Première & Dernière fois 04
Nous avons toutes et tous des premières et des dernières fois, et pour beaucoup le cheminement
entre les deux est une véritable aventure.
J'ai décidé de rencontrer des inconnus ou presque inconnus, de partager avec elles
et eux ses confidences intimes et de mesurer l'évolution de leurs désirs entre la première
et la dernière fois.
Felo s'est à une vingtaine d'années.
Il est étudiant dans l'administration publique de santé.
C'est un authentique passionné de cinéma qui fait également très attention à son
apparence ou alors il a juste beaucoup de goût, sans faire d'effort.
Il est actuellement célibataire.
Son sourire franc donne instantanément envie de partager des confidences, cette fois c'est
lui qui a accepté de se confier.
Felo, tu préfères qu'on se voit ou qu'on se tue toi ?
Je préfère qu'on se tue toi quand même.
Comment tu te définis ? Quelle est ton étiquette ?
Moi je me définis comme bisexuel depuis déjà bientôt six ans.
De manière assez certaine, ça a été une évidence sur des choses que je raconterai
peut-être par la suite, je ne sais pas, mais je me déconseille comme bisexuel et
je pense que les choses ne changeront pas.
Après on est toujours surpris.
C'est fluide.
C'est fluide, absolument.
Alors on m'a parlé de ta première fois, comment elle était cette première fois ?
C'était sympathique, j'avais 14 ans, ma copine venait habiter en Auvergne, on avait
une relation à distance, moi j'habitais à Paris, et elle était venue pour un week-end,
on avait un peu parlé, on avait un peu abordé les choses et puis un matin, dimanche matin,
on commence à en parler, on en discute, on n'est pas sûr, puis finalement si, puis
finalement à un moment je me dis bon ben allons-y, c'est parti.
Elle avait 14 ans aussi du coup ?
Elle avait, oui, 15 ans, elle devait avoir un an de plus que moi, et c'est sa première
fois aussi, et donc à un moment je me retrouve à aller mettre une capote en tremblant dans
les toilettes, évidemment pas devant elle, il y a une sorte de pudeur qui s'installe
dans ces moments-là un peu bizarre.
Puis ensuite on a essayé de faire, avec toutes les difficultés que ça peut être la première
fois, la douleur, simplement juste savoir exactement comment faire, parce qu'on a vu
beaucoup d'images, et bon une fois qu'on est dans ce lit à deux, on se rend un peu,
et non, ça s'est bien passé, il y a eu une deuxième fois qui a suivi, pas instantanément,
un peu plus tard, mais c'était plutôt joyeux, j'ai pas l'expérience de la première fois
qui est absolument catastrophique, ou qui est cette histoire drôle qu'on raconte à
tous ses potes par la suite, c'est plutôt, non, je crois qu'on était tous les deux
très contents de le faire, et ça nous allait, ça a été très bien.
Tu l'avais beaucoup réfléchi, fantasmé ce moment ?
Ouais, on l'avait pas mal fantasmé, je pense, parce que j'avais déjà du désir sexuel
avant, parce que j'avais une copine avant avec qui j'étais resté quand même deux
ans, qui avait elle un an et demi plus que moi, et avec qui il y a eu des rapprochements,
mais sans qu'on n'ose vraiment franchir le pas, peut-être probablement parce qu'on
était au collège, on s'est mis ensemble, j'étais en cinquième, puis ensuite en
quatrième, donc c'était beaucoup moins évident, même pas du tout évident.
Donc ça s'était jamais fait, il n'y avait même jamais eu vraiment d'attouchement
ni rien, on en avait parlé, mais quel désir était déjà présent ? Donc avec cette copine
avec qui j'ai eu ma première fois, ça a été quelque chose qu'on a réfléchi,
dont on a parlé aussi avant sur le désir, sur le fait qu'on avait envie l'un de
l'autre, et ça a été une sorte de discussion mutuelle pendant quelques mois avant de
finalement franchir le pas.
Du coup, tu avais du désir avant, tu t'étais déjà masturbé avant ?
Oui, je m'étais déjà masturbé avant, je pense que je ne m'étais pas tant masturbé
avant, je ne sais plus exactement de quand date ma première masturbation, je la situerais
plutôt en cinquième, quelque chose comme ça, sur le tard diront certains, j'ai pas
mal d'amis qui ont commencé dès la fin de la primaire, toute fin de la primaire.
La mère qui est en moi est terrifiée par cette affirmation !
Comme quoi, on regorge au secret ! Donc oui, je m'étais masturbé, mais pas systématiquement
sur du porno en plus, et c'est resté dans mes habitudes masturbatoires par la suite,
ça n'a jamais, je l'ai toujours fait fonctionner l'imagination qui m'a toujours très bien
satisfait, je ne comprends pas toutes les personnes qui disent « sans porno je ne peux
pas me branler », en considérant qu'elles n'ont pas assez d'imagination.
C'était quoi ton imaginaire sexuel à l'époque ? Quand tu étais jeune, c'était l'imaginaire
sexuel avec des femmes ?
Ouais, c'était uniquement avec des femmes, à ce moment-là je me posais pas du tout
la question de la bisexualité, c'était toujours avec des femmes, soit des filles que je connaissais
et sur lesquelles je fantasmais un peu, soit sur ma copine en l'occurrence, mais tout en
ayant à ce moment-là, je y repense maintenant, mais pas tant que ça sur ma copine, j'avais
une espèce de pudeur en me disant « je me sens presque un peu sale si je me masturbe
sur ma copine, par contre sur les filles que je connais… »
Sur les filles de camarades de classe, tout est ok ?
Il n'y a absolument aucun souci, comme s'il y avait une espèce de respect ou de dignité
à avoir qui m'a suivi un peu longtemps, jusqu'à ce que je me dise « bon, soit
je pense que tout le monde le fait, ma copine ne veut pas s'en priver, donc après tout,
ça va ».
Est-ce que tu as eu du plaisir dans cette première fois avec ta copine au Verniat ? Tu
te souviens d'en avoir eu ?
Ouais, un peu, je pense que c'était… on voulait quand même, on ne voulait pas en
terminer rapidement, mais c'est vrai que la première fois sur ce mouvement de va-et-vient
où tu ne sais pas exactement si tu vas finir, si tous les injonctions, que le garçon finisse,
etc.
Donc c'était du va-et-vient bête et méchant, mais j'avais ressenti un peu de plaisir,
elle moins, mais quand on avait enchaîné juste après, elle m'avait dit que c'était
beaucoup mieux, et ensuite à la troisième fois, je crois que le plaisir était vraiment
partagé, si je puis dire.
Donc ouais, c'était un peu de plaisir, ce n'est évidemment pas une grande expérience
sexuelle, c'est le moins qu'on puisse dire, mais c'était la phase d'apprentissage,
un peu masculine sur le plaisir, c'est clair, mais qui a ensuite été un apprentissage
commun par la suite.
Elle est restée ta petite amie, après ?
Elle est restée ma petite amie, donc c'était arrivé… j'avais 14 ans, c'était en
début d'année, elle est restée ma copine jusqu'en quasiment un an, après 8 mois,
je dirais.
Du coup, il y a eu d'autres expériences sexuelles ensemble ?
Il y a eu d'autres expériences sexuelles ensemble, qui ont toutes été… comme en
plus elle habitait à distance, c'est vrai qu'on se voyait, on s'attendait un peu
pour se voir, on voyait une fois tous les mois, je ne sais plus exactement à quelle
fréquence on se voyait, mais il y en a eu bien d'autres par la suite, qui se sont
toutes passées parfaitement bien, parce qu'on se rendait compte qu'une fois que la première
fois, qu'elle s'est tant sacralisée, était passée, on se rendait compte qu'on
pouvait apprendre à deux, qu'on faisait tout du plaisir, qu'on se désirait, qu'il
n'y avait plus besoin de se mettre des barrières, d'avoir cette ligne rouge, les choses avaient
commencé, donc on les continuait.
Tu avais le sentiment que c'était quelque chose qui ne ferait que s'améliorer, qu'il
y avait beaucoup de choses à découvrir, c'était quelque chose de joyeux du coup ?
Oui, j'étais assez… dès le début, je me disais… enfin, sur la première fois,
on se dit « tout ça pour ça ? » mais en fait, parce que c'est la première fois
et en fin de compte, au fur et à mesure, tu te rends compte rapidement qu'il y a une
marge de progression, une marge de manoeuvre qui est évidente.
On ne sait pas de quelle dimension elle est, on ne se rend pas compte je pense à ce moment-là
qu'il y a tant de choses à découvrir, tant de pratiques sexuelles, tant de manières
de faire l'amour ou d'avoir du sexe.
J'ai eu une marge de progression déjà avec cette fille, mais elle a complètement décollé
par la suite, parce que c'était il y a dix ans cette première fois.
Oui, quand tu prends de la maturité, c'est logique.
Comment tu en es venu aux hommes, aux garçons ?
Ça s'est fait un peu en deux ou trois jours.
Je suis devenue un matin et je désirais les hommes.
C'était en août, en 2013.
J'avais 18 ans, j'allais sur mes 19.
Je suis né en novembre.
C'était entre mes deux années de médecine, donc c'était beaucoup de travail, etc.
J'avais une copine à ce moment-là, avec qui j'étais extrêmement amoureux.
Il y avait ce garçon que je connaissais un peu Twitter, que je savais homosexuel.
On avait eu un cinéma ensemble, on était allés au cinéma.
J'avais reçu un message un peu aguicheur par la suite, que j'avais montré à mes amis
en disant que c'était marrant, que je me fais draguer, un peu bête, tout en étant
assez touché.
Le lendemain, on se revoit, et une troisième fois, jusqu'à ce qu'il n'ait plus de
veille libre, et que je doive aller chez lui pour visiter son appartement.
À ce moment-là, les choses tournèrent pas mal dans ma tête.
C'est une très belle scène, on s'est allongé dans le lit, il m'a posé la main
sur l'épaule, puis il l'a retirée.
Jusqu'à ce que je me redresse dans le lit, je lui dise « écoute, grâce à toi, je
sais que je suis bisexuel », et ça me paraît évident.
Je suis en train de réaliser plein de choses, et c'est à ce moment-là qu'on s'est
embrassé.
C'est une très jolie scène de cinéma, et ça s'est vraiment fait sur quelques jours,
alors qu'une semaine avant, j'étais le plus hétérosexuel des hommes.
Je pense qu'il n'y a pas de mesure d'hétérosexualité, quoique.
Mais dès le lendemain, je disais « je suis bisexuel, c'est sûr, je comprends.
» Plein de trucs qui m'apparaissent, comme Claire maintenant, et les choses n'ont
pas changé depuis ce moment-là.
Il faut beaucoup de courage, tu penses, pour se réveiller un matin et se dire « je suis
bisexuel ».
Je pense qu'il faut un peu de folie, parce que j'ai fait mon coming-out à mes parents
deux semaines après.
L'enthousiasme était total.
C'était une sorte d'enthousiasme, c'était le fait qu'il fallait tout faire maintenant,
tout d'un coup, que je ne voulais pas devoir faire mon coming-out deux ans plus tard, quand
j'avais un copain.
Je connais plein de gens pour qui ça a été beaucoup plus difficile.
Je crois que j'ai surtout eu beaucoup de chance, parce que j'ai grandi dans une famille
de gauche, où on nous a appris qu'être homosexuel n'était pas une maladie, qu'on
connaissait les homos via les amis de nos parents, etc.
Évidemment que c'était un truc qu'on n'intégrait pas forcément, parce que je me découvre sur
le tard, à 18 ans et demi, pour pas mal de garçons et de filles, j'imagine que ça
peut arriver autour de 15-16 ans.
En tout cas, dans les témoignages que j'ai de mes amis, ça arrive généralement plus
tôt.
Donc oui, je pense qu'il ne faut vraiment pas du courage.
Il faut un peu un grain de folie, se dire du jour au lendemain, comme ça, et laisser
apparaître d'un coup une vérité qui était là depuis probablement depuis longtemps,
mais sur laquelle on n'avait juste pas posé les yeux.
C'est une drôle d'histoire.
J'ai assez peu de témoignages proches du mien pour le coup.
Mais ça a été absolument salvateur, parce que le fait est qu'après ce coming out,
tout était fait, et j'ai juste dû expliquer ce qu'était la bisexualité, ensuite, qui
a été un autre travail très intéressant, auprès de mes parents, auprès des amis,
etc.
Mais tout s'est bien passé, mine de rien.
C'est tellement beau comme histoire.
Je suis super émue, parce que personnellement, je suis bisexuelle aussi, et mon chemin de
bisexualité a été extrêmement long.
Même si je pense que comme toi, j'ai fait mon coming out très vite.
Et après, c'est resté un truc occulté, un truc un peu dans l'air.
On n'en parle pas.
Mais mon premier amour de collège, c'était une fille.
Du coup, je l'avais dit à ma mère.
Mais après, ça n'a jamais été rediscuté.
C'est drôle, ces chemins.
Mais c'est vrai que pour moi, ça a été toujours clair que j'étais bisexuelle.
Mais je pense que pour un homme, c'est un peu plus dur, un peu différent, qu'il faut
casser l'image qu'on a de l'homme qu'on est.
C'est probablement ça, casser l'image.
Notamment le lendemain matin de cette nuit, quand je te disais qu'une vérité m'apparaissait,
c'était que, par exemple, au lycée, il y avait des garçons que je trouvais plutôt
stylés, qui avaient l'air sympas, qui faisaient quelque chose.
En fait, c'est juste des garçons que je trouvais très beaux ou très attirants, mais
qui étaient vraiment quelque chose auquel je n'accédais pas.
Sur le moment, quand j'étais au lycée, je ne me disais absolument pas que c'est
les garçons à qui j'avais envie de coucher.
C'était quelque chose que je n'arrivais pas trop à définir.
Mais quand on me parlait, je ne regardais pas de porno homosexuel ou quoi que ce soit.
Ça a été vraiment une rupture et qui te fait réaliser ensuite, sur toute ton expérience
de vie précédente, des indices bisexuels ici et là.
On va passer à une petite série de questions pour se connaître un peu mieux, si tu veux
bien.
C'est sur le modèle du jeu à boire, je n'ai jamais, sauf qu'on ne boit pas.
Et c'est un plutôt j'ai déjà.
Tu vas me dire ce qui te fait, à quoi ça te fait penser.
A brûle pour point, comme ça, on va voir s'il y a des choses qui ressortent.
Donc, j'ai déjà sonomisé un ou une partenaire.
Oui, il faut répondre du tac au tac.
J'ai déjà eu des soucis avec du matériel.
Du souci avec du matériel, définir matériel.
Alors sextoy, outils de contraception.
Non, ou trucs qui ont été détournés et qui ne servent pas du tout à du sexe.
Ça ne marche pas du tout.
Non, non, non, pas particulièrement.
Pas très, pas très aventureux de ce côté là.
Hormis la capote qui craque.
Pour qui c'est arrivé.
Je m'imagine que ça arrivait à d'innombrables gens.
Hormis la capote qui craque, j'ai déjà eu des soucis avec du matériel.
Du matériel, je ne sais pas.
Je m'imagine que ça arrivait à d'innombrables gens.
Hormis la capote qui craque, je n'ai pas de souvenirs de soucis de matériel.
J'ai déjà pensé à ma liste de courses pendant le sexe.
J'ai déjà pensé à plein d'autres choses que ma liste de courses.
À des trucs très chiants, parce que je m'ennuyais ou pas autre chose.
Pas liste de courses précisément.
T'as des trucs, des cours, les impôts.
Des cours, oui.
Notamment des cours ou du boulot, ou des trucs comme ça.
En me disant, je me fais chier, en plus j'ai du taf.
Il faut optimiser son temps presque.
Rattrape donc un peu le bidule.
J'ai déjà pensé à quelqu'un d'autre.
J'ai déjà pensé à quelqu'un d'autre, oui.
C'est déjà arrivé, pas souvent, mais sur des moments de sexe intenses.
Ou des moments après des phases difficiles.
D'un seul coup, l'image de quelqu'un qui revient en tête et qui a du mal à se détacher.
Je vais t'offrir une question spéciale pour toi.
Parce que du coup, ami bisexuel, tu as le droit à une autre question.
J'ai déjà pensé à quelqu'un d'un autre genre pendant le sexe.
C'est une bonne question.
Je pense que oui.
Je ne pourrais pas répondre avec précision.
Je ne pourrais pas mettre de visage ou des noms.
Mais je suis assez sûr d'avoir eu le sentiment, d'avoir pensé à des relations sexuelles avec quelqu'un d'un autre genre.
En couchant avec...
Tu sais dans quel sens, ou tu ne veux pas le dire ?
Les deux.
Pour le coup, vraiment, je dirais les deux.
Je me suis déjà masturbée dans des endroits pas prévus pour.
Oui.
Qu'est-ce qui est...
J'ai déjà fait ça une fois dans les toilettes d'une gare.
Par une sorte de désir sexuel absolu d'un coup.
Une pulsion.
Une sorte de pulsion.
Et tu dis, je crois qu'il faut que j'aille faire ça.
Donc les toilettes de lieux publics.
Les toilettes de lieux publics.
Pas au travail, à la fac.
Jamais au travail, jamais à la fac.
J'ai réfléchi, j'ai eu des endroits un peu plus amusants.
Même pas dans la nature, je crois.
Non, non, non.
Pas d'imaturbatoires ont toujours été assez privés globalement.
Réservés pour moi.
Chez toi tranquillement.
Chez moi tranquille.
Du coup, t'as presque 10 ans de vie sexuelle.
Ouais, c'est ça.
10 ans de vie sexuelle.
Et qu'est-ce qui s'est passé ?
Ce coming out déjà au bout de 4 ans.
Je crois que ça va faire 6 ans.
Donc, déjà la perspective de découvrir un nouveau rapport sexuel.
Beaucoup de choses, un monde entier qui se...
Avant de coucher avec ce garçon, j'avais couché avec 3 filles.
Donc j'étais très habitué à la guerre sexuelle.
J'étais très habitué à l'hétérosexualité.
Et à des principes hétéronormés que je pouvais avoir.
Ensuite, j'ai gardé en tête plein de principes hétéronormés.
Notamment sur la pénétration.
J'ai toujours été plutôt intéressé par la pénétration.
Même avec tout le discours qu'on peut avoir.
Sur lequel j'ai beaucoup lu, écouté.
Que sais-je sur le fait que le sexe n'est pas juste de la pénétration.
Et je suis entièrement d'accord avec ça.
Mais je me retrouve face à ça en me disant.
Moi, j'ai quand même toujours été relativement intéressé par la pénétration.
Donc ça, ça n'a pas beaucoup changé.
Néanmoins, ne serait-ce que sur la durée du rapport sexuel.
Préliminaire compris ou pas.
Sur le fait que ça pouvait, notamment en ayant en modèle en tête mes rapports homosexuels.
Le fait que ça pouvait durer plus longtemps.
Et qu'il y avait une multitude de façons de faire l'amour.
Et que ce n'était pas, on s'emboîte, c'est fini, on arrête.
Et ça a duré 5 minutes, etc.
Finalement, ta bisexualité a nourri toute ta vie sexuelle.
Enfin, ta découverte des hommes a nourri toute ta vie sexuelle.
Oui, complètement.
Il y a eu évidemment une vie sexuelle avant la bisexualité.
Et après la bisexualité.
Pas tant, enfin, les choses n'ont pas grandement changé.
On va dire.
Parce que j'ai toujours conçu quand on me posait la question.
Est-ce que tu fais la différence entre du sexe avec un garçon et avec une fille ?
Je dis, c'est, ou est-ce que tu préfères l'un des deux ?
Je dis toujours que c'est du sexe dans les deux cas.
Avec un garçon et avec une fille, c'est différent.
Mais je n'ai pas de préférence particulière.
Je prends du plaisir à chaque fois.
Tu as eu combien de partenaires ces 10 dernières années ?
À la louche, je dirais une quarantaine.
Une bonne quarantaine.
C'est réparti comment en termes d'hommes, de femmes ?
C'est environ une dizaine de filles, un peu moins.
Et le reste, deux garçons.
Parce que c'est plus facile ?
Parce que tu en as plus envie ?
Honnêtement, c'est parce que ça a été plus facile.
Parce que le hook-up avec les garçons, via les applications ou via les réseaux,
ont toujours été plus simples.
Parce que les homos ont aussi déconstruit complètement tout ce qu'on pouvait imaginer
de la relation sexuelle, qu'ils devaient suivre un date,
ou des choses comme ça, un, deux, trois dates, etc.
Et je me suis toujours posé la question, typiquement,
est-ce que les lesbiennes avaient autant de facilité que les gays pour coucher,
ou en tout cas avoir un rapport au sexe qui était beaucoup plus apaisé,
beaucoup plus simple que chez les hétérosexuels,
où j'ai toujours l'impression qu'il y a une espèce de travail à faire permanent
avant de commencer à coucher.
Alors, il y a les coups d'un soir.
Je veux dire, je m'imagine que ça arrivait à plein de gens.
Mais j'ai toujours considéré qu'il était plus facile de coucher avec des garçons qu'avec des filles.
Tu ne pratiques pas forcément le coup d'un soir avec les filles ?
Non, enfin, si, mais comment dire ?
Si ça m'arrivait, parce que j'en ai envie,
parce qu'on en a envie, parce que ça arrive un soir comme ça,
évidemment que je le ferais.
Mais simplement que j'ai eu moins d'occasion.
Les occasions ont été sur les doigts d'une main, je pense.
Alors qu'avec des garçons, ça a été...
Et puis c'était évident, c'était genre, on rentre chez toi, oui, bah oui, allez.
Tandis qu'à d'autres moments, c'était plus, bon, ciao, chacun rentre chez soi.
Comment ça s'est réparti au niveau des couples ?
Tu t'es mis en couple avec des gens, j'imagine ?
Oui, oui.
Tu as été en couple avec un homme, des hommes ?
J'ai été en couple avec des hommes.
J'ai eu deux copains.
J'ai eu deux copains.
Le premier avec qui j'en étais en couple deux fois en mois.
L'autre avec lequel j'ai été en couple pendant environ un an, à peu près.
C'était de 2015 à 2016.
Et ensuite, j'ai eu des copines.
Depuis 2016, j'ai eu des copines, du célibat, beaucoup de célibat aussi.
Mais j'ai eu des copines.
Donc oui, j'ai été en couple ces dernières années.
L'image que je me fais du rêve, c'est rencontrer quelqu'un qui est l'âme soeur,
avec qui je reste toute ma vie et tout va bien.
Homme ou femme ? Je n'ai pas de préférence à cette question.
Vraiment, j'ai...
Il fut un temps, je pense que dans les choses qui ont évolué,
il fut un temps, notamment quand j'étais en couple avec ce mec avec qui je suis resté un an,
je me posais la question de la pérennité de notre relation,
dans l'idée d'avoir des enfants ou des choses comme ça,
que ce serait peut-être plus facile avec une fille,
que... Est-ce que j'étais vraiment prêt à être en couple ?
Et c'est des choses qui sont passées assez rapidement avec l'amour,
sur le simple fait d'être amoureux, de me dire
« C'est bon, je peux être amoureux d'un garçon. »
Et je comprends qu'il ne faut pas se poser ces questions-là,
c'est peut-être un peu faire le jeu des homophobes,
enfin, c'est des réflexions que tu as petit à petit.
Donc maintenant, non, je veux être en couple avec le garçon ou la fille
qui me rendra absolument heureux.
Et je n'ai absolument qu'une préférence de ce côté-là.
Est-ce que tu dragues pareil les hommes et les femmes, du coup ?
Je pense.
Enfin, dans tous les cas, j'essaie d'avoir le même potentiel de séduction,
ou les mêmes...
Que ce soit de la drague par réseau,
donc via du texte ou de visu,
et donc à travers certains gestes, certains regards, etc.
Je pense que foncièrement, je drague les filles et les garçons de la même manière.
Généralement, il y a toujours un moment où arrive...
Je dois mettre la bisexualité fatale en disant
« Bon, il faut quand même que je te dise un truc,
c'est que je suis bisexuel quand ça vaut le coup. »
Si c'est juste la drague pour coucher.
Bon si, ça peut arriver dans le débat,
parce que ça peut être pour raconter sa vie,
dire « Par ailleurs, moi j'aime les garçons et les filles. »
Mais non, je drague les filles et les garçons de la même manière.
Tu parles de ta bisexualité avec les gens
avec qui tu espères te mettre en couple
ou que tu espères connaître un peu mieux.
Tu as eu des réactions négatives déjà ?
Pour l'instant, aucune.
J'en ai eu absolument aucune.
Je me suis toujours dit que j'avais assez de chance,
parce que je sais que...
J'ai entendu des discours en tous les cas d'amis,
et notamment d'amis filles,
qui me disaient que ça serait compliqué pour elles
si elles étaient en couple avec un bisexuel,
parce qu'elles auraient peur de se faire tromper ou quoi que ce soit.
Ce à quoi je fais un travail de pédagogie d'ailleurs,
en me disant que ce n'est pas comme ça que ça marche.
On n'est pas particulièrement volage,
c'est juste qu'on aime les garçons et les filles.
Mais on est aussi volage que tous les hétéros
qui vont tromper leur nana ou leur mec
alors qu'ils sont en couple exclusif.
Donc, je n'ai jamais eu de réaction négative.
Pour les garçons, c'est plus facile,
parce qu'il y a un environnement queer LGBT
qui fait qu'ils sont plus habitués.
Pour les filles purement hétérosexuelles,
je ne suis jamais sorti de filles bisexuelles.
Mais pour les filles hétérosexuelles,
j'ai eu des retours comme quoi
je n'ai aucun souci, aucun problème avec ça.
Probablement parce qu'on est en 2019
et que les choses ont un peu évolué.
Je ne sais pas si les choses étaient exactement les mêmes il y a 10 ans.
Après, il y a peut-être une question de milieu aussi qui joue ?
Il y a probablement,
enfin, il y a certainement une question de milieu.
Je pense qu'à Paris, entouré d'amis
qui sont plutôt de gauche
et qui sont en tous les cas
de classe intellectuelle supérieure
et des gens qui ont lu,
qui sont dans un pur environnement bobo parisien,
c'est évidemment plus facile.
J'ai toujours considéré que ma place
en tant que bisexuel dans cet environnement
a toujours été une énorme chance
par rapport à toutes les personnes queers
qu'on peut retrouver dans des lieux paumés
pour qui je pense que c'est beaucoup plus difficile.
Et le coming out, et l'acceptation de soi,
et le fait de rencontrer des gens,
ça brasse plein de choses.
C'est ce que tu disais sur ta famille
qui a très bien réagi à ton coming out.
C'est ça.
C'est pas évident partout.
Ils ont eu leur deuxième,
c'est une masseur en plus, derrière.
Ils ont commencé à s'habituer.
Bisexuel aussi ?
Bisexuel, bisexuel aussi.
Plutôt sur un spectre lesbienne,
comme tu me disais tout à l'heure.
Mais bisexuel, oui.
C'est intéressant parce qu'il y a plein de gens
qui considèrent que faire son coming out bisexuel,
ce n'est pas nécessaire.
Parce que tant qu'on est en couple
avec quelqu'un d'un autre genre,
en l'occurrence quand on est un homme
qui est avec une femme,
c'est moins de devoir faire son coming out bisexuel.
C'est ce qu'on avait pu me dire.
Et je trouve ça parfaitement stupide.
Parce que si on avait juste simplement envie
de se décrire,
de décrire ce qu'on est,
ça peut être...
Un hétérosexuel dira,
je suis un tel qui...
J'ai tel été, tel métier, machin.
Moi je me définis comme
étant quelqu'un de bisexuel
et que je ne veux pas qu'on le découvre
à la suite de quelque chose.
Et j'ai besoin de faire un coming out,
de dire, voilà, j'aime les filles, les gars.
Quand j'avais fait mon coming out
à mes parents, par exemple,
je leur avais dit,
je suis en couple avec une fille,
mais je vous dis dès maintenant
que je suis bisexuel
parce que peut-être qu'un jour,
je vous aurais à voir un garçon
et que je ne veux pas que vous le découvriez
à ce moment-là.
Je ne veux pas vous mettre face aux faits accomplis.
Je vais vous dire, non, je suis bisexuel.
Je n'ai pas besoin de vous le prouver
pour l'instant parce que j'ai une copine.
Mais il faut que vous sachiez.
Et si un jour, j'emmène un garçon,
vous serez au courant.
Je vous espérais que
plein de gens vont commencer
à penser comme ça
et que 2019 n'est que le début.
Ce serait super, voilà.
Je vais reprendre avec mes petites séries de questions
parce que j'aime bien.
On va parler des oeuvres qui t'accompagnent
et qui accompagnaient ton imaginaire sexuel
tout au long de ta vie.
Je sais que c'est une question compliquée.
En général, on pense à plein d'oeuvres,
surtout quand on est passionné par le cinéma,
en l'occurrence,
mais ça peut être aussi par la littérature
ou la musique.
Le livre qui t'excite ?
C'est un livre qui m'a beaucoup intéressée.
C'est un livre qui m'a beaucoup intéressée.
C'est un livre qui m'a beaucoup intéressée.
C'est un livre qui m'a beaucoup intéressée.
C'est un livre qui m'a beaucoup intéressée.
Alors, là maintenant, à l'instant T,
je ne pourrais pas te dire
un bouquin qui m'exciterait maintenant.
En revanche, je me rappelle très bien
que quand j'étais plus petit
et que j'allais au CDI et au collège,
les livres qui m'excitaient,
c'était les BD de L'Enfant, C'est-ce que tu veux ?
Et que parfois, tu voyais un saint apparaître ici et là
et que pour moi, c'était quelque chose de très, très...
Un peu, voilà, c'est le premier livre
que j'ai écrit.
Et puis, j'ai écrit un autre,
c'est un livre qui m'a beaucoup intéressée.
C'est un livre qui m'a beaucoup intéressée.
C'est un livre qui m'a beaucoup intéressée.
Et que parfois, tu voyais un saint apparaître ici et là
et que pour moi, c'était quelque chose de très, très...
Un peu, voilà, c'est les premières images sexuelles
que tu voyais.
J'avais Internet, hein, mais...
C'était avant d'aller vraiment chercher du porno
ou des choses comme ça.
C'était l'apparition d'un sexe
où, en tout cas, la peau qui se dénude,
parfois, des cases où tu vois un rapport sexuel.
Et où c'était...
Je trouvais ça extrêmement excitant
sans vraiment...
Sans vraiment trop savoir pourquoi,
parce que j'étais plus jeune.
Là, maintenant, j'ai du mal à dire
quel livre m'excite.
C'est peut-être pas ton médium, c'est tout.
Peut-être que voilà, c'est ça.
Le film qui te fait vibrer.
Alors, moi, récemment,
il y a eu « Come me by your name », quand même,
qui a été un grand moment érotique
au soleil, en Italie, que sais-je.
Je trouve difficilement des films qui me excite
parce que, entre autres,
comme je suis un grand romantique,
notamment sur le cinéma,
les films auxquels je pense et qui me plaisent
sont plutôt des grands films romantiques
ou, en tous les cas, des histoires d'amour.
Il y a plein de genres de films que j'aime,
mais sur le pur plan érotique
ou même juste dans la scène érotique,
j'ai du mal à voir un film qui se détache
parmi les autres.
Comme tous les autres,
je pense qu'il y a des scènes
qui m'ont excité dans le cinéma,
j'en suis même certain.
Et j'ai du mal à les visualiser spontanément.
Ça veut peut-être dire que, du coup,
c'est pas à travers le cinéma
que j'ai fait ma sexualité.
J'ai probablement fait mes appris
sur le plan de l'amour grâce au cinéma,
mais sur la sexualité, non, je crois que...
Je crois que non.
L'image qui te donne des frissons de plaisir.
L'image ?
Alors, ça peut être une photo,
ça peut être une photo d'artiste
ou ça peut être une photo que t'as faite
ou ça peut être quelque chose qui t'excite.
Les images qui me font vibrer...
Si les...
Généralement, par exemple, les deux nus.
Enfin, l'image picturale du deux nu
a toujours été un grand motif érotique pour moi.
Chez les hommes et chez les femmes.
Non, plutôt chez les femmes.
Si, mais chez les hommes aussi.
Le fait d'avoir ce dos dénudé
qui cache encore plein de choses,
qui cache déjà le devant.
Et même, quand je pense au dos,
justement, j'imagine que les fesses
ne sont pas encore dénudées.
Et du coup, je vois juste
l'apparition de cette peau
et qui laisse encore entrevoir plein de choses.
Et ça a toujours été, pour moi,
quelque chose de très stimulant sur le plan sexuel.
Et ça, pour le coup, j'en suis assez certain.
C'est très beau.
C'est spécifique, j'adore.
Parce que c'est ça aussi le but de ces questions.
C'est de se rendre compte qu'on a des désirs spécifiques,
des choses qui sont vraiment à soi.
Et c'est très riche.
Le parfum qui réveille tes sens ?
Tous les parfums, de manière générale.
En fait, je me suis rendu compte que j'associais énormément
le parfum de certaines personnes
avec qui j'avais pu avoir
des rapports sexuels, ou même juste que j'ai pu fréquenter.
Et que ça m'arrivait dans le métro de me retourner
de manière très...
de manière assez immédiate, en me disant
est-ce que je connais un tel ?
Est-ce que c'est un tel ?
Et c'est associé immédiatement au désir.
J'avais un garçon
avec qui j'avais l'habitude de coucher
qui avait un parfum assez particulier.
Et qui vraiment était quelque chose d'obsédant
et qui me permettait
de le reconnaître immédiatement.
Et ça m'arrivait justement plusieurs fois dans le métro de me retourner
en me disant j'ai envie de lui,
j'ai vraiment envie de lui.
Donc les parfums, de manière générale,
ont toujours été une source de désir assez importante pour moi.
On va parler de la dernière fois.
La dernière fois c'était quand ?
La dernière fois c'était il y a 24 heures.
Donc c'était...
Ouais, c'était pas plus tard qu'hier soir.
C'était avec un garçon
que j'ai déjà vu quelques fois
avec qui le sexe est vraiment super.
Qui est uniquement un garçon
que je vois pour du hook-up.
Et c'est probablement
l'une des fois
où j'ai eu l'impression
que j'avais un peu de désir.
C'est probablement l'une des fois
enfin en tout cas c'est une personne avec qui
en trois fois
j'ai déjà eu des sensations de sexe
que j'avais rarement ressenties auparavant.
Avec qui c'est très haute
en fait pour être parlé franchement.
Donc ça a été...
Ça a très bien marché la première fois.
On a recommencé une deuxième, là c'était la troisième.
Je crois que ça doit faire deux mois
que je l'ai rencontrée, quelque chose comme ça.
Et ça s'est très bien passé parce que à 24 ans
en ayant choisi mes partenaires sexuels
je considère que normalement je risque pas d'avoir
de mauvaises surprises.
Sauf sur un premier.
C'est qu'on peut toujours avoir de mauvaises surprises.
J'allais te demander si c'était bien, mais en fait
tu me dis à quel point c'était super.
Je suis trop ravie pour toi, j'adore quand les gens me racontent des belles histoires de sexe aussi.
Je partage leur bonheur,
c'est très un enthousiasme.
J'ai une question par rapport à ta première fois.
Est-ce que tu as le sentiment
de donner plus de plaisir maintenant à tes partenaires
qu'avant ? Est-ce que tu t'es posé la question
de ce que t'apportait plus maintenant à tes partenaires ?
Évidemment. Surtout dans le
rapport hétéronormé que je pouvais avoir
avant qui était l'idée qu'un coït
était fini quand un garçon finissait
par éjaculer. Tandis que maintenant
ça a été très progressif
je pense que de toute façon les gens
commencent comme ça plus jeunes
au moment de leur première expérience parce qu'on
sait pas faire, parce qu'on sait pas exactement
de quoi on est capable, les gestes qu'on peut avoir
c'est encore très mystérieux
quand on commence.
Et en disant
que le plaisir du partenaire est devenu au moins
aussi important que le plaisir
que je pouvais avoir. Voire plus important. L'idée
étant que faire l'amour
se fait à deux, ou à plus
d'ailleurs. Ou à plusieurs.
Mais ce qui est intéressant
c'est Léos Carax
qui dans Mauvais Sang
fait dire à un de ses personnages
« Si tu vois des étoiles dans mes yeux, c'est que je vais jouir. »
Est-ce que tu as l'impression que ta sexualité
avec les hommes a nourri celle avec les femmes
et réciproquement ?
Est-ce que tu as l'impression que ta sexualité est une « force »
quelque chose en plus
qui a nourri ta personnalité
fatalement, mais qui a aussi nourri tes gestes sexuels
ton rapport à la sexualité ?
Je pense sur des
détails intimes, je sais pas
c'est quelque chose que je saurais pas
véritablement expliquer, mais je sais que
sur des discussions
d'oreillers par exemple
ou sur des choses qu'on peut se raconter
ou pour se stimuler sexuellement
je me rends compte que
cette sexualité
qui a du coup deux versants
a deux versants qui ont communiqué
l'un avec l'autre, de manière
un peu abstraite
qui se fait sans qu'on s'en rende compte
sur des gestes, sur des
manières de faire, sur des caresses
sur des baisers
qu'on apprend avec une fille
qu'on reproduit avec un garçon
et vice versa.
J'ai pas de détails spécifiques
à donner, je peux pas
mais je sais dans le fond que
vraiment c'est une sexualité qui
fait communiquer de toute façon
deux genres différents et qui du coup
inévitablement fait que
ces gestes justement sont
un peu transfuges et
grandissent parce que
justement en étant bisexuel
tes gestes et
ta manière de faire l'amour
se développent
à travers les partenaires que tu peux avoir mais aussi
à travers les genres
sur le fait que tu peux rencontrer des garçons
puis des filles ou alors je pense que justement tu as pu rester
toute ta vie avec une fille et ensuite
avoir l'expérience sexuelle avec un garçon et que c'est
ta première fois ou ta deuxième fois avec un garçon
tout en sachant que tu es bisexuel
depuis une vingtaine d'années et que
toute ta sexualité accumulée
par avant avec
cette fille va nourrir
ton moment de sexe avec ce garçon et ça sera probablement
super, ça sera peut-être nul aussi parce que
c'est peut-être juste un mauvais coup mais
ça a forcément de l'importance.
Qu'est-ce qui ne te l'a jamais dit ?
On m'a déjà dit que les bisexuels
étaient des bons coups.
J'étais très flatté pour mon orgueil, c'était super.
C'était quoi ?
C'était une femme qui te l'a dit ou c'était un homme ?
C'était une femme et c'était
un homme. Une femme qui m'avait dit c'était le deuxième
bisexuel à qui je couche et c'est vrai que c'est super
et un autre homme qui m'avait dit
qui m'avait fait la remarque
en disant c'est dingue
peut-être parce que tu es bisexuel
mais du coup tu es vraiment un bon coup
On m'a déjà fait la remarque
mais je ne pense pas que ce soit...
Il n'y a absolument aucun schéma qui est écrit.
On peut être hétérosexuel, homosexuel,
bi
et je pense que
il n'y a pas de schéma
défini. On peut être excellent au lit
ou on peut avoir
sa sexualité qui nourrit
notre manière de faire l'amour mais
il n'y a pas d'éléments précis
en tous les cas qui permettent de juger
qu'une sexualité... De quantifier...
Mais toi, tu penses
que c'est important de développer
ta sexualité, connaître
ton désir, ton imaginaire sexuel
le nourrir. C'est quelque chose que tu trouves
vraiment important et sur lequel tu travailles.
C'est important parce que je considère la sexualité
comme un plaisir et
un apprentissage permanent à travers
soit des pratiques, soit à travers des partenaires
parce qu'on les multiplie, parce qu'on a des partenaires
différents, parce que certains nous étonnent
certains nous déçoivent
certains nous émerveillent
et que je considère que
c'est important de savoir ce qu'on désire
ou alors de le découvrir subitement
par surprise en disant
je me rends compte que tel qu'à R.S.
c'est super, je ne m'étais jamais imaginé ça
ne serait-ce que
sur la sodomie par exemple
je commençais
j'étais uniquement actif
parce que c'était
il se passait un blocage
ça me faisait un peu peur, je savais que ça finirait
par arriver d'être passif
mais au début c'était un peu difficile
et puis en fin de compte une fois que ça arrive
on aime, on n'aime pas
moi je sais que ça ne me plaisait pas beaucoup
et puis avec un garçon, avec une fois
j'avais été passif et ça s'était
très bien passé, je m'étais dit en fait oui
il y a encore une marge de manoeuvre
on parlait justement de marge de progression
tu en découvres encore une autre et tu te dis
il me reste encore plein de choses à voir
tu pratiques tout avec les deux sexes ?
je pratique tout avec les deux sexes
ou tu bloques des choses avec les femmes ?
je ne suis jamais passif avec une femme
par exemple
et
généralement je fais
moins de sodomie avec les femmes
parce que généralement les femmes
que j'ai rencontrées aiment moins ça
sinon tout le reste
sinon j'ai du sexe oral
j'ai même caresses
avec les garçons et les filles
c'est selon la personne, selon le sentiment et l'envie
c'est ça
est-ce que là t'es célibataire ?
tu cherches quoi ?
est-ce que tu cherches quelque chose surtout ?
moi ce que j'aimerais c'est rencontrer quelqu'un
et retomber amoureux soudainement en me disant
c'est avec cette personne que je veux coucher pour le reste de mes jours
avec qui je veux faire ma vie, avoir des enfants
avoir une maison, faire des projets de vie
vraiment l'histoire idéale qu'on nous a contée
du couple exclusif
pour moi a toujours été
l'objectif visé
et donc
j'espère avoir quand même encore de grandes expériences sexuelles
avant que tout ça se stabilise
mais en même temps si demain je rencontrais
la personne de mes rêves
ce serait tout aussi super
et je serais absolument ravigé, je n'ai rien à regretter
je pense que j'ai déjà eu surtout une vie sexuelle qui a été
plutôt riche
de laquelle je me félicite
t'as bien raison, je te félicite aussi
ce que je veux dire c'est que
c'est qu'à 24 ans je considère
que je me suis entouré
de gens bienveillants et que les gens
avec qui j'ai eu des rapports sexuels
ont toujours été des gens
avec lesquels il y a eu une forme de
il y a toujours eu plutôt une forme de respect
alors il y a eu des déceptions bien sûr
sur je te dis
sur une bonne quarantaine de personnes
forcément il y a eu des moments très tristes
et de très mauvais coups
mais dans le fond
je suis très content de la vie sexuelle que j'ai eu pour le moment
et donc
je ne souhaite rien de particulier en tous les cas
par la suite sur ce qui est
de progresser
On parlait de pédagogie tout à l'heure
tu fais de la pédagogie
comme tu dis auprès des gens
est-ce que tu t'es engagé
est-ce que tu t'engages à essayer
de parler de bisexualité
d'expliquer aux gens qui comprennent pas
ou est-ce que tu essayes de te protéger au contraire
quel est ton approche de ça ?
Non du tout j'essaye que ce soit avec mes parents aussi
mon père m'avait dit la première fois
je comprendrais presque plus
si tu me disais que t'étais homosexuel
parce qu'au moins je peux figurer ce que c'est
tandis que bisexuel je n'arrive pas
à saisir le concept que ça peut être
donc c'était au moment où j'avais fait mon coming out
qui m'avait dit ça
et je trouvais ça mignon, je trouvais pas ça du tout
je regardais en disant bah si c'est le cas des garçons
et les filles, c'est pas particulièrement compliqué
parce que c'est dur à expliquer
moi je t'avoue j'aurais entendu ça
j'aurais été...
j'expliquais que c'était pas
les garçons ou les filles, c'était pas un choix
c'était une sexualité cumulative et que c'était
et les garçons et les filles
quand on disait les bisexuel du coup
est-ce que quand t'es avec un garçon t'as pas envie de tromper
ce garçon avec une fille ou vice versa
il m'a dit bah non, moi quand je suis amoureux
j'espère que tout le monde a du désir
même dans son mariage ailleurs
j'espère qu'on a encore le droit d'avoir des fantasmes
quand on est en couple exclusif
mais non je dis non
à partir du moment où je suis amoureux
je me suis dit je suis très bien avec
mon partenaire
y'a absolument aucun problème
donc ça c'est l'un des
des trucs que j'ai le plus tendance à répéter
sur le truc d'être volage etc
et généralement je sais l'intervenir
je suis pas engagé, je suis pas militant
dans une assoce ou quoi que ce soit
mais j'en parle soit sur twitter
par exemple, soit à l'oral
avec tous ces gens
ou avec ma soeur bien entendu
on a eu plein de discussions sur la bisexualité
plein de tacles qu'on s'envoie
très bienveillants en se moquant l'un de l'autre
je serais ravi de pouvoir la faire venir ici
ah bah si elle veut bien parler de bisexualité
elle est invitée avec grand plaisir
j'ai envie de rencontrer des gens
mais surtout on en croise tellement peu
c'est vrai qu'il y a eu des statistiques récemment
la bisexualité c'est une sexualité
que peu de gens assument et encore moins d'hommes
on est de l'ordre de je crois que c'est
moins de 10% des gens qui se définissent
pas hétérosexuels
la bisexualité c'est vraiment très minoritaire
ah ouais moi je me rends compte
j'ai aucun ami garçon bisexuel
de fait j'en ai même rencontré
assez peu
j'en ai rencontré quelques uns
mais j'ai plein d'amis gays
j'ai pas d'amis lesbiennes aussi
ou les filles lesbiennes que je connais
ou qui se disent bisexuelles
notamment bisexuelles
pour qui ça pose aucun problème
par contre des garçons bisexuels c'est
t'as conscience quand même que c'est quelque chose
d'a priori pas facile puisque
les gens se cachent
c'est pas une denrée rare entre guillemets
c'est simplement que pour plein de garçons
il y a encore une masculinité à déconstruire
qui est pas évidente parce qu'on nous apprend
des choses depuis tout petit
mais j'ai assez confiance dans l'idée que
ça va finir par venir
je suis vraiment plutôt optimiste sur l'avenir en me disant
les garçons vont se rendre compte que
c'était pas si grave
d'aimer les garçons
de voir des bites
un truc tout bête
et surtout qu'il pouvait y avoir l'entre-deux
c'était pas ou
un garçon n'arrivait pas à être soit hétéro soit homo
d'avoir un contexte purement binaire
et qu'il y a aussi une troisième voix
si certains garçons ont des idées pour les filles
et pour les garçons, c'est très bien
qu'en plus la sexualité est fluide
qu'il y a beaucoup de choses de possibles et que rien n'est grave
et que rien n'est inscrit dans le marbre par ailleurs
j'aime cet optimisme
j'adore cet optimisme
ça m'aurant mais je suis tellement ravie
d'entendre ça parce que c'est vrai que je suis d'une génération
je suis un petit peu plus âgée
c'est beau de voir des jeunes optimistes
qui s'assument
je suis un grand optimiste aussi, peut-être que quelqu'un de mon âge
te dira l'inverse en disant
je suis très pessimiste sur l'avenir, je pense que ça va aller
de pire en pire
c'est mon avis sur la question
mais ouais, je suis très optimiste
Merci Félos
Je t'en prie Lucie
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