MACHIAVEL - L'art de gouverner 📏 (1)
bonjour à tous alors aujourd'hui on va
parler d'un auteur aussi connu que
méconnu aussi connu que le connu parce
que son nom le connaît à tel point qu'il
y avait un adjectif qui a été constituée
à partir de son nom
mais méconnu parce que en réalité cet
adjectif caractérise extrêmement mal la
doctrine philosophique de cet auteur cet
auteur c'est nicolas machiavel
philosophe florentin de la renaissance
et il est notamment connu pour avoir
publié un ouvrage intitulé le prince en
1513 qu'on pourrait définir comme une
sorte manuel à l'usagé des gouvernants
la philosophie de machiavel c'est une
philosophie essentiellement politique
alors je dis essentiellement parce que
on va voir qu'en réalité
sa philosophie n'est pas que politique
mais elle a une destination elle a une
vocation politique qui consiste à
définir l'art de gouverner
l'art de gouverner c'est vraiment ce qui
définit le mieux la chose politique
depuis l'antiquité
c'est à dire l'art de gérer l'art
d'administrer la vie dans la cité la vie
dans la communauté et l'art de gouverner
selon moi qui avais l'on va voir qu'il
sort un petit peu de l'ordinaire ou en
tout cas des normes politiques qui
étaient en vigueur jusqu'à son époque
alors je disais en introduction que cet
auteur était méconnu du fait qu'on
l'associé injustement un adjectif
machiavélique qui n'est pas
représentatif de sa doctrine
machiavélique sassi qui fait preuve
d'une intelligence malicieuse d'une
intelligence presque diabolique
il ya l'idée d'une malveillance ya
l'idée d'une mauvaise intention à la
base du machiavélisme alors que en
réalité chez machiavel il n'y a pas
cette idée de perfidie n'y a pas cette
idée de faire le mal pour faire le mal
mais en revanche il y à cette idée que
parfois dans certains cas de figure le
mal peut être à l'instrument pour
gouverner le peuple le mal peut être
utilisé pour conserver le pouvoir
on va voir que c'est ça le but ultime de
machiavel s'est édifié une science
technique est un art dont le but va être
la conservation de pouvoir
alors évidemment je précise toute
ressemblance entre ce qui va être
décrits dans cette vidéo est la réalité
de la politique contemporaine
bien entendu ne saurait être que
fortuite 1 il est évident que la
philosophie de machiavel n'a eu aucune
influence sur les gouvernants depuis le
15e siècle
et si j'utilise l'aironi c'est justement
parce que de nombreuses personnalités
politiques ont reconnu que machiavel
était une référence dans la politique et
que pour certains le prince était même
leur livre de chevet donc heureusement
déjà que l' influence de machiavel sur
la conception de la chose politique dans
la modernité a été absolument
déterminante et elle était d'autant plus
déterminante qu'elle s'opposait
strictement aux anciennes philosophie
politique c'est à dire principalement
aux philosophies politiques de
l'antiquité et du moyen âge
machiavel c'est vraiment le fondateur de
la philosophie politique moderne et si
on devait déjà identifié une première
idée maîtresse de la philosophie
politique moderne
on pourrait dire que c'est le réalisme
et qu'est ce que j'appelle réalisme
alors ici je ne parle pas de réalisme au
sens métaphysique un lien une doctrine
qu'on appelle le réalisme qui consiste à
dire que le monde est une réalité et ça
s'oppose à l'idéalisme qui consiste à
dire que le monde
une construction de l'esprit donc là je
parlerai pas de ce réalisme là je parle
du réalisme au sens us bell en fait
c'est à dire la prise en compte de la
réalité
l'acceptation de la réalité telle
qu'elle est et toute la philosophie de
machiavel est basée sur ce postulat ce
postulat réaliste qui consiste à dire
qu'on doit pas considérer les citoyens
comme on voudrait qu'il soit on doit les
considérer comme ce qu'ils sont on doit
partir de ce qu'ils sont et on ne doit
pas vouloir l'échangé on doit pas
vouloir les transformer en quelque chose
qu'ils ne sont pas et ce réalisme il
repose sur une certaine conception de
l'homme et cette vision l'homme elle
consiste à dire que nous sommes
incapables de bien cette idée de pascal
l'homme est incapable de bien et devrait
nous sommes incapables de faire le bien
parce que nous ne sommes pas mu par
l'amour de l'autre nous sommes mus par
l'amour de nous mêmes nous sommes mus
par l'intérêt par l'égoïsme
donc on aura beau nous ériger des
modèles de vertu des modèles de conduite
en aura beau promouvoir la morale et la
religion
en réalité ça ne sert à rien ça ne sert
à rien parce que l'homme est incapable
de s'élever vers le bien et ça ne sert à
rien d'attendre de l'homme quelque chose
dont il n'est pas capable
c'est ça le réalisme de machiavel c'est
la prise en compte factuelle de la
condition humaine et du comportement
humain c'est ce qu'on pourrait appeler
une anthropologie c'est à dire une
conception de la nature humaine qui
consiste à accepter
l'égoïsme fondamentale de l'être humain
et de s'appuyer là dessus pour gouverner
le peuple voilà l'idée s'appuyer sur les
vices de l'homme pour le gouverner vous
voyez que le réalisme de machiavel
s'accompagne inévitablement d'un
pragmatisme le pragmatisme c'est l'idée
que c'est le résultat qui compte
c'est l'effet produit qui compte ce ne
sont pas les principes qui ne sont pas
les valeurs idéales qu'on place en amont
de nos actions c'est le résultat dans la
pratique
or si l'objectif de la politique c'est
de gouverner si c'est bien l'art du
gouvernement de la cité
eh bien il faut commencer par partir de
la réalité la réalité c'est l'incapacité
de l'homme aux biens la réalité c'est
l'égoïsme structurel de l'homme
c'est son penchant au vice son penchant
aux passions et puisque l'homme est
ainsi fait il faut l'exploiter il faut
s'appuyer dessus pour pouvoir le
gouverner le but c'est de conserver le
pouvoir donc on fera tout pour conserver
le pouvoir et on n'acceptera de regarder
la réalité en face parce que ça nous
donnera les moyens de contrôler le
peuple
alors pour bien vous montrer en quoi
cette conception est totalement
révolutionnaire pour l'époque xvème et
xvième siècle je vais prendre deux
exemples
un premier exemple issus de l'antiquité
et un deuxième exemple du moyen-âge le
premier exemple c'est la république de
platon platon un auteur du 5e siècle
avant jésus-christ a écrit un ouvrage de
philosophie politique qui s'appelle la
république et dans lequel il expose ce
que seraient les fondements d'une
société idéale
alors je sais pour les puristes que
platon n'emploie pas l'expression de
cité idéale il emploie l'expression de
cali police c'est-à-dire la belle cité
la belle cité c'est la cité vertueuse
c'est la cité harmonieuse
c'est à la fois la cité qui est
fonctionnel mais qui est aussi en accord
avec le bien en accord avec l'idée du
bien les principes du bien donc c'est
pour ça que si vous divisez la
république de platon vous allez trouver
tout un tas de développement sur la
vertu ni sur la morale sur la nature du
bien parce que pour platon à l'époque il
n'est même pas envisageable de séparer
la politique de la morale on peut pas
séparer la politique de la vertu puisque
précisément la fonction de la république
la fonction du régime politique qui
administre la vie dans la cité
son principe même c'est de guider le
peuple vers le bien donc voyez ici que
la cité de platon elle est orientée vers
le bien les orienter vers la poursuite
du bien et on pourrait même aller plus
loin en disant que la cité à la vocation
à faire advenir l'idée du bien sur terre
la république à la vocation à
matérialiser le bien matérialiser le
bien de telle sorte que le bien idéal le
bien abstrait soit représentée sur terre
par l'intermédiaire de la société
retenez bien ça le projet politique de
platon il est inséparable de l'idée que
la politique est faite pour d'idées vers
le bien
maintenant je prendre un deuxième
exemple c'est l'exemple de
saint-augustin alors saint-augustin
cette fois ci on est au cinquième siècle
après jésus-christ saint-augustin a
écrit un ouvrage qui s'appelle la cité
de dieu dans lequel il décrit deux types
de sociétés totalement opposé le premier
type de société c'est la société qui
serait guidée par l'amour de soi
c'est-à-dire par l'égoïsme donc dans
l'esprit de saint-augustin par le vice
est une société qui serait fondée sur
l'amour de dieu et ça évidemment pour
saint-augustin c'est l'idéal politique
quel est le but selon saint-augustin de
la société et bien c'est tout simplement
de sauver les âmes c'est de sauver les
âmes parce que si le but de la société
c'est de créer le milieu mieux
l'environnement qui va faire que les
hommes vont s'élever à dieu dans ce cas
là la finalité c'est que tous les êtres
humains est au paradis
ça paraît idiot mais c'est vraiment ça
l'idée puisque dans une société
religieuse les principes qui gouvernent
ce sont les principes divins et les
principes divins qu'est ce qu'ils me
disent ils disent que la vie sur terre
n'est qu'un passage ils nous disent que
ce qui a vraiment de la valeur ce qu'a
vraiment du sens c'est la vie éternelle
c'est ce qu'il y aura après la vie
terrestre et comment est-ce qu'on accède
à cette ville éternelle en se comportant
dans notre vie terrestre en suivant les
principes de dieu c'est à dire en
souvent le principe du bien
donc ici encore on est dans une
conception de la politique qui n'est pas
dissociable de l'idée du bien qui n'est
pas dissociable d'un idéal morales
philosophiques et religieux qui va
constituer pour ainsi dire la clé de
voûte du système politique
donc là je pense que vous voyez
clairement où se situe la rupture dans
la conception politique de machiavel
c'est ce qu'on pourrait appeler une
rupture épistémologique c'est-à-dire un
renversement dans la conception du
gourou renversement de paradigme
un renversement paradigme ça veut dire
qu'on se situe littéralement dans un
autre monde
dans un monde où l'idée du bien n'est
plus quelque chose d'incontournable dans
lequel l'idée du bien n'est qu'une
option parmi d'autres mais dans lequel
en tout cas il ne faut surtout pas faire
de cette idée du bien le socle de la
décision politique
le socle de l'art de gouverner surtout
pas surtout pas parce que c'est une
entreprise vaines
c'est une entreprise qui n'est pas
conforme à la nature humaine et donc
c'est une entreprise qui est vouée à
l'échec c'est une entreprise qui est
voué à l'autodestruction
donc si le but de la politique c'est
d'obtenir et de conserver le pouvoir
on ne peut certainement pas baser
l'action politique sur des bases aussi
fragile que la tendance des hommes à
aller vers le bien que la tendance des
hommes à être vertueux que la tendance
des hommes à suivre les commandements
divins
c'est pas possible c'est pas possible
parce que ça ne marchera pas ça ne
fonctionnera pas donc inutile d'essayer
inutile de s'accrocher à une illusion
c'est ça le réalisme politique de mac la
donne alors ici j'aimerais faire une
petite parenthèse sur le contexte et
notamment sur le contexte historique
c'est à dire on est avec machiavel à la
renaissance
on est plus largement dans ce qu'on
appelle au modernité et la modernité
c'est vraiment le moment où on va
totalement changer de point de vue sur
l'homme
transformer la conception qu'on a de la
nature humaine et se diriger vers ce que
certains ont appelé un pessimisme
anthropologique
le pessimisme anthropologique ça rejoint
ce que je disais tout à l'heure sur la
vision la nature humaine camac label
c'est l'idée qu'on ne peut rien attendre
de l'homme
c'est l'idée que l'homme est d'abord
gouverné par la recherche de son intérêt
égoïste il est gouverné par ses pulsions