Journal en français facile 26 août 2018
Hugo Lanoë : 22h à Paris à l'écoute de Radio France Internationale, 20h en temps universel. Bonsoir à toutes et à tous et bienvenue dans votre Journal en français facile que j'ai le plaisir de présenter ce soir avec Sylvie Berruet. Bonsoir Sylvie !
Sylvie Berruet : Bonsoir Hugo, bonsoir à tous !
HL : Au sommaire de cette édition : l'hommage rendu aux États-Unis et dans le monde entier à John McCain. Figure inclassable et incontournable de la vie politique américaine. Le sénateur républicain de l'Arizona était avant tout un héros national. Vétéran de la guerre du Vietnam, à Hô Chi Minh-Ville on parle d'un faiseur de paix vous l'entendrez.
SB : Nous irons ensuite en Italie où une solution a été trouvée pour les 150 migrants bloqués à Catane en Sicile. La crise migratoire qui touche également l'Amérique latine. Reportage à la frontière entre l'Équateur et la Colombie à suivre dans ce journal.
HL : Et puis nous parlerons de la rentrée politique de l'opposition en France avec le discours du patron de la droite Française. Laurent Wauquiez a vivement attaqué le président Emmanuel Macron aujourd'hui.
-----
SB : C'est un signe de deuil national. Aux États-Unis, les drapeaux sont en berne après la disparition hier de John McCain.
HL : Le sénateur républicain de l'Arizona est décédé à quelques jours de ses 82 ans. Il avait décidé cette semaine d'arrêter son traitement contre le cancer du cerveau dont il était atteint depuis juillet 2017. Contre le mariage homosexuel et l'avortement, pour l'Obamacare et la limitation des dépenses électorales, John McCain était également sensible aux questions sur le réchauffement climatique. Certains de ses collègues le classaient à la gauche du parti Républicain. Il s'était illustré ces derniers temps comme fervent opposant à la politique de Donald Trump.
SB : Mais John McCain était avant tout un héros national.
HL : Oui Sylvie. Il était un ancien pilote de chasse pendant la guerre du Vietnam où il a été capturé, emprisonné puis torturé pendant plus de 5 ans. À Hô Chi Minh-Ville, l'annonce de son décès n'est pas passée inaperçue comme l'a constaté notre correspondant Frédéric Noir.
Au Vietnam, le décès de John McCain fait la Une de tous les journaux. L'ancien pilote de guerre est en effet considéré ici comme un faiseur de paix, l'un des seuls hommes politiques américains, aux côtés de l'ancien président Bill Clinton et de l'ancien secrétaire d'État John Kerry, à avoir tout fait pour normaliser les relations avec les deux anciens pays ennemis. À Hanoi, sur les rives du lac où McCain fut capturé par les troupes nord-vietnamiennes après s'être éjecté de son avion abattu par un missile, il y a de cela 51 ans, de nombreuses personnes ont déposé des fleurs au pied de la statue érigé pour commémorer l'évènement. Une statue que McCain avait lui-même visite. Il faut dire qu'après la fin de la guerre, l'ancien militaire, devenu homme politique, a multiplié les visites au Vietnam, la première fois en 1985, une décennie avant que Washington et Hanoi ne normalisent leurs relations diplomatiques. Lors de l'un ses voyages, il rencontra en particulier l'ancien directeur de la prison de Hoa Lo - le tristement célèbre « Hanoi Hilton » - où il avait déclaré avoir été torturé. Une version contestée par son ancien geôlier qui récuse les accusations de tortures, mais qui se rappelle, avec nostalgie, les longues discussions au sujet de la guerre avec son prisonnier le plus renommé. Un homme désormais célébré au Vietnam pour son rôle dans la réconciliation entre les deux pays. Frédéric Noir, Hô Chi Minh Ville, RFI.
HL : Et comme pour John F. Kennedy, Ronald Reagan ou encore Rosa Parks, le cercueil de John McCain sera exposé au Capitole à Washington, un honneur réservé à ceux qui ont marqué l'histoire des États-Unis.
SB : On reste aux États-Unis Hugo avec cette nouvelle fusillade qui a éclaté il y a quelques heures à Jacksonville en Floride.
HL : Plusieurs personnes ont été tuées. Selon la police, citée par les médias américains, il y aurait au moins 4 morts et une dizaine de blessées. Les faits se sont déroulés dans un bar de la ville... où se déroulait un tournoi de jeux vidéo. Le suspect a été tué. La zone n'est pas encore sécurisée selon un tweet du bureau du shérif.
SB : Officiellement les migrants vénézuéliens ne peuvent plus passer au Pérou sans passeport en règle depuis samedi matin...
HL : Mais dans les faits Sylvie ils sont encore nombreux à arriver dans les villes à la frontière avec l'Équateur comme la ville de Huaquillas. En Amérique latine, l'ampleur de cette vague migratoire fait craindre l'apparition de réactions xénophobes... c'est-à-dire de rejet de l'étranger. Reportage à la frontière entre l'Équateur et la Colombie d'Eric Samson.
Le pont international entre Huaquillas en Équateur et Aguas Verdes au Pérou est un chaos d'échoppes surplombant un canal rempli de détritus qui sert de frontière. Côté péruvien, le policier César Flores explique aux migrants sans passeport qu'ils ne peuvent passer. Une mesure liée entre autres raisons à des arrestations comme celle récente des Vénézuéliens de la bande le Train d'Aragua, composée de voleurs et tueurs à gages qui n'hésitaient pas à mettre en ligne des vidéos de leurs assassinats. « Cette arrestation a eu des conséquences parce que les bandes criminelles vénézuéliennes menacent la sécurité de notre pays et de la population. » Côté équatorien, Fernando Mora survit en changeants dollars pour soles péruviens. Il n'est pas opposé au renforcement du contrôle de la frontière... « Non, non, je crois qu'une société a le droit de se protéger. Des Vénézuéliens de toutes sortes viennent. Beaucoup sont sans papier, certains viennent voler, d'autres pour travailler honnêtement. Le problème c'est que les innocents paient pour les coupables... » Péruvienne servant dans un restaurant de Huaquillas, Ketty n'a pas eu que de bons rapports avec les Vénézuéliens... « Le problème avec les Vénézuéliens c'est qu'il leur manque un peu d'humilité. Ils se sentent très supérieurs. Ils te disent qu'ils ont plus d'études, qu'ils ont des doctorats. » Les problèmes entre migrants et habitants de Huaquillas sont pourtant rares, selon le commerçant Carlos Castaño. « Ici à la frontière on accepte les migrants, car on connaît la difficile situation du Vénézuéla. C'est comme nous en l'an 2000 avec la crise et la dollarisation, nous aussi avons quitté notre pays. Aujourd'hui c'est leur tour et ici ils ne posent pas de problème. Ils vendent de l'eau et des caramels dans le parc, cela ne nous affecte pas. » Eric Samson, Huaquillas, RFI.
SB : La crise migratoire qui concerne également l'Italie. Une solution a d'ailleurs été trouvée pour les 150 migrants bloqués dans le port sicilien de Catane.
HL : Tous ont quitté le Diciotti, le navire de la garde côte italienne. Certains vont être accueillis par l'Albanie, d'autres par l'Irlande, d'autres encore par l'Église catholique. Juliette Gheerbrant.
L'Église catholique a joué un rôle clé pour débloquer la situation. Hier l'évêque sicilien Monseigneur Antonio Stagliano avait déclaré qu'il s'interrogeait sur la possibilité de monter à bord pour faire la grève de la faim avec les migrants, ou « sur une autre initiative » qui permette de « réveiller les consciences ». L'indignation montait donc dans le pays, celle des catholiques, mais aussi celle des syndicats, des associations antiracistes, ou des défenseurs des droits de l'homme. Et dans la soirée un accord était trouvé entre la conférence épiscopale italienne et le gouvernement. L'Église accueillera et prendra en charge la majeure partie des réfugiés, Érythréens pour la plupart. Mais l'Irlande et l'Albanie se sont aussi mobilisées : ces pays accueilleront chacun une vingtaine d'entre eux. Parmi les 200 personnes sauvées du naufrage par les garde-côtes le 15 aout dernier se trouvent près de 30 mineurs isolés, et 11 femmes. Les médecins montés à bord samedi ont constaté que ces dernières avaient toutes subi des viols pendant leur détention en Libye. 7 d'entre elles sont hospitalisées. Leur calvaire a pris fin, mais le ministre Matteo Salvini persiste et signe : le prochain bateau peut faire demi-tour a-t-il déclaré. Et toujours aucune solution pérenne n'est en vue du côté de Bruxelles pour l'accueil des réfugiés en Europe.
HL : Juliette Gheerbrant. Dans le même temps, la justice italienne a ouvert une enquête contre le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini poursuivi pour « séquestration de personnes, arrestations illégales et abus de pouvoir ».
SB : Lui aussi pense que « l'immigration de masse » est une « menace pour la civilisation européenne ». Lui c'est Laurent Wauquiez.
HL : Le président des Républicains - la droite française - a fait sa rentrée politique et médiatique aujourd'hui dans son fief, son bastion le mont Mézenc en Haute-Loire. « Nous ne devons plus laisser les bateaux humanitaires entrer dans les ports européens » a souligné Laurent Wauquiez. Son parti, laminé, écrasé, anéanti lors des élections législatives de 2017, veut mettre la question migratoire au centre de la campagne des élections européennes qui auront lieu en mai 2019. Anne Soetemondt a assisté au discours de Laurent Wauquiez pour RFI.
Un discours plutôt court, trente minutes, mais très clairement dirigé contre le président Macron. Un président dont la première année au pouvoir est un échec a expliqué Laurent Wauquiez qui a listé ses déceptions : pas de gestion des flux migratoires, pas de lutte efficace contre l'islamisme, pas de baisse de la dépense publique et surtout, un président qui fait mal au pouvoir d'achat des Français. Trop de taxes, contre l'essence notamment ou encore trop d'impôts, une référence à l'augmentation de la CSG. Il faut rendre l'argent aux Français a lancé le patron des Républicains, très applaudi sur le sujet comme sur celui de la préservation de la civilisation européenne. Laurent Wauquiez a donc frappé fort lors de cette rentrée pour le moins réussi, il faut le dire, 1 700 personnes ont payé 20 euros pour participer au déjeuner puis grimper au mont Mézenc avec leur champion. Un patron de la droite qui deux jours après la rentrée de Valérie Pécresse a fait le plein. Plusieurs dizaines de parlementaires ont fait le déplacement jusqu'ici en plein cœur du Puy-de-Dôme. Anne Soetemondt au mont Mezenc, RFI.
SB : Un discours qui intervient alors qu'Édouard Philippe a annoncé les grandes lignes du budget 2019.
HL : Dans une interview au Journal du Dimanche, le Premier ministre français affirme vouloir maintenir le rythme des réformes. Et ce, malgré le ralentissement de la croissance. Edouard Philippe évoque notamment les suppressions de postes dans la fonction publique : 4 500 en 2019 ; plus de 10 000 en 2020. L'objectif est d'atteindre la promesse du président Macron de 50 000 suppressions de postes d'ici 2022.
SB : On termine ce journal avec un mot de football. Suite et fin de la 3e journée de Ligue 1 en France.
HL : Sur sa pelouse, sur son terrain, Lille a battu Guingamp 3-0 cet après-midi. Bordeaux a de son côté remporté son duel face à Monaco 2-1. Enfin ça joue en ce moment à Marseille. Rennes mène 2-0 au stade Vélodrome. C'est la fin de ce Journal en français facile, très belle soirée à vous !