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Les Aventures d'Olivier Twist, CHAPITRE IX (1)

CHAPITRE IX (1)

Où l'on trouvera de nouveaux détails sur l'agréable vieillard et

sur ses élèves, jeunes gens de haute espérance.

Le lendemain, la matinée était déjà avancée quand Olivier se

réveilla après un sommeil profond et prolongé. Il n'y avait dans

la chambre que le vieux juif, qui faisait bouillir du café dans

une casserole pour le déjeuner, et sifflait tout bas entre ses

dents, en agitant le liquide avec une cuiller de fer. De temps à

autre il s'arrêtait pour écouter, dès qu'il entendait en bas le

moindre bruit; et, quand il s'était assuré que tout était

tranquille, il continuait à siffler et à remuer le café.

Bien qu'Olivier ne dormît plus, il n'était pas tout à fait

éveillé. Il y a un état d'assoupissement, entre le sommeil et la

veille, où l'on rêve plus en cinq minutes, les yeux à demi ouverts

et sans avoir bien conscience de ce qui se passe, que l'on ne

ferait en cinq nuits, les yeux bien fermés et les sens

complètement engourdis par un profond sommeil. Dans ces moments-

là, l'homme se rend juste assez compte de ce qui se passe dans son

esprit pour se faire une faible idée des puissantes facultés de

cet esprit, lorsque, affranchi des entraves du corps, il s'élance

loin de la terre et se joue du temps et de l'espace.

Olivier était précisément dans un de ces moments. Les yeux à demi

fermés, il voyait le juif, il l'entendait siffler tout bas, il

reconnaissait le bruit de la cuiller frottant contre le bord de la

casserole; et pourtant, son esprit, pendant ce temps, voyageait

dans le passé, et se reportait vers tous ceux qu'il avait connus.

Quand le café fut fait, le juif posa la casserole à terre, et

resta quelques instants dans une attitude indécise, comme s'il ne

savait à quel parti s'arrêter; puis il se retourna, regarda

Olivier et l'appela par son nom; celui-ci ne répondit pas et parut

complètement endormi. Le juif, rassuré à cet égard, se dirigea

sans bruit vers la porte, la ferma, et tira d'une trappe pratiquée

dans le plancher, autant que put le voir Olivier, une petite boîte

qu'il posa soigneusement sur la table; ses yeux brillaient tandis

qu'il soulevait le couvercle et jetait un coup d'oeil à

l'intérieur; il approcha de la table une vieille chaise, s'assit

et tira du coffret une magnifique montre d'or étincelante de

diamants.

«Ah! les lurons! dit le juif en haussant les épaules, et le visage

contracté par un affreux sourire; les braves lurons! fermes

jusqu'au bout! Incapables de dire au vieux prêtre où était la

cachette! Incapables de vendre le vieux Fagin! Au fait, dans quel

intérêt? Cela n'eût pas desserré le noeud coulant, ni retardé la

bascule d'une minute; non, non. Fameux gaillards, fameux

gaillards!»

Tout en faisant à voix basse ces réflexions et d'autres

semblables, le vieux juif remit la montre dans la boîte; il en

tira encore une demi-douzaine, et les contempla avec le même

ravissement, puis des bagues, des broches, des bracelets, des

bijoux de toute sorte, si précieux et d'un travail si exquis,

qu'Olivier ne connaissait pas même de nom toutes ces belles

choses.

Le juif les remit dans le coffret et en tira un dernier bijou, si

petit qu'il tenait dans le creux de sa main; une inscription très

fine semblait y être gravée, car le juif le posa sur la table,

l'abrita soigneusement avec sa main, et la considéra longtemps et

attentivement; enfin, comme s'il désespérait de déchiffrer ces

caractères, il remit le bijou dans la boîte, et se renversant sur

sa chaise, il continua ses réflexions.

«Quelle belle chose que la peine capitale! disait-il à demi-voix,

les morts ne se repentent jamais! les morts ne viennent jamais

révéler de fâcheuses histoires! Ah! c'est une grande sécurité pour

le commerce! Cinq à la file, accrochés à la même corde! et pas un

lâche, pas un qui ait vendu le vieux Fagin!»

En disant ces paroles, le juif promenait au hasard autour de lui

ses yeux noirs et brillants, qui rencontrèrent la figure

d'Olivier. L'enfant le considérait avec une curiosité muette; en

un clin d'oeil le vieillard comprit qu'il avait été observé; il

ferma avec bruit le couvercle de la boîte, et saisissant un

couteau sur la table, il se leva furieux; mais il tremblait au

point qu'Olivier, malgré sa terreur, pouvait voir vaciller la lame

du couteau.

«Qu'est-ce? dit le juif; pourquoi m'observer! Tu ne dormais pas?

Qu'as-tu vu? Parle vite! vite! il y va de ta vie!

- Je n'ai pas pu dormir davantage, monsieur, répondit Olivier avec

douceur, et je suis bien fâché de vous avoir dérangé.

- Étais-tu éveillé depuis une heure? demanda le juif d'un air

menaçant et terrible.

- Non, monsieur, non, bien sûr, répondit Olivier.

- En es-tu bien sûr? s'écria le juif en jetant sur l'enfant un

regard sinistre.

- Je dormais, monsieur, répondit vivement Olivier, je dormais, sur

ma parole.

- C'est bon! c'est bon! mon ami, dit le juif en reprenant

brusquement ses manières ordinaires et en jouant avec le couteau

avant de le remettre sur la table, comme pour faire croire qu'il

ne l'avait pris que par badinage. J'en étais sûr, mon ami; je

voulais seulement te faire peur. Tu es brave, oui, ma foi, tu es

brave, Olivier.» Et le juif se frottait les mains en riant, mais

jetait néanmoins sur la boîte un regard inquiet. «As-tu vu

quelqu'une de ces jolies choses, mon ami? dit le juif après un

court silence, en posant sa main sur la boîte.

- Oui, monsieur, répondit Olivier.

- Ah! dit le juif en pâlissant. C'est..., c'est à moi, Olivier...

c'est ma petite fortune... tout ce que j'aurai pour vivre dans mes

vieux jours: on m'appelle avare, mon ami, seulement avare... rien

de plus.»

Olivier pensa que le vieux monsieur devait être en effet d'une

avarice sordide, pour vivre dans un endroit si sale, avec tant de

montres; mais il réfléchit que sa tendresse pour le Matois et les

autres garçons lui coûtait peut-être beaucoup d'argent; il regarda

le juif d'un air respectueux et lui demanda s'il pouvait se lever.

«Certainement, mon ami, certainement, répondit le vieux monsieur;

tiens, il y a une cruche d'eau dans le coin derrière la porte; va

la chercher et je te donnerai une cuvette pour te laver, mon ami.»

Olivier se leva, traversa la chambra et se baissa pour prendre la

cruche; quand il se retourna, la boîte avait disparu.

Il avait à peine fini de se laver et de remettre tout en ordre, en

vidant, par ordre du juif, la cuvette par la fenêtre, lorsque le

matois rentra, escorté d'un jeune ami qu'Olivier avait vu la

veille au soir occupé à fumer, et qui lui fut présenté sous le nom

de Charlot Bates. Puis on se mit à table; le déjeuner se composait

de café et de petits pains chauds, avec du jambon que le Matois

avait rapporté dans le fond de son chapeau.

«Eh bien! dit le juif en s'adressant au Matois et en regardant

malicieusement Olivier; j'espère, mes amis, que vous êtes allés ce

matin à l'ouvrage?

- Roide, répondit le matois.

- Oui, une rude besogne, ajoute Charlot Bates.

- Vous êtes de braves garçons, dit le juif; qu'est-ce que tu as

rapporté, Matois?

- Deux portefeuilles, répondit le jeune homme.

- Garnis? demanda le juif avec anxiété.

- Pas mal, répondit le Matois en exhibant deux portefeuilles, l'un

vert et l'autre rouge.

- Ils pourraient être plus lourds, dit le juif, après en avoir

soigneusement visité l'intérieur, mais ils sont tout neufs et d'un

bon travail; c'est d'un habile ouvrier, n'est-ce pas, Olivier?

- Certainement, monsieur,» dit Olivier.

Cette réponse fit rire M. Charlot Bates à se tenir les côtes, au

grand étonnement d'Olivier, qui ne voyait là rien de risible.

«Et toi, mon ami, qu'est-ce que tu rapportes? dit Fagin à Charlot

Bates.

- Des mouchoirs, répondit maître Bates, et il en tira quatre de sa

poche.

- Bien, dit le juif, en les examinant minutieusement, ils sont

bons, très bons; mais tu ne les as pas bien marqués, Charlot. Il

faudra ôter les marques avec une aiguille; nous montrerons à

Olivier comment il faut s'y prendre; n'est-ce pas, Olivier? Ha!

ha!

- Comme vous voudrez, monsieur, dit Olivier.

- Tu aimerais à faire le mouchoir aussi bien que Charlot Bates,

n'est-ce pas, mon ami? demanda le juif.

- De tout mon coeur, monsieur, si vous voulez m'instruire,»

répondit Olivier.

Maître Bates trouva cette réponse si plaisante qu'il poussa un

nouvel éclat de rire; mais comme il était en train d'avaler son

café, il faillit suffoquer.

«Il est si innocent!» dit-il, dès qu'il put parler, comme pour

s'excuser auprès de la compagnie de son impolitesse.

Le Matois ne dit rien; mais il passa la main dans les cheveux

d'Olivier, et les lui fit tomber sur les yeux, en ajoutant qu'il

serait bientôt au fait. Le vieux monsieur, qui vit le rouge monter

au visage de l'enfant, changea la conversation et demanda si

l'exécution qui avait eu lieu le matin avait attiré une grande

foule. L'étonnement d'Olivier redoubla: car il était évident,

d'après la réponse des jeunes garçons, qu'ils y avaient tous deux

assisté, et il était étrange qu'ils eussent trouvé le temps de si

bien travailler.

Après le déjeuner, le plaisant vieillard et les deux jeunes gens

se livrèrent à un jeu curieux et bizarre; voici en quoi il

consistait: le juif mit une tabatière dans une des poches de son

pantalon, un carnet dans l'autre, dans son gousset une montre

attachée à une chaîne de sûreté qu'il passa à son cou; il piqua

une épingle de faux diamant dans sa chemise, boutonna son habit

jusqu'en haut, et mettant dans ses poches son mouchoir et son étui

à lunettes, il se promena de long en large dans la chambre, une

canne à la main, tout comme nos vieux messieurs se promènent dans

la rue; tantôt il s'arrêtait devant le feu, et tantôt à la porte,

comme s'il contemplait attentivement l'étalage des boutiques.

Parfois il jetait autour de lui des regards vigilants comme s'il

craignait les voleurs, et tâtait toutes ses poches l'une après

l'autre, pour voir s'il n'avait rien perdu, et tout cela d'un air

si comique et si naturel qu'Olivier en riait jusqu'aux larmes. Les

deux jeunes garçons le suivaient de près; et, chaque fois qu'il se

retournait, ils se dérobaient à sa vue avec tant d'agilité, qu'il

était impossible de suivre leurs mouvements. À la fin, le Matois

lui marcha sur les pieds, tandis que Charlot le heurtait par

derrière, et en un clin d'oeil, tabatière, portefeuille, montre,

chaîne de sûreté, épingle, mouchoir de poche, tout, jusqu'à l'étui

à lunettes, disparut avec une rapidité extraordinaire. Si le vieux

monsieur avait senti une main dans une de ses poches, il disait

dans laquelle, et alors c'était à recommencer.

Quand on eut joué bien des fois à ce jeu, deux jeunes _dames_

vinrent voir les jeunes messieurs; l'une se nommait Betty et

l'autre Nancy; elles avaient une chevelure épaisse, mais peu

soignée, et des chaussures en mauvais état; elles n'étaient peut-

être pas précisément belles; mais elles étaient hautes en couleur,

et avaient le regard résolu et effronté. Comme leurs manières

étaient agréables et d'une grande liberté, Olivier pensa qu'elles

étaient fort aimables, et sans doute il ne se trompait pas.

La visite dura longtemps: une des jeunes dames se plaignant

d'avoir l'estomac glacé, on apporta des liqueurs, et la

conversation s'anima de plus en plus. À la fin, Charlot Bates

déclara qu'il était temps de jouer du jarret, et Olivier crut que

cela voulait dire sortir, en français; car le Matois, Charlot et

les deux jeunes femmes partirent à l'instant, et le vieux juif eut

la générosité de les munir d'argent de poche pour s'amuser dehors.

«C'est un genre de vie qui n'est pas désagréable, n'est-ce pas,

mon ami? dit Fagin. Les voilà sortis pour toute la journée.

- Ont-ils achevé leur travail, monsieur? demanda Olivier.

- Oui, dit le juif; à moins qu'ils ne trouvent par hasard quelque

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CHAPITRE IX (1) KAPITEL IX (1) CHAPTER IX (1) CAPÍTULO IX (1) CAPÍTULO IX (1)

Où l'on trouvera de nouveaux détails sur l'agréable vieillard et ||||||||elder| Where will be found new details of the pleasant old man and

sur ses élèves, jeunes gens de haute espérance. on his pupils, young people of high hope.

Le lendemain, la matinée était déjà avancée quand Olivier se The next day, the morning was already advanced when Olivier

réveilla après un sommeil profond et prolongé. awoke after a deep and prolonged sleep. Il n'y avait dans

la chambre que le vieux juif, qui faisait bouillir du café dans ||||||||boil||| the room that the old Jew, who was boiling coffee in

une casserole pour le déjeuner, et sifflait tout bas entre ses ||||||whistled|||| a saucepan for lunch, and whistled softly between his

dents, en agitant le liquide avec une cuiller de fer. |||||||spoon|| teeth, stirring the liquid with an iron spoon. De temps à

autre il s'arrêtait pour écouter, dès qu'il entendait en bas le another he stopped to listen, as soon as he heard the

moindre bruit; et, quand il s'était assuré que tout était less noise; and, when he had made sure that everything was

tranquille, il continuait à siffler et à remuer le café. Quiet, he continued to whistle and stir the coffee.

Bien qu'Olivier ne dormît plus, il n'était pas tout à fait Although Olivier no longer slept, he was not quite

éveillé. Il y a un état d'assoupissement, entre le sommeil et la |||||drowsiness|||||

veille, où l'on rêve plus en cinq minutes, les yeux à demi ouverts

et sans avoir bien conscience de ce qui se passe, que l'on ne and without being fully aware of what is happening, that we

ferait en cinq nuits, les yeux bien fermés et les sens would do in five nights, eyes tightly closed and senses

complètement engourdis par un profond sommeil. |numb|||| completely numb from a deep sleep. Dans ces moments-

là, l'homme se rend juste assez compte de ce qui se passe dans son there, the man is just enough aware of what is going on in his

esprit pour se faire une faible idée des puissantes facultés de |||||||||faculties| mind to get a faint idea of the powerful faculties of

cet esprit, lorsque, affranchi des entraves du corps, il s'élance |||freed||hindrances||||leaps this spirit, when, freed from the shackles of the body, it soars

loin de la terre et se joue du temps et de l'espace. far from the earth and plays with time and space.

Olivier était précisément dans un de ces moments. Olivier was precisely in one of these moments. Les yeux à demi

fermés, il voyait le juif, il l'entendait siffler tout bas, il closed, he saw the Jew, he heard him whistle softly, he

reconnaissait le bruit de la cuiller frottant contre le bord de la |||||spoon|rubbing||||| recognized the sound of the spoon rubbing against the edge of the

casserole; et pourtant, son esprit, pendant ce temps, voyageait pan; and yet his mind, meanwhile, was traveling

dans le passé, et se reportait vers tous ceux qu'il avait connus. in the past, and referred to everyone he had known.

Quand le café fut fait, le juif posa la casserole à terre, et When the coffee was done, the Jew put the saucepan on the ground, and

resta quelques instants dans une attitude indécise, comme s'il ne remained for a few moments in an undecided attitude, as if he did not

savait à quel parti s'arrêter; puis il se retourna, regarda knew which way to stop; then he turned, looked

Olivier et l'appela par son nom; celui-ci ne répondit pas et parut Olivier and called him by his name; this one did not answer and appeared

complètement endormi. completely asleep. Le juif, rassuré à cet égard, se dirigea The Jew, reassured in this respect, walked

sans bruit vers la porte, la ferma, et tira d'une trappe pratiquée silently towards the door, closed it, and fired from a trap door

dans le plancher, autant que put le voir Olivier, une petite boîte |||as much|||||||| in the floor, as far as Olivier could see, a small box

qu'il posa soigneusement sur la table; ses yeux brillaient tandis which he placed carefully on the table; his eyes shone as

qu'il soulevait le couvercle et jetait un coup d'oeil à that he lifted the lid and took a look at

l'intérieur; il approcha de la table une vieille chaise, s'assit the interior; he brought an old chair to the table, sat down

et tira du coffret une magnifique montre d'or étincelante de |||box|||||| and took from the box a magnificent, sparkling gold watch of

diamants.

«Ah! les lurons! |the rascals the lads! dit le juif en haussant les épaules, et le visage said the Jew, shrugging his shoulders, and his face

contracté par un affreux sourire; les braves lurons! contracted by a hideous smile; brave lads! fermes farms

jusqu'au bout! until the end! Incapables de dire au vieux prêtre où était la Unable to tell the old priest where the

cachette! hiding place Incapables de vendre le vieux Fagin! Unable to sell old Fagin! Au fait, dans quel

intérêt? Cela n'eût pas desserré le noeud coulant, ni retardé la |||loosened||knot|tightening||| It would not have loosened the noose, nor delayed the

bascule d'une minute; non, non. toggle|||| one minute toggle; no no. Fameux gaillards, fameux Famous fellows, famous

gaillards!»

Tout en faisant à voix basse ces réflexions et d'autres While muttering these and other reflections

semblables, le vieux juif remit la montre dans la boîte; il en ||||remitted||||||| similar, the old Jew put the watch back in the box; it

tira encore une demi-douzaine, et les contempla avec le même fired half a dozen more, and gazed at them with the same

ravissement, puis des bagues, des broches, des bracelets, des delight|||||||bracelets| rapture, then rings, brooches, bracelets,

bijoux de toute sorte, si précieux et d'un travail si exquis, ||||||||||exquisite jewels of all kinds, so precious and of such exquisite workmanship,

qu'Olivier ne connaissait pas même de nom toutes ces belles that Olivier did not even know by name all these beautiful

choses.

Le juif les remit dans le coffret et en tira un dernier bijou, si ||||||box||||||| The Jew put them back in the casket and took out one last jewel, if

petit qu'il tenait dans le creux de sa main; une inscription très |||||hollow|||||| small that he held in the palm of his hand; a very inscription

fine semblait y être gravée, car le juif le posa sur la table, fine seemed to be engraved on it, for the Jew put it on the table,

l'abrita soigneusement avec sa main, et la considéra longtemps et the shelter|carefully|||||||| sheltered it carefully with his hand, and gazed at it long and

attentivement; enfin, comme s'il désespérait de déchiffrer ces attentively||as||despaired||decipher| carefully; finally, as if he despaired of deciphering these

caractères, il remit le bijou dans la boîte, et se renversant sur ||||||||||overturning| characters, he put the jewel back in the box, and leaning back on

sa chaise, il continua ses réflexions. his chair, he continued his reflections.

«Quelle belle chose que la peine capitale! ||||||capital “What a beautiful thing capital punishment is! disait-il à demi-voix,

les morts ne se repentent jamais! les morts ne viennent jamais the dead never come

révéler de fâcheuses histoires! ||troublesome|stories tell bad stories! Ah! c'est une grande sécurité pour

le commerce! Cinq à la file, accrochés à la même corde! |||file|hung||||rope Five in a row, hanging on the same rope! et pas un

lâche, pas un qui ait vendu le vieux Fagin!»

En disant ces paroles, le juif promenait au hasard autour de lui Saying these words, the Jew wandered around him at random

ses yeux noirs et brillants, qui rencontrèrent la figure ||||||met|| her black, shining eyes, which met the face

d'Olivier. L'enfant le considérait avec une curiosité muette; en ||||||silent| The child gazed at him with mute curiosity; in

un clin d'oeil le vieillard comprit qu'il avait été observé; il |wink||||||||| a wink the old man understood that he had been observed; he

ferma avec bruit le couvercle de la boîte, et saisissant un |||||||||grabbing| slammed the lid of the box shut, and seizing a

couteau sur la table, il se leva furieux; mais il tremblait au knife on the table, he got up furious; but he was shaking

point qu'Olivier, malgré sa terreur, pouvait voir vaciller la lame ||despite|||||wobble|| point that Olivier, despite his terror, could see the blade waver

du couteau. of the knife.

«Qu'est-ce? dit le juif; pourquoi m'observer! said the Jew; why watch me! Tu ne dormais pas? You weren't sleeping?

Qu'as-tu vu? Parle vite! vite! il y va de ta vie!

- Je n'ai pas pu dormir davantage, monsieur, répondit Olivier avec |||||more|||| "I couldn't sleep any longer, sir," replied Olivier with

douceur, et je suis bien fâché de vous avoir dérangé. gentleness|||||angry||||disturbed sweetness, and I'm very sorry to have disturbed you.

- Étais-tu éveillé depuis une heure? - Were you awake for an hour? demanda le juif d'un air

menaçant et terrible.

- Non, monsieur, non, bien sûr, répondit Olivier.

- En es-tu bien sûr? - Are you sure? s'écria le juif en jetant sur l'enfant un cried the Jew, throwing a

regard sinistre. sinister look.

- Je dormais, monsieur, répondit vivement Olivier, je dormais, sur ||||quickly|||| "I was sleeping, sir," replied Olivier quickly, "I was sleeping, on

ma parole.

- C'est bon! c'est bon! mon ami, dit le juif en reprenant

brusquement ses manières ordinaires et en jouant avec le couteau abruptly his ordinary ways and playing with the knife

avant de le remettre sur la table, comme pour faire croire qu'il before putting it back on the table, as if to make believe that it

ne l'avait pris que par badinage. |||||banter had only taken it as a joke. J'en étais sûr, mon ami; je

voulais seulement te faire peur. just wanted to scare you. Tu es brave, oui, ma foi, tu es You are brave, yes, my faith, you are

brave, Olivier.» Et le juif se frottait les mains en riant, mais Brave, Oliver." And the Jew rubbed his hands laughing, but

jetait néanmoins sur la boîte un regard inquiet. |nevertheless|||||| nevertheless threw a worried look at the box. «As-tu vu

quelqu'une de ces jolies choses, mon ami? any of those pretty things, my friend? dit le juif après un

court silence, en posant sa main sur la boîte. short silence, putting his hand on the box.

- Oui, monsieur, répondit Olivier. - Yes, sir, replied Olivier.

- Ah! dit le juif en pâlissant. ||||paling C'est..., c'est à moi, Olivier...

c'est ma petite fortune... tout ce que j'aurai pour vivre dans mes it's my little fortune... all I'll have to live on in my

vieux jours: on m'appelle avare, mon ami, seulement avare... rien ||||greedy||||| old days: they call me miserly, my friend, only miserly... nothing

de plus.»

Olivier pensa que le vieux monsieur devait être en effet d'une Olivier thought that the old gentleman must indeed be of a

avarice sordide, pour vivre dans un endroit si sale, avec tant de greed|sordid|||||||||| sordid greed, to live in a place so filthy, with so many

montres; mais il réfléchit que sa tendresse pour le Matois et les watches; but he reflected that his fondness for the Dodger and the

autres garçons lui coûtait peut-être beaucoup d'argent; il regarda other boys may have cost him a lot of money; he looked

le juif d'un air respectueux et lui demanda s'il pouvait se lever. the Jew respectfully and asked him if he could stand up.

«Certainement, mon ami, certainement, répondit le vieux monsieur; “Certainly, my friend, certainly,” answered the old gentleman;

tiens, il y a une cruche d'eau dans le coin derrière la porte; va |||||jug|||||||| look, there's a jug of water in the corner behind the door; goes

la chercher et je te donnerai une cuvette pour te laver, mon ami.» |||||||bowl||||| fetch it and I will give you a basin to bathe in, my friend.”

Olivier se leva, traversa la chambra et se baissa pour prendre la ||||||||bent||| Olivier got up, crossed the room and bent down to take the

cruche; quand il se retourna, la boîte avait disparu. jug|||||||| jug; when he turned around, the box was gone.

Il avait à peine fini de se laver et de remettre tout en ordre, en He had just finished washing and putting everything in order,

vidant, par ordre du juif, la cuvette par la fenêtre, lorsque le emptying||||||bowl||||| emptying, by order of the Jew, the basin through the window, when the

matois rentra, escorté d'un jeune ami qu'Olivier avait vu la matois returned, escorted by a young friend that Olivier had seen

veille au soir occupé à fumer, et qui lui fut présenté sous le nom the evening before busy smoking, and who was presented to him under the name

de Charlot Bates. by Charlotte Bates. Puis on se mit à table; le déjeuner se composait Then we sat down to table; lunch consisted

de café et de petits pains chauds, avec du jambon que le Matois of coffee and hot rolls, with ham that the Matois

avait rapporté dans le fond de son chapeau. ||||bottom||| had brought to the bottom of his hat.

«Eh bien! dit le juif en s'adressant au Matois et en regardant said the Jew, addressing the Dodger and looking

malicieusement Olivier; j'espère, mes amis, que vous êtes allés ce maliciously||||||||| mischievously Olivier; I hope, my friends, that you have gone this

matin à l'ouvrage? ||the work morning at work?

- Roide, répondit le matois. "Stiff," answered the cutter.

- Oui, une rude besogne, ajoute Charlot Bates. - Yes, hard work, adds Charlot Bates.

- Vous êtes de braves garçons, dit le juif; qu'est-ce que tu as - You are brave boys, said the Jew; what do you have

rapporté, Matois? reported| reported, Matois?

- Deux portefeuilles, répondit le jeune homme. - Two wallets, answered the young man.

- Garnis? Garnish - Garnished? demanda le juif avec anxiété.

- Pas mal, répondit le Matois en exhibant deux portefeuilles, l'un - Not bad, answered the Dodger, showing two wallets, one

vert et l'autre rouge.

- Ils pourraient être plus lourds, dit le juif, après en avoir |could|||heavy|||||| - They could be heavier, said the Jew, after having

soigneusement visité l'intérieur, mais ils sont tout neufs et d'un |||||||new|| carefully visited inside, but they are brand new and of a

bon travail; c'est d'un habile ouvrier, n'est-ce pas, Olivier? ||||skilled|worker|||| good work; it's a skilful workman, isn't it, Olivier?

- Certainement, monsieur,» dit Olivier. "Certainly, sir," said Olivier.

Cette réponse fit rire M. Charlot Bates à se tenir les côtes, au |||||||||||sides| This answer made Mr. Charlot Bates laugh till he held his sides,

grand étonnement d'Olivier, qui ne voyait là rien de risible. |||||||||risible great astonishment of Olivier, who saw nothing laughable there.

«Et toi, mon ami, qu'est-ce que tu rapportes? ||||||||brings “And you, my friend, what are you bringing back? dit Fagin à Charlot

Bates. Bates

- Des mouchoirs, répondit maître Bates, et il en tira quatre de sa |handkerchiefs|||||||||| "Handkerchiefs," replied Master Bates, and he took out four from his

poche.

- Bien, dit le juif, en les examinant minutieusement, ils sont |||||||meticulously||

bons, très bons; mais tu ne les as pas bien marqués, Charlot. ||||||||||marked| Il

faudra ôter les marques avec une aiguille; nous montrerons à |remove||marks|||needle||| the marks will have to be removed with a needle; we will show to

Olivier comment il faut s'y prendre; n'est-ce pas, Olivier? Olivier how to go about it; isn't it, Oliver? Ha!

ha!

- Comme vous voudrez, monsieur, dit Olivier.

- Tu aimerais à faire le mouchoir aussi bien que Charlot Bates, - You would like to make the handkerchief as well as Charlot Bates,

n'est-ce pas, mon ami? is it not, my friend? demanda le juif.

- De tout mon coeur, monsieur, si vous voulez m'instruire,» - With all my heart, sir, if you want to instruct me,

répondit Olivier.

Maître Bates trouva cette réponse si plaisante qu'il poussa un Master Bates found this answer so pleasant that he uttered a

nouvel éclat de rire; mais comme il était en train d'avaler son new burst of laughter; but since he was swallowing his

café, il faillit suffoquer. |||suffocate coffee, he nearly choked.

«Il est si innocent!» dit-il, dès qu'il put parler, comme pour “He is so innocent!” he said, as soon as he could speak, as if to

s'excuser auprès de la compagnie de son impolitesse. apologize to the company for his rudeness.

Le Matois ne dit rien; mais il passa la main dans les cheveux The Dodger says nothing; but he ran his hand through his hair

d'Olivier, et les lui fit tomber sur les yeux, en ajoutant qu'il d'Olivier, and made them fall on his eyes, adding that he

serait bientôt au fait. would soon be up to speed. Le vieux monsieur, qui vit le rouge monter |||||the|| The old gentleman, who saw the red rising

au visage de l'enfant, changea la conversation et demanda si

l'exécution qui avait eu lieu le matin avait attiré une grande the execution which had taken place in the morning had attracted great

foule. L'étonnement d'Olivier redoubla: car il était évident, ||doubled||||obvious Olivier's astonishment redoubled: for it was obvious,

d'après la réponse des jeunes garçons, qu'ils y avaient tous deux from the response of the young boys, that they were both there

assisté, et il était étrange qu'ils eussent trouvé le temps de si attended, and it was strange that they had found the time to

bien travailler. work well.

Après le déjeuner, le plaisant vieillard et les deux jeunes gens After lunch, the pleasant old man and the two young men

se livrèrent à un jeu curieux et bizarre; voici en quoi il |engaged|||||||||| engaged in a curious and bizarre game; here is how it

consistait: le juif mit une tabatière dans une des poches de son |||||tobacco box|||||| consisted: the Jew put a snuffbox in one of the pockets of his

pantalon, un carnet dans l'autre, dans son gousset une montre ||notebook|||||pocket|| pants, a notebook in the other, in his pocket a watch

attachée à une chaîne de sûreté qu'il passa à son cou; il piqua |||chain||safety|||||||pierced attached to a safety chain which he passed around his neck; he pricked

une épingle de faux diamant dans sa chemise, boutonna son habit |pin|||||||||suit a rhinestone pin in his shirt, buttoned his coat

jusqu'en haut, et mettant dans ses poches son mouchoir et son étui |||||||||||case to the top, and putting his handkerchief and case in his pockets

à lunettes, il se promena de long en large dans la chambre, une glasses, he walked up and down the room, a

canne à la main, tout comme nos vieux messieurs se promènent dans ||||all||||||| cane in hand, just as our old gentlemen stroll through

la rue; tantôt il s'arrêtait devant le feu, et tantôt à la porte, ||sometimes|||||||||| the street; sometimes he stopped before the fire, and sometimes at the door,

comme s'il contemplait attentivement l'étalage des boutiques. ||||the display|| as if he were attentively contemplating the display of the shops.

Parfois il jetait autour de lui des regards vigilants comme s'il ||||||||vigilant|| Sometimes he would cast watchful glances around him as if

craignait les voleurs, et tâtait toutes ses poches l'une après ||||felt||||| feared thieves, and felt all his pockets one after the other

l'autre, pour voir s'il n'avait rien perdu, et tout cela d'un air the other, to see if he had lost anything, and all that with a

si comique et si naturel qu'Olivier en riait jusqu'aux larmes. so comical and so natural that Olivier laughed until he cried. Les

deux jeunes garçons le suivaient de près; et, chaque fois qu'il se two young boys followed him closely; and, each time he

retournait, ils se dérobaient à sa vue avec tant d'agilité, qu'il |||escaped||||||| returned, they hid from his sight with such agility that he

était impossible de suivre leurs mouvements. it was impossible to follow their movements. À la fin, le Matois ||||Matois At the end, the Dodger

lui marcha sur les pieds, tandis que Charlot le heurtait par |||||||||hit| stepped on his feet, while the Tramp bumped into him by the

derrière, et en un clin d'oeil, tabatière, portefeuille, montre, behind, and in the blink of an eye, snuffbox, wallet, watch,

chaîne de sûreté, épingle, mouchoir de poche, tout, jusqu'à l'étui |||||||||the case safety chain, pin, pocket square, everything up to the case

à lunettes, disparut avec une rapidité extraordinaire. with glasses, disappeared with extraordinary rapidity. Si le vieux

monsieur avait senti une main dans une de ses poches, il disait gentleman had felt a hand in one of his pockets, he was saying

dans laquelle, et alors c'était à recommencer. in which, and then it was to start again.

Quand on eut joué bien des fois à ce jeu, deux jeunes _dames_ When this game had been played many times, two young _ladies_

vinrent voir les jeunes messieurs; l'une se nommait Betty et came||||||||| came to see the young gentlemen; one was called Betty and

l'autre Nancy; elles avaient une chevelure épaisse, mais peu ||||||thick|| the other Nancy; they had thick hair, but little

soignée, et des chaussures en mauvais état; elles n'étaient peut- neat, and shoes in poor condition; maybe they weren't

être pas précisément belles; mais elles étaient hautes en couleur, to be not exactly beautiful; but they were colorful,

et avaient le regard résolu et effronté. ||||resolved||brazen and looked resolute and cheeky. Comme leurs manières ||ways Like their ways

étaient agréables et d'une grande liberté, Olivier pensa qu'elles were pleasant and very free, Olivier thought that they

étaient fort aimables, et sans doute il ne se trompait pas. |||||||||was deceiving| were very amiable, and doubtless he was not mistaken.

La visite dura longtemps: une des jeunes dames se plaignant |||a long time|||||| The visit lasted a long time: one of the young ladies complaining

d'avoir l'estomac glacé, on apporta des liqueurs, et la to have an icy stomach, they brought liquors, and the

conversation s'anima de plus en plus. conversation became more and more lively. À la fin, Charlot Bates

déclara qu'il était temps de jouer du jarret, et Olivier crut que |||||||ham|||| declared that it was time to play the hock, and Olivier thought that

cela voulait dire sortir, en français; car le Matois, Charlot et it meant going out, in French; because the Matois, Charlot and

les deux jeunes femmes partirent à l'instant, et le vieux juif eut the two young women immediately left, and the old Jew had

la générosité de les munir d'argent de poche pour s'amuser dehors. ||||equip|||||| the generosity of providing them with pocket money to have fun outside.

«C'est un genre de vie qui n'est pas désagréable, n'est-ce pas, "It's a kind of life that isn't unpleasant, isn't it,

mon ami? dit Fagin. Les voilà sortis pour toute la journée. They are out for the whole day.

- Ont-ils achevé leur travail, monsieur? ||finished||| - Have they finished their work, sir? demanda Olivier.

- Oui, dit le juif; à moins qu'ils ne trouvent par hasard quelque - Yes, said the Jew; unless they come across something