Journal en français facile 14/02/2022 20h00 GMT
Anne Corpet : Il est 21 heures à Paris. Bienvenue dans le Journal en français facile présenté ce soir avec Mehdi Meddeb. Bonsoir Mehdi.
Mehdi Meddeb : Bonsoir Anne, bonsoir à tous.
Signe des tensions à la frontière entre la Russie et l'Ukraine, les États-Unis ont décidé de déplacer leur ambassade en Ukraine.
AC : Elle ne sera plus à Kiev la capitale, mais à Lviv dans l'ouest du pays. Le ballet diplomatique se poursuit pour tenter d'apaiser la crise. Le chancelier allemand est aujourd'hui à Kiev. Il sera demain à Moscou.
MM : Le mouvement contre le passe sanitaire et les restrictions liées au Covid s'étend dans le monde.
AC : Des manifestations ont eu lieu en Israël et en Belgique ce lundi. Au Canada, l'État de l'Ontario a décidé de supprimer le passeport vaccinal, mais les chauffeurs routiers ne sont pas encore partis du centre-ville d'Ottawa qu'ils occupent depuis 18 jours.
MM : Les suites judiciaires d'une marée noire au Pérou.
AC : Il y a un mois, plus de 10 000 barils de pétrole se sont répandus en mer. Le propriétaire du bateau d'où s'est échappé le brut est poursuivi en justice.
MM : En France, premier jour de procès six ans après l'attentat jihadiste à Saint-Étienne-du-Rouvray.
AC : Quatre personnes sont jugées pour complicité dans l'assassinat du père Hamel. Le prêtre avait été assassiné pendant qu'il célébrait la messe.
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MM : Les États-Unis ont donc décidé de déplacer leur ambassade en Ukraine : le personnel diplomatique va quitter Kiev, la capitale, pour s'installer à Lviv dans l'ouest du pays.
AC : Une décision prise face à « l'accélération spectaculaire » du déploiement de forces russes à la frontière. C'est ce qu'a annoncé ce lundi le chef de la diplomatie américaine. Le Pentagone, c'est-à-dire le ministère de la Défense américain, estime cependant ce soir que Vladimir Poutine n'a pas encore pris la décision d'attaquer l'Ukraine. En France, le ministre des Affaires étrangères est alarmiste : Jean-Yves Le Drian estime ce soir que « tous les éléments » sont réunis pour une offensive militaire « forte » de la Russie en Ukraine.
MM : Les efforts se poursuivent cependant pour tenter de trouver une solution à la crise.
AC : Le chancelier allemand est aujourd'hui à Kiev et se rendra demain à Moscou. Olaf Scholz se dit solidaire de l'Ukraine. C'est ce qu'il a affirmé au président Zelenski. Mais l'Allemagne refuse toujours de livrer des armes à Kiev. C'est une source de contentieux entre les deux pays. Correspondance à Berlin, Pascal Thibaut.
« Nous de livrons pas d'armes léthales dans des régions en guerre, et pas davantage en Ukraine » : pour le chancelier Olaf Scholz, les choses sont claires et l'Allemagne est liée par des principes gravés dans le marbre. La réalité est plus complexe. D'abord parce que des exceptions sont possible comme en 2014 lorsque des armes ont été livrées à court terme aux forces kurdes pour lutter contre l'organisation État islamique. Ensuite, parce que le concept de « région en guerre » est flou et peut donner lieu à des interprétations. L'an dernier, l'Allemagne a engrangé des recettes record -près de dix milliards d'euros- en vendant des armes à l'étranger. L'Égypte reste un client de poids malgré les atteintes aux droits de l'Homme en interne et le rôle joué par Le Caire dans les crises libyennes et au Yémen. Dans ce dernier pays, l'Arabie saoudite, autre client, est impliquée même si les exportations d'armes allemandes ont été stoppées. Le nouveau gouvernement allemand veut durcir les règles sur l'exportation d'armes et rendre les décisions plus transparentes. Dans le passé, d'autres promesses similaires n'ont pas été tenues. Pascal Thibaut, Berlin, RFI.
MM : Le mouvement contre le passe sanitaire et les restrictions liées au Covid s'étend dans le monde.
AC : Israël est le dernier pays touché par les manifestations motorisées. Des milliers de camions et de voitures ont provoqué de gros embouteillages aujourd'hui à Jérusalem : la circulation était très difficile. Comme en France ce week-end, les manifestants protestent contre les restrictions imposées pour lutter contre la pandémie. Ils disent agir pour protéger leurs libertés.
Au Canada, la police a évacué le pont qui mène aux États-Unis : il était occupé par des camionneurs. Pour calmer la colère des chauffeurs routiers qui bloquent aussi la capitale depuis plus de deux semaines, les responsables de l'État de l'Ontario ont décidé de supprimer le passeport vaccinal. Mais certains camionneurs restent quand même mobilisés. Reportage dans la capitale du Canada, Pascale Guericolas.
Difficile pour l'instant de savoir si la levée de l'obligation vaccinale en Ontario, où se trouve Ottawa, a motivé les routiers à rentrer chez eux après 18 jours d'occupation du quartier autour du Parlement canadien. Les rues sont calmes en ce début de journée, mais les habitués des lieux ne voient pas tellement de changement puisqu'habituellement les foules se donnent surtout rendez-vous les fins de semaine. Garé avec son camion à deux coins de rue de l'Assemblée nationale, ce routier du Québec reste campé sur ses positions : « On avance à quelque chose, mais c'est pas ça qui va nous faire relever. Moi, mon but, ici, c'est que le gouvernement sorte complètement de l'eau pour qu'on reparte à zéro. On a besoin d'un changement gouvernemental complet. » Le Premier ministre Canadien, Justin Trudeau, doit justement annoncer de nouvelles mesures, après avoir rencontré ses homologues des autres provinces. Un de ses ministres a évoqué une loi d'urgence qui autorise les autorités canadiennes à prendre des mesures exceptionnelles. En 1970, son père, Pierre Elliot Trudeau, avait imposé la loi sur les mesures de guerre au Québec pour mettre à une crise sociale. Pascale Guericolas, Ottawa, RFI.
MM : Toujours au canada la police a saisi des armes et une grande quantité de munitions ce lundi.
AC : Elles ont été découvertes dans trois remorques de camions à la frontière avec les États-Unis dans l'Alberta. Le lieu est bloqué depuis une semaine par les chauffeurs routiers. Onze personnes ont été arrêtées.
MM : Les suites judiciaires d'une marée noire au Pérou. Il y a un mois, le 15 janvier, plus de 10 000 barils de pétrole se sont répandus en mer, au nord de la capitale.
AC : La fuite a eu lieu pendant le transfert de brut d'un bateau pétrolier vers une raffinerie de la côte. Depuis, les autorités locales demandent des comptes à Repsol, l'opérateur espagnol de la raffinerie. Le groupe est accusé d'avoir réagi trop tard pour mener des opérations de nettoyage efficaces. Contre-attaque de la compagnie pétrolière espagnole ce week-end : elle poursuit en justice le propriétaire du navire et sa compagnie d'assurance. Les précisions de Marie Normand.
Repsol avait commencé par minimiser l'ampleur de la marée noire. Avant de l'expliquer par la houle produite par le tsunami qui a frappé la côte Pacifique après l'éruption sous-marine des îles Tonga. Dans un communiqué transmis à RFI, le président de la filiale péruvienne de Repsol soutient désormais que la catastrophe est la conséquence d'un « déplacement brusque » du pétrolier Mare Doricum, qui assurait le déchargement de brut dans la raffinerie. Normalement, le navire doit être parfaitement « immobile et amarré » pendant l'opération. Mais ce jour-là, il y a un mois, le pétrolier s'est déplacé de 50 mètres, assure l'opérateur. Un mouvement « anormal » qui a arraché les tuyaux de l'installation sous-marine. Le déchargement se serait prolongé pendant plusieurs minutes après l'accident. Le groupe Repsol attaque donc en justice, via sa filiale péruvienne, l'armateur italien du navire et son assureur. Pas de chiffres pour l'instant, mais la compagnie entend couvrir les dépenses de réparation et de nettoyage entrepris par sa filiale. Couvrir aussi les dommages environnementaux - deux sites naturels protégés ont été souillés - et le dédommagement des personnes directement touchés par la catastrophe, comme les pêcheurs artisanaux de la région.
MM : Le procès de l'attaque terroriste qui a coûté la vie au père Jacques Hamel dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray le 26 juillet 2016.
AC : Les deux attaquants âgés de 19 ans avaient été tués par la police : ils ne seront donc pas jugés. Quatre autres personnes, accusées de complicité sont poursuivies devant la Cour d'assises spéciale. Moment fort de cette première journée d'audience suivie par Éric Chaurin, quand la soeur du père Hamel, Roseline, s'est exprimée devant les médias.
« Cet attentat aurait pu être évité ». 81 ans, Roseline Hamel, la petite soeur du père Jacques Hamel le dit avec émotion et dignité, mais elle a bien du mal à comprendre que le lien entre le drame et les messages postés par l'un des assaillants, pourtant fiché S, n'est pas été établi à temps. « Les raisons pour lesquelles les annonces n'ont pas été prises au sérieux, c'est presque inaudible pour nous », ajoute-t-elle. Car il y a eu la tragédie de Nice, 12 jours auparavant, et on manquait d'effectif en période de vacances. Même si elle ne veut pas trop culpabiliser le personnel, Roseline réclame des explications et s'interroge sur le manque de moyens des services de renseignements. Mais on ne sait pas encore si les policiers en question viendront témoigner, quatre d'entre eux ont fait parvenir un arrêt maladie quelques jours avant le procès. Inacceptable pour les avocats des parties civiles qui souhaitent qu'ils soient entendus, tout comme les avocats des trois hommes qui comparaissent dans le box de la Cour d'assises. Yassine Sebaihia, Farid Khelil, et Jean-Philippe Jean Louis n'ont pas participé à l'attaque, mais ils sont soupçonnés notamment d'avoir été au courant des intentions d'Adel Kermiche et d'Abdel-Malik Petitjean. Roseline n'attend pas d'excuses de leur part, mais accueillera leurs paroles de tout coeur. Pour elle, ce sont aussi des victimes du terrorisme.
AC : Éric Chaurin.