Macron : la dégringolade (1)
La France insoumise ne s'est jamais revendiquée comme un parti d'extrême gauche.
Ces groupuscules qui sont soutenus.
Ceux qui à l'extrême gauche attisent la haine.
Cette même extrême gauche qui se veut de moins en moins républicaine
a appelé à bloquer le pays par la force s'il le fallait.
Il n'aura pas fallu attendre longtemps
pour que l'extrême gauche vienne gangréner les cortèges.
Non, on peut citer Bernard Cazeneuve sans être traité de fasciste.
Je veux dire c'est possible.
Emmanuel Macron de plus en plus isolé dans l'opinion,
les macronistes, la droite et l'extrême droite qui s'unissent contre la France insoumise,
le Rassemblement national qui vire un de ses députés sans vraiment le dire.
C'est le sommaire de ce numéro 36 du Bourbon de Serge.
Emmanuel Macron est coincé.
Sa cote de popularité dégringole.
Elle rejoint presque le niveau enregistré au plus fort du mouvement des gilets jaunes.
Ce n'est pas moi qui le dis, mais l'IFOP dans un sondage pour Paris Match et Sud Radio.
À l'époque, le chef de l'État s'en était sorti par la répression à outrance
et l'organisation d'un “grand débat”.
La répression est toujours au rendez-vous.
Quant au “grand débat”, les Français l'attendaient à l'Assemblée nationale.
Mais l'exécutif a choisi de les en priver, de peur d'être battu à la loyale.
C'est-à-dire par un vote démocratique.
Résultat : le pays est bloqué.
Dissoudre l'Assemblée nationale ?
Sans doute Emmanuel Macron en a caressé l'idée.
Mais tous les sondages concordent.
Dans cette hypothèse, le groupe Renaissance et ses alliés
se retrouveraient éparpillés façon puzzle.
Hier une enquête de l'institut Elabe prédisait un Trafalgar pour la Macronie
dans l'hypothèse d'une dissolution.
La coalition Ensemble et ses alliés centristes perdraient autour d'une centaine de sièges.
Le RN en gagnerait entre 61 et 86.
Et la Nupes verrait ses effectifs renforcés par un apport de 19 à 49 députés.
Emporté par son élan, Elabe s'est risqué à une simulation
sur la présidentielle de l'année dernière.
Dans cette nouvelle hypothèse,
Marine Le Pen l'emporterait avec 55 % des voix sur Emmanuel Macron.
Une simulation à prendre avec des pincettes.
D'abord, parce qu'Emmanuel Macron ne peut plus être candidat.
Ensuite, parce qu'entre le début et la fin d'une campagne présidentielle,
les intentions de vote bougent énormément.
Valérie Pécresse, Anne Hidalgo ou Yannick Jadot ne diront pas le contraire.
Pas d'issue dans une dissolution, donc.
Et côté syndicats, la porte est toujours verrouillée.
Mercredi, sur le perron de Matignon,
l'intersyndicale n'a montré aucun signe de division ou de lassitude.
Nous avons choisi de mettre fin à cette réunion inutile,
dès lors que la Première ministre nous a indiqué
qu'elle continuerait à gouverner contre le pays.
Nous avons trouvé face à nous un gouvernement radicalisé,
obtu et déconnecté.
L'exécutif est enlisé.
Son dernier espoir réside dans la décision du Conseil constitutionnel, le 14 avril.
Si les sages de la rue de Montpensier
ne censurent que quelques dispositions accessoires de la loi,
le pouvoir peut reprendre la main.
Mais rien n'est sûr.
Acculé, l'exécutif tente d'établir une nouvelle ligne de partage.
Celle de la violence.
Sans doute Emmanuel Macron rêve-t-il d'un renversement de l'opinion
à la faveur du chaos dans lequel il a lui-même plongé le pays.
Épouvantés par les grèves et les violences,
les Français excédés verraient en lui l'ultime rempart.
La dernière fois que ce stratagème a fonctionné, c'était le 30 mai 1968.
Une marée gaulliste avait envahi les Champs-Élysées
marquant la fin de mouvement étudiant et ouvrier.
Mais pour jouer l'homme providentiel, encore faut-il en avoir les épaules.
Emmanuel Macron n'est pas le Général de Gaulle.
La seule libération à laquelle il ait concouru, c'est celle des marchés financiers.
Cette bataille est d'abord une bataille de mots.
Il s'agit de faire glisser la Nupes du tiroir de la gauche vers celui de l'extrême gauche.
Avec le secret espoir de séparer ainsi le bon grain de l'ivraie.
Entendez les socialistes et les communistes des insoumis.
Mais au fait, où se situe exactement la France insoumise ?
J'ai demandé à Manuel Bompard de m'éclairer.
Mais vous savez, l'extrême gauche ça existe en France.
Il y a des partis qui se revendiquent de l'extrême gauche.
Lutte ouvrière c'est un parti d'extrême gauche, il se revendique comme tel,
le NPA aussi.
La France insoumise ne s'est jamais revendiquée comme un parti d'extrême gauche.
Et du point de vue de ses propositions programmatiques,
la retraite à 60 ans, l'augmentation du Smic, la planification écologique,
je n'ai pas l'impression que ce soit des propositions qui soient des propositions extrémistes.
Vous voulez toujours faire la révolution ?
Mais bien sûr. La révolution citoyenne, la révolution par les urnes.
Mais attention, parce que si ça devient extrémiste d'utiliser le mot révolution,
qu'est ce que vous allez dire sur le président de la République ?
Son premier livre s'appelait “Révolution”.
Ces considérations n'embarrassent ni les macronistes, ni la droite, ni l'extrême droite.
Pour eux, les casseurs ou la France insoumise, c'est la même chose.
Du moins, c'est la thèse qu'ils cherchent à accréditer dans l'opinion.
Les échanges en Commission des lois, hier matin,
autour de la pétition demandant la dissolution de la BRAV-M
en ont fourni une bonne illustration.
Pétition que la commission a d'ailleurs enterrée en grande pompe, soit dit au passage.
Je pense qu'il faudra qu'on se saisisse un jour des dangers que ces groupuscules,
qui sont soutenus par des groupes parlementaires ici-même,
par des parlementaires qui étaient présent à une manifestation interdite,
génèrent pour la République.
Nous combattrons sans relâche ceux qui à l'extrême gauche
attisent la haine, fracturent sciemment le corps social
et soufflent sur les braises du mécontentement.
Depuis l'utilisation du 49-3 par madame la Première ministre,
cette même extrême gauche qui se veut de moins en moins républicaine
a appelé à bloquer le pays par la force s'il le fallait.
D'ailleurs, un député qui était ici présent a légitimé l'utilisation de la force et de la violence
pour faire tomber la réforme en cours voire même le gouvernement.
Si nous pouvons noter qu'au début ces manifestations se déroulaient dans le calme,
il n'aura pas fallu attendre longtemps
pour que l'extrême gauche vienne gangréner les cortèges.
J'entends d'une partie de l'extrême gauche l'argument suivant,
et vous l'avez dit à plusieurs reprises de façon différente.
(Pas d'extrême gauche…)
Non, j'ai dit : “J'entends d'une partie de l'extrême gauche les arguments suivants”
et vous l'avez vous-même évoqué.
Non mais ne vous sentez pas visée madame Regol.
Cet amalgame entre la France insoumise et les casseurs peut-il abuser les Français ?
Si l'on en croit les sondages qui soulignent tous
une progression des amis de Jean-Luc Mélenchon, la réponse est non.
Pour l'heure, la radicalité dans l'expression semble payer.
Elle est à l'image de la colère qui secoue le pays.
Devant la Commission des lois,
Gérald Darmanin a fait référence à la matinale de France Inter de mercredi.
L'invité en était Bernard Cazeneuve,
ancien ministre de l'Intérieur puis Premier ministre de François Hollande.
En s'abritant derrière lui, Gérald Darmanin espérait enfoncer un coin supplémentaire
dans la Nupes.
Moi je vais me permettre de lui citer France Inter,
ça vous surprendra peut-être d'ailleurs, et Bernard Cazeneuve.
Bernard Cazeneuve était à écouter ce matin, il était sur France Inter.
Il a dit des choses importantes.
Il a été ministre de l'Intérieur, vous le savez, au moment de l'affaire de Sivens.
Il était Premier ministre et ministre de l'Intérieur au moment de la loi El Khomri,
gouvernement que vous souteniez à l'époque.
Je vous laisse entre Nupes, il n'y a pas de problème.
A propos de LFI, monsieur Cazeneuve, c'est monsieur Cazeneuve,
je ne voudrais pas que je sois attaqué d'ultra gauche, vraiment pas…
Monsieur Cazeneuve a dit ce matin.
On peut citer Bernard Cazeneuve sans être traité de fascite,
je veux dire c'est possible.
Alors qu'a dit Bernard Cazeneuve ?
Eh bien, il s'en est pris à la France insoumise. Comme d'habitude.
Vous savez que c'est le parti de l'outrance.
Maintenant on sait que c'est le parti de l'insulte.
Paraît que c'est la gauche.
Non, ce n'est pas ça la gauche.
La gauche c'est le parti de ceux
qui considèrent que quiconque ne pense pas comme soi doit être respecté.
Jamais je ne tiendrai sur aucun de ceux dont je ne partage pas les orientations politiques
ce type de discours.
C'est vrai. Drapé dans ses costumes de notaire fleurant bon la naphtaline,
Bernard Cazeneuve n'a jamais insulté ses opposants.
Il s'est contenté de les faire matraquer, encore et encore,
lors des manifestations contre la loi travail en 2016.
Allant jusqu'à vouloir interdire toutes les manifestations.
Mais cela n'enlève rien à sa courtoisie, vous en conviendrez.
Personne n'aurait fait cas de ces propos s'il n'y avait eu Fabien Roussel.
Dans l'Express de lundi, le secrétaire national du Parti communiste français
explique qu'il veut étendre le rassemblement de la gauche
“bien au-delà” de la Nupes qu'il juge “dépassée”.
Et ce rassemblement, dit-il, pourrait aller jusqu'à Bernard Cazeneuve.
L'intéressé a d'ailleurs confirmé avoir rencontré le dirigeant communiste
à mes confrères du Parisien.
J'ai donc attrapé par la manche Fabien Roussel pour qu'il m'explique sa nouvelle stratégie.
J'ai répondu à une question,
on m'a interrogé sur lui.
Ce que je souhaite dire moi c'est que je ne ferme la porte à personne
sur la base d'un projet, une ambition pour la France qui rompt avec ce système économique,
avec le capitalisme.
Et donc je ne veux pas mettre d'à priori sur qui que ce soit.
C'est pour ça que je veux avoir les bras ouverts,
la main tendue à toutes les personnalités de progrès et de gauche dans notre pays.
Une fois de plus, Fabien Roussel prend ses camarades à contrepied.
Écoutez Pierre Dharéville.
Nous, on essaie de construire un rassemblement.
Nous pensons que ce rassemblement à gauche
ne peut pas se faire sur la ligne défendue par François Hollande.
Si c'est ça le sujet.
Si vous voulez nous entendre dire ça,
on peut vous le dire, très clairement.
Message reçu.
Cette remarque du député des Bouches-du-Rhône
s'inscrivait dans une réponse plus générale sur Martine Froger,
la dissidente socialiste élue dans l'Ariège contre la députée sortante,
l'insoumise Bénédicte Taurine.
En effet, la nouvelle députée se verrait bien siéger parmi ses camarades socialistes.
Pour Pierre Dahréville, elle n'a pas sa place dans les rangs de la Nupes.
Ce qu'on considère c'est qu'elle n'a pas été élue sous l'égide de la Nupes.
C'est une réalité formelle.
D'ailleurs elle ne le revendique pas.
Je ne suis pas certain que ça soit sa revendication à elle d'intégrer l'intergroupe Nupes.
Vous nous posez une question dont on se demande si elle a lieu d'être en réalité.
Sans surprise, la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot tient le même discours.
Je ne suis pas d'accord
pour qu'une députée qui a fait battre une députée de l'intergroupe de la Nupes
siège dans le groupe socialiste,
et je suis sûr que beaucoup des socialistes seront d'accord avec moi sur cette question.
Et les socialistes, ils en disent quoi ?
Signe que la décision n'était pas simple,
le point de presse habituel du mardi a été repoussé à plusieurs reprises.
Et c'est finalement en coup de vent
qu'Arthur Delaporte, un des porte-parole est venu nous livrer la position du groupe :
Nous ne cédons aux pressions d'aucune forme de quiconque.
Nous sommes un groupe souverain,
et nous souhaitons discuter sur la base des principes que nous nous sommes fixés :
le respect du cadre de la Nupes, le respect des principes et des valeurs du groupe,
la défense évidemment de l'union de la gauche.
Ce sont des principes préalables
mais nous sommes ouverts à la négociation sur ces bases.
Si l'acceptation du cadre de la Nupes
devient un préalable à son adhésion au groupe socialiste,
Martine Froger ne peut décemment accepter.
Comment expliquer à ses électeurs
qu'elle va rejoindre une coalition électorale qu'elle a combattue.
Il y a quand même un délai de veuvage à respecter…
Mardi soir, l'intergroupe de la Nupes s'est réuni à l'Assemblée nationale.
Officiellement, les désaccords entre les partenaires ne sont que tactiques.