Mettre le grappin sur (quelque chose / quelqu'un)
Se saisir ou s'emparer de quelque chose.
Accaparer quelqu'un, le retenir contre son gré. Savez-vous que le mot 'grappe' nous vient au XIIe siècle du francique 'krappa' qui voulait dire 'crochet' ?
Et la grappe de raisin dans tout ça, me direz-vous ? Eh bien le Dictionnaire Historique de la Langue Française nous dit qu'il s'agirait d'une métaphore d'après la forme de la grappe de raisin ou du moins de la branche qui la maintient et qui ressemblerait à un crochet. Je vous laisse le soin de vérifier. Et revenons justement au crochet.
Vu la signification première du mot, il n'est pas étonnant que le dérivé 'grappin', apparu au XIVe siècle dans la marine, ait désigné un "crochet d'abordage" qui, comme son nom l'indique, servait à faciliter la montée des marins du navire attaquant à bord du bateau attaqué : lorsque les deux bateaux étaient bord à bord suffisamment proches l'un de l'autre, des grappins munis d'une corde étaient lancés par les attaquants vers leur cible de manière à amener de force leur bateau assez près pour qu'ils puissent passer à l'abordage et faire une razzia à bord. C'est à la fin du XVIIe siècle que notre expression est apparue avec ses sens qui, au figuré, sont parfaitement compréhensibles.
Les pirates s'emparent bien du bateau convoité après y avoir jeté ses grappins (premier sens). Et, une fois que les grappins sont accrochés et tirés, le bateau attaqué est bel et bien retenu contre son gré (deuxième sens). Alors même si elle s'est généralisée hors du contexte maritime, la locution reste une métaphore explicite. L'image s'utilise également, par exemple, lorsqu'une personne a jeté son dévolu sur une autre et que celle-ci se laisse prendre dans ses rets ("il lui a mis le grappin dessus") ; si la victime est rarement contrainte, mais plutôt consentante, l'image comporte généralement une notion d'intérêt (si la personne s'est intéressée à l'autre c'est souvent parce qu'elle a quelque chose à en tirer, comme de l'argent, du pouvoir...).