Journal en français facile 08/05/2022 20h00 GMT
Johanne Burgell : À l'écoute de Radio France internationale, 22h à Paris, 20h en temps universel. Bonsoir et bienvenue pour cette nouvelle édition du Journal en français facile. Pour le présenter avec moi ce soir, Victor Mauriat, bonsoir Victor.
Victor Mauriat : Bonsoir Johanne, bonsoir à toutes et à tous.
JB : Les dirigeants des pays du G7 s'entendent pour interdire progressivement les importations de pétrole russe. Pendant ce temps, dans l'est de l'Ukraine, il existe un sentiment pro-russe, en cette période de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale. À suivre, dans ce journal, le reportage de nos envoyés spéciaux sur place.
VM : Au sommaire également, Israël est sur le point d'annoncer la construction de 4 000 nouveaux logements pour les colonies juives en Cisjordanie occupée. De nouvelles maisons construites sans respecter le droit international.
JB : Et puis, nous reparlerons de la victoire du parti indépendantiste, le Sinn Fein, c'est en Irlande du Nord.
-----
VM : Le G7 s'engage à ne plus acheter de pétrole russe. Les plus grandes puissances mondiales interdiront ou supprimeront progressivement les importations.
JB : Oui, c'est ce qu'a annoncé la Maison Blanche alors que la guerre continue de faire rage en Ukraine. La banlieue de Kiev a reçu aujourd'hui la visite du Premier ministre canadien. Justin Trudeau était à Irpin, dévastée par d'intenses combats.
VM : Et ce dimanche 8 mai marque aussi les commémorations de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais « le mal est de retour » en Europe selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui s'est exprimé dans une vidéo.
JB : Et à la veille du grand défilé militaire organisé par Moscou, ce lundi 9 mai, nos envoyé spéciaux Anastasia Becchio et Boris Vichith ont constaté, dans l'est de l'Ukraine, c'est-à-dire dans le Donbass, et bien, qu'il y avait des sentiments favorables à la Russie qui s'exprimaient.
À quelques pas du monument blanc à la Mère-Patrie entre la flamme du soldat inconnu et la stèle à la gloire des héros de la Seconde Guerre mondiale, une dame promène son chien. Le monument, généralement fleuri en cette période de l'année, est désert : « Pour moi, c'est une grande fête, parce que mes grands-pères, mes grands-mères et même mes parents y ont pris part. Pour la plupart des gens en Ukraine, c'est une grande fête. Ces dernières années, il y a eu la tendance à célébrer le 8 et non pas le 9 mai, mais en des temps plus calmes, on a toujours eu beaucoup de personnes qui venaient fleurir le monument, ici. Mais, là, il ne reste quasiment plus personne à Kramatorsk. » Ludmila, 73 ans, qui se remet d'une opération à l'hôpital de Kramatorsk n'a jamais accepté le fait que les autorités ukrainiennes aient déplacé la date de la victoire de l'URSS au 8 mai : « Pourquoi ont-ils déplacé cette fête ? C'est notre histoire. Les gens se sont battus, sont morts. Mon arrière-grand-père, mon grand-père sont morts pour quoi ? » Même tonalité du côté de Viktor Nikolaevitch, 80 ans, qui s'accommoderait de l'arrivée des Russes dans sa ville : « Je n'ai pas peur, je suis moi-même russe. J'ai prêté serment à l'URSS quand j'ai fait mon service. Et je ne crois pas que ce soient les Russes qui nous bombardent. C'est du mensonge. » Selon le maire de la ville, si environ un tiers de ses administrés étaient pro-russes il y a 8 ans, ils ne seraient aujourd'hui plus que 5%. Anastasia Becchio, Boris Vichith, Kramatorsk, RFI.
JB : Pour ce qui est des sanctions occidentales qui visent la Russie, Washington a annoncé tout à l'heure de nouvelles mesures visant les trois grandes chaines de télévision russes.
VM : Les forces ukrainiennes dans l'immense usine d'Azovstal refusent de se rendre. Les soldats présents dans la dernière poche de résistance de Marioupol estiment que « capituler n'est pas une possibilité ».
JB : Des militaires ukrainiens ont tenu, ce dimanche, une conférence de presse. Désormais, il ne reste plus que des hommes dans l'usine d'Azovstal. Les femmes, les enfants et les personnes âgées ont en effet été évacués ces derniers jours. Les autorités craignent en attendant une attaque encore plus violente de l'armée russe. Le lieutenant Ilya Samoilenko, du régiment Azov, a expliqué qu'il avait reçu l'ordre de rester et de résister.
« Le 28 avril, l'un de nos soldats a été capturé lors de combats. Il était avec un groupe d'autres combattants dans la ville, il était inconscient et les troupes russes l'ont emmené. La propagande russe a ensuite posté une vidéo assurant que les militaires ukrainiens étaient en train de se rendre, de déposer les armes. L'un des hommes capturés avait un tatouage, très reconnaissable, sur la poitrine. Juste un tatouage à l'ancienne. Et quelques jours plus tard, peut-être quatre ou cinq jours, sa mère a reçu un message de son téléphone portable avec des photos de cet homme, mort, étouffé. Vous voyez, les Russes ont d'abord montré qu'ils avaient capturé ce gars, ils répètent "n'ayez pas peur, rendez les armes et tout ira bien. Nous sommes humains, nous vous donnerons de la nourriture, de l'eau, des vêtements chauds...” Et en fait, ils les tuent. Ils tuent les prisonniers de guerre. »
JB : Et, par ailleurs, Kiev annonce ce soir que 60 personnes sont portées disparues dans la région de Lougansk, dans l'est de l'Ukraine, et cela après le bombardement d'une école.
VM : Israël est sur le point de réunir un comité pour annoncer la construction de 4 000 nouveaux logements pour les colonies juives en Cisjordanie occupée.
JB : De nouvelles maisons construites sans respecter le droit international. Et s'il le plan est approuvé, il serait la plus grande avancée en matière de colonisation depuis l'entrée en fonction du président américain, Joe Biden, qui s'oppose à la croissance des colonies. Pour les Palestiniens, c'est un affront supplémentaire. Correspondance, Alice Froussard.
« Ces plans de construction sont une violation flagrante du droit international et des conventions de Genève, un coup d'État contre les accords signés. » C'est ce qu'a précisé, samedi, le ministère palestinien des Affaires étrangères dans un communiqué. Pour ce dernier, ces nouvelles constructions ne font - je cite - « qu'attiser les tensions, saper la confiance ainsi que la viabilité d'une solution a deux États ». Le ministère des Affaires étrangères parle également d'un « défi flagrant » pour les États-Unis et la communauté internationale. Car ce projet de construction de 4 000 nouvelles maisons pour les colonies pourrait nécessiter la démolition de 12 villages à Masafer Yatta, dans les collines au sud d'Hébron, et la saisie de près de 5 500 acres de terre, soit près de 2 225 hectares dans la vallée du Jourdain. Annoncé vendredi par les Israéliens, ce projet a été critiqué par le département d'État américain, qui y voient des « mesures unilatérales qui exacerbent les tensions ». Mais ces mots sont « insuffisants » - je cite - selon les Palestiniens. « Ils ne s'élèvent pas au niveau des crimes de construction des colonies », a déclaré le ministère. Alice Froussard, Ramallah, RFI.
VM : C'est une visite rare, celle du président syrien en Iran.
JB : Bachar el-Assad a rencontré ce dimanche le guide suprême Ali Khamenei à Téhéran, mais aussi le président iranien Ebrahim Raissi.
VM : La télévision iranienne en a fait l'annonce. La dernière visite de Bachar el-Assad dans le pays datait de février 2019.
JB : L'Iran soutient financièrement le régime syrien alors que le pays est ravagé par la guerre depuis plus de dix ans.
VM : En Europe, reparlons à présent de la victoire historique des indépendantistes en Irlande du Nord.
JB : Le parti Sinn Fein a remporté les élections locales. Pour rappel, ce parti est en faveur de la réunification avec le reste de l'Irlande.
VM : Ce succès est une première dans le pays. Le problème, c'est que maintenant, il va falloir trouver un terrain d'entente avec le parti d'opposition.
JB : Oui, avec le parti DUP, proche de la Grande-Bretagne. À Londres, Marie Boëda.
Dominic Raab, le vice-Premier ministre du Royaume-Uni a fait part de son inquiétude aujourd'hui sur la chaîne Sky News. Pour le gouvernement britannique, ce résultat n'est pas une bonne nouvelle : « Nous voulons que les partis s'unissent pour apporter de la stabilité aux habitants de l'Irlande du Nord. Le protocole nord-irlandais met en péril cet équilibre. S'il avait été mis en oeuvre avec bonne volonté et pas utilisé comme un instrument politique, nous n'en serions pas là. C'est trop tard, mais nous devons réparer la situation. Le gouvernement s'est engagé à le faire. Mais nous n'aurons pas de stabilité politique après les résultats des élections en Irlande du Nord. » Une frontière maritime avait été convenue à la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne afin d'éviter de raviver les tensions entre les deux Irlande. Mais le gouvernement de Boris Johnson veut renégocier ce protocole. Et il ne sera pas soutenu par le Sinn Fein. Le parti, qui a récolté le plus de voix, veut à terme que l'Irlande du Nord et la République d'Irlande deviennent un seul pays. Pour cela, il faudra quitter le Royaume-Uni. Une membre du parti a annoncé qu'un référendum sur l'unité de l'Irlande pouvait arriver dans un délai de cinq ans. Un nouveau caillou dans la chaussure du gouvernement conservateur. Il vient déjà d'essuyer un revers en Grande-Bretagne à la suite des élections locales. Marie Boëda, Londres, RFI.
JB : C'est la fin de ce Journal en français facile. Merci de votre fidélité à la radio du monde.