Émeutes : c'est fini, mais jusqu'à quand ? - YouTube
Ils étaient entre 8 000 et 12 000.
Des actes de sécession.
Il faut d'abord et avant tout stopper l'immigration anarchique.
Moins de 10 % des 4 000 interpellés étaient étrangers.
Il n'y a que des territoires que la République abandonne.
Ghettoïsation de certains de nos quartiers, pauvreté,
discrimination, mal-logement,
disparition des services publics.
Et pendant que vous jetez de l'huile sur le feu,
pendant que vous donnez des excuses aux délinquants,
nous nous sommes engagés pour rétablir l'ordre républicain.
Il faut mettre des préfabriqués dans les cours de prison.
Il faudra qu'il y ait des sessions spéciales de cour d'assises.
Le bloc présidentiel qui est encore sonné par les émeutes,
la droite qui fait de la surenchère sécuritaire sur le Rassemblement national
et la France insoumise qui se retrouve superbement isolée.
C'est le sommaire de ce numéro 47 du Bourbon de Serge.
Mais que s'est-il passé en France la semaine dernière ?
À vrai dire, personne n'a encore la réponse.
Même le président de la République a demandé quelques jours
avant de proposer une analyse.
Les 241 maires qu'Emmanuel Macron a invités à l'Élysée lundi
sont donc repartis déçus.
Avec le sentiment d'avoir été l'instrument d'une opération de communication.
Comme en 2019, après les gilets jaunes,
quand le chef de l'État avait lancé un “grand débat” dont on attend toujours les conclusions.
Curieusement, c'est du côté de Gérald Darmanin
qu'il faut se tourner pour esquisser un premier décryptage.
Hier, devant les sénateurs, le ministre de l'Intérieur a pointé les différences
entre les émeutes de 2005 et celles que nous venons de traverser.
En 2005, à 21 jours d'émeutes, ils étaient plus âgés,
beaucoup plus âgés qu'aujourd'hui.
J'ai demandé qu'on me sorte les comparaisons, je ne les ai pas encore,
mais à coup sûr ils étaient plus âgés.
Là nous avons des choses très différentes.
Quatre jours d'émeutes, ils étaient entre 8 000 et 12 000.
Peut-être un peu plus, peut-être un peu moins.
Ce sont des groupes très mobiles, souvent cagoulés
mais on ne peut pas considérer qu'il y avait des centaines de milliers de personnes
dans ces quartiers où des millions de personnes vivent,
qui se sont rebellés contre la République.
Même si les images sont extrêmement choquantes,
même si les agitations et les dégradations sont extrêmement fortes,
même s'il y a eu 800 policiers et gendarmes blessés,
fort heureusement aucun n'a de pronostic vital engagé,
je veux ici dire qu'il s'agit de tout au plus de quelques milliers de personnes
qui ont commis ces difficultés.
Ce qui est à la fois un problème, très important,
et en même temps ne nous permet pas de mettre dans le même sac
tous les habitants des quartiers populaires.
Il n'empêche.
Mardi, à l'Assemblée, la posture l'emportait sur la mesure.
Peut-être justement, parce que cette flambée de violences échappe à bien des stéréotypes.
Il n'y a aucune revendication sociale à trouver dans ces agissements inacceptables.
Aucune colère légitime, aucune excuse
mais seulement un acte, des actes de sécession
d'une minorité qui rejette toute forme d'autorité.
Sécession. Le mot est lâché.
Marine Le Pen a rajouté les sous-titres…
Qu'avez-vous fait de notre pays en y implantant des zones de non-droit
que vous avez laissé se communautariser, se criminaliser ?
Qu'avez-vous fait lorsque vous avez laissé prospérer l'ignorance de notre culture,
l'hostilité à l'égard de l'autorité légale de l'État,
l'illégitimité de nos lois et la haine de notre peuple ?
Qu'avez-vous fait pour transformer notre pays parmi les plus courtois,
les plus élégants et les plus doux de la Terre
pour en faire un enfer où se consume avec les bâtiments publics qui brûlent
toute foi en l'avenir ?
Il faut d'abord et avant tout stopper l'immigration anarchique.
Or vous êtes en train d'aggraver le problème du communautarisme,
voire du séparatisme et de le disséminer dans le moindre village.
Mais les chiffres contredisent cette interprétation.
Là encore, c'est Gérald Darmanin, décidément très surprenant ces jours-ci,
qui remet les pendules à l'heure.
Moins de 10 % des 4000 interpellés étaient étrangers, monsieur le député.
90 % étaient Français.
40 personnes seulement étaient éligibles à un centre de rétention administratif.
La question d'aujourd'hui c'est celle des jeunes délinquants,
pas des étrangers.
Nous sommes nombreux ici, monsieur le député,
à être issus des quartiers, à être issu de l'immigration,
et à aimer notre pays !
Le scénario, commode, d'une émeute communautaire s'éloigne à grands pas.
Si donc les racines de ces émeutes n'ont rien de confessionnel ou d'ethnique,
quelle en est la cause ?
Faut-il en conclure, par exemple,
que les désordres sont imputables à une poignée de délinquants chevronnés ?
Fausse piste.
Les premières comparutions nous apprennent que les émeutiers interpellés
sont, dans une écrasante majorité, dépourvus d'antécédents judiciaires.
C'est l'occasion qui a fait le larron.
Je vous renvoie vers les comptes rendus d'audience de vos gazettes préférées.
Reste alors l'explication sociale.
L'accès bridé à la consommation.
Mais Élisabeth Borne la récuse.
Car, à l'entendre, le gouvernement est irréprochable en matière de politique de la ville.
Ces violences n'ont rien à voir avec une révolte des banlieues
et j'ai été, madame la présidente Châtelain,
à Nanterre, à Garges-lès-Gonesse, à Bezon,
à Evry, à L'Haÿ-les-Roses.
J'ai échangé avec les élus et les habitants
et deux mots revenaient sans cesse : l'incompréhension et la colère.
La colère vis-à-vis de ces auteurs de violences
qui mettent à mal des politiques menées depuis des années.
À gauche, bien sûr, on conteste cette autosatisfaction.
Il ne faudra pas regarder ailleurs une fois le calme revenu.
Je veux d'abord ici rétablir une vérité.
Non il n'y a pas de territoires perdus de la République,
il n'y a que des territoires que la République abandonne.
Cyrielle Chatelain enfonce le clou.
Depuis les émeutes de 2005, la disparition des services publics a accru les inégalités.
18 années d'austérité, de rationalisation et de disparition des services publics.
18 années durant lesquelles le contrat républicain a été bafoué
car la réalité, madame la Première ministre,
est qu'en France aujourd'hui certaines vies valent moins que d'autres.
Certains territoires valent moins que d'autres.
En France, l'égalité est un concept théorique.
Le président du groupe socialiste, Boris Vallaud,
tente de dire de quoi ces émeutes sont le nom.
Un pays dans lequel des milliers de jeunes personnes, souvent mineures,
se lancent pendant des jours et des nuits dans de telles équipées, est un pays qui va mal.
Notre responsabilité, collective, individuelle,
est de regarder la vérité en face et d'en tirer toutes les conséquences.
Ghettoïsation de certains de nos quartiers,
pauvreté, discrimination, mal-logement,
disparition des services publics, mise en échec de nos institutions,
sont autant de difficultés profondes
dont ces fréquents débordements de violences faits d'une minorité
sont aussi un symptôme.
Il faudra bien évidemment remettre sur le métier
le plan Borloo abandonné,
soutenir dans la durée la politique de la ville, l'école,
les associations et l'éducation populaire.
Soyons francs.
Même s'ils peuvent partager ce constat,
beaucoup de Français estimeront qu'il y a quelque chose de choquant
à remettre de l'argent dans les banlieues.
N'est-ce pas récompenser la violence ?
Eh bien, ils se trompent.
Car la réalité de la situation,
c'est que la République ne déploie pas assez de moyens dans ces territoires.
Ce n'est pas moi qui le dit mais un rapport parlementaire de 2018.
Deux députés, François Cornut-Gentille et Rodrigue Kokouendo,
ont évalué l'action de l'État dans le département de Seine-Saint-Denis.
François Cornut-Gentille siégeait sur les bancs de LR
et Rodrigue Kokouendo sur ceux de La République en marche.
L'un et l'autre ont été battus aux législatives de 2022.
À l'époque les deux élus considéraient plutôt
que les pouvoirs publics jetaient l'argent par les fenêtres en Seine-Saint-Denis.
Très vite, les deux parlementaires se sont rendus à l'évidence.
Loin d'en faire trop, l'État n'en fait pas assez.
Dans leur rapport, les parlementaires montrent combien ce département,
qui concentre les taux de pauvreté et de criminalité les plus élevés de France,
est le moins bien doté en professeurs, policiers ou magistrats.
Là, où il faudrait des équipes chevronnées,
on trouve surtout de jeunes fonctionnaires qui n'aspirent qu'à une mutation rapide.
Résultat, la République est en échec.
Comme le rapport de Jean-Louis Borloo sur les politiques de la ville,
ce rapport parlementaire est resté lettre morte.
Revenons à l'inventaire des postures politiques de ces derniers jours.
À droite, on surenchérit dans la fermeté.
Lundi, Emmanuel Macron a laissé entendre
qu'il envisageait de "sanctionner financièrement"
les familles dont des enfants participeraient à des émeutes.
“Qu'à cela ne tienne” répond Éric Ciotti.
Je rappelle que j'ai été l'auteur d'une loi en 2010
qui permettait d'aller vers cette responsabilité parentale,
qu'elle avait été votée par le Parlement,
qu'elle a été symboliquement abrogée par monsieur Hollande en janvier 2013
dans une séance spéciale de l'Assemblée nationale, du Parlement,
avec une loi d'abrogation qui a été votée.
Donc je le dis aujourd'hui : Chiche, allons dans ce sens.
Dès cet après-midi, je déposerai ma proposition de loi,
la loi telle qu'elle a existé, sur le bureau de l'Assemblée nationale.
Il faut arrêter avec les discours.
Si monsieur Macron décidé d'installer ce texte, de l'inscrire à l'ordre du jour,
on peut le voter avant le 14 juillet.
En matière de répression, le patron des LR fourmille d'idées.
Il y a des comparutions immédiates,
mais il faudra qu'il y ait des sessions spéciales de cour d'assises
pour ceux qui ont incendié.
Il faut mettre des préfabriqués dans les cours de prisons
pour que ceux qui ont été condamnés soient déférés,
qu'on n'ait pas cet argument du “pas de places”.
Des préfabriqués dans les cours de prison.
Et pourquoi pas des tentes Quechua tant qu'on y est.
Quand on connaît l'extrême misère de la condition carcérale en France,
on n'ose imaginer ce que donnerait l'installation de préfabriqués.
Enfin, il y a la France insoumise.
Jean-Luc Mélenchon s'est refusé à appeler au calme.
Il s'en est expliqué à deux reprises :
Nous avons toujours été contre toute stratégie de violence.
Toujours.
Pas seulement aujourd'hui, toujours.
Nous n'en avons jamais accompagné ni justifié.
Mais nous refusons d'être la brosse à reluire du système
qui vient quand ils ont provoqué des dégâts énormes
et nous adjurent d'appeler au calme.
Nous avons dit que nous appelions à la justice.
La question pour un homme politique ce n'est pas d'appeler au calme,
de se donner des postures,
c'est d'essayer d'arriver au calme,
et pour ça de régler rationnellement les problèmes qui se posent.
Résultat, mardi, les députés insoumis ont essuyé un véritable déluge d'artillerie.
Quand vos députés rejettent tout appel au calme, vous sortez du champ républicain.
Quand une de vos députés affirme que la fin justifie les moyens,
vous sortez du champ républicain.
Quand votre leader parle de “permis de tuer” pour les policiers,
de "peine de mort" pour les jeunes des quartiers,
et nous traite de “chiens de garde”,
vous sortez du champ républicain.
Et pendant que vous jetez de l'huile sur le feu,
pendant que vous donnez des excuses aux délinquants,
nous nous sommes engagés pour rétablir l'ordre républicain.
Un quarteron, que dis-je d'un groupuscule d'élus
qui s'est durablement discrédité, je parle bien sûr de la France insoumise.
C'est un État de droit qui, malheureusement, depuis un an, un an,
soufre des amalgames, des exagérations mensongères
d'une partie des bancs de cet hémicycle,
qui préfère se rouler en boule dans des polémiques plutôt que de faire de la politique.
Eh oui je parle de vous, mesdames et messieurs de la France insoumise.
Ceux qui ont refusé d'appeler au calme,
ceux qui à force de tout excuser en permanence,
ont mis de l'huile sur le feu quitte à se renier comme monsieur Mélenchon
qui en 2012 fustigeait les hordes de casseurs,
les traitant de “crétins”, de “bouffons”
et de “larbins de la société capitaliste”.
Derrière le refus de LFI d'appeler au calme,
il y a la répétition d'une erreur qu'on avait déjà observée
au moment de la réforme des retraites.
La France insoumise estime que la dégradation politique, économique et sociale du pays
est telle qu'on va vers une rupture.
Un changement de République.
Sur le constat, elle n'a pas forcément tort.
Quiconque regarde la situation du pays
se dit que ça ne peut pas continuer comme ça indéfiniment.
Là où ça se gâte, c'est que la France insoumise
apprécie mal la nature réelle des mouvements sociaux
et surtout leur degré de maturité politique.
Elle a tendance à voir dans la moindre secousse l'imminence du grand soir
ou de la prise de la Bastille.
Et puisqu'on ne dit pas à des sans-culottes de rentrer à la maison,
LFI s'est refusé à tout appel au calme.
Sans voir que son propre électorat ne la suit pas du tout sur ce terrain.
Selon un récent sondage ELABE,
9 Français sur 10 estiment que la mort de Nahel a été un prétexte pour tout casser.
Chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, cette appréciation est à peine nuancée.
Ils ne sont que 23 % à voir une réaction de colère dans les émeutes.
Le reste de l'électorat est à l'unisson de l'opinion générale.
La France insoumise sort isolée de la séquence.
Ce qui tombe mal au moment où elle cherche à négocier
une liste commune de la NUPES pour les Européennes.
Il ne sera pas simple pour elle de recoller les morceaux.
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