Journal en français facile 23 novembre 2018
Hugo Lanoë : 21h à Paris à l'écoute de RFI, 20h en temps universel. Bonsoir à toutes et à tous et bienvenue dans votre Journal en français facile que j'ai le plaisir de présenter ce soir avec Sylvie Berruet. Bonsoir Sylvie !
Sylvie Berruet : Bonsoir Hugo, bonsoir à tous !
HL : Au sommaire de cette édition : Gibraltar, ce territoire britannique revendiqué par l'Espagne est au centre des négociations sur le Brexit. À deux jours d'un sommet fatidique, crucial sur le divorce entre Londres et Bruxelles, Madrid menace de ne pas voter l'accord final, on voit pourquoi dans un instant.
SB : Nous parlerons ensuite d'une action secrète israélienne menée dans la Bande de Gaza. C'était le 11 novembre. Une opération qui a mal tourné et qui aurait pu déclencher une nouvelle guerre au Proche-Orient.
HL : Enfin, cela fait une semaine qu'ils font parler d'eux : les gilets jaunes en France vont se mobiliser demain à Paris. La préfecture de la capitale et les protestataires ne sont toujours pas d'accord sur le lieu du rassemblement. Voilà pour les titres. Bienvenue à tous !
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SB : À deux jours d'un sommet sur le Brexit, les négociateurs européens et britanniques tentent de trouver un consensus sur le sort de Gibraltar.
HL : Ce territoire britannique d'outre-mer, revendiqué par l'Espagne, crispe les discussions sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. Ce matin, Madrid menaçait de ne pas voter dimanche le texte de rupture. Mais c'était sans compter sur cette déclaration : « Nous avons travaillé très dur et nous sommes parvenus à un accord avec nos collègues espagnols » : affirmation signée Fabian Picardo, le ministre en chef de Gibraltar. A priori, Madrid ne devrait donc plus s'opposer à l'accord sur le Brexit. Alors qu'est-ce qui pose concrètement problème à propos de l'enclave de Gibraltar ? Éléments de réponse avec David Baché.
Cela fait 300 ans que l'Espagne revendique le territoire britannique de Gibraltar. Un Rocher de moins de 7 kilomètres carrés, à la pointe sud de la péninsule ibérique. Madrid ne profitera pas du Brexit pour régler cette question, mais considère quand même que l'occasion est belle pour s'attaquer à certaines particularités qui constituent le fondement de la prospérité de Gibraltar. Par exemple la fiscalité. Gibraltar, que son statut particulier exclut de l'Union douanière européenne, est un paradis fiscal... favorable notamment aux jeux d'argent en ligne. Le Rocher en accueille une trentaine de sociétés, ainsi que des entreprises de services bancaires et juridiques. Madrid réclame plus de transparence. Autre enjeu : la contrebande de cigarettes : Gibraltar est un point de passage très prisé des trafiquants, Madrid estime que la lutte menée par le Rocher est largement insuffisante. Ces sujets, ainsi que la pêche ou encore la coopération douanière, seront discutés dans le cadre de commissions bilatérales Londres/Madrid après le Brexit. Tout comme les droits des près de 15 000 personnes qui traversent chaque jour la frontière pour travailler dans le territoire britannique, plus prospère. Et qui seront, pendant la période de transition post-Brexit, d'une à trois années, toujours libres de circuler.
SB : David Baché. Au Yémen, les rebelles se disent prêts à partager le contrôle du port de Hodeïda.
HL : Les chiites houthis sont d'accord pour négocier avec les Nations Unies qui offrent ses services. L'ONU veut protéger ce port d'une possible destruction. Un port stratégique puisque c'est le point d'entrée de l'essentiel de l'aide humanitaire internationale à destination du Yémen. Hodeïda subit l'offensive des forces progouvernementales soutenues par la coalition arabe commandée entre autres par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
SB : Venons-en à cet incident qui a failli déclencher une nouvelle guerre entre les groupes armés de Gaza et Israël.
HL : C'était le 11 novembre dernier, lorsqu'une faction israélienne infiltrée dans la bande de Gaza a été démasquée, découverte par un commandant des brigades Ezzedine Al Qassam, c'est-à-dire la branche armée du Hamas au pouvoir dans l'enclave palestinienne. Conséquences : des échanges de tir et 8 morts dont 7 Palestiniens et un soldat israélien, suivi deux jours durant de tirs de roquettes et de bombardement des deux côtés. Malgré un cessez-le-feu entre les deux parties, plus de dix jours plus tard, la sensibilité de cette affaire se fait toujours sentir. À Jérusalem pour RFI Guilhem Delteil.
Ce jeudi, le Hamas a dévoilé les photos de huit personnes qui auraient fait partie du commando entré à Khan Younès le 11 novembre dernier. Des flyers ont été distribués aux points de contrôle des forces du mouvement islamiste dans la bande de Gaza et les photos ont été diffusées dans les médias et sur les réseaux sociaux. L'opération, pour le Hamas, avait deux buts. Le premier, sur le plan opérationnel : tenter d'obtenir des renseignements sur les Israéliens présentés comme les membres du commando. Le second relevait de la communication : faire passer le message à ses administrés comme aux Israéliens qu'il progresse dans l'enquête sur cette confrontation qui a coûté la vie à sept Palestiniens. Le mouvement islamiste, lancé aussi dans une chasse aux collaborateurs, dans la bande de Gaza veut monter qu'il marque des points dans cette enquête... et tenter d'embarrasser Israël. Car à l'inverse, les autorités israéliennes font tout leur possible pour garder le plus grand secret sur cette affaire. L'armée n'a rien révélé des buts du commando. Elle a simplement démenti que le commandant des brigades Ezzedine Al Qassam tué dans cette opération était visé. Mais elle n'a pas révélé non plus le nom de son lieutenant-colonel mort dans les affrontements. Quant à l'appel à témoin du Hamas, il a été rapidement suivi d'une mise en garde du censeur militaire aux Israéliens et aux médias, leur demandant de ne pas le relayer. Une démarche présentée par les médias comme exceptionnelle, ce qui souligne la sensibilité du dossier aux yeux d'Israël. Guilhem Delteil, Jérusalem, RFI.
SB : Vous écoutez le Journal en français facile, il est 21h06 à Kinshasa. La RDC où deux poids lourds de l'opposition décident de former un ticket en vue de l'élection présidentielle du 23 décembre.
HL : Vital Kaméré, ancien président de l'Assemblée nationale, annonce qu'il se désiste en faveur de Félix Tshisekedi. Les deux hommes sont apparus lors d'une conférence de presse conjointe à Nairobi, au Kenya.
SB : Les Gabonais ont eux des nouvelles de leur président Ali Bongo.
HL : Hospitalisé depuis le 24 octobre en Arabie saoudite. Il est attendu à Rabat, au Maroc, certainement la semaine prochaine » pour une période de « convalescence », selon son entourage.
SB : Le Bénin va récupérer 26 œuvres d'art spoliées, c'est-à-dire volées par la France du temps de la colonisation.
HL : Annonce ce soir du président Emmanuel Macron après la remise d'un rapport sur la restitution par la France d'œuvres d'art africain. Le musée parisien du quai Branly est particulièrement concerné puisqu'il abrite des œuvres emblématiques de l'art classique du royaume du Dahomey.... avant qu'il ne soit colonisé par la France.
SB : Emmanuel Macron ne fait en revanche aucune concession aux Gilets jaunes.
HL : Après une semaine de colère, demain ce sera donc l'acte II de la contestation des gilets jaunes mobilisés contre la baisse du pouvoir d'achat. Ce samedi les protestataires se donnent rendez-vous à Paris. Si le ministre de l'Intérieur assure que tout sera fait pour éviter les débordements, les tensions se cristallisent, se concentrent autour du lieu précis de cette mobilisation. Christophe Castaner a autorisé une manifestation au champ de mars, mais sur les réseaux sociaux, les gilets jaunes promettent de rejoindre les Champs-Élysées. Pierre Olivier.
La solution « Champ-de-Mars » ne leur convient pas, les gilets jaunes veulent défiler sur les Champs-Élysées ! Peu importe, disent-ils, s'il faut braver l'important dispositif policier. Sur les groupes Facebook des gilets jaunes, toutes sortes d'astuces s'échangent pour arriver incognito sur les Champs-Élysées, par exemple celle de se déguiser en touriste et sortir son gilet jaune au dernier moment. D'autres voient dans le rassemblement sur-le-champ de mars un piège tendu par le gouvernement et préviennent que les CRS en profiteront pour procéder à des centaines d'arrestations. Et les porte-parole des gilets jaunes appellent eux aussi à manifester sur les Champs-Élysées : « Nous ne voulons pas nous retrouver comme des petits moutons qui vont brouter de l'herbe, ce n'est pas notre objectif » ironise Laetitia Dewalle, l'une des représentantes du mouvement. D'autres estiment qu'en tant que citoyens, personne ne peut leur empêcher l'accès aux Champs-Élysées. Oubliant toutefois les règles de droit relatives au maintien de l'ordre public. Enfin, la chef de file du Rassemblement national - Marine Le Pen- s'est indignée sur Twitter que l'on puisse refuser aux Français l'accès aux Champs-Élysées. Attisant par la même occasion les divisions quant au lieu de rassemblement.
SB : Signe de la tension qui entoure cette mobilisation : un homme armé, se revendiquant des Gilets jaunes, est toujours retranché sur le parking d'un centre commercial à Angers.
HL : L'homme se dit armé d'une grenade et de produits explosifs. Il demande à rencontrer le président de la République, information confirmée par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. Des agents du RAID, mais aussi des démineurs sont en cours d'intervention. Le forcené, c'est-à-dire une personne en proie à une crise furieuse, qui perd la raison, est un homme connu des services de police.
SB : Pierre Olivier. Autre colère Hugo, avec ce mouvement de grève chez Amazon, le géant mondial de la vente en ligne.
HL : Les salariés du géant américain profitent à leur manière du « Black Friday », le Vendredi Noir en français qui désigne ni plus ni moins un week-end de soldes et de promotions. Avec le hashtag « Amazon nous ne sommes pas des robots », les employés des centres logistiques d'Allemagne, d'Espagne, et de Grande-Bretagne ont décidé d'arrêter le travail. Pourquoi ? Réponse avec Patricia Lecompte.
Les employés d'Amazon réclament de meilleures conditions de travail. En Espagne, dans la banlieue de Madrid, le plus grand site logistique, qui emploie près de 1 500 personnes est quasi à l'arrêt plus aucun camion ne rentre n'y ne sort. En Allemagne les salariés exigent une convention collective afin que leurs heures supplémentaires soient rémunérées à l'identique de ce qui se fait ailleurs. Quand a la Grande-Bretagne, les syndicats d'Amazone dénoncent des conditions de travail « inhumaines » comme l'interdiction de se rendre aux toilettes ou l'obligation de travailler debout pour une femme enceinte. Des accusations que la direction d'Amazon réfute. Dans un communiqué, la multinationale souligne qu'elle sait fidéliser ses salariés, car ils y restent plusieurs années, qu'en moyenne il y a 40 % d'accident en moins chez Amazon que chez les autres sociétés ayant la même activité, et que les salaires proposés sont conformes à la moyenne. Preuves donc selon Amazon qu'il est un « employeur bon et fiable ». Malgré ces nombreux débrayages, la multinationale minimise l'ampleur des mouvements de grève, et soutient que les commandes sont traitées normalement. Mais les salariés annoncent déjà d'autres actions pour les fêtes de fin d'année.
HL : Patricia Lecompte. C'est la fin de ce journal 21h10 ici à Paris.