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Enlevé Kidnapped, chapitre 19

chapitre 19

XIX. La maison de la crainte

La nuit tomba comme nous marchions toujours, et les nuages, qui s'étaient un peu dissipés dans l'après-midi, se rassemblèrent plus denses, de sorte que l'obscurité devint, pour la saison, fort profonde. Notre chemin passait au flanc de montagnes abruptes ; et bien qu'Alan continuât à s'avancer d'un pas assuré, je ne voyais pas du tout comment il se dirigeait.

À la fin, vers dix heures et demie, nous arrivâmes en haut d'une lande, et découvrîmes des lumières au-dessous de nous. On eût dit que la porte ouverte d'une maison répandait un flot de clarté, foyer et chandelles réunis ; et tout autour de la maison, cinq ou six personnes circulaient précipitamment, munies chacune d'une torche allumée.

– Il faut que James ait perdu la tête, dit Alan. Si c'étaient les soldats, au lieu de vous et moi, il serait dans de beaux draps ! Mais j'imagine qu'il a posté une sentinelle sur la route, et il sait parfaitement que des soldats ne découvriraient pas le chemin par où nous sommes venus.

Et il siffla par trois fois, d'une façon particulière. Ce fut un singulier spectacle, de voir, au premier coup, toutes les torches s'immobiliser, comme si leurs porteurs étaient saisis de crainte ; et, au troisième, le va-et-vient reprendre comme devant.

Après avoir ainsi rassuré le monde, nous descendîmes la bruyère, et fûmes accueillis à la porte de la cour (car l'endroit ressemblait à une ferme cossue) par un grand bel homme de cinquante ans passés, qui interpella Alan en gaélique.

– James Stewart, dit Alan, je vous prierai de parler écossais, car ce jeune gentilhomme qui est avec moi ne connaît pas notre langue. Voici, dit-il en passant son bras sous le mien, un jeune gentilhomme des Basses-Terres, et un laird dans son pays, en outre, mais je crois plus sain pour lui de ne pas prononcer son nom.

James des Glens se tourna un instant vers moi, et me salua de façon courtoise ; puis s'adressant de nouveau à Alan :

– Voilà un terrible malheur, s'écria-t-il, qui causera bien des maux à notre pays.

Et il se tordait les mains.

– Bah ! répondit Alan, il vous faut accepter l'aigre avec le doux, ami. Colin Roy est mort : tenez-vous pour satisfait.

– Certes, dit James ; et par ma foi, je voudrais qu'il fût encore vivant ! C'est très joli de se bouffir et de fanfaronner avant le coup ; mais à présent que la chose est faite, Alan, qui va en subir les conséquences ? Le malheur est arrivé en Appin, – songez-y, Alan ; c'est Appin qui doit payer ; et je suis chargé de famille.

Pendant cet entretien, je regardais les serviteurs qui m'entouraient. Les uns, montés sur des échelles, fouillaient dans le toit de chaume de la maison et des bâtiments de la ferme, d'où ils extrayaient des fusils, des sabres et autres armes de guerre ; d'autres les emportaient, et je comprenais, aux coups de pioche résonnant plus bas dans la lande, qu'on les y enterrait. Malgré leur activité à tous, aucune méthode ne réglait leurs efforts ; on s'arrachait un même fusil, on s'entre-heurtait avec les torches allumées ; et James se détournait sans cesse de son entretien avec Alan pour crier des ordres que personne n'avait l'air d'entendre. Les visages, à la lueur des torches, semblaient ravagés de hâte et de panique ; et les voix, sans s'élever plus haut qu'un chuchotement, avaient une intonation à la fois anxieuse et irritée.

À ce moment, une fille sortit de la maison, portant un gros paquet ; et j'ai souvent ri, depuis, à me rappeler de quelle façon l'instinct d'Alan fut mis en éveil par un seul aspect.

– Qu'est-ce que cette fille tient là ? demanda-t-il.

– Nous mettons un peu la maison en ordre, Alan, dit James, à sa manière inquiète et tant soit peu flagorneuse. On va fouiller Appin aux lumières, et nous devons avoir tout comme il faut. Nous enterrons quelques fusils et sabres dans la mousse, voyez-vous ; et ce paquet, je pense, doit contenir votre uniforme français. Nous allons l'enterrer, n'est-ce pas ?

– Enterrer mon uniforme français ! s'écria Alan. Que non, ma foi ! Et, s'emparant du paquet, il se retira dans la grange pour se vêtir, après m'avoir recommandé à son parent.

James m'emmena dans la cuisine, et s'assit avec moi devant la table, souriant d'abord de façon tout hospitalière. Mais bien vite il reprit son air préoccupé, et, les sourcils froncés, se rongea les ongles. À peine si, de temps à autre, il se rappelait ma présence ; et alors il m'accordait un mot ou deux, avec un sourire gêné, puis retombait dans ses craintes personnelles. Sa femme, assise au coin du feu, pleurait, le visage entre ses mains ; son fils aîné, accroupi à terre, parcourait un grand monceau de papiers, et de temps en temps il en brûlait un dont il surveillait jusqu'au bout la combustion ; cependant, une servante à face rouge farfouillait dans la pièce, aveuglée par la peur, et ne cessant de geindre à mesure ; et de temps à autre l'un des hommes de la cour avançait la tête et demandait des instructions.

À la fin, James n'y tint plus, et, s'excusant de l'impolitesse, me demanda la permission de se retirer. « Je suis d'ailleurs de piètre compagnie, monsieur, dit-il, mais il m'est impossible de songer à autre chose qu'à ce terrible malheur, et aux suites qui vont sans doute en résulter pour trop d'innocents. Un peu plus tard, il s'aperçut que son fils brûlait un papier qu'à son avis il eût fallu conserver ; et son irritation éclata et devint pénible à voir. Il bourra le garçon de taloches répétées.

– Est-ce que vous devenez fou ? s'écria-t-il. Voulez-vous donc faire pendre votre père ?

Et, oubliant ma présence, il s'emporta contre lui longuement, en gaélique. Le jeune homme ne répondit rien ; mais la femme, au mot de pendre, ramena son tablier sur son visage et sanglota plus fort.

Tout cela était bien triste à voir et à entendre pour un étranger comme moi, et je fus enchanté du retour d'Alan. Il était redevenu lui-même dans son uniforme français, bien que, à vrai dire, celui-ci fût à présent trop usagé et délabré pour mériter encore l'épithète de beau. Je fus alors emmené par un autre des fils qui me donna les vêtements de rechange qui m'étaient depuis si longtemps nécessaires, ainsi que des brogues highlanders en cuir de daim, un peu gênantes au début, mais très commodes au pied après quelque usage.

Lorsque je rentrai, Alan avait dû raconter son histoire, car il semblait convenu que j'allais fuir avec lui et tous étaient occupés de mon équipement. On nous donna une épée à chacun et des pistolets, en dépit de mes protestations à l'égard de la première, dont j'ignorais le maniement ; et avec ces armes, quelques munitions, un sac de farine d'avoine, une casserole de fer et une gourde d'eau-de-vie française, nous fûmes prêts pour la bruyère. L'argent, toutefois, manquait. Il me restait environ deux guinées, la ceinture d'Alan avait été confiée à d'autres mains, et ce fidèle messager n'avait plus que dix-sept pence pour toute fortune ; et quant à James, il avait, paraît-il, tellement dépensé en voyages à Édimbourg et frais de justice pour ses tenanciers, qu'il ne put réunir plus de trois shillings cinq pence et demi, presque uniquement en billon.

– Ce n'est pas assez, dit Alan.

– Il vous faut trouver une cachette sûre ici auprès, dit James, et me le faire savoir. Vous avez à déguerpir au plus vite, Alan, voyez-vous. Ce n'est pas l'heure de se laisser arrêter pour une guinée ou deux. Ils vont à coup sûr relever votre piste, à coup sûr vous poursuivre et, je le crains fort, à coup sûr vous imputer le malheur d'aujourd'hui. Si cela vous concerne, cela me concerne également, moi qui suis votre proche parent et vous ai reçu chez moi pendant que vous étiez dans le pays. Et si l'on s'en prend à moi… (il s'arrêta pour se mordre les doigts, tout pâle). Ce serait une triste chose pour nos amis, que je vienne à être pendu !

– Ce serait un triste jour pour Appin, dit Alan.

– Ma gorge se serre, rien que d'y penser, reprit James. Ô ami, ami… ami Alan ! vous et moi avons parlé comme des insensés ! s'écria-t-il en cognant du poing sur le mur, à ébranler la maison.

– C'est ma foi vrai, dit Alan ; et mon ami des Basses-Terres ici présent (il me désigna d'un hochement de tête) m'a donné sur ce chef un bon avis, que j'aurais dû écouter.

– Mais voyez, reprit James, du même ton que précédemment, si l'on vient à m'inquiéter, Alan, c'est alors que vous aurez besoin d'argent. Car avec tout ce que j'ai dit et ce que vous avez dit, les soupçons pèseront véhémentement sur nous deux. Y aviez-vous songé ? Eh bien, vous n'avez qu'à me suivre ici dehors et vous verrez que j'ai dû apposer une affiche contre moi-même ; il me faudra offrir une récompense pour votre capture ; oui, je le devrai, moi ! C'est un singulier procédé à employer entre d'aussi bons amis que nous ; mais si je suis rendu responsable de cet affreux malheur, il me faudra me défendre, ami. Le comprenez-vous ?

Il parlait avec une vivacité plaintive, et tenait Alan par le revers de son habit.

– Oui, dit Alan, je le comprends.

– Et il vous faudra quitter le pays, Alan, – oui, et l'Écosse aussi, – vous et votre ami des Basses-Terres également. Car il me faudra faire afficher votre ami des Basses-Terres. Vous le comprenez, Alan, dites que vous le comprenez !

Je crus voir Alan rougir un peu.

– C'est un coup singulièrement rude pour moi qui l'ai amené ici, James, dit-il en rejetant la tête en arrière. – Cela équivaut presque à faire de moi un traître.

– Mais, Alan mon ami ! s'écria James, regardez les choses en face. Il sera affiché de toute façon ; Mungo Campbell ne manquera pas de le faire ; qu'importe si je l'affiche aussi ? Et puis, Alan, je suis chargé de famille.

Il y eut une courte pause ; après quoi il ajouta :

– Et d'ailleurs, Alan, ce sera un jury de Campbells.

– Il y a ceci de bon, dit Alan d'un air pensif, que personne ne sait son nom.

– Et personne ne le saura, Alan ! Je vous en donne ma parole, s'écria James, exactement comme s'il eût en effet connu mon nom et renoncé à un avantage. – Mais seulement quel costume il avait, de quoi il avait l'air, et son âge, et cætera. Je ne puis faire moins.

– Le fils de votre père m'étonne, s'écria Alan avec sévérité. Serait-ce pour le vendre que vous faites un cadeau à ce garçon ? Est-ce pour le livrer ensuite que vous lui avez changé ses habits ?

– Non, non, Alan, dit James. Non, non : le costume qu'il a retiré, – les habits dans lesquels l'a vu Mungo.

Mais il me parut légèrement interdit ; car il se rattachait au moindre fétu, et ne cessait tout le temps, je crois bien, de voir les faces de ses ennemis héréditaires siégeant au tribunal et sur le banc des jurés, avec le gibet à l'arrière-plan.

– Eh bien, monsieur, me dit Alan, que dites-vous de tout cela ? Vous êtes ici sous la sauvegarde de mon honneur, et c'est mon rôle de veiller à ce que rien ne soit fait que ce qui vous plaira.

– Je n'ai qu'un simple mot à dire, répliquai-je, car je suis parfaitement étranger à cette discussion. Mais le vulgaire bon sens nous ordonne de rejeter la responsabilité sur celui à qui elle incombe, c'est-à-dire, dans le cas présent, sur l'homme qui a tué. Affichez-le, comme vous dites, dirigez sur lui le pourchas ; et que d'honnêtes et innocents individus puissent se montrer sans crainte.

Mais à cette proposition, Alan et James se récrièrent d'horreur, m'adjurant de tenir ma langue ; il n'y avait pas à y songer, ajoutèrent-ils ; car que diraient les Camerons ? (ceci me confirma dans l'idée qu'un Cameron avait sans doute fait le coup), et ne voyais-je donc pas que le garçon pourrait être pris ? – « Vous n'y pensiez sûrement pas ? » conclurent-ils, avec un sérieux si ingénu que les bras m'en tombèrent et que je désespérai de les convaincre.

– Très bien donc, dis-je, affichez-moi si cela vous amuse, affichez Alan, affichez le roi George ! Nous sommes tous les trois innocents, et il paraît que c'est justement ce qu'il vous faut. Mais en tout cas, monsieur, dis-je à James, me ressaisissant après ce léger accès d'humeur, je suis l'ami d'Alan, et si je puis être utile à ses amis, je ne renâclerai pas devant le danger.

Je crus d'autant plus opportun de céder de bonne grâce que je voyais le trouble d'Alan ; et de plus (me disais-je en moi-même) sitôt que j'aurais le dos tourné, ils ne manqueraient pas de m'afficher, comme ils parlaient, que j'y consentisse ou non. Mais sur ce point je vis que je me trompais ; car je n'eus pas plus tôt achevé ma phrase que, d'un bond, Mme Stewart se levait de son fauteuil, courait à nous, et venait pleurer d'abord sur mon épaule, puis sur celle d'Alan, remerciant Dieu de notre bonté envers sa famille.

– Quant à vous, Alan, ce n'était rien que votre devoir strict, dit-elle. Mais pour ce garçon qui, en arrivant ici, nous a vus sous un aussi triste jour, et a vu le père faire figure de solliciteur, lui qui aurait plutôt le droit de commander à l'instar d'un roi, – pour vous, mon garçon, reprit-elle, j'ai le cœur navré de ne pas savoir votre nom, mais je me rappelle vos traits ; et aussi longtemps que mon cœur battra dans ma poitrine, je ne cesserai de penser à vous et de vous bénir.

Et là-dessus elle m'embrassa et de nouveau éclata en sanglots, au point que j'en demeurai confus.

– Allons, allons, dit Alan, d'un air un peu sot. Le jour vient de très bonne heure en ce mois de juillet ; et demain il y aura un joli remue-ménage en Appin, une jolie cavalcade de dragons, et on criera : « Cruachan[28] » et les habits-rouges courront ; cela doit nous engager, vous et moi, à partir au plus vite.

On se sépara donc, et nous nous remîmes en route, appuyant un peu à l'est, par une belle nuit douce et obscure, et à travers le même pays accidenté que précédemment.

chapitre 19 Kapitel 19 chapter 19 capítulo 19 capítulo 19

XIX. XIX. La maison de la crainte The house of fear

La nuit tomba comme nous marchions toujours, et les nuages, qui s’étaient un peu dissipés dans l’après-midi, se rassemblèrent plus denses, de sorte que l’obscurité devint, pour la saison, fort profonde. Night fell as we walked, and the clouds, which had dissipated a little in the afternoon, gathered more densely, so that the darkness became unseasonably deep. Notre chemin passait au flanc de montagnes abruptes ; et bien qu’Alan continuât à s’avancer d’un pas assuré, je ne voyais pas du tout comment il se dirigeait. Our path ran along the side of steep mountains, and although Alan continued to stride forward, I couldn't see where he was going at all.

À la fin, vers dix heures et demie, nous arrivâmes en haut d’une lande, et découvrîmes des lumières au-dessous de nous. In the end, around half past ten, we reached the top of a moor, and discovered lights below us. On eût dit que la porte ouverte d’une maison répandait un flot de clarté, foyer et chandelles réunis ; et tout autour de la maison, cinq ou six personnes circulaient précipitamment, munies chacune d’une torche allumée. It was as if the open door of a house was pouring out a flood of light, fireplace and candles combined; and all around the house, five or six people were hurrying about, each carrying a lighted torch.

– Il faut que James ait perdu la tête, dit Alan. - James must be out of his mind," says Alan. Si c’étaient les soldats, au lieu de vous et moi, il serait dans de beaux draps ! If it were the soldiers, instead of you and me, he'd be in big trouble! Mais j’imagine qu’il a posté une sentinelle sur la route, et il sait parfaitement que des soldats ne découvriraient pas le chemin par où nous sommes venus. But I imagine he's posted a sentry on the road, and he knows perfectly well that soldiers wouldn't discover the way we came.

Et il siffla par trois fois, d’une façon particulière. And he whistled three times, in a peculiar way. Ce fut un singulier spectacle, de voir, au premier coup, toutes les torches s’immobiliser, comme si leurs porteurs étaient saisis de crainte ; et, au troisième, le va-et-vient reprendre comme devant. It was a strange sight to see all the torches come to a standstill at the first shot, as if their bearers were seized with fear; and at the third, the to-and-fro resumed as before.

Après avoir ainsi rassuré le monde, nous descendîmes la bruyère, et fûmes accueillis à la porte de la cour (car l’endroit ressemblait à une ferme cossue) par un grand bel homme de cinquante ans passés, qui interpella Alan en gaélique. Having thus reassured everyone, we walked down the heather, and were greeted at the courtyard gate (for the place resembled a plush farmhouse) by a tall, handsome man in his late fifties, who called out to Alan in Gaelic.

– James Stewart, dit Alan, je vous prierai de parler écossais, car ce jeune gentilhomme qui est avec moi ne connaît pas notre langue. - James Stewart," says Alan, "I would ask you to speak Scottish, as this young gentleman with me doesn't know our language. Voici, dit-il en passant son bras sous le mien, un jeune gentilhomme des Basses-Terres, et un laird dans son pays, en outre, mais je crois plus sain pour lui de ne pas prononcer son nom. 'Here,' he said, passing his arm under mine, 'is a young gentleman from the Lowlands, and a laird in his own country, besides, but I think it healthier for him not to speak his name.

James des Glens se tourna un instant vers moi, et me salua de façon courtoise ; puis s’adressant de nouveau à Alan : James of the Glens turned to me for a moment, and greeted me courteously; then addressing Alan again:

– Voilà un terrible malheur, s’écria-t-il, qui causera bien des maux à notre pays. - This is a terrible misfortune," he exclaimed, "that will cause a great deal of harm to our country.

Et il se tordait les mains. And he wrung his hands.

– Bah ! - Bah! répondit Alan, il vous faut accepter l’aigre avec le doux, ami. Alan replied, you have to accept the sour with the sweet, friend. Colin Roy est mort : tenez-vous pour satisfait. Colin Roy is dead: consider yourself satisfied.

– Certes, dit James ; et par ma foi, je voudrais qu’il fût encore vivant ! - Certainly," says James, "and by Jove, I wish he were still alive! C’est très joli de se bouffir et de fanfaronner avant le coup ; mais à présent que la chose est faite, Alan, qui va en subir les conséquences ? It's all very well to puff yourself up and boast beforehand; but now that the thing's done, Alan, who's going to suffer the consequences? Le malheur est arrivé en Appin, – songez-y, Alan ; c’est Appin qui doit payer ; et je suis chargé de famille. Misfortune has befallen Appin, - think about it, Alan; it's Appin who has to pay; and I'm loaded with family.

Pendant cet entretien, je regardais les serviteurs qui m’entouraient. During this conversation, I looked at the servants around me. Les uns, montés sur des échelles, fouillaient dans le toit de chaume de la maison et des bâtiments de la ferme, d’où ils extrayaient des fusils, des sabres et autres armes de guerre ; d’autres les emportaient, et je comprenais, aux coups de pioche résonnant plus bas dans la lande, qu’on les y enterrait. Some, mounted on ladders, dug into the thatched roofs of the house and farm buildings, from which they extracted rifles, sabres and other weapons of war; others carried them away, and I understood, from the blows of the pickaxe echoing further down the moor, that they were being buried there. Malgré leur activité à tous, aucune méthode ne réglait leurs efforts ; on s’arrachait un même fusil, on s’entre-heurtait avec les torches allumées ; et James se détournait sans cesse de son entretien avec Alan pour crier des ordres que personne n’avait l’air d’entendre. Despite the activity of all of them, no method regulated their efforts; the same rifle was snatched, torches were lit, and James kept turning away from his conversation with Alan to shout orders that no one seemed to hear. Les visages, à la lueur des torches, semblaient ravagés de hâte et de panique ; et les voix, sans s’élever plus haut qu’un chuchotement, avaient une intonation à la fois anxieuse et irritée. The faces, in the torchlight, seemed ravaged with haste and panic; and the voices, without rising above a whisper, had an intonation both anxious and irritated.

À ce moment, une fille sortit de la maison, portant un gros paquet ; et j’ai souvent ri, depuis, à me rappeler de quelle façon l’instinct d’Alan fut mis en éveil par un seul aspect. At that moment, a girl came out of the house, carrying a large parcel; and I've often laughed since, remembering how Alan's instincts were aroused by a single aspect.

– Qu’est-ce que cette fille tient là ? - What's that girl got there? demanda-t-il. he asked.

– Nous mettons un peu la maison en ordre, Alan, dit James, à sa manière inquiète et tant soit peu flagorneuse. - We're just putting the house in order, Alan," says James, in his worried and somewhat sycophantic way. On va fouiller Appin aux lumières, et nous devons avoir tout comme il faut. We'll search Appin at the lights, and we must have everything just right. Nous enterrons quelques fusils et sabres dans la mousse, voyez-vous ; et ce paquet, je pense, doit contenir votre uniforme français. We bury a few rifles and sabers in the moss, you see; and this package, I think, must contain your French uniform. Nous allons l’enterrer, n’est-ce pas ? We're going to bury it, aren't we?

– Enterrer mon uniforme français ! - Bury my French uniform! s’écria Alan. Alan exclaimed. Que non, ma foi ! Hell, no! Et, s’emparant du paquet, il se retira dans la grange pour se vêtir, après m’avoir recommandé à son parent. And, seizing the package, he retired to the barn to get dressed, after recommending me to his relative.

James m’emmena dans la cuisine, et s’assit avec moi devant la table, souriant d’abord de façon tout hospitalière. James took me into the kitchen, and sat with me at the table, smiling hospitably at first. Mais bien vite il reprit son air préoccupé, et, les sourcils froncés, se rongea les ongles. But he soon regained his preoccupied look, and, frowning, bit his nails. À peine si, de temps à autre, il se rappelait ma présence ; et alors il m’accordait un mot ou deux, avec un sourire gêné, puis retombait dans ses craintes personnelles. Every once in a while, he'd remember that I was there, and then he'd say a word or two with an embarrassed smile, then fall back into his personal fears. Sa femme, assise au coin du feu, pleurait, le visage entre ses mains ; son fils aîné, accroupi à terre, parcourait un grand monceau de papiers, et de temps en temps il en brûlait un dont il surveillait jusqu’au bout la combustion ; cependant, une servante à face rouge farfouillait dans la pièce, aveuglée par la peur, et ne cessant de geindre à mesure ; et de temps à autre l’un des hommes de la cour avançait la tête et demandait des instructions. His wife, sitting by the fire, was weeping, her face in her hands; his eldest son, crouching on the ground, was going through a great heap of papers, and from time to time burning one of them, whose burning he was watching to the end; meanwhile, a red-faced maid was poking around the room, blinded by fear, and not ceasing to whimper as she went along; and from time to time one of the men from the yard would put his head forward and ask for instructions.

À la fin, James n’y tint plus, et, s’excusant de l’impolitesse, me demanda la permission de se retirer. In the end, James couldn't stand it any longer, and, apologizing for the rudeness, asked my permission to retire. « Je suis d’ailleurs de piètre compagnie, monsieur, dit-il, mais il m’est impossible de songer à autre chose qu’à ce terrible malheur, et aux suites qui vont sans doute en résulter pour trop d’innocents. I'm poor company, sir," he says, "but it's impossible for me to think of anything else but this terrible misfortune, and the consequences it will undoubtedly have for too many innocent people. Un peu plus tard, il s’aperçut que son fils brûlait un papier qu’à son avis il eût fallu conserver ; et son irritation éclata et devint pénible à voir. A little later, he noticed that his son was burning a piece of paper which, in his opinion, should have been kept; and his irritation exploded and became painful to watch. Il bourra le garçon de taloches répétées. He pummeled the boy with repeated heel lashes.

– Est-ce que vous devenez fou ? - Are you going crazy? s’écria-t-il. he exclaimed. Voulez-vous donc faire pendre votre père ? Do you want your father to hang?

Et, oubliant ma présence, il s’emporta contre lui longuement, en gaélique. And, forgetting my presence, he raged at him at length, in Gaelic. Le jeune homme ne répondit rien ; mais la femme, au mot de pendre, ramena son tablier sur son visage et sanglota plus fort. The young man said nothing; but the woman, at the word of hanging, pulled her apron over her face and sobbed louder.

Tout cela était bien triste à voir et à entendre pour un étranger comme moi, et je fus enchanté du retour d’Alan. It was all very sad to see and hear for a foreigner like me, and I was delighted when Alan returned. Il était redevenu lui-même dans son uniforme français, bien que, à vrai dire, celui-ci fût à présent trop usagé et délabré pour mériter encore l’épithète de beau. He was back to his old self in his French uniform, although to tell the truth, it was now too worn and scruffy to merit the epithet of handsome. Je fus alors emmené par un autre des fils qui me donna les vêtements de rechange qui m’étaient depuis si longtemps nécessaires, ainsi que des brogues highlanders en cuir de daim, un peu gênantes au début, mais très commodes au pied après quelque usage. I was then taken away by another of the sons, who gave me the change of clothes I'd needed for so long, as well as some buckskin highlander brogues, a little awkward at first, but very comfortable on the foot after some use.

Lorsque je rentrai, Alan avait dû raconter son histoire, car il semblait convenu que j’allais fuir avec lui et tous étaient occupés de mon équipement. By the time I got home, Alan must have told his story, because it seemed agreed that I would run away with him, and everyone was busy with my equipment. On nous donna une épée à chacun et des pistolets, en dépit de mes protestations à l’égard de la première, dont j’ignorais le maniement ; et avec ces armes, quelques munitions, un sac de farine d’avoine, une casserole de fer et une gourde d’eau-de-vie française, nous fûmes prêts pour la bruyère. We were each given a sword and pistols, despite my protests about the former, which I didn't know how to handle; and with these weapons, some ammunition, a sack of oatmeal, an iron saucepan and a flask of French brandy, we were ready for the heather. L’argent, toutefois, manquait. Money, however, was in short supply. Il me restait environ deux guinées, la ceinture d’Alan avait été confiée à d’autres mains, et ce fidèle messager n’avait plus que dix-sept pence pour toute fortune ; et quant à James, il avait, paraît-il, tellement dépensé en voyages à Édimbourg et frais de justice pour ses tenanciers, qu’il ne put réunir plus de trois shillings cinq pence et demi, presque uniquement en billon. I had about two guineas left, Alan's belt had been entrusted to other hands, and this faithful messenger had only seventeen pence left for any fortune; and as for James, he had, it seems, spent so much on trips to Edinburgh and legal expenses for his tenants, that he could raise no more than three shillings five and a half pence, almost entirely in billon.

– Ce n’est pas assez, dit Alan. - It's not enough," says Alan.

– Il vous faut trouver une cachette sûre ici auprès, dit James, et me le faire savoir. - You need to find a safe hiding place nearby," says James, "and let me know. Vous avez à déguerpir au plus vite, Alan, voyez-vous. You have to get out of here as soon as possible, Alan, you see. Ce n’est pas l’heure de se laisser arrêter pour une guinée ou deux. This is no time to let yourself be arrested for a guinea or two. Ils vont à coup sûr relever votre piste, à coup sûr vous poursuivre et, je le crains fort, à coup sûr vous imputer le malheur d’aujourd’hui. They're sure to pick up your trail, sure to pursue you and, I fear, sure to blame you for today's misfortune. Si cela vous concerne, cela me concerne également, moi qui suis votre proche parent et vous ai reçu chez moi pendant que vous étiez dans le pays. If this concerns you, it also concerns me, as a close relative of yours who welcomed you into my home while you were in the country. Et si l’on s’en prend à moi… (il s’arrêta pour se mordre les doigts, tout pâle). And if they pick on me... (he stopped to bite his fingers, looking pale). Ce serait une triste chose pour nos amis, que je vienne à être pendu ! It would be a sad thing for our friends if I were to be hanged!

– Ce serait un triste jour pour Appin, dit Alan. - It would be a sad day for Appin," says Alan.

– Ma gorge se serre, rien que d’y penser, reprit James. - My throat closes up just thinking about it," James continued. Ô ami, ami… ami Alan ! O friend, friend... friend Alan! vous et moi avons parlé comme des insensés ! you and I have talked like fools! s’écria-t-il en cognant du poing sur le mur, à ébranler la maison. he exclaimed, banging his fist on the wall to shake the house.

– C’est ma foi vrai, dit Alan ; et mon ami des Basses-Terres ici présent (il me désigna d’un hochement de tête) m’a donné sur ce chef un bon avis, que j’aurais dû écouter. - It's true," said Alan, "and my friend from the Lowlands here (he nodded towards me) gave me some good advice on this chief, which I should have listened to.

– Mais voyez, reprit James, du même ton que précédemment, si l’on vient à m’inquiéter, Alan, c’est alors que vous aurez besoin d’argent. - But you see," said James, in the same tone as before, "if I'm worried, Alan, that's when you'll need the money. Car avec tout ce que j’ai dit et ce que vous avez dit, les soupçons pèseront véhémentement sur nous deux. Because with everything I've said and everything you've said, suspicion will weigh vehemently on both of us. Y aviez-vous songé ? Had you thought about it? Eh bien, vous n’avez qu’à me suivre ici dehors et vous verrez que j’ai dû apposer une affiche contre moi-même ; il me faudra offrir une récompense pour votre capture ; oui, je le devrai, moi ! Well, you'll just have to follow me out here and you'll see that I've had to put up a poster against myself; I'll have to offer a reward for your capture; yes, I'll have to! C’est un singulier procédé à employer entre d’aussi bons amis que nous ; mais si je suis rendu responsable de cet affreux malheur, il me faudra me défendre, ami. It's a strange thing to do between such good friends as us, but if I'm made responsible for this awful misfortune, I'll have to defend myself, friend. Le comprenez-vous ? Do you understand?

Il parlait avec une vivacité plaintive, et tenait Alan par le revers de son habit. He spoke with a plaintive vivacity, and held Alan by the lapel of his suit.

– Oui, dit Alan, je le comprends. - Yes," says Alan, "I understand that.

– Et il vous faudra quitter le pays, Alan, – oui, et l’Écosse aussi, – vous et votre ami des Basses-Terres également. - And you'll have to leave the country, Alan, - yes, and Scotland too, - you and your friend from the Lowlands too. Car il me faudra faire afficher votre ami des Basses-Terres. Because I'll need to post your friend from the Lowlands. Vous le comprenez, Alan, dites que vous le comprenez ! You understand him, Alan, say you understand him!

Je crus voir Alan rougir un peu. I thought I saw Alan blush a little.

– C’est un coup singulièrement rude pour moi qui l’ai amené ici, James, dit-il en rejetant la tête en arrière. - It was a singularly hard blow for me to bring him here, James," he said, throwing back his head. – Cela équivaut presque à faire de moi un traître. - That almost makes me a traitor.

– Mais, Alan mon ami ! - But, Alan my friend! s’écria James, regardez les choses en face. James exclaimed, face facts. Il sera affiché de toute façon ; Mungo Campbell ne manquera pas de le faire ; qu’importe si je l’affiche aussi ? It's going to be posted anyway; Mungo Campbell will be sure to post it; what does it matter if I post it too? Et puis, Alan, je suis chargé de famille. Besides, Alan, I'm a family man.

Il y eut une courte pause ; après quoi il ajouta : There was a short pause, after which he added:

– Et d’ailleurs, Alan, ce sera un jury de Campbells. - And by the way, Alan, it's going to be a Campbells jury.

– Il y a ceci de bon, dit Alan d’un air pensif, que personne ne sait son nom. - The good thing is," says Alan thoughtfully, "that nobody knows his name.

– Et personne ne le saura, Alan ! - And no one will know, Alan! Je vous en donne ma parole, s’écria James, exactement comme s’il eût en effet connu mon nom et renoncé à un avantage. I give you my word on that," exclaimed James, exactly as if he had indeed known my name and given up an advantage. – Mais seulement quel costume il avait, de quoi il avait l’air, et son âge, et cætera. - But only what suit he was in, what he looked like, and his age, et cetera. Je ne puis faire moins. I can do no less.

– Le fils de votre père m’étonne, s’écria Alan avec sévérité. - Your father's son amazes me," Alan exclaimed sternly. Serait-ce pour le vendre que vous faites un cadeau à ce garçon ? Is it to sell him that you're giving this boy a present? Est-ce pour le livrer ensuite que vous lui avez changé ses habits ? Did you change his clothes in order to deliver him?

– Non, non, Alan, dit James. - No, no, Alan," says James. Non, non : le costume qu’il a retiré, – les habits dans lesquels l’a vu Mungo. No, no: the suit he took off, - the clothes Mungo saw him in.

Mais il me parut légèrement interdit ; car il se rattachait au moindre fétu, et ne cessait tout le temps, je crois bien, de voir les faces de ses ennemis héréditaires siégeant au tribunal et sur le banc des jurés, avec le gibet à l’arrière-plan. But he seemed to me slightly forbidding; for he attached himself to the smallest fetu, and all the time, I believe, kept seeing the faces of his hereditary enemies sitting in court and on the jury bench, with the gallows in the background.

– Eh bien, monsieur, me dit Alan, que dites-vous de tout cela ? - Well, sir," said Alan, "what do you make of all this? Vous êtes ici sous la sauvegarde de mon honneur, et c’est mon rôle de veiller à ce que rien ne soit fait que ce qui vous plaira. You're here under the protection of my honor, and it's my job to make sure nothing is done but what you want.

– Je n’ai qu’un simple mot à dire, répliquai-je, car je suis parfaitement étranger à cette discussion. - I have only a word to say," I replied, "because I'm a perfect stranger to this discussion. Mais le vulgaire bon sens nous ordonne de rejeter la responsabilité sur celui à qui elle incombe, c’est-à-dire, dans le cas présent, sur l’homme qui a tué. But common sense dictates that we place the blame on the person to whom it belongs - in this case, the man who killed. Affichez-le, comme vous dites, dirigez sur lui le pourchas ; et que d’honnêtes et innocents individus puissent se montrer sans crainte. Put him on display, as you call it, direct the hunt on him, and let honest, innocent people show their faces without fear.

Mais à cette proposition, Alan et James se récrièrent d’horreur, m’adjurant de tenir ma langue ; il n’y avait pas à y songer, ajoutèrent-ils ; car que diraient les Camerons ? But at this proposal, Alan and James recoiled in horror, urging me to hold my tongue; there was no need to think about it, they added; for what would the Camerons say? (ceci me confirma dans l’idée qu’un Cameron avait sans doute fait le coup), et ne voyais-je donc pas que le garçon pourrait être pris ? (this confirmed my belief that a Cameron had undoubtedly done it), and so could I not see that the boy could be caught? – « Vous n’y pensiez sûrement pas ? - You weren't thinking about that, were you? » conclurent-ils, avec un sérieux si ingénu que les bras m’en tombèrent et que je désespérai de les convaincre. "They concluded with such ingenuous seriousness that my arms dropped and I despaired of convincing them.

– Très bien donc, dis-je, affichez-moi si cela vous amuse, affichez Alan, affichez le roi George ! - All right then," I said, "put me up if you like, put Alan up, put King George up! Nous sommes tous les trois innocents, et il paraît que c’est justement ce qu’il vous faut. All three of us are innocent, and I hear that's just what you need. Mais en tout cas, monsieur, dis-je à James, me ressaisissant après ce léger accès d’humeur, je suis l’ami d’Alan, et si je puis être utile à ses amis, je ne renâclerai pas devant le danger. But in any case, sir," I said to James, pulling myself together after this slight outburst of temper, "I'm Alan's friend, and if I can be useful to his friends, I won't shrink from danger.

Je crus d’autant plus opportun de céder de bonne grâce que je voyais le trouble d’Alan ; et de plus (me disais-je en moi-même) sitôt que j’aurais le dos tourné, ils ne manqueraient pas de m’afficher, comme ils parlaient, que j’y consentisse ou non. I thought it all the more opportune to give in willingly as I could see Alan's trouble; and besides (I thought to myself) as soon as my back was turned, they'd be sure to show me up, as they were talking, whether I agreed or not. Mais sur ce point je vis que je me trompais ; car je n’eus pas plus tôt achevé ma phrase que, d’un bond, Mme Stewart se levait de son fauteuil, courait à nous, et venait pleurer d’abord sur mon épaule, puis sur celle d’Alan, remerciant Dieu de notre bonté envers sa famille. But on this point I saw that I was mistaken; for no sooner had I finished my sentence than, with a leap, Mrs. Stewart rose from her armchair, ran to us, and came weeping first on my shoulder, then on Alan's, thanking God for our kindness to her family.

– Quant à vous, Alan, ce n’était rien que votre devoir strict, dit-elle. - As for you, Alan, it was nothing but your strict duty," she said. Mais pour ce garçon qui, en arrivant ici, nous a vus sous un aussi triste jour, et a vu le père faire figure de solliciteur, lui qui aurait plutôt le droit de commander à l’instar d’un roi, – pour vous, mon garçon, reprit-elle, j’ai le cœur navré de ne pas savoir votre nom, mais je me rappelle vos traits ; et aussi longtemps que mon cœur battra dans ma poitrine, je ne cesserai de penser à vous et de vous bénir. But for this boy who, on arriving here, saw us in such a sad light, and saw the father put on a solicitous face, he who would rather have the right to command like a king, - for you, my boy," she continued, "I'm sorry not to know your name, but I remember your features; and as long as my heart beats in my chest, I'll never stop thinking of you and blessing you.

Et là-dessus elle m’embrassa et de nouveau éclata en sanglots, au point que j’en demeurai confus. And then she kissed me and burst into tears again, so much so that I was left confused.

– Allons, allons, dit Alan, d’un air un peu sot. - Come on, come on," said Alan, sounding a little silly. Le jour vient de très bonne heure en ce mois de juillet ; et demain il y aura un joli remue-ménage en Appin, une jolie cavalcade de dragons, et on criera : « Cruachan[28] » et les habits-rouges courront ; cela doit nous engager, vous et moi, à partir au plus vite. The day comes very early in this month of July; and tomorrow there'll be a nice stir in Appin, a pretty cavalcade of dragoons, and we'll be shouting "Cruachan[28]" and the redcoats will be running; this must commit you and me to leaving as soon as possible.

On se sépara donc, et nous nous remîmes en route, appuyant un peu à l’est, par une belle nuit douce et obscure, et à travers le même pays accidenté que précédemment. So we parted, and set off again, pressing a little to the east, on a fine, mild, dark night, and through the same rugged country as before.