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Le Ciné-Club de M.Bobine, Aliens de James Cameron, l'analyse de M. Bobine (3)

Aliens de James Cameron, l'analyse de M. Bobine (3)

pour l'imagerie associée à l'armée américaine.

D'ailleurs, le tournage d'Aliens s'apparentait plus à un champs de bataille

qu'à un plateau de cinéma,

au grand dam de l'équipe technique anglaise…

Mais ce serait aller un peu vite en besogne que de dire que Cameron nous montre

une vision exaltée de la guerre et des Marines dans son Aliens.

On est même très loin de l'Amérique reaganienne de Rambo 2

puisqu'en transposant les codes du western d'après-guerre

et du fil de commando désabusé des sixties dans un film de SF,

Cameron lorgne plutôt du côté du cinéma des sixties et des seventies

dont se revendique également Ridley Scott avec Alien.

Le film de Cameron s'inscrit ainsi dans la droite lignée d'une oeuvre méconnue

comme Zoulou de Cy Endfield.

Comme l'armée britannique du film,

les marines d'Aliens ne sont rien d'autre que des envahisseurs sur une planète colonisée,

incapables de survivre sans leurs atouts technologiques,

au contraire de leurs adversaires

en parfaite osmose avec l'environnement qui les entoure.

On peut également y voir une allégorie de la guerre du Vietnam,

mais ce qui intéresse surtout Cameron,

c'est de montrer des représentants de superpuissances économiques et technologiques

qui se heurtent à une nature primitive et indomptable

au point de payer le prix de leur arrogance.

Le premier volet de la saga Alien développait déjà cette idée d'un monde

gouverné par des compagnies privées privilégiant les profits plutôt que la vie de leurs employés…

Mais si la Compagnie restait relativement au second plan dans le film de Ridley Scott,

chez Cameron, elle a désormais un nom : Weyland-Yutani,

mais aussi un visage, celui de Carter J. Burke.

Lâche, opportuniste,

dépourvu du charisme qu'on attend habituellement d'un bad guy,

Burke n'est à priori pas une menace capable de rivaliser avec les xénomorphes.

Il est même plutôt bienveillant avec Ripley et soutient toutes ses décisions

jusqu'au moment ou les actions de Ripley ne cadrent plus avec ses intérêts

En effet, Cameron souligne à plusieurs reprise que c'est sa soif de profits

qui le rend presque plus dangereux que les xénomorphes.

Car sous la caméra de Cameron,

le gigantesque conglomérat Weyland-Yutani est la représentation

la plus radicale et déshumanisée de l'idéologie ultra libérale des années 80.

Dès lors, si le ton guerrier de ce second volet tranche

avec l'horreur psychologique du film de Ridley Scott,

il ne s'agit pas d'une trahison pour autant.

Au contraire, il permet à Cameron d'approfondir à sa manière

les thématiques à l'oeuvre dans le premier volet.

Ainsi, le commando de marines au coeur du récit partage pas mal de points communs

avec l'équipe d'ouvriers d'Alien premier du nom.

Dans les deux cas, les deux équipages ne sont que des exécutants

et servent de chair à canon pour que leurs employeurs puissent enfin

mettre la main sur un spécimen de xénomorphe.

Alors Cameron est-il un cinéaste contestataire à la manière des groupes Medvedkine ?

Peut-être pas...

mais comme certains de ses confrères il n'a jamais oublié d'où il venait,

et son oeuvre est peuplée de gens de conditions modestes

luttant face aux dérives d'un système omnipotent et dangereux,

que ce soit Cyberdyne dans les Terminator,

la RDA dans Avatar,

ou la White Star Line dans Titanic

dont le naufrage est propice à une véritable lutte des classes.

Rien d'étonnant à ce que Cameron considère Norma Rae,

portrait d'une syndicaliste campée par Sally Field,

comme l'un de ses films de chevet.

Il est plus que probable que ce soit cette vision prolétaire du personnage de Ripley

dans le premier film

qui ait marqué Cameron au point d'en faire une réflexion plus globale sur la féminité.

On en arrive maintenant au second gros reproche fait à Cameron :

celui d'avoir dénaturé et désexualisé le xénomorphe.

Selon moi, la dimension sexuelle du monstre est à l'origine d'un petit malentendu.

Si la créature est issue de l'imaginaire biomécanique, sexuel et torturé de Giger,

e film de Ridley Scott n'est pas pour autant

une exploration des zones les plus sombres de la psyché humaine.

Si certains critiques ont tôt fait d'intellectualiser l'aspect sexuel du monstre,

cette caractéristique n'est mise en avant qu'à de rares occasion dans le film,

et pas toujours de la plus fine des manières…

Ridley Scott a bien conscience de la dimension psychanalytique du monstre

puisqu'il utilisera des extrait de la bande originale

de Freud passion secrète de Jerry Goldsmith.

Néanmoins, Alien reste un scénario de série B

qui a été transcendé par une direction artistique incroyable

et une mise en scène élégante,

mais qui n'évite pas certains écueils grossiers du genre,

notamment avec ce con de chat

qui est responsable à lui seul de la moitié des morts du Nostromo...

Zut ! L'aspirateur ! J'ai oublié de l'éteindre !

En revanche, l'imagerie sexuelle accolée au monstre sert avant tout

à illustrer la véritable nature de la créature,

car ce qui rend le xénomorphe particulièrement terrifiant,

c'est sa capacité à pénétrer et coloniser n'importe quel organisme,

qu'il soit mécanique comme le vaisseau,

ou organique comme le corps humain.

Ainsi, non seulement l'alien transforme le vaisseau

en un environnement hostile à la vie humaine,

mais il dépossède également les personnages de leur corps et de leur fonctions de procréation

et ça, James Cameron l'a parfaitement compris.

Dans une de ses analyses,

le vidéaste américain Rob Ager disait d'ailleurs

que le second volet de la saga Alien était l'antidote au premier film.

En effet, si dans Alien les personnages perdaient peu à peu

le contrôle de leur environnement mais aussi de leur propre corps,

dans Aliens, ils vont au contraire tenter de le reprendre.

À ce titre la manière dont Cameron joue sur l'imagerie sexuelle

est dans la lignée de deux autres cinéastes ayant comme lui oeuvré dans le cinéma d'exploitation :

George Miller sur la saga Mad Max

et Shun'ya Itô sur les trois premiers volets de La femme Scorpion.

Comme ses homologues australien et japonais

Cameron va contourner l'aspect rudimentaire de la direction artistique,

fait de brics et de brocs,

pour y injecter des éléments visuels évocateurs prenant place dans une esthétique cradingue

à contrario du visuel élégant de son prédécesseur.

En effet, dans Aliens, les Marines aussi sont une force coloniale,

et comme Giger avec le xénomorphe,

Cameron n'hésite pas à leur associer une imagerie très masculine,

que ce soit avec leurs armes ou leurs véhicules,

comme le Sulaco qui évoque autant un gigantesque fusil

qu'un phallus géant.

Le premier croquis du vaisseau que Cameron avait envoyé à Ron Cobb

était d'ailleurs assez explicite sur ce point.

Et si cette grille de lecture peut faire sourire,

sachez que le réalisateur la réutilisera explicitement bien des années plus tard.

Quant à Ripley, son parcours est guidé par cette volonté d'affronter son deuil

pour redevenir une figure exaltant la vie.

Sigourney Weaver a d'ailleurs basé toute son interprétation du personnage

sur la scène absente de la version cinéma

dans laquelle on apprend que sa fille est morte de vieillesse

pendant qu'elle dérivait dans l'espace.

Ainsi chez Cameron, son parcours passe justement par une reconstruction,

pour ne pas dire une reconquête progressive de sa féminité,

en s'appropriant tout l'attirail technologique réservé à l'autoritarisme masculin

et en devenant un leader pour les survivants.

Par ailleurs sa reconstruction passe également par sa relation avec Newt.

Conçue à l'origine comme un hommage à la petite fille présente

dans le film Des Monstres attaquent la ville,

ce personnage est l'occasion pour le cinéaste de montrer sa faculté

à tirer le meilleur de jeunes interprètes

toute en faisant preuve d'un réalisme psychologique palpable

quand il s'agit de montrer un stress post traumatique.

Ce qui unit la jeune fille à Ripley

c'est justement ce traumatisme d'avoir perdu des proches.

Et c'est également par ce prisme que le cinéaste introduit les peurs enfantines

liées aux contes de fées

qui va lui permettre d'approfondir la dimension mythologique de la créature.

Mais avant de s'intéresser aux mythes qui ont inspirés Cameron,

ce tour d'horizon ne serait pas complet

sans évoquer un autre personnage ayant marqué les spectateurs.

Et à ce titre je crois que c'est notre confrère François Theurel

aka le Fossoyeur de film qui en parle le mieux.

Le réalisateur a toujours aimé les figures de femmes fortes.

Ce qui pourrait donner des personnages systématiquement masculinisés

étant obligés de devenir « plus mecs que les mecs »

en réprimant une part de féminité plus stéréotypée…

sauf que pas du tout.

Même Vasquez, à priori la plus masculinisée d'entre elles,

n'est pas une femme qui essaie de s'adapter à un environnement machiste

au détriment d'elle-même :

c'est un personnage capable de défoncer un xénomorphe à bout portant

en lui plaquant la tête contre le mur, et c'est ainsi qu'elle est épanouie.

Leur genre fait partie du tableau, mais ne les enferme pas.

Et c'est justement ces diverses représentations féminines

qui nous amène à la scène clé du long métrage.

La confrontation entre la reine des aliens et Ripley fonctionne sur différents niveaux.

Dans un premier temps elle apporte une réponse au cycle biologique de la créature

sans pour autant dénaturer l'aura des xénomorphes.

Pourtant ce cycle était à l'origine totalement différent.

Dans une scène coupée du premier long métrage

on peut voir Ripley découvrir un nid à l'intérieur du Nostromo

dans lequel Dallas devenait progressivement un oeuf de facehugger.

Si l'idée d'humains ramené à l'état de créatures était plutôt intéressante

le concept n'en demeurait pas moins très bancal.

En imaginant une reine,

Cameron propose une solution aussi simple qu'évocatrice,

puisque nous assistons à un affrontement aux consonances mythologiques

entre deux mères.

Par exemple, la reine Alien est un avatar si j'ose dire de divinités castratrices

issu de diverses traditions polythéistes.

La séquence ou Ripley s'enfonce dans les profondeurs de la colonie

pour retrouver Newt enlevée par les aliens

renvoie au mythe de Déméter,

la déesse de l'agriculture et des moissons du panthéon Grec.

En effet, comme Ripley, Déméter part dans le monde souterrain

à la recherche de sa fille Perséphone qui a été enlevée par Hadès, le dieu des enfers.

Cet affrontement renvoie également au mythe d'Orphée

traversant l'enfer pour délivrer Eurydice.

Tout comme Orphée avec sa lyre,

c'est l'émotion et l'empathie dont fait preuve Ripley à l'égard de Newt

qui représente la fameuse corde sensible capable de faire face à une créature qui en est dépourvu

de la même manière qu'Orphée parvient à amadouer Hadès avec son instrument de musique.

À ce titre le 3ème volet signé David Fincher continuera d'explorer ce mythe

puisque Ripley à l'instar d'Orphée,

se retrouve à vivre en ermite rongée par la douleur,

jusqu'à ce qu'un xénomorphe ne la tue de l'intérieur,

de la même manière que les Ménades déchiquètent Orphée.

Et c'est bien ce mythe qui constitue l'une des clés de voûte de toute l'oeuvre de Cameron.

Dans Abyss Bud Brigman doit descendre au plus profond de la fosse

pour empêcher la bombe d'anéantir les créatures.

Après avoir tué le T 1000 dans une aciérie assimilée à l'enfer,

Schwarzy se donne la mort dans le métal en fusion

afin de que son organisme ne soit pas utilisé à mauvais escient,

sauvant ainsi l'humanité.

Et enfin dans Titanic,

Rose descend au fond du paquebot pour sauver Jack Dawson

tandis que ce dernier finira par rejoindre le fond de l'océan pour laisser Rose survivre.

Pour en revenir à Aliens,

la catharsis fonctionne à plein régime puisqu'en exterminant un nid de xenomorphes,

Ripley met un terme à sa souffrance et reprend possession de toute sa féminité.

Dès le début, où Ripley est assimilée à la terre,

une image renvoyant encore une fois à Déméter,

Aliens se veut une représentation de divers strates du féminin sacré.

Rien de surprenant donc à ce que des années plus tard

le réalisateur associe son interprète iconique à un arbre de vie.

Aliens n'est donc en aucun cas une trahison au premier.

C'est au contraire une réponse,

un film miroir qui prolonge les thèmes du premier volet

en réinventant l'univers de la saga.

Et c'est d'ailleurs devenu une tradition sur la franchise

puisque chaque nouvel épisode tue en quelque sorte le précédent

autant qu'il en prolonge la mythologie.


Aliens de James Cameron, l'analyse de M. Bobine (3) James Cameron's Aliens, Mr. Reel's analysis (3) Aliens de James Cameron, análisis del Sr. Reel (3) James Cameron'ın Uzaylıları, Bay Reel'in analizi (3)

pour l'imagerie associée à l'armée américaine. for imagery associated with the US military. per le immagini associate all'esercito degli Stati Uniti.

D'ailleurs, le tournage d'Aliens s'apparentait plus à un champs de bataille Moreover, the filming of Aliens was more like a battlefield In effetti, le riprese di Aliens sono state più simili a un campo di battaglia.

qu'à un plateau de cinéma, than a movie set, di un set cinematografico,

au grand dam de l'équipe technique anglaise… to the chagrin of the English technical team ... con grande disappunto del team tecnico inglese...

Mais ce serait aller un peu vite en besogne que de dire que Cameron nous montre But it would be going a bit fast to say that Cameron shows us Ma sarebbe troppo esagerato dire che Cameron ci sta mostrando

une vision exaltée de la guerre et des Marines dans son Aliens. an exhilarated vision of war and the Marines in his Aliens. una visione esaltata della guerra e dei Marines nel suo Aliens.

On est même très loin de l'Amérique reaganienne de Rambo 2 We are even very far from the Reagan America of Rambo 2

puisqu'en transposant les codes du western d'après-guerre since by transposing the codes of the post-war western

et du fil de commando désabusé des sixties dans un film de SF, and the disillusioned commando thread of the sixties in a sci-fi film, e il filo conduttore di un commando disilluso degli anni Sessanta in un film di SF,

Cameron lorgne plutôt du côté du cinéma des sixties et des seventies Cameron is rather eyeing the side of the cinema of the sixties and of the seventies

dont se revendique également Ridley Scott avec Alien. which Ridley Scott also claims with Alien. che Ridley Scott ha rivendicato anche con Alien.

Le film de Cameron s'inscrit ainsi dans la droite lignée d'une oeuvre méconnue Cameron's film is thus in line with a little-known work Il film di Cameron segue le orme di un'opera meno conosciuta

comme Zoulou de Cy Endfield. like Zulu by Cy Endfield. come Zulu di Cy Endfield.

Comme l'armée britannique du film, Like the British army in the film,

les marines d'Aliens ne sont rien d'autre que des envahisseurs sur une planète colonisée, the Alien marines are nothing more than invaders on a colonized planet,

incapables de survivre sans leurs atouts technologiques, unable to survive without their technological assets, non sono in grado di sopravvivere senza le loro risorse tecnologiche,

au contraire de leurs adversaires unlike their opponents

en parfaite osmose avec l'environnement qui les entoure. in perfect harmony with the environment around them. . in perfetta armonia con l'ambiente circostante.

On peut également y voir une allégorie de la guerre du Vietnam, It can also be seen as an allegory of the Vietnam War,

mais ce qui intéresse surtout Cameron, but what interests Cameron most

c'est de montrer des représentants de superpuissances économiques et technologiques is to show representatives of economic and technological superpowers

qui se heurtent à une nature primitive et indomptable who come up against a primitive and indomitable nature che si scontrano con una natura primitiva e indomabile

au point de payer le prix de leur arrogance. to the point of paying the price for their arrogance. .

Le premier volet de la saga Alien développait déjà cette idée d'un monde The first part of the Alien saga already developed this idea of ​​a world

gouverné par des compagnies privées privilégiant les profits plutôt que la vie de leurs employés… governed by private companies prioritizing profits rather than the lives of their employees ...

Mais si la Compagnie restait relativement au second plan dans le film de Ridley Scott, But if the Company remained relatively in the background in Ridley Scott's film,

chez Cameron, elle a désormais un nom : Weyland-Yutani, at Cameron, it now has a name: Weyland-Yutani,

mais aussi un visage, celui de Carter J. Burke. but also a face, that of Carter J. Burke.

Lâche, opportuniste, Cowardly, opportunistic,

dépourvu du charisme qu'on attend habituellement d'un bad guy, devoid of the charisma one usually expects from a bad guy,

Burke n'est à priori pas une menace capable de rivaliser avec les xénomorphes. Burke is not a priori a threat capable of competing with xenomorphs.

Il est même plutôt bienveillant avec Ripley et soutient toutes ses décisions He is even rather benevolent with Ripley and supports all his decisions

jusqu'au moment ou les actions de Ripley ne cadrent plus avec ses intérêts until the moment or the actions of Ripley no longer align with his interests finché le azioni di Ripley non sono più nel suo interesse.

En effet, Cameron souligne à plusieurs reprise que c'est sa soif de profits Indeed, Cameron emphasizes on several occasions that it is his thirst for profits In effetti, Cameron sottolinea ripetutamente che è la sua sete di profitto

qui le rend presque plus dangereux que les xénomorphes. which makes him almost more dangerous than xenomorphs.

Car sous la caméra de Cameron, Because under Cameron's camera,

le gigantesque conglomérat Weyland-Yutani est la représentation the gigantic Weyland-Yutani conglomerate is the

la plus radicale et déshumanisée de l'idéologie ultra libérale des années 80. most radical and dehumanized representation of the ultra liberal ideology of the 80s.

Dès lors, si le ton guerrier de ce second volet tranche Therefore, if the warlike tone of this second part contrasts

avec l'horreur psychologique du film de Ridley Scott, with the psychological horror of the film of Ridley Scott,

il ne s'agit pas d'une trahison pour autant. this is not a betrayal. Ma questo non significa che sia un tradimento.

Au contraire, il permet à Cameron d'approfondir à sa manière On the contrary, it allows Cameron to deepen in his own way

les thématiques à l'oeuvre dans le premier volet. the themes at work in the first part.

Ainsi, le commando de marines au coeur du récit partage pas mal de points communs Thus, the marine commando at the heart of the story shares a lot in common

avec l'équipe d'ouvriers d'Alien premier du nom. with the team of workers of Alien first of the name.

Dans les deux cas, les deux équipages ne sont que des exécutants In either case, the two crews are just performers

et servent de chair à canon pour que leurs employeurs puissent enfin and serve as cannon fodder so that their employers can finally

mettre la main sur un spécimen de xénomorphe. get their hands on a xenomorph specimen.

Alors Cameron est-il un cinéaste contestataire à la manière des groupes Medvedkine ? So is Cameron a protest filmmaker like the Medvedkine groups?

Peut-être pas... Maybe not ...

mais comme certains de ses confrères il n'a jamais oublié d'où il venait, but like some of his colleagues he has never forgotten where he came from,

et son oeuvre est peuplée de gens de conditions modestes and his work is populated by people of modest conditions

luttant face aux dérives d'un système omnipotent et dangereux, struggling against the drifts of an omnipotent and dangerous system,

que ce soit Cyberdyne dans les Terminator, be it Cyberdyne in the Terminator,

la RDA dans Avatar, the RDA in Avatar,

ou la White Star Line dans Titanic or the White Star Line in Titanic

dont le naufrage est propice à une véritable lutte des classes. whose sinking is conducive to a real class struggle.

Rien d'étonnant à ce que Cameron considère Norma Rae, No wonder Cameron considers Norma Rae, a

portrait d'une syndicaliste campée par Sally Field, portrait of a trade unionist played by Sally Field,

comme l'un de ses films de chevet. as one of his bedside films.

Il est plus que probable que ce soit cette vision prolétaire du personnage de Ripley It is more than likely that it is this proletarian vision of the character of Ripley

dans le premier film in the first film

qui ait marqué Cameron au point d'en faire une réflexion plus globale sur la féminité. that marked Cameron to the point of making it a more global reflection on femininity.

On en arrive maintenant au second gros reproche fait à Cameron : We now come to the second big reproach made to Cameron:

celui d'avoir dénaturé et désexualisé le xénomorphe. that of having denatured and desexualized the xenomorph.

Selon moi, la dimension sexuelle du monstre est à l'origine d'un petit malentendu. In my opinion, the sexual dimension of the monster is at the origin of a little misunderstanding.

Si la créature est issue de l'imaginaire biomécanique, sexuel et torturé de Giger, While the creature stems from Giger's biomechanical, sexual, and tortured imagination,

e film de Ridley Scott n'est pas pour autant Ridley Scott's film is by no means

une exploration des zones les plus sombres de la psyché humaine. an exploration of the darkest areas of the human psyche.

Si certains critiques ont tôt fait d'intellectualiser l'aspect sexuel du monstre, If some critics were quick to intellectualize the sexual aspect of the monster,

cette caractéristique n'est mise en avant qu'à de rares occasion dans le film, this characteristic is only put forward on rare occasions in the film,

et pas toujours de la plus fine des manières… and not always in the finest way ...

Ridley Scott a bien conscience de la dimension psychanalytique du monstre Ridley Scott is well aware of the psychoanalytic dimension of the monster

puisqu'il utilisera des extrait de la bande originale since it will use extracts from the soundtrack

de Freud passion secrète de Jerry Goldsmith. of Freud secret passion by Jerry Goldsmith.

Néanmoins, Alien reste un scénario de série B Nonetheless, Alien remains a B-series storyline

qui a été transcendé par une direction artistique incroyable that has been transcended by incredible art direction

et une mise en scène élégante, and sleek staging,

mais qui n'évite pas certains écueils grossiers du genre, but doesn't avoid some crass pitfalls of the genre,

notamment avec ce con de chat especially with this cat con

qui est responsable à lui seul de la moitié des morts du Nostromo... who is single-handedly responsible for half of the deaths of Nostromo ...

Zut ! L'aspirateur ! J'ai oublié de l'éteindre ! Damn! The vacuum cleaner! I forgot to turn it off!

En revanche, l'imagerie sexuelle accolée au monstre sert avant tout On the other hand, the sexual imagery attached to the monster serves above all

à illustrer la véritable nature de la créature, to illustrate the true nature of the creature,

car ce qui rend le xénomorphe particulièrement terrifiant, because what makes the xenomorph particularly terrifying

c'est sa capacité à pénétrer et coloniser n'importe quel organisme, is its ability to penetrate and colonize any organism,

qu'il soit mécanique comme le vaisseau, whether it be mechanical like the vessel,

ou organique comme le corps humain. or organic like the human body.

Ainsi, non seulement l'alien transforme le vaisseau Thus, not only does the alien transform the ship

en un environnement hostile à la vie humaine, into an environment hostile to human life,

mais il dépossède également les personnages de leur corps et de leur fonctions de procréation but it also dispossesses the characters of their bodies and their reproductive functions

et ça, James Cameron l'a parfaitement compris. and that, James Cameron has perfectly understood.

Dans une de ses analyses, In one of his analyzes,

le vidéaste américain Rob Ager disait d'ailleurs the American videographer Rob Ager also said

que le second volet de la saga Alien était l'antidote au premier film. that the second part of the Alien saga was the antidote to the first film.

En effet, si dans Alien les personnages perdaient peu à peu En effet, si dans Alien les personnages perdaient peu à peu

le contrôle de leur environnement mais aussi de leur propre corps, le contrôle de leur environnement mais aussi de leur propre corps,

dans Aliens, ils vont au contraire tenter de le reprendre. dans Aliens, ils vont au contraire tenter de le reprendre.

À ce titre la manière dont Cameron joue sur l'imagerie sexuelle À ce titre la manière dont Cameron joue sur l'imagerie sexuelle

est dans la lignée de deux autres cinéastes ayant comme lui oeuvré dans le cinéma d'exploitation : est dans la lignée de deux autres cinéastes ayant comme lui oeuvré dans le cinéma d'exploitation :

George Miller sur la saga Mad Max George Miller sur la saga Mad Max

et Shun'ya Itô sur les trois premiers volets de La femme Scorpion. et Shun'ya Itô sur les trois premiers volets de La femme Scorpion.

Comme ses homologues australien et japonais Comme ses homologues australien et japonais

Cameron va contourner l'aspect rudimentaire de la direction artistique, Cameron va contourner l'aspect rudimentaire de la direction artistique,

fait de brics et de brocs, fait de brics et de brocs,

pour y injecter des éléments visuels évocateurs prenant place dans une esthétique cradingue pour y injecter des éléments visuels évocateurs prenant place dans une esthétique cradingue

à contrario du visuel élégant de son prédécesseur. à contrario du visuel élégant de son prédécesseur.

En effet, dans Aliens, les Marines aussi sont une force coloniale, En effet, dans Aliens, les Marines aussi sont une force coloniale,

et comme Giger avec le xénomorphe, et comme Giger avec le xénomorphe,

Cameron n'hésite pas à leur associer une imagerie très masculine, Cameron n'hésite pas à leur associer une imagerie très masculine,

que ce soit avec leurs armes ou leurs véhicules, que ce soit avec leurs armes ou leurs véhicules,

comme le Sulaco qui évoque autant un gigantesque fusil comme le Sulaco qui évoque autant un gigantesque fusil

qu'un phallus géant. qu'un phallus géant.

Le premier croquis du vaisseau que Cameron avait envoyé à Ron Cobb Le premier croquis du vaisseau que Cameron avait envoyé à Ron Cobb

était d'ailleurs assez explicite sur ce point. était d'ailleurs assez explicite sur ce point.

Et si cette grille de lecture peut faire sourire, Et si cette grille de lecture peut faire sourire,

sachez que le réalisateur la réutilisera explicitement bien des années plus tard. sachez que le réalisateur la réutilisera explicitement bien des années plus tard.

Quant à Ripley, son parcours est guidé par cette volonté d'affronter son deuil Quant à Ripley, son parcours est guidé par cette volonté d'affronter son deuil

pour redevenir une figure exaltant la vie. pour redevenir une figure exaltant la vie.

Sigourney Weaver a d'ailleurs basé toute son interprétation du personnage Sigourney Weaver a d'ailleurs basé toute son interprétation du personnage

sur la scène absente de la version cinéma sur la scène absente de la version cinéma

dans laquelle on apprend que sa fille est morte de vieillesse dans laquelle on apprend que sa fille est morte de vieillesse

pendant qu'elle dérivait dans l'espace. pendant qu'elle dérivait dans l'espace.

Ainsi chez Cameron, son parcours passe justement par une reconstruction, Ainsi chez Cameron, son parcours passe justement par une reconstruction,

pour ne pas dire une reconquête progressive de sa féminité, pour ne pas dire une reconquête progressive de sa féminité,

en s'appropriant tout l'attirail technologique réservé à l'autoritarisme masculin en s'appropriant tout l'attirail technologique réservé à l'autoritarisme masculin

et en devenant un leader pour les survivants. et en devenant un leader pour les survivants.

Par ailleurs sa reconstruction passe également par sa relation avec Newt. Par ailleurs sa reconstruction passe également par sa relation avec Newt.

Conçue à l'origine comme un hommage à la petite fille présente Conçue à l'origine comme un hommage à la petite fille présente

dans le film Des Monstres attaquent la ville, dans le film Des Monstres attaquent la ville,

ce personnage est l'occasion pour le cinéaste de montrer sa faculté ce personnage est l'occasion pour le cinéaste de montrer sa faculté

à tirer le meilleur de jeunes interprètes à tirer le meilleur de jeunes interprètes

toute en faisant preuve d'un réalisme psychologique palpable toute en faisant preuve d'un réalisme psychologique palpable

quand il s'agit de montrer un stress post traumatique. quand il s'agit de montrer un stress post traumatique.

Ce qui unit la jeune fille à Ripley Ce qui unit la jeune fille à Ripley

c'est justement ce traumatisme d'avoir perdu des proches. c'est justement ce traumatisme d'avoir perdu des proches.

Et c'est également par ce prisme que le cinéaste introduit les peurs enfantines Et c'est également par ce prisme que le cinéaste introduit les peurs enfantines

liées aux contes de fées liées aux contes de fées

qui va lui permettre d'approfondir la dimension mythologique de la créature. qui va lui permettre d'approfondir la dimension mythologique de la créature.

Mais avant de s'intéresser aux mythes qui ont inspirés Cameron, Mais avant de s'intéresser aux mythes qui ont inspirés Cameron,

ce tour d'horizon ne serait pas complet ce tour d'horizon ne serait pas complet

sans évoquer un autre personnage ayant marqué les spectateurs. sans évoquer un autre personnage ayant marqué les spectateurs.

Et à ce titre je crois que c'est notre confrère François Theurel Et à ce titre je crois que c'est notre confrère François Theurel

aka le Fossoyeur de film qui en parle le mieux. aka le Fossoyeur de film qui en parle le mieux.

Le réalisateur a toujours aimé les figures de femmes fortes. Le réalisateur a toujours aimé les figures de femmes fortes.

Ce qui pourrait donner des personnages systématiquement masculinisés Ce qui pourrait donner des personnages systématiquement masculinisés

étant obligés de devenir « plus mecs que les mecs » étant obligés de devenir « plus mecs que les mecs »

en réprimant une part de féminité plus stéréotypée… en réprimant une part de féminité plus stéréotypée…

sauf que pas du tout. sauf que pas du tout.

Même Vasquez, à priori la plus masculinisée d'entre elles, Même Vasquez, à priori la plus masculinisée d'entre elles,

n'est pas une femme qui essaie de s'adapter à un environnement machiste n'est pas une femme qui essaie de s'adapter à un environnement machiste

au détriment d'elle-même : au détriment d'elle-même :

c'est un personnage capable de défoncer un xénomorphe à bout portant c'est un personnage capable de défoncer un xénomorphe à bout portant

en lui plaquant la tête contre le mur, et c'est ainsi qu'elle est épanouie. en lui plaquant la tête contre le mur, et c'est ainsi qu'elle est épanouie.

Leur genre fait partie du tableau, mais ne les enferme pas. Leur genre fait partie du tableau, mais ne les enferme pas.

Et c'est justement ces diverses représentations féminines Et c'est justement ces diverses représentations féminines

qui nous amène à la scène clé du long métrage. qui nous amène à la scène clé du long métrage.

La confrontation entre la reine des aliens et Ripley fonctionne sur différents niveaux. La confrontation entre la reine des aliens et Ripley fonctionne sur différents niveaux.

Dans un premier temps elle apporte une réponse au cycle biologique de la créature Dans un premier temps elle apporte une réponse au cycle biologique de la créature

sans pour autant dénaturer l'aura des xénomorphes. sans pour autant dénaturer l'aura des xénomorphes.

Pourtant ce cycle était à l'origine totalement différent. Pourtant ce cycle était à l'origine totalement différent.

Dans une scène coupée du premier long métrage Dans une scène coupée du premier long métrage

on peut voir Ripley découvrir un nid à l'intérieur du Nostromo on peut voir Ripley découvrir un nid à l'intérieur du Nostromo

dans lequel Dallas devenait progressivement un oeuf de facehugger. dans lequel Dallas devenait progressivement un oeuf de facehugger.

Si l'idée d'humains ramené à l'état de créatures était plutôt intéressante Si l'idée d'humains ramené à l'état de créatures était plutôt intéressante

le concept n'en demeurait pas moins très bancal. le concept n'en demeurait pas moins très bancal.

En imaginant une reine, En imaginant une reine,

Cameron propose une solution aussi simple qu'évocatrice, Cameron propose une solution aussi simple qu'évocatrice,

puisque nous assistons à un affrontement aux consonances mythologiques puisque nous assistons à un affrontement aux consonances mythologiques

entre deux mères. entre deux mères.

Par exemple, la reine Alien est un avatar si j'ose dire de divinités castratrices Par exemple, la reine Alien est un avatar si j'ose dire de divinités castratrices

issu de diverses traditions polythéistes. issu de diverses traditions polythéistes.

La séquence ou Ripley s'enfonce dans les profondeurs de la colonie La séquence ou Ripley s'enfonce dans les profondeurs de la colonie

pour retrouver Newt enlevée par les aliens pour retrouver Newt enlevée par les aliens

renvoie au mythe de Déméter, renvoie au mythe de Déméter,

la déesse de l'agriculture et des moissons du panthéon Grec. la déesse de l'agriculture et des moissons du panthéon Grec.

En effet, comme Ripley, Déméter part dans le monde souterrain En effet, comme Ripley, Déméter part dans le monde souterrain

à la recherche de sa fille Perséphone qui a été enlevée par Hadès, le dieu des enfers. à la recherche de sa fille Perséphone qui a été enlevée par Hadès, le dieu des enfers.

Cet affrontement renvoie également au mythe d'Orphée Cet affrontement renvoie également au mythe d'Orphée

traversant l'enfer pour délivrer Eurydice. traversant l'enfer pour délivrer Eurydice.

Tout comme Orphée avec sa lyre, Tout comme Orphée avec sa lyre,

c'est l'émotion et l'empathie dont fait preuve Ripley à l'égard de Newt c'est l'émotion et l'empathie dont fait preuve Ripley à l'égard de Newt

qui représente la fameuse corde sensible capable de faire face à une créature qui en est dépourvu qui représente la fameuse corde sensible capable de faire face à une créature qui en est dépourvu

de la même manière qu'Orphée parvient à amadouer Hadès avec son instrument de musique. de la même manière qu'Orphée parvient à amadouer Hadès avec son instrument de musique.

À ce titre le 3ème volet signé David Fincher continuera d'explorer ce mythe À ce titre le 3ème volet signé David Fincher continuera d'explorer ce mythe

puisque Ripley à l'instar d'Orphée, puisque Ripley à l'instar d'Orphée,

se retrouve à vivre en ermite rongée par la douleur, se retrouve à vivre en ermite rongée par la douleur,

jusqu'à ce qu'un xénomorphe ne la tue de l'intérieur, jusqu'à ce qu'un xénomorphe ne la tue de l'intérieur,

de la même manière que les Ménades déchiquètent Orphée. de la même manière que les Ménades déchiquètent Orphée.

Et c'est bien ce mythe qui constitue l'une des clés de voûte de toute l'oeuvre de Cameron. Et c'est bien ce mythe qui constitue l'une des clés de voûte de toute l'oeuvre de Cameron.

Dans Abyss Bud Brigman doit descendre au plus profond de la fosse Dans Abyss Bud Brigman doit descendre au plus profond de la fosse

pour empêcher la bombe d'anéantir les créatures. pour empêcher la bombe d'anéantir les créatures.

Après avoir tué le T 1000 dans une aciérie assimilée à l'enfer, Après avoir tué le T 1000 dans une aciérie assimilée à l'enfer,

Schwarzy se donne la mort dans le métal en fusion Schwarzy se donne la mort dans le métal en fusion

afin de que son organisme ne soit pas utilisé à mauvais escient, afin de que son organisme ne soit pas utilisé à mauvais escient,

sauvant ainsi l'humanité. sauvant ainsi l'humanité.

Et enfin dans Titanic, Et enfin dans Titanic,

Rose descend au fond du paquebot pour sauver Jack Dawson Rose descend au fond du paquebot pour sauver Jack Dawson

tandis que ce dernier finira par rejoindre le fond de l'océan pour laisser Rose survivre. tandis que ce dernier finira par rejoindre le fond de l'océan pour laisser Rose survivre.

Pour en revenir à Aliens, Pour en revenir à Aliens,

la catharsis fonctionne à plein régime puisqu'en exterminant un nid de xenomorphes, la catharsis fonctionne à plein régime puisqu'en exterminant un nid de xenomorphes,

Ripley met un terme à sa souffrance et reprend possession de toute sa féminité. Ripley met un terme à sa souffrance et reprend possession de toute sa féminité.

Dès le début, où Ripley est assimilée à la terre, Dès le début, où Ripley est assimilée à la terre,

une image renvoyant encore une fois à Déméter, une image renvoyant encore une fois à Déméter,

Aliens se veut une représentation de divers strates du féminin sacré. Aliens se veut une représentation de divers strates du féminin sacré.

Rien de surprenant donc à ce que des années plus tard Rien de surprenant donc à ce que des années plus tard

le réalisateur associe son interprète iconique à un arbre de vie. le réalisateur associe son interprète iconique à un arbre de vie.

Aliens n'est donc en aucun cas une trahison au premier. Aliens n'est donc en aucun cas une trahison au premier.

C'est au contraire une réponse, C'est au contraire une réponse,

un film miroir qui prolonge les thèmes du premier volet un film miroir qui prolonge les thèmes du premier volet

en réinventant l'univers de la saga. en réinventant l'univers de la saga.

Et c'est d'ailleurs devenu une tradition sur la franchise Et c'est d'ailleurs devenu une tradition sur la franchise

puisque chaque nouvel épisode tue en quelque sorte le précédent puisque chaque nouvel épisode tue en quelque sorte le précédent

autant qu'il en prolonge la mythologie. autant qu'il en prolonge la mythologie.