Journal en français facile 02/05/2020 20h00 GMT
Jérome Bastion : Bienvenue sur Radio France internationale, il est 22h à Paris, 20h en temps universel, et c'est l'heure de votre Journal en français facile ! À la Une de ce samedi 2 mai, la pandémie de Covid-19 qui a désormais fait près de 241 700 victimes dans le monde :
- l'état d'urgence sanitaire va être prolongé de deux mois en France. Le projet de loi du gouvernement précise les conditions de mise en quarantaine et d'isolement des personnes qui ne s'appliqueront qu'aux nouveaux arrivants en France. - le déconfinement commence à prendre forme en Irlande, mais de manière très progressive, ainsi les premiers commerces non alimentaires rouvriront dès le 18 mai, en revanche les écoles devront attendre la rentrée de septembre.
- le Yémen, en guerre depuis plus de 5 ans et dans une situation humanitaire catastrophique, la pandémie est très peu présente mais les mesures de précaution sont quasi-inexistantes et font craindre une contagion à large échelle.
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JB : La décrue se poursuit en France sur le front de la pandémie de Covid-19 : le ministère de la Santé a annoncé 166 décès au cours des dernières 24h, pour un total de 24 760 morts depuis le 1er mars. Mais surtout, le nombre de patients en réanimation continue de baisser, 651 malades depuis vendredi. Ce samedi, le gouvernement français a donc décidé de prolonger de deux mois l'état d'urgence sanitaire en vigueur actuellement pour lutter contre l'épidémie de Covid-19. Entré en vigueur le 24 mars, il sera effectif jusqu'au 24 juillet s'il est approuvé par le Parlement où il sera débattu dès lundi. Le détail des principales mesures projet de loi avec Cédric de Oliveira.
Première nouveauté dans ce projet de loi, elle concerne les personnes arrivant sur le sol français qui seront donc placées en isolement, qu'elle soit de nationalité française ou étrangère. Une quarantaine organisée par les services de l'État mais qui ne sera pas imposée en revanche aux malades qui sont déjà sur le territoire. Le ministre de la Santé Olivier Véran en appelle à la « responsabilité de chacun et au confinement volontaire des porteurs du Covid ». Pour mieux les identifier, le ministre de la Santé a aussi annoncé la création d'un système de « contact tracing » en plusieurs étapes par les « brigades sanitaires » censée suppléer « Stop Covid ». L'application n'est pas encore prête et ne sera pas disponible le 11 mai. De son côté, Christophe Castaner a confirmé que les déplacements seraient bien restreints à un périmètre de 100 kms sans aucune « barrière administrative ». Les déplacements inter-départementaux seront donc possibles. Le dispositif reste à affiner dans les prochains jours. Et puis le ministre de l'Intérieur a aussi évoqué le port du masque obligatoire dans les transports en commun. Dernière précision : pour contrôler le respect des mesures sanitaires, les adjoints de sécurité ou encore les agents de sécurité assermentés vont pouvoir prêter main forte aux forces de l'ordre. JB : Et il vous en coûtera 135 euros en cas de manquement à cette obligation. À noter que l'une des mesures initialement prévues et qui avait suscité de vives réactions, à savoir la possibilité pour les préfets d'imposer un isolement à des personnes malades a été retirée de ce dispositif. Merci Cedric de Oliveira ! La carte de synthèse préparant le déconfinement après le 11 mai compte plus de départements en vert (qui se préparent à un déconfinement plus large) que la veille : 47 contre 41. Un gros quart nord-est reste dans le rouge (32 départements, égal à la veille). 22 départements sont en orange, une position intermédiaire, contre 28 la veille.
Un plan de déconfinement très prudent en Irlande : le gouvernement vient de dévoiler les mesures pour relancer son économie. D'abord annoncé pour le 5 mai, le déconfinement commencera finalement le 18. C'est une approche en 5 étapes que les autorités ont détaillée, Émeline Vin. Chaque étape durera trois semaines, si tout va bien, c'est-à-dire si les nouvelles infections et le nombre de patients en réanimation restent sous contrôle. À partir du 18 mai, les magasins de bricolage et d'électronique pourront rouvrir. Le reste des commerces non essentiels reprendra progressivement par la suite : d'abord les petits magasins comme les librairies, puis les grosses boutiques donnant sur rue et les services jugés en demande comme les coiffeurs ... Parmi les derniers autorisés qui seront autorisés : les centres commerciaux, en théorie en août. Côté vie sociale, les réunions en petit comité de 4 personnes pourront se tenir dans deux semaines. Pour les voyages à l'intérieur du pays, il faudra attendre le 20 juin. À cette date les Irlandais pourront (si tout va bien) se poser dans un café ou un restaurant. Pour siroter une bière bien fraîche dans un pub, il faudra attendre la phase 5 prévue le 10 août. En revanche et cela risque de poser problème aux parents qui devront retourner au travail, les écoles, collèges et lycées, resteront fermés jusqu'à la rentrée scolaire à l'automne. JB : En Italie, le nombre de décès liés au nouveau coronavirus a augmenté de 474 en une journée, contre une hausse journalière de 269 la veille, soit le bilan quotidien le plus lourd depuis le 21 avril. C'est en Lombardie que la situation s'est détériorée : 329 décès ont été recensés en 24 heures, contre 88 la journée précédente. Au total, l'épidémie de coronavirus a fait 28 710 morts et contaminé 209 328 personnes en Italie. Et pourtant, les clubs de Bologne et Sassuolo vont ouvrir leurs terrains d'entraînement extérieurs à leurs joueurs qui souhaiteraient s'y entretenir physiquement, après le feu vert de la région d'Emilie-Romagne. Les clubs de Série A ont unanimement répété vendredi leur désir de mener à terme le championnat en cours, la décision pourrait intervenir dans les prochains jours.
Ce bilan italien, le plus lourd en Europe, est talonné par celui du Royaume-Uni qui a recensé samedi 621 morts supplémentaires dus au nouveau coronavirus, portant le bilan total des décès à 28 131 dans le pays. L'Espagne elle totalise 25 100 décès mais accélère ses mesures de déconfinement. Aux États-Unis, le bilan est monté à plus de 65 000, mais les hôpitaux de campagne commencent à cesser d'accepter de nouveaux malades et prévoient leur fermeture prochaine, comme à New-York qui déplore tout de même 19 000 victimes. En Russie, en revanche, la propagation du virus inquiète : 10 000 nouveaux malades enregistrés d'un jour sur l'autre, niveau encore jamais vu en Russie. Au Yémen, pas de confinement pour les amateurs de qat. La consommation de ces petites feuilles vertes aux effets euphorisants fait partie du quotidien des Yéménites. Alors pour s'en procurer, ils sont prêts à tout et sont davantage préoccuper par la qualité de la marchandise que par les différentes mesures de précaution contre le coronavirus. Sami Boukhelifa.
Sanaa, capitale du Yémen et son marché de qat. Coronavirus ou pas, ce souk reste bondé. Pas de masques et à peine quelques centimètres de distance entre les clients. Imaginer sa fermeture ? Inacceptable pour « 98% des Yéménites », assure Ali Al Zubairi. Pas un jour ne passe sans que cet homme interrogé par l'AFP, ne se rende au marché de qat de Sanaa. Certes, le Yémen est très peu touché par le coronavirus, mais plusieurs autres épidémies : choléra, dengue et diarrhée sévissent depuis des années dans ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique. Ravagé par la guerre depuis cinq ans, le Yémen est confronté à la pire crise humanitaire au monde selon les Nations unies. Les pénuries d'eau sont fréquentes. Le pays manque de tout mais pas question d'enlever aux Yéménites leur qat. Selon l'Organisation mondiale de la santé « 90% des hommes adultes en mâchent trois à quatre heures par jour ». Les femmes et même les enfants en consomment aussi quotidiennement. L'OMS ne considère pas le qat comme une « drogue entraînant une grave dépendance » mais alerte contre ses effets, notamment la dépression et la psychose. JB : Dix combattants d'une coalition de paramilitaires intégrée aux forces régulières irakiennes ont été tués tôt samedi par des jihadistes du groupe État islamique (EI) au nord de Bagdad, ont annoncé les troupes irakiennes qui enregistrent leurs pertes les plus lourdes depuis des mois. « Six combattants ont d'abord été tués par des tirs de terroristes de l'EI sur un check-point du Hachd al-Chaabi » dans la province de Salaheddine qui borde Bagdad au nord, a indiqué le commandement militaire irakien dans un communiqué. « Puis, alors que des renforts arrivaient, une bombe a visé leur convoi et tué trois combattants du Hachd », coalition de paramilitaires désormais intégrée à l'État, selon le texte. Le leader nord-coréen est réapparu en public vendredi après trois semaines d'absence. La disparition de Kim Jong Un a suscité beaucoup de rumeurs et notamment sur son état de santé. Il faut dire que c'est la troisième fois cette année qu'il ne donne plus signe de vie durant plusieurs jours. Fait marquant, la mi-avril, il n'a même pris part aux importantes célébrations commémorant l'anniversaire de son grand père Kim Il-sung, fondateur du régime. Pourquoi la santé du dirigeant suprême de Corée du Nord, importe tant? Explication du spécialiste Antoine Bondaz.
La question de la santé d'un dirigeant, elle est fondamentale dans un régime autoritaire comme la Corée du Nord où le leadership repose sur une personne ; c'est le cas de Kim Jong Un. En plus la Corée du Nord étant aujourd'hui un état qui dispose de l'arme nucléaire, la question de la continuité en terme de direction du pays est extrêmement importante. Se poser des questions sur la situation dans le régime nord-coréen est une question tout-à-fait légitime qu'on peut même déconnecter évidemment des rumeurs sur son état de santé ; elle est très importante pour mieux prévoir ou essayer de prévoir et se préparer à l'avenir de la Corée du Nord en cas d'une incapacité ou de la mort d'un dirigeant. Et cela permet aussi de faire mieux comprendre au grand public le fonctionnement du régime nord-coréen, et notamment le flou et l'opacité que le régime nord-coréen entretient savamment. JB : Antoine Bondaz, directeur du programme Corée à la fondation pour la recherche stratégique, contacté par Sami Boukhelifa.