Marcel Proust. Sur la Lecture ; Un Baiser & La madeleine de Proust., 18. « Interview » Au Temps, 1913.

18. « Interview » Au Temps, 1913.

Interview de Marcel Proust par Élie-Joseph Bois, parue dans le journal “Le Temps” du 13 novembre 1913.

« Je ne publie qu'un volume, “Du côté de chez Swann”, d'un roman qui aura pour titre général “À la recherche du temps perdu.” J'aurais voulu publier le tout ensemble ; mais on n'édite plus d'ouvrages en plusieurs volumes. Je suis comme quelqu'un qui a une tapisserie trop grande pour les appartements actuels et qui a été obligé de la couper.

De jeunes écrivains, avec qui je suis d'ailleurs en sympathie, préconisaient au contraire une action brève avec peu de personnages. Ce n'est pas ma conception du roman. Comment vous dire cela ? Vous savez qu'il y a une géométrie plane et une géométrie dans l'espace. Eh bien, pour moi, le roman ce n'est pas seulement de la psychologie plane, mais de la psychologie dans le temps. Cette substance invisible du temps, j'ai taché de l'isoler, mais pour cela il fallait que l'expérience pût durer. J'espère qu'à la fin de mon livre, tel petit fait social sans importance, tel mariage entre deux personnes qui dans le premier volume appartiennent à des mondes bien différents, indiquera que du temps a passé et prendra cette beauté de certains plombs patinés de Versailles, que le temps a engainés dans un tourteau d'émeraude.

Puis, comme une ville qui, pendant que le train suit sa voie contournée, nous apparaît tantôt à notre droite, tantôt à notre gauche, les divers aspects qu'un même personnage aura pris aux yeux d'un autre, au point qu'il aura été comme des personnages successifs et différents, donneront – mais pas cela seulement – la sensation du temps écoulé. Tels personnages se révéleront plus tard différents de ce qu'ils sont dans le volume actuel, différents de ce qu'on les croira, ainsi qu'il arrive bien souvent dans la vie, du reste.

À ce point de vue, continue M. Proust, mon livre serait peut-être comme un essai d'une suite de “Romans de l'Inconscient” : je n'aurais aucune honte à dire de “romans bergsoniens”, si je le croyais, car à toute époque il arrive que la littérature a tâché de se rattacher – après coup, naturellement – à la philosophie régnante. Mais ce ne serait pas exact, car mon œuvre est dominée par la distinction entre la mémoire involontaire et la mémoire volontaire, distinction qui non seulement ne figure pas dans la philosophie de M. Bergson, mais est même contredite par elle.

― Comment établissez-vous cette distinction ?

― Pour moi, la mémoire volontaire, qui est surtout une mémoire de l'intelligence et des yeux, ne nous donne du passé que des faces sans vérité ; mais qu'une odeur, une saveur retrouvées dans des circonstances toutes différentes, réveillent en nous, malgré nous, le passé, nous sentons combien ce passé était différent de ce que nous croyions nous rappeler, et que notre mémoire volontaire peignait, comme les mauvais peintres, avec des couleurs sans vérité. Déjà, dans ce premier volume, vous verrez le personnage qui raconte, qui dit : “Je” (et qui n'est pas moi) retrouver tout d'un coup des années, des jardins, des êtres oubliés, dans le goût d'une gorgée de thé où il a trempé un morceau de madeleine ; sans doute il se les rappelait, mais sans leur couleur, sans leur charme ; j'ai pu lui faire dire que comme dans ce petit jeu japonais où l'on trempe de ténus bouts de papier qui, aussitôt plongés dans le bol, s'étirent, se contournent, deviennent des fleurs, des personnages, toutes les fleurs de son jardin et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l'église, et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, villes et jardins, de sa tasse de thé.

Voyez-vous, je crois que ce n'est guère qu'aux souvenirs involontaires que l'artiste devrait demander la matière première de son œuvre. D'abord, précisément parce qu'ils sont involontaires, qu'ils se forment d'eux-mêmes, attirés par la ressemblance d'une minute identique, ils ont seuls une griffe d'authenticité. Puis ils nous rapportent les choses dans un exact dosage de mémoire et d'oubli. Et enfin, comme ils nous font goûter la même sensation dans une circonstance tout autre, ils la libèrent de toute contingence, ils nous en donnent l'essence extratemporelle, celle qui est justement le contenu du beau style, cette vérité générale et nécessaire que la beauté du style seule traduit.

Si je me permets de raisonner ainsi sur mon livre, poursuit M. Marcel Proust, c'est qu'il n'est à aucun degré une œuvre de raisonnement, c'est que ses moindres éléments m'ont été fournis par ma sensibilité, que je les ai d'abord aperçus au fond de moi-même, sans les comprendre, ayant autant de peine à les convertir en quelque chose d'intelligible que s'ils avaient été aussi étrangers au monde de l'intelligence que, comment dire ? un motif musical. Il me semble que vous pensez qu'il s'agit de subtilités. Oh ! non, je vous assure, mais de réalités au contraire. Ce que nous n'avons pas eu à éclaircir nous-mêmes, ce qui était clair avant nous (par exemple des idées logiques), cela n'est pas vraiment nôtre, nous ne savons même pas si c'est le réel. C'est du “possible” que nous élisons arbitrairement. D'ailleurs, vous savez, ça se voit tout de suite au style.

Le style n'est nullement un enjolivement comme croient certaines personnes, ce n'est même pas une question de technique, c'est – comme la couleur chez les peintres – une qualité de la vision, la révélation de l'univers particulier que chacun de nous voit, et que ne voient pas les autres. Le plaisir que nous donne un artiste, c'est de nous faire connaître un univers de plus.

18. « Interview » Au Temps, 1913. interview|In|Time 18. "Interview" in Le Temps, 1913. 18. "Interview" in Le Temps, 1913. 18. "Entrevista" in Le Temps, 1913. 18. "Röportaj" Le Temps, 1913. 18. "Interview" In Le Temps, 1913.

Interview de Marcel Proust par Élie-Joseph Bois, parue dans le journal “Le Temps” du 13 novembre 1913. interview|of|Marcel|Proust|by|||Bois|published|in|the|newspaper|The|Time|of|November Interview of Marcel Proust by Élie-Joseph Bois, published in the newspaper "Le Temps" on November 13, 1913.

« Je ne publie qu’un volume, “Du côté de chez Swann”, d’un roman qui aura pour titre général “À la recherche du temps perdu.” J’aurais voulu publier le tout ensemble ; mais on n’édite plus d’ouvrages en plusieurs volumes. I|not|I publish|only one|volume|From|side|of|at|Swann|of a|novel|which|it will have|for|title|general|In|the|search|of|time|lost|I would have|wanted|to publish|it|all|together|but|we|we do not publish|anymore|of works|in|several|volumes "I am only publishing one volume, "Swann's Way", of a novel that will have the general title "In Search of Lost Time." I would have liked to publish it all together; but no one publishes works in multiple volumes anymore. Je suis comme quelqu’un qui a une tapisserie trop grande pour les appartements actuels et qui a été obligé de la couper. I|I am|like|someone|who|has|a|tapestry|too|large|for|the|apartments|current|and|who|has|been|forced|to|it|to cut I am like someone who has a tapestry too large for current apartments and has been forced to cut it.

Puis, comme une ville qui, pendant que le train suit sa voie contournée, nous apparaît tantôt à notre droite, tantôt à notre gauche, les divers aspects qu’un même personnage aura pris aux yeux d’un autre, au point qu’il aura été comme des personnages successifs et différents, donneront – mais pas cela seulement – la sensation du temps écoulé. then|like|a|city|that|while|that|the|train|it follows|its|track|winding|us|it appears|sometimes|at|our|right|sometimes|at|our|left|the|various|aspects|that a|same|character|he/she will have|taken|in the|eyes|of another||to the|point|that he|he will have|been|like|some|characters|successive|and|different|they will give|but|not|that|only|the|sensation|of the|time|elapsed Then, like a city that, while the train follows its winding path, appears to us now on our right, now on our left, the various aspects that the same character will have taken in the eyes of another, to the point that he will have been like successive and different characters, will give – but not only that – the sensation of time elapsed. Tels personnages se révéleront plus tard différents de ce qu’ils sont dans le volume actuel, différents de ce qu’on les croira, ainsi qu’il arrive bien souvent dans la vie, du reste. such|characters|themselves|they will reveal|more|later|different|from|what|that they|they are|in|the|volume|current|different|from|what|that one|them|will believe|as|as it|it happens|quite|often|in|the|life|of|rest Such characters will later reveal themselves to be different from what they are in the current volume, different from what one will believe them to be, as often happens in life, moreover.

Ce ne sont pas seulement les mêmes personnages qui réapparaîtront au cours de cette œuvre sous des aspects divers, comme dans certains cycles de Balzac, mais, en un même personnage, nous dit M. Proust, certaines impressions profondes, presque inconscientes. it|not|they are|not|only|the|same|characters|who|they will reappear|in|course|of|this||under|some|aspects|various|like|in|certain|cycles|of|Balzac|but|in|a|same|character|we|says|Mr|Proust|certain|impressions|deep|almost|unconscious It is not only the same characters who will reappear throughout this work under various aspects, as in certain cycles of Balzac, but, in the same character, Mr. Proust tells us, certain deep, almost unconscious impressions.

À ce point de vue, continue M. Proust, mon livre serait peut-être comme un essai d’une suite de “Romans de l’Inconscient” : je n’aurais aucune honte à dire de “romans bergsoniens”, si je le croyais, car à toute époque il arrive que la littérature a tâché de se rattacher – après coup, naturellement – à la philosophie régnante. at|this|point|of|view|continue|Mr|Proust|my|book|it would be|||like|a|essay|of a|series|of|'Novels|of|the Unconscious'|I|I would have|no|shame|to|say|of|'novels|Bergsonian'|if|I|it|I believed|because|at|every|time|it|it happens|that|the|literature|has|tried|to|to|to connect|after|coup|naturally|to|the|philosophy|reigning From this point of view, Mr. Proust continues, my book would perhaps be like an attempt at a series of 'Novels of the Unconscious': I would have no shame in calling them 'Bergsonian novels', if I believed it, for at all times literature has tried to connect itself – retrospectively, of course – to the prevailing philosophy. Mais ce ne serait pas exact, car mon œuvre est dominée par la distinction entre la mémoire involontaire et la mémoire volontaire, distinction qui non seulement ne figure pas dans la philosophie de M. Bergson, mais est même contredite par elle. but|it|not|it would be|not|accurate|because|my||is|dominated|by|the|distinction|between|the|memory|involuntary|and|the|memory|voluntary|distinction|which|not|only|not|it appears|not|in|the|philosophy|of|Mr|Bergson|but|it is|even|contradicted|by|it But that would not be accurate, as my work is dominated by the distinction between involuntary memory and voluntary memory, a distinction that not only does not appear in Mr. Bergson's philosophy, but is even contradicted by it.

― Comment établissez-vous cette distinction ? how|establish||this|distinction — How do you establish this distinction?

― Pour moi, la mémoire volontaire, qui est surtout une mémoire de l’intelligence et des yeux, ne nous donne du passé que des faces sans vérité ; mais qu’une odeur, une saveur retrouvées dans des circonstances toutes différentes, réveillent en nous, malgré nous, le passé, nous sentons combien ce passé était différent de ce que nous croyions nous rappeler, et que notre mémoire volontaire peignait, comme les mauvais peintres, avec des couleurs sans vérité. for|me|the|memory|voluntary|which|is|especially|a|memory|of|intelligence|and|some|eyes|not|us|it gives|of|past|only|some|faces|without|truth|but|that a|smell|a|flavor|found|in|some|circumstances|all|different|they awaken|in|us|despite|us||past|we|||||||||that||believed|||||our|memory|voluntary|it painted|like|the|bad|painters|with|colors|colors|without|truth — For me, voluntary memory, which is primarily a memory of intelligence and sight, gives us only faceless truths of the past; but an odor, a flavor rediscovered in entirely different circumstances, awakens in us, against our will, the past, and we feel how different that past was from what we believed we remembered, and that our voluntary memory painted, like bad painters, with colors devoid of truth. Déjà, dans ce premier volume, vous verrez le personnage qui raconte, qui dit : “Je” (et qui n’est pas moi) retrouver tout d’un coup des années, des jardins, des êtres oubliés, dans le goût d’une gorgée de thé où il a trempé un morceau de madeleine ; sans doute il se les rappelait, mais sans leur couleur, sans leur charme ; j’ai pu lui faire dire que comme dans ce petit jeu japonais où l’on trempe de ténus bouts de papier qui, aussitôt plongés dans le bol, s’étirent, se contournent, deviennent des fleurs, des personnages, toutes les fleurs de son jardin et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l’église, et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, villes et jardins, de sa tasse de thé. already|in|this|first|volume|you|you will see|the|character|who|tells|who|says|“I|(and|who|is not|not|me)|to find again|all|suddenly|blow|some|years|some|gardens|some|beings|forgotten|in|the|taste|of a|sip|of|tea|where|he|has|dipped|a|piece|of|madeleine|without|doubt|he|he|them|he remembered|but|without|their|color|without|their|charm|I have|been able to|to him|to make|to say|that|like|in|this|small|game|Japanese|where|one|dips|some|thin|pieces|of|paper|which|as soon as|dipped|in|the|bowl|they stretch|they|they twist||some|flowers|some|characters|all|the|flowers|of|his|garden|and|the|water lilies|of|the|Vivonne|and|the|good|people|of the|village|and|their|small|homes|and|the church|and|all|Combray|and|its|surroundings|all|that|which|takes|shape|and|solidity|is|came out|cities|and|gardens|from|his|cup|of|tea Already, in this first volume, you will see the character who narrates, who says: “I” (and who is not me) suddenly rediscovering years, gardens, forgotten beings, in the taste of a sip of tea where he dipped a piece of madeleine; undoubtedly he remembered them, but without their color, without their charm; I was able to make him say that like in that little Japanese game where one dips thin pieces of paper that, as soon as they are plunged into the bowl, stretch, twist, become flowers, characters, all the flowers of his garden and the water lilies of the Vivonne, and the good people of the village and their little homes and the church, and all of Combray and its surroundings, all of that which takes shape and solidity, has emerged, towns and gardens, from his cup of tea.

Voyez-vous, je crois que ce n’est guère qu’aux souvenirs involontaires que l’artiste devrait demander la matière première de son œuvre. ||I|I believe|that|it|it is not|hardly||memories|involuntary|that|the artist|should|to ask|the|material|first|of|his| You see, I believe that it is hardly to involuntary memories that the artist should seek the raw material for his work. D’abord, précisément parce qu’ils sont involontaires, qu’ils se forment d’eux-mêmes, attirés par la ressemblance d’une minute identique, ils ont seuls une griffe d’authenticité. first|precisely|because|that they|they are|involuntary|that they|themselves|they form|||attracted|by|the|resemblance|of a|minute|identical|they|they have|alone|a|claw|of authenticity First, precisely because they are involuntary, that they form themselves, attracted by the resemblance of an identical minute, they alone have a mark of authenticity. Puis ils nous rapportent les choses dans un exact dosage de mémoire et d’oubli. then|they|to us|they bring|the|things|in|a|exact|dosage|of|memory|and|of forgetfulness Then they report things to us in an exact dosage of memory and forgetfulness. Et enfin, comme ils nous font goûter la même sensation dans une circonstance tout autre, ils la libèrent de toute contingence, ils nous en donnent l’essence extratemporelle, celle qui est justement le contenu du beau style, cette vérité générale et nécessaire que la beauté du style seule traduit. and|finally|as|they|us|they make|to taste|the|same|sensation|in|a|circumstance|all|other|they|it|they free|from|all|contingency|they|they give us|it|they give|the essence|extratemporal|that|which|is|precisely|the|content|of|beautiful|style|this|truth|general|and|necessary|that|the|beauty|of|style|only|translates And finally, as they make us taste the same sensation in a completely different circumstance, they free it from all contingency, they give us its extratemporal essence, which is precisely the content of beautiful style, this general and necessary truth that only the beauty of style translates.

Si je me permets de raisonner ainsi sur mon livre, poursuit M. Marcel Proust, c’est qu’il n’est à aucun degré une œuvre de raisonnement, c’est que ses moindres éléments m’ont été fournis par ma sensibilité, que je les ai d’abord aperçus au fond de moi-même, sans les comprendre, ayant autant de peine à les convertir en quelque chose d’intelligible que s’ils avaient été aussi étrangers au monde de l’intelligence que, comment dire ? if|I|myself|I allow|to|to reason|thus|on|my|book|he continues|Mr|Marcel|Proust|it is|that it|it is not|at|any|degree|a||of|reasoning|it is|that|its|least|elements|they have been|been|provided|by|my|sensitivity|that|I|them|I have|first|perceived|in the|depth|of|||without|them|to understand|having|as much|of|difficulty|to|them|to convert|into|||intelligible|that|if they|they had|been|as|foreign|to the|world|of|intelligence|that|how|to say If I allow myself to reason this way about my book, Mr. Marcel Proust continues, it is because it is not in any degree a work of reasoning, it is that its slightest elements were provided to me by my sensitivity, that I first perceived them deep within myself, without understanding them, having as much difficulty converting them into something intelligible as if they had been as foreign to the world of intelligence as, how to say? un motif musical. a|motif|musical a musical motif. Il me semble que vous pensez qu’il s’agit de subtilités. it|me|it seems|that|you|you think|that it|it is about|of|subtleties It seems to me that you think this is about subtleties. Oh ! Oh Oh! non, je vous assure, mais de réalités au contraire. no|I|you|I assure you|but|of|realities|to|contrary No, I assure you, but rather about realities. Ce que nous n’avons pas eu à éclaircir nous-mêmes, ce qui était clair avant nous (par exemple des idées logiques), cela n’est pas vraiment nôtre, nous ne savons même pas si c’est le réel. what|that|we|we have not|not|had|to|clarify|us|||||||we||||||||not||||||||if|it is|the|real What we have not had to clarify ourselves, what was clear before us (for example logical ideas), is not really ours, we don't even know if it is the real. C’est du “possible” que nous élisons arbitrairement. it is|some|possible|that|we|we elect|arbitrarily It is the 'possible' that we arbitrarily choose. D’ailleurs, vous savez, ça se voit tout de suite au style. by the way|you|you know|it|it|it is seen|all|of|immediately|in the|style Besides, you know, it is immediately noticeable in the style.

Le style n’est nullement un enjolivement comme croient certaines personnes, ce n’est même pas une question de technique, c’est – comme la couleur chez les peintres – une qualité de la vision, la révélation de l’univers particulier que chacun de nous voit, et que ne voient pas les autres. the|style|is not|in no way|a|embellishment|as|they believe|some|people|it|it is not|even|not|a|question|of|technique|it is|as|the|color|among|the|painters|a|quality|of|the|vision|the|revelation|of|the universe|particular|that|each|of|us|sees|and|that|not|they see|not|the|others Style is by no means an embellishment as some people believe; it is not even a matter of technique, it is – like color for painters – a quality of vision, the revelation of the particular universe that each of us sees, and that others do not see. Le plaisir que nous donne un artiste, c’est de nous faire connaître un univers de plus. the|pleasure|that|us|gives|a|artist|it's|to|us|to make|to know|a|universe|of|more The pleasure that an artist gives us is to make us aware of one more universe.

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