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Les mots de l'actualité (2009), HARO   2009-10-02

HARO 2009-10-02

« Haro sur les barons ! » C'est le gros titre qu'on peut lire à la une de « Libération » d'hier. Il se réfère aux barons du Parti socialiste, c'est-à-dire aux personnages influents, qui tiennent à leur influence, à leur pouvoir, à leur place dans la hiérarchie de ce parti. Alors, on peut se dire bien sûr que ce qui a dicté ce titre, c'est qu'on peut penser qu'il sonne bien : haro est symétrique de barons ; les deux mots se ressemblent beaucoup ce qui crée un effet d'allitération. Mais quel est le sens de la phrase ? Elle signifie « sus aux barons ! », ou « tout le monde unis contre les barons ! ».

Liguons-nous contre eux pour nous en débarrasser. C'est bien à cela que sert cette exclamation « haro ! ».

C'est en effet une exclamation, un mot crié, qui prend son sens dans cette situation d'appel. Un cri qui est censé exciter la vindicte de tous ceux qui l'écoutent. On voit bien qu'il s'agit d'un mot ancien dont l'utilisation se réfère à d'anciennes pratiques. En effet, au moyen-âge, il y avait même une règle de comportement, admise par tous : si quelqu'un criait « haro ! », ceux qui entendaient ce cri étaient obligés d'intervenir. Un peu comme pour les bateaux, qui aujourd'hui encore se portent assistance quand un message de détresse est lancé et capté : aucun marin ne songerait à s'y soustraire. Haro correspond donc un peu à d'autres exclamations : « A l'aide ! Au secours ! ».

Alors que, haro est rare et que son usage a changé. Il s'agit bien d'un mot qui perçu comme oral, comme crié. Seulement on l'emploie toujours dans un discours indirect. On met en scène la possibilité qu'il soit proféré, et il n'appartient qu'à une langue qui rapporte son usage. Personne ne crie « haro ! » pour de bon. Mais on utilise l'expression « crier haro sur quelqu'un ». Avec un effet de sens particulier, parce qu'on crie quasiment toujours haro sur un bouc émissaire, quelqu'un qui n'est pas coupable, ou pas beaucoup, et à qui on fera porter l'ensemble de fautes dont il n'est pas le seul responsable. Crier haro sur quelqu'un est donc une action blâmable, présentée comme honteuse, soulignée pour qu'on la condamne. D'où vient cet usage particulier ? D'une fable de La Fontaine, avec une citation qui est à l'œuvre dans la langue française, même si on n'a pas toujours la phrase exacte en tête : « À ces mots, on cria haro sur le baudet ». La peste ravage la société des animaux qui se réunissent pour savoir si l'en d'entre eux n'a pas offensé le ciel. Après un premier moment de sincérité, chacun se renferme, a peur d'accuser les puissants. Mais faut trouver un coupable. Alors, lorsque l'âne avoue qu'il a un jour brouté une herbe à laquelle il n'avait pas droit, tout le monde en profite pour dire que c'est lui le responsable de tous les maux qui s'abattent sur le monde, « Haro sur le baudet ! ».

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


HARO   2009-10-02 HARO 2009-10-02 HARO 2009-10-02

« Haro sur les barons ! "Haro on the barons! » C'est le gros titre qu'on peut lire à la une de « Libération » d'hier. "This is the headline on the front page of yesterday's "Libération". Il se réfère aux barons du Parti socialiste, c'est-à-dire aux personnages influents, qui tiennent à leur influence, à leur pouvoir, à leur place dans la hiérarchie de ce parti. It refers to the barons of the Socialist Party, that is to say to the influential characters, who hold to their influence, their power, their place in the hierarchy of this party. Alors, on peut se dire bien sûr que ce qui a dicté ce titre, c'est qu'on peut penser qu'il sonne bien : haro est symétrique de barons ; les deux mots se ressemblent beaucoup ce qui crée un effet d'allitération. So, we can say of course that what dictated this title is that we can think that it sounds good: haro is symmetrical of barons; the two words are very similar which creates an alliteration effect. Mais quel est le sens de la phrase ? Elle signifie « sus aux barons ! », ou « tout le monde unis contre les barons ! ».

Liguons-nous contre eux pour nous en débarrasser. C'est bien à cela que sert cette exclamation « haro ! ».

C'est en effet une exclamation, un mot crié, qui prend son sens dans cette situation d'appel. Un cri qui est censé exciter la vindicte de tous ceux qui l'écoutent. On voit bien qu'il s'agit d'un mot ancien dont l'utilisation se réfère à d'anciennes pratiques. En effet, au moyen-âge, il y avait même une règle de comportement, admise par tous : si quelqu'un criait « haro ! », ceux qui entendaient ce cri étaient obligés d'intervenir. Un peu comme pour les bateaux, qui aujourd'hui encore se portent assistance quand un message de détresse est lancé et capté : aucun marin ne songerait à s'y soustraire. Haro correspond donc un peu à d'autres exclamations : « A l'aide ! Au secours ! ».

Alors que, haro est rare et que son usage a changé. Il s'agit bien d'un mot qui perçu comme oral, comme crié. Seulement on l'emploie toujours dans un discours indirect. On met en scène la possibilité qu'il soit proféré, et il n'appartient qu'à une langue qui rapporte son usage. Personne ne crie « haro ! » pour de bon. Mais on utilise l'expression « crier haro sur quelqu'un ». Avec un effet de sens particulier, parce qu'on crie quasiment toujours haro sur un bouc émissaire, quelqu'un qui n'est pas coupable, ou pas beaucoup, et à qui on fera porter l'ensemble de fautes dont il n'est pas le seul responsable. Crier haro sur quelqu'un est donc une action blâmable, présentée comme honteuse, soulignée pour qu'on la condamne. D'où vient cet usage particulier ? D'une fable de La Fontaine, avec une citation qui est à l'œuvre dans la langue française, même si on n'a pas toujours la phrase exacte en tête : « À ces mots, on cria haro sur le baudet ». La peste ravage la société des animaux qui se réunissent pour savoir si l'en d'entre eux n'a pas offensé le ciel. Après un premier moment de sincérité, chacun se renferme, a peur d'accuser les puissants. Mais faut trouver un coupable. Alors, lorsque l'âne avoue qu'il a un jour brouté une herbe à laquelle il n'avait pas droit, tout le monde en profite pour dire que c'est lui le responsable de tous les maux qui s'abattent sur le monde, « Haro sur le baudet ! ».

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/