommageras plus tard. ||will compensate|| You will compensate yourself later. Il y avait de quoi, en effet, exciter l'imagination d'un chasseur ; le coeur de Dick bondissait dans sa poitrine, et ses doigts se crispaient sur la crosse de son Purdey. |||||||||||||||bounded|||chest|||||tightened|||||| There was enough, indeed, to excite the imagination of a hunter; Dick's heart leapt into his chest, and his fingers tightened on the butt of his Purdey. La faune de ce pays en valait la flore. The fauna of this country was worth the flora. Le b uf sauvage se vautrait dans une herbe épaisse sous laquelle il disparaissait tout entier ; des éléphants gris, noirs ou jaunes, de la plus grande taille, passaient comme une trombe au milieu des forêts, brisant, rongeant, saccageant, marquant leur passage par une dévastation ; sur le versant boisé des collines suintaient des cascades et des cours d'eau entraînés vers le nord ; là, les hippopotames se baignaient à grand bruit, et des lamentins de douze pieds de long, au corps pisciforme, s'étalaient sur les rives, en dressant vers le ciel leurs rondes mamelles gonflées de lait. |||||wallowed|||||||||||||||||||||||||||||||gnawing|devastating||||||||||wooded|||oozed||||||||||||||||||noise|||manatees|||||||||spread|||||||||||mammaries|swollen|| The wild beef would wallow in a thick grass under which it would disappear entirely; gray, black or yellow elephants, of the largest size, passed like a tornado in the middle of the forests, breaking, gnawing, ransacking, marking their passage by devastation; on the wooded slope of the hills oozed waterfalls and streams drawn to the north; there, the hippos bathed with great noise, and twelve-foot-long lamentins, with fish-shaped bodies, sprawled on the banks, raising their round breasts swollen with milk to the sky. C'était toute une ménagerie rare dans une serre merveilleuse, où des oiseaux sans nombre et de mille couleurs chatoyaient à travers les plantes arborescentes. |||menagerie||||||||||||||||||||tree-like It was quite a rare menagerie in a wonderful greenhouse, where countless birds and a thousand colors shimmered through the tree plants. A cette prodigalité de la nature, le docteur reconnut le superbe royaume d'Adamova. ||prodigality||||||recognized|||| « Nous empiétons, dit-il, sur les découvertes modernes ; j'ai repris la piste interrompue des voyageurs ; c'est une heureuse fatalité, mes amis ; nous allons pouvoir rattacher les travaux des capitaines Burton et Speke aux explorations du docteur Barth ; nous avons quitté des Anglais pour retrouver un Hambourgeois, et bientôt nous arriverons au point extrême atteint par ce savant audacieux. |tread||||||||||track|||||||||||||reconnect||||||||||||||||||||||||||||||||| "We are encroaching," he said, "on modern discoveries; I resumed the interrupted passenger trail; it is a happy fatality, my friends; we will be able to link the work of Captains Burton and Speke to the explorations of Doctor Barth; we left the English to find a Hamburger, and soon we will arrive at the extreme point reached by this daring scientist. —Il me semble, dit Kennedy, qu'entre ces deux explorations, il y a une vaste étendue de pays, si j'en juge par le chemin que nous avons fait. "It seems to me," said Kennedy, "that between these two explorations, there is a vast expanse of country, if I judge by the path we have taken. —C'est facile à calculer ; prends la carte et vois quelle est la longitude de la pointe méridionale du lac Ukéréoué atteinte par Speke. ||||||||||||||||||||reached|| —It's easy to calculate; take the map and see what is the longitude of the southern point of Lac Ukéréoué reached by Speke. —Elle se trouve à peu près sur le trente-septième degré. "It is about thirty-seventh degree.

—Et la ville d'Yola, que nous relèverons ce soir, et à laquelle Barth parvint, comment est-elle située ? ||||||will raise||||||||||| "And the town of Yola, which we will raise this evening, and to which Barth arrived, how is it situated?" —Sur le douzième degré de longitude environ. —On about the twelfth degree of longitude.

—Cela fait donc vingt-cinq degrés ; à soixante milles chaque, soit quinze cents milles [Six cent vingt-cinq lieues]. "It is therefore twenty-five degrees; sixty miles each, or fifteen hundred miles [Six hundred and twenty-five leagues].

—Un joli bout de promenade, fit Joe, pour les gens qui iraient à pied. |||||||||||would go|| "A nice stroll," said Joe, "for the people who would be walking.

—Cela se fera cependant. "It will be done, however." Livingstone et Moffat montent toujours vers l'intérieur ; le Nyassa, qu'ils ont découvert, n'est pas très éloigné du lac Tanganayka, reconnu par Burton ; avant la fin du siècle, ces contrées immenses seront certainement explorées Mais, ajouta le docteur en consultant sa boussole, je regrette que le vent nous porte tant à l'ouest ; j'aurais voulu remonter au nord. |||||||||||||||distant||||recognized||||||||||||||||||||||||||||||||||go back|| Livingstone and Moffat always climb inward; the Nyassa, which they discovered, is not very far from Lake Tanganayka, recognized by Burton; before the end of the century, these immense regions will certainly be explored. But, added the doctor, consulting his compass, I regret that the wind carries us so much to the west; I would have liked to go north. Après douze heures de marche, le  Victoria se trouva sur les confins de la Nigritie. |||||||||||borders||| After twelve hours of walking, the Victoria found itself on the borders of Nigeria. Les premiers habitants de cette terre, des Arabes Chouas, paissaient leurs troupeaux nomades. |||||||||grazed||herds| The first inhabitants of this land, Arab Chouas, grazed their nomadic herds. Les vastes sommets des monts Atlantika passaient par-dessus l'horizon, montagnes que nul pied européen n'a encore foulées, et dont l'altitude est estimée à treize cents toises environ. |||||||||||||||||tread|||||||||fathoms| The vast peaks of the Atlantika mountains passed over the horizon, mountains that no European foot has yet trodden, and whose altitude is estimated at around thirteen hundred toises. Leur pente occidentale détermine l'écoulement de toutes les eaux de cette partie de l'Afrique vers l'Océan ; ce sont les montagnes de la Lune de cette région. ||||the flow||||||||||||||||||||| Their western slope determines the flow of all the waters from this part of Africa to the ocean; these are the mountains of the Moon in this region. Enfin, un vrai fleuve apparut aux yeux des voyageurs, et, aux immenses fourmilières qui l'avoisinaient, le docteur reconnut le Bénoué, l'un des grands affluents du Niger, celui que les Indigènes ont nommé la « Source des eaux. ||||||||||||termite mounds||bordered|||||||||||||||||||||waters Finally, a real river appeared in the eyes of the travelers, and, in the immense anthills which surrounded it, the doctor recognized the Bénoué, one of the great tributaries of Niger, that which the Indigenous people called the "Source of the waters." Ce fleuve, dit le docteur à ses compagnons, deviendra un jour la voie naturelle de communication avec l'intérieur de la Nigritie ; sous le commandement de l'un de nos braves capitaines, le steamboat  1a Pléiade l'a déjà remonté jusqu'à la ville d'Yola ; vous voyez que nous sommes en pays de connaissance. ||||||||||||way||||||||Nigeria|||||||||||||||||||||||||||||knowledge This river, said the doctor to his companions, will one day become the natural channel of communication with the interior of Nigeria. under the command of one of our brave captains, the steamboat 1a Pléiade has already brought it up to the town of Yola; you see that we are in a country of knowledge. De nombreux esclaves s'occupaient des champs, cultivant le sorgho, sorte de millet qui forme la base de leur alimentation ; les plus stupides étonnements se succédaient au passage du  Victoria , qui filait comme un météore. ||||||||||||||||||||||||||||||was spinning||| Many slaves tended to the fields, cultivating sorghum, a kind of millet which forms the basis of their food; the stupidest astonishments followed one another at the passage of Victoria, which flew like a meteor. Le soir, il s'arrêtait à quarante milles d'Yola, et devant lui, mais au loin, se dressaient les deux cônes aigus du mont Mendif. ||||||||||||||||||cones|sharp||| In the evening, he stopped forty miles from Yola, and before him, but far away, stood the two sharp cones of Mount Mendif. Le docteur fit jeter les ancres, et s'accrocha au sommet d'un arbre élevé ; mais un vent très dur ballottait le  Victoria jusqu à le coucher horizontalement, et rendait parfois la position de la nacelle extrêmement dangereuse. ||||||||||||||||||was rocking||||||||||||||||| The doctor caused the anchors to be thrown, and clung to the top of a high tree; but a very hard wind tossed the Victoria until setting it horizontally, and sometimes made the position of the nacelle extremely dangerous. Fergusson ne ferma pas l' il de la nuit, souvent il fut sur le point de couper le câble d'attache et de fuir devant la tourmente. ||||||||||||||||||||||flee|||storm Fergusson did not close his eyes at night, often he was on the point of cutting the tether and fleeing before the storm. Enfin la tempête se calma, et les oscillations de l'aérostat n'eurent plus rien d'inquiétant. Finally the storm subsided, and the oscillations of the aerostat no longer had anything to worry about. Le lendemain, le vent se montra plus modéré, mais il éloignait les voyageurs de la ville d'Yola, qui, nouvellement reconstruite par les Foullannes, excitait la cutiosité de Fergusson ; néanmoins il fallut se résigner à s'élever dans le nord, et même un peu dans l'est. The next day, the wind was more moderate, but it kept travelers away from the town of Yola, which, newly rebuilt by the Foullannes, excited the cutiosity of Fergusson; nevertheless it was necessary to resign oneself to rise in the north, and even a little in the east. Kennedy proposa dé faire une halte dans ce pays de chasse ; Joe prétendait que le besoin de viande fraîche se faisait sentir ; mais les m urs sauvages de ce pays, l'attitude de là population, quelques coups de fusil tirés dans la direction du  Victoria , engagèrent le docteur à continuer son voyage. Kennedy proposed to stop in this hunting country; Joe claimed that there was a need for fresh meat; but the savage mores of this country, the attitude of the population, a few shots fired in the direction of Victoria, induced the doctor to continue his journey. On traversait alors une contrée, théâtre de massacres et d'incendies, où les luttes guerrières sont incessantes, et dans lesquelles les sultans jouent leur royaume au milieu des plus atroces carnages. |||||||||||||||incessant|||||||||||||| We crossed then a country, theater of massacres and fires, where the war struggles are ceaseless, and in which the sultans play their kingdom in the middle of the most atrocious carnages. Des villages nombreux, populeux, à longues cases, s'étendaient entre les grands pâturages, dont l'herbe épaisse était semée de fleurs violettes ; les huttes, semblables à de vastes ruches, s'abritaient derrière des palissades hérissées. |||||||||||pastures|||thick||seeded|||||||||||sheltered|||palisades|hastily erected Numerous villages, populous, with long huts, stretched between the great pastures, whose thick grass was strewn with purple flowers; the huts, like vast beehives, sheltered behind spiky palisades. Les versants sauvages des collines rappelaient les « glen » des hautes terres d'Écosse, et Kennedy en fit plusieurs fois la remarque. |slopes||||||glen|||||||||||| The wild slopes of the hills were reminiscent of the "glen" of the Scottish highlands, and Kennedy made the point several times. En dépit de ses efforts, le docteur portait en plein dans le nord-est, vers le mont Mendif, qui disparaissait au milieu des nuages ; les hauts sommets de ces montagnes séparent le bassin du Niger du bassin du lac Tchad. |spite|||||||||||||||||||||||||||||||||||||| In spite of his efforts, the doctor was heading straight to the northeast, towards Mount Mendif, which disappeared in the midst of the clouds; the high peaks of these mountains separate the Niger basin from the Lake Chad basin.

Bientôt apparut le Bagelé, avec ses dix-huit villages accrochés à ses flancs, comme toute une nichée d'enfants au sein de leur mère, magnifique spectacle pour des regards qui dominaient et saisissaient cet ensemble ; les ravins, se montraient couverts de champs de riz et d'arachides. |||||||||hung|||||||||||||||||||||||||||||||||||of peanuts Soon appeared the Bagele, with its eighteen villages clinging to its flanks, like a whole nest of children within their mother, a magnificent spectacle for looks that dominated and seized this whole; the ravines, appeared covered with rice fields and peanuts. A trois heures, le  Victoria se trouvait en face du mont Mendif. At three o'clock, the Victoria was opposite Mont Mendif. On n'avait pu l'éviter, il fallut le franchir. We could not avoid it, we had to cross it. Le docteur, au moyen d'une température qu'il accrut de cent quatre-vingts degrés [100° centigrades] , donna au ballon une nouvelle force ascensionnelle de près de seize cents livres ; i1 s'éleva à plus de huit mille pieds. |||||||increased||||||||||||||||||||||||||| The doctor, by means of a temperature which he increased by a hundred and eighty degrees [100 ° centigrade], gave the balloon a new ascending force of nearly sixteen hundred pounds; It rose to more than eight thousand feet. Ce fut la plus grande élévation obtenue pendant le voyage, et la température s'abaissa tellement que le docteur et ses compagnons durent recourir à leurs couvertures. ||||||||||||||||||||||resort|||blankets It was the highest elevation obtained during the trip, and the temperature dropped so much that the doctor and his companions had to resort to their blankets. Fergusson eut hâte de descendre, car l'enveloppe de l'aérostat se tendait à rompre ; il eut le temps de constater cependant l'origine volcanique de la montagne, dont les cratères éteints ne sont plus que de profonds abîmes. ||||||||||||break||||||||||||||||||||||| Fergusson was in a hurry to go down, for the envelope of the aerostat tended to break; he had time to note, however, the volcanic origin of the mountain, whose extinct craters are no more than deep abysses. De grandes agglomérations de fientes d'oiseaux donnaient aux flancs du Mendif l'apparence de roches calcaires, et il y avait là de quoi fumer les terres de tout le Royaume-Uni. ||||droppings||||||||||||||||||||||||| Large agglomerations of bird droppings gave the flanks of the Mendif the appearance of limestone rocks, and there was enough to smoke the lands of the whole of the United Kingdom. A cinq heures, le  Victoria , abrité des vents du sud, longeait doucement les pentes de la montagne, et s'arrêtait dans une vaste clairière éloignée de toute habitation ; dès qu'il eut touché le sol, les précautions furent prises pour l'y retenir fortement, et Kennedy, son fusil à la main, s'élança dans la plaine inclinée ; il ne tarda pas à revenir avec une demi-douzaine de canards sauvages et une sorte de bécassine, que Joe accom-moda de son mieux. |||||sheltered|||||was沿||||||||||||clearing||||||||||||||||||||||rifle||||||||||||||||||||||||||snipe|||accommodated|||| At five o'clock the Victoria, sheltered from the southerly winds, gently skirted the slopes of the mountain, and stopped in a vast clearing far from any habitation; as soon as he touched the ground, precautions were taken to keep him there, and Kennedy, rifle in hand, rushed into the inclined plain; he soon returned with half a dozen wild ducks and a kind of snipe, which Joe did his best. Le repas fut agréable, et la nuit se ; passa dans un repos profond The meal was nice, and the night; passed into a deep rest