Journal en français facile 08/04/2021 20h00 GMT
Vous écoutez RFI, il est 22h à Paris, 20h en temps universel.
Romain Auzouy : Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile. Présenté ce soir en compagnie de Zéphyrin Kouadio, bonsoir Zéphyrin.
Zéphyrin Kouadio : Bonsoir Romain, bonsoir à toutes et à tous.
RA : À la Une ce soir : aux États-Unis, un plan contre la violence. Le président américain Joe Biden prend six décret pour lutter contre les armes à feu. Mais ces décrets sont limités en raison de l'opposition sur le sujet au Congrès.
ZK : Les critiques continuent de fuser en Europe concernant le « sofagate ». La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen contrainte de s'assoir sur un divan au second plan lors d'une réunion en Turquie. Ankara dénonce des « accusations injustes ».
RA : Et puis en France, la fin de l'ENA. L'École nationale de l'administration qui a formé de nombreux dirigeants va être supprimée et sera remplacée par l'Institut du service public. Objectif davantage d'ouverture vers les catégories les moins favorisées.
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ZK : Le président américain annonce six décret pour lutter contre les armes à feu.
RA : Il faut préciser le contexte de cette intervention de Joe Biden aujourd'hui depuis la Maison Blanche. Depuis le début de l'année, plus de 11 000 personnes ont été tuées par une arme à feu. Et plusieurs fusillades se sont produites ces dernières semaines. D'où ces annonces du président américain. Les deux principales mesures à retenir : Joe Biden veut lutter contre les armes à feux qui sont fabriquées de manière artisanale et qui n'ont donc pas de numéro de série ; et il affirme avoir commandé un premier rapport général sur le trafic des armes à feux aux États-Unis depuis l'an 2000. Mais ces mesures sont considérées comme limitées, et Joe Biden pouvait difficilement être plus ferme, en raison de l'opposition attendue au Congrès sur ce sujet. Envoyée spéciale de RFI à Washington, Anne Corpet.
« La violence armée est une épidémie et elle doit cesser » a lancé Joe Biden avant d'ajouter « assez de prières, il faut passer à l'action ». Mais ces mots forts ne suffisent pas à occulter la réalité : les moyens d'action du président sont limités. Rien ne peut être entrepris pour lutter de manière efficace contre la violence armée sans l'aval du Congrès, et il faudrait que dix républicains s'allient aux démocrates pour adopter une loi d'envergure : une mission quasiment impossible. Joe Biden a rappelé la litanie de massacres qui ont endeuillé l'Amérique, souligné le coût humain de ces drames : les armes à feux ont fait plus de 43 000 morts en 2020 aux États-Unis. Le président l'assure : ces décrets à la portée limitée ne sont qu'une première étape. Il espère notamment pouvoir interdire les fusils d'assaut ou les chargeurs à grande capacité. Mais la Maison Blanche ne pourra pas imposer ces mesures, ni même instaurer un renforcement du contrôle des antécédents des acquéreurs d'armes, si les républicains continuent de s'y opposer. Anne Corpet, Washington, RFI.
ZK : Le « sofagate » agite l'Europe.
RA : Le « sofagate » que l'on pourrait traduire par l'affaire du divan, l'affaire du canapé. Pour expliquer ce qui s'est passé : en déplacement en Turquie mardi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a été placée sur un canapé, en retrait, alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan et le président du Conseil européen Charles Michel avaient pris place dans les deux fauteuils mis en place pour la réunion. La Turquie dénonce ce jeudi des « accusations injustes » et affirme que cette disposition des fauteuils avait été suggéré par les Européens. Mais à Bruxelles, le sujet fait beaucoup parler. Le président du Conseil européen Charles Michel s'est exprimé ce soir sur une télévision belge, il dit regretter son acte. La correspondance à Bruxeles de Joana Hostein.
Visiblement mal à l'aise Charles Michel a répondu pendant quinze longues minutes aux questions. Impossible de faire autrement explique-t-il, cela aurait créé un incident diplomatique encore plus grave. Mais il regrette la portée de son inaction. De son côté, le service du protocole du Conseil européen dénonce la défense turque. Non, la disposition des sièges n'a pas été réalisée à la demande des Européens : « Nous n'avons pas eu accès à la salle de réunion avant la rencontre, sinon nous aurions pu suggérer à nos hôtes que, par courtoisie, le divan soit remplacé par deux fauteuils ». Le Conseil européen qui répète que l'ordre protocolaire a bien été respecté : le président du Conseil européen ayant la préséance sur la présidente de la Commission européenne lors de rencontres internationales. Ce n'est pas l'avis de la Commission européenne. Son porte-parole a maintenu aujourd'hui que les deux présidents ont le même rang protocolaire. Au-delà de ce débat, l'affaire a provoqué une pluie de critiques. Les deux principaux groupes politiques au Parlement européen, la droite et les socialistes, ont demandé à Ursula von der Leyen et Charles Michel de venir s'expliquer lors de la prochaine séance plénière. Joana Hostein à Bruxelles, RFI.
RA : Preuve que ce sujet continue de faire parler : la Turquie dénonce à l'instant les « commentaires offensants » du Premier ministre italien Mario Draghi qui avait qualifié Recep Tayyip Erdogan, le président turc, de « dictateur ».
ZK : La communauté internationale exprime son inquiétude à propos de la situation en Irlande du Nord.
RA : Cette province britannique secouée par des violences depuis une semaine. Les États-Unis se disent inquiets, le Royaume-Uni et l'Irlande appellent au calme. Même ton du côté du gouvernement nord-irlandais composé à la fois d'unionistes et de républicains et qui ont publié un communiqué commun avant une séance extraordinaire du Parlement local ce jeudi. Le Brexit est venu fragiliser l'équilibre délicat dans la province, en nécessitant l'introduction des contrôles douaniers entre Royaume-Uni et Union européenne.
ZK : En France, c'est un établissement historique qui va fermer ses portes.
RA : L'ENA, l'École nationale d'administration considérée comme l'une des plus grandes écoles de France. Elle va être remplacée par l'ISP, l'Institut du service public, ainsi l'a annoncé le président Emmanuel Macron. L'objectif selon les mots d'Emmanuel Macron sera de « sélectionner des profils moins déterminés socialement », car l'ENA était critiquée pour son élitisme, le fait que seules les classes les mieux favorisées puissent y accéder. En tout cas, c'est une page qui se tourne, l'ENA existe depuis 76 ans et l'école a formé les hauts fonctionnaires et dirigeants du pays. Nathan Bocard.
C'est à la sortie de la guerre, en 1945, que le général de Gaulle fonde l'École nationale d'administration. L'objectif affiché : « refondre la machine administrative française ». D'abord basée à Paris, puis transférée à Strasbourg en 1991, l'école accueille chaque année une centaine d'étudiants. Ils y apprennent la gestion et l'administration publique, pour devenir les hauts-fonctionnaires de demain. On les retrouve plus tard au Conseil d'État, dans les ministères ou dans les tribunaux administratifs par exemple. Mais l'ENA semble aussi omniprésente dans les gouvernements français. Sur les huit derniers présidents de la République quatre sont énarques. C'est le cas d'Emmanuel Macron, mais aussi d'un tiers des Premiers ministres, à l'image de Jean Castex ou d'Édouard Philippe, d'où ce surnom d'« antichambre du pouvoir ». Mais l'école a souvent été critiquée pour son élitisme. On lui reproche d'être fermée aux classes populaires. Un exemple : près des trois quarts des étudiants sont des enfants de cadre, un seul élève est enfant d'ouvrier. Des critiques reprises par les « gilets jaunes ». Car l'un des engagements du candidat Macron était de relancer la mobilité sociale en France.
ZK : Enfin, il est l'un des peintres contemporains les plus reconnus.
RA : Yan Pei-Ming, d'origine chinoise, mais vivant en France. Son œuvre est au cœur d'une grande exposition à Colmar, dans l'est du pays. Une exposition victime de la pandémie de coronavirus car elle ne peut pas être vue par le public qu'à la réouverture des musées. Pandémie qui est par ailleurs le titre d'une toile monumentale de Yan Pei-Ming. Sébastien Jédor a eu la chance de visiter pour RFI cette exposition, avec son auteur. Reportage.
Plus de quatre mètres sur cinq, un dytique dans les tons gris et noirs. À l'arrière-plan, une coupole et des barres d'immeubles éclairés par la Lune. Au-devant de la scène, Yan Pei-Ming lui-même représenté en fossoyeur, tenue de protection et masque chirurgical. Une œuvre pour mémoire : « Oui, parce que si on peut imaginer une peinture comme ça, Pandémie, 20 ans après, 30 ans après, 50 ans après, quand on voit ça, les gens ont oublié. C'est un arrêt sur image pour l'éternité. » Pandémie de Yan Pei-Ming est accrochée non loin du retable d'Issenheim, exécuté au début du XVIe siècle alors qu'une autre épidémie faisait rage. Pour le peintre d'origine chinoise, installé en France depuis 40 ans, ces œuvres nous rappellent notre condition : « On est très provisoires. On n'est pas éternels. Un jour ou l'autre on va rejoindre quelque part. C'est la vie. » Et quand on demande à Yan Pei-Ming, 61 ans, s'il reste de la place pour l'espoir, il répond : « La nuit, ce n'est pas permanent. Un jour ou l'autre, il y a du soleil qui vient. Quand c'est la nuit, un jour on voit le jour. » L'œuvre Pandémie de Yan Pei-Ming ne sera pas vendue, question de décence. La toile sera exposée et restera dans la collection personnelle de l'artiste.
RA : Sébastien Jédor.
Ainsi se termine ce Journal en français facile.