5 fraudes archéologiques - Nota Bene (2)
de cette collection, on peut clairement voir des coups de couteaux. Dans son livre, Johann
présente différentes théories concernant l'origine de ces pierres. Bien qu'il discute
de la possibilité qu'il s'agisse de fossiles ou de créations faites par des païens préhistoriques,
sa théorie favorite est qu'il s'agit de créations capricieuses divine, les coups
de couteaux visibles étant ceux de Dieu lui-même. J'avoue, il s'enflamme un peu le gars…
Malheureusement pour lui, des rumeurs commencent à circuler dans la région : il s'agirait
d'une supercherie perpétrée par deux de ses collègues. Totalement aveuglé par ses
préjugés, il mentionne cette possibilité dans son livre mais pense qu'il est impossible
qu'il puisse s'agir d'une farce vu la quantité de pierres trouvées. Effectivement,
qui prendrait le temps et l'énergie de sculpter des centaines de pierres juste pour lui faire
une farce? Il semble évident que Beringer avait lui-même consacré beaucoup trop d'énergie
dans ce projet pour envisager sérieusement une fraude. Il suggère donc que des collègues
auraient pu faire circuler cette rumeur pour le discréditer.
Selon la légende, son livre vient de sortir lorsqu'il découvre une nouvelle pierre...mais
là….c'est son propre nom qui est gravé dessus. Pas de bol, les rumeurs étaient vraies
! Toujours selon la légende, il se serait précipité en ville pour récupérer les
copies de son livre avant d'être complètement déshonoré. Beringer serait alors mort peu
de temps après, discrédité et ruiné.
Si je parle au conditionnel, c'est que cette version populaire de l'histoire sert de
conte dont la morale serait de nous mettre en garde sur les dangers de poursuivre des
hypothèses non étayées sur sa simple “conviction”. La réalité en revanche, elle est bien différente!
Beringer a vécu encore 14 longues années et écrit deux bouquins… et a même pu découvrir
les perpétrateurs de la farce! Roderick et Von Eckhart sont deux collègues
de Beringer qui n'appréciaient pas beaucoup ses petits airs supérieurs. Ils décident
donc de sculpter des centaines de fragments de calcaires et de les cacher dans un endroit
où ils savent que Beringer ou ses employés vont souvent pour “chasser” le fossile.
L'ampleur de la fraude est en réalité titanesque puisqu'on estime que plus de
1000 fragments ont été sculptés pour être cachés par Roderick et Von Eckhart. Il se
sont peut-être rendu compte que la blague allait un peu trop loin lorsqu'ils ont entendu
parler du projet de livre, mais il était déjà trop tard. Lorsque Beringer comprend
ce qu'il s'est passé, il intente un procès à ses deux collègues! Le procès qui a lieu
en 1726 détruit complètement la réputation des deux farceurs. Eckhart meurt 4 ans plus
tard et Roderick est forcé de quitter la ville, complètement déshonoré.
Une sorte de deuxième conte dont la morale se rapproche de celle de l'arroseur arrosé.
Deux histoires pour le prix d'une, que demande le peuple ?
En 2003, le musée de Bolton présente son nouvel achat, une statue en albatre représentant
une princesse égyptienne datant du règne du pharaon Akhenaton. La statue représenterait
une des filles du pharaon et de la reine Nefertiti et a été acheté pour 440 000 livres à
un vieux monsieur ne connaissant pas la valeur de cette dernière.
Le type a gagné au loto quoi…
Ce dernier avait approché le musée en expliquant que cet artefact appartenait à sa famille
depuis une centaine d'année et qu'il pensait l'utiliser comme décoration pour
son jardin.
Doublement un coup de bol...hésitez pas à vérifier vos jardins et vos greniers après
vos épisodes, on sait jamais…Enfin...si vous avez un jardin ou un grenier...
Après l'expertise du British museum pour s'assurer de l'authenticité de la pièce,
le musée de Bolton présente fièrement cette nouvelle acquisition au public. Seule une
autre statue du même style est connue et se trouve au Louvre, mais elle est sculpté
dans du grès rouge. Le musée pense donc vraiment avoir fait une très bonne bonne
affaire. Jusqu'en 2006.. parce que c'était trop
beau pour être vrai… Cette année-là, le même vieil homme, répondant
au nom de Greenhalgh, tente de vendre des frises Assyriennes qui attirent l'attention
de l'unité des arts et antiquités de Scotland Yard. Il est alors révélé que la famille
Greenhalgh est une équipe de faussaires active depuis les années 80 et dont la particularité
est la diversité des faux créés. Le fils, Shaun, est un artiste accompli qui s'occupe
de créer les faux. Et le type est un véritable caméléon de
l'art : il était capable de s'improviser sculpteur de granite égyptien le lundi, sculpteur
impressionniste le mardi et aquarelliste américain le mercredi.
Sa mère s'occupait du téléphone tandis que son père se chargeait en général de
la vente, la plupart du temps en jouant sur son âge et son apparente fragilité pour
faire croire à sa bonne foi. Ils vendaient en général à des collectionneurs des oeuvres
beaucoup moins prestigieuses, ce qui explique qu'ils ont pu opérer aussi longtemps.
Mais il faut croire qu'au bout d'un moment ils se sont montré trop ambitieux et ont
signé leur propre perte! Pourtant, ils n'ont jamais dépensé l'argent qu'ils ont acquis
grâce à leur activité de faussaires. Shaun a été condamné à 4 ans de prison
et a utilisé ce temps pour écrire un livre afin d'expliquer sa propre version de l'affaire.
Il y explique comment il est tombé dans le métier de faussaire un peu par hasard. Souvent
par ennui, il copiait des oeuvres qu'il vendait comme des hommages à des marchands
d'art du coin. Au début des années 80, il vend ainsi un scribe Egyptien en calcaire
et apprend deux ans plus tard que le marchand d'art l'a revendu comme un original. C'est
ainsi qu'une collaboration se met en place pendant une dizaine d'année, le marchand
d'art lui commandant des copies qu'il se charge de “valider” et de vendre comme
d'authentique oeuvre d'art. Suite à un différend, Shaun commence à se débrouiller
seul. Son mode opératoire est alors le même que lors de la capture de sa famille: feindre
l'ignorance sur la valeur de la pièce et prétendre qu'il s'agit d'un héritage
familial. Et c'est plutôt malin comme approche parce
que ça donne clairement l'envie à l'acheteur de “découvrir un trésor perdu” et en
même temps ça permet aussi qu'ils soient moins vigilants et moins regardant sur la
pièce. Finalement dans son livre, il révèle qu'il
est le peintre du tableau controversé “la bella principessa” qu'il aurait peint
dans les années 70 avant son activité de faussaire et vendu comme “hommage”. Il
prétend qu'il aurait été très surpris de découvrir des années après que le tableau
était attribué à Léonard de Vinci. Bien que l'attribution de ce tableau est encore
contestée aujourd'hui, la plupart des spécialistes n'ont pas pris très au sérieux la déclaration
de Shaun. Aujourd'hui, Shaun apparaît à la télévision
pour faire connaître ses dons, par exemple dans le mini-documentaire Handmade in Bolton
dans laquelle il réalise 4 objets en utilisant le matériel et les méthodes anciennes devant
la caméra. Même s'il a tenté de se faire mousser
avec Léonard de Vinci, on pourra pas lui retirer qu'il a du talent en tout cas. Il
y a un énorme fantasme sur ce que l'on peut acheter au marché noir. Et honnêtement
moi même je le sais pas vraiment. Mais quand je pense à tous ces films que j'ai pu regarder,
je pense tout de suite à des tanks, des armes, de la drogue ou des objets d'arts très
rares… Et s'il y a des chances qu'une partie de ce que je viens d'énoncer soit
effectivement en vente sur le marché noir, je ne me doutais pas qu'on y trouverait...des
momies…
En octobre 2000, une momie perse est à vendre sur le marché noir pour la modique somme
de 11 millions de dollars. La police pakistanaise reçoit un tuyau qui indique qu'un certain
Ali Akbar, résident au pakistan, est le vendeur. Une fois la momie confisquée et Ali arrêté,
les policiers tentent de découvrir sa provenance. Selon l'enquête, elle aurait été retrouvée
à la frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan près de la ville de Quetta suite à un tremblement
de terre. La momie est déplacée au musée national du Pakistan, où une conférence
de presse annonce qu'il s'agit de la princesse perse Rhodogune, fille de Xerxès I, et qu'elle
daterait de 600 ans avant notre ère. La momie est considérée comme une découverte archéologique
majeure car aucune sépulture royale n'a jamais été trouvée dans les environs de
Persepolis, la capitale du Roi Xerxès. Plus que ça encore, la momification est un procédé
jamais découvert en Perse jusqu'à présent. Du coup on y va à fond sur les spéculations
: s'agit-il d'une princesse égyptienne qui aurait épousé un prince perse? Ou s'agit-il
vraiment de la fille de Xerxès qui pour une raison inconnue aurait été enterrée selon
les rites égyptiens? Rapidement, un débat éclate entre l'Iran et le Pakistan concernant
la propriété légitime de la momie. L'iran oppose que la momie appartient à la famille
royale perse et doit donc lui revenir alors que le pakistan fait savoir que la momie a
été retrouvée sur un territoire 100% pakistanais et restera donc dans le pays.
Alors que la presse, qui s'est emparé de l'histoire, demande l'avis d'un spécialiste
du Metropolitan museum of Art de New York, ce dernier remarque que la momie ressemble
beaucoup à 4 photographies qu'il avait reçu d'un contact pakistanais quelques
mois auparavant. Mais il avait directement pensé qu'il s'agissait
d'une fraude en s'apercevant que les inscriptions sur la momie comportaient des erreurs. Du
coup, il avait coupé tout lien avec ce contact. Résultat de l'affaire : Il donne cette
documentation aux autorités fédérales, qui transmet la patate chaude à Interpol
afin de poursuivre l'enquête. En parallèle, les chercheurs du musée national
du Pakistan commencent leur analyse de la momie et de son cercueil. Les doutes concernant
son authenticité apparaissent assez vite. Le sarcophage daterait de 250 ans, ce qui
n'est certes pas moderne mais n'a rien à voir avec l'antiquité. Les inscriptions
en ancien Perse présentes sur le pectoral en or comportent plusieurs erreurs grammaticales
et seul le nom grec de la princesse est mentionné, au lieu de son nom perse.
Bon, ça part déjà vachement mal...mais on se concentre ensuite sur le corps lui même
! Les analyses révèlent que tous ses organes internes ont été enlevés et remplacés par une substance poudreuse. C'est en fait un mélange de bicarbonate de soude et de
sel, afin d'assécher le cadavre. Le corps et les cheveux ont aussi été blanchi. L'autopsie
révèle qu'il s'agit d'une jeune femme d'entre 21 et 25 ans, probablement morte
en 1996. Pas du tout une momie vieille de 2600 ans.
Plus troublant, elle serait morte d'une fracture du cou. Il est difficile de savoir
si l'origine de la fracture est volontaire ou accidentelle mais la police Pakistanaise
ouvre alors une enquête pour meurtre! L'année qui suit, des rumeurs circulent
sur deux mommies similaires qui ont été vendues sur le marché noir international.
Les ressources, le nombre de personne, le temps, les connaissances et l'organisation
nécessaire pour fabriquer une momie et un sarcophage aussi élaborés sont particulièrement
inquiétants et suggèrent une entreprise de vaste ampleur. Mais surtout une question
demeure: comment se sont ils procurés les corps?
Le thèse du meurtre est la plus plausible car la momification doit avoir lieu dans les
24h suivant la mort du sujet… mais un trafic de cadavre élaboré n'est pas non plus
exclu. A ce jour, la victime n'a toujours pas été
identifiée et son histoire semble être totalement tombée dans l'oubli. Il faut croire que
l'histoire de la princesse Rhodugune intéresse bien plus la presse que le possible meurtre
d'une inconnue...Et voilà les amis, c'est la fin de cet épisode et de ces histoires
absolument incroyables mais vraies, ce qui est paradoxal pour des histoires fausses à
la base ! On voit en tout cas que le travail d'enquête paie souvent et ça nous permet
de prendre conscience qu'il faut être vigilant sur tout ce que l'on trouve sur internet
et ailleurs. Merci à Ln au carré pour la préparation de cette émission, merci à