VICTOR FERRY - La rhétorique 📏 (2)
effectivement d'être une bonne
gymnastique intellectuelle parce que
faire un éloge paradoxal faire l'éloge
de la guerre de la maladie d'une mouche
d'un moustique ou que sais-je bah ça
nous pousse effectivement dans nos
retranchements à aller contre nos idées
reçues à muscler notre capacité à voir
les choses de différents points de vue
mais une fois qu'on prend la parole en
public en tant qu'orateur ben là on a un
ethos et donc on peut plus se permettre
de défendre une chose et son contraire
et c'était ça que c'était ça que
dénoncer socrates c'était l'idée que
finalement bas il y avait des gens qui
parce qu'ils étaient à l'aise à l'oral
avait la capacité de défendre n'importe
quoi en fonction de là où est leur
intérêt et je pense que là la cohérence
est quelque chose de fondamental et
socrate est d'ailleurs un modèle à cet
égard il aurait pu s'amuser avec la
définition de la justice dira oui mais
votre justice n'est pas la vraie justice
et cetera donc je vais me sauver et
éviter mon jugement non socrates a dit
ben moi j'ai toujours vécu en accord
avec la justice donc que j'accepte votre
jugement donc il nous donne un modèle
2001 de concordance entre la parole et
les actes et ça c'est quelque chose que
je suis que je récupère en plus parce
que ça nous rend bien bien meilleure
dans les débats si on reprend un petit
peu à la base des choses je suis
quelqu'un qui voudrait apprendre à
s'exprimer correctement
publiquement et efficacement parce que
je me sens animé d'une cause que j'ai
envie de porter dans la société un an on
va là on schématise un petit peu le
profil type de celui qui pourrait
vouloir apprendre la rhétorique
qu'est-ce que tu conseillerais à 7
personnes qui voudraient se lancer dans
la rhétorique et qui n'auraient pas
encore le bagage et l'outillage pour
pouvoir s'exprimer publiquement
on travaille sur mon travail sur trois
choses on travaille d'abord sur sa
vision
et donc on peut le faire de façon de
façon très élaborée en suivant le schéma
d'un manifeste donc un blâme de ce qui
ne va pas dans le monde actuel une une
série de mesures et d'étapes
qui permettrait de changer ce statut quo
est une vision une utopie de ce vers
quoi le monde devrait aller ça c'est la
première chose c'est l'écriture d'un
manifeste et le manifeste il faut pas le
prendre comme un texte définitif qui va
qui va tout régler il faut le prendre
plus comme un comme un contrat
avec nous mêmes et revenir régulièrement
à ce manifeste en se disant est ce que
dans cette prise de parole est ce que
dans cette décision je suis en accord
avec cette vision que j'ai couché sur le
papier ça c'est la première chose
clarifier pourquoi est-ce qu'on veut
prendre la parole parce que ça permet
d'éviter cette tendance à se dire ouais
j'ai envie d'être plus respecté il ya
plein de gens qui viennent me voir avec
ça j'ai envie d'être meilleur dans les
débats j'ai envie d'être plus respecté
j'ai envie qu'on m'écoute et ça c'est
c'est pas là c'est pas dans cette
optique qu'il faut commencer la question
c'est qu'est ce que j'ai envie de porter
et le manifeste permet de faire ça une
fois qu'on a fait ça on va travailler
encore sur deux autres choses on va
travailler sur des exercices
des exercices par exemple le disent haut
et logo donc un exercice où on va
prendre une thèse on va aller aussi loin
dans la défense d'une position et
ensuite on va aller aussi loin dans la
défense de la position opposée donc ce
sont des exercices qui permettent de
développer le muscle de l'argumentation
on peut faire aussi des exercices qui
permet de travailler sur le style donc
par exemple on va prendre un classique
on va le lire jusqu'à ce que l'on soit
captivé par l'histoire ensuite on va
fermer le livre et on va essayer
d'écrire la fin du passage comme ça
après on peut comparer nos choix
stylistiques avec les choix de l'auteur
ça permet de travailler sur le sur le
style et outre les exercices on va
travailler des plantes discours et donc
des plantes discours y en a un que
j'aime il y en a un que j'aime beaucoup
qui est un discours que j'appelle le
discours d'intellectuels et donc qu'est
ce que c'est c'est un discours qui part
du principe que le monde évolue plus
vite que les mots qu'on a pour le
décrire et donc ça veut dire que très
souvent on il ya des phénomènes
émergents autour de nous dans notre
domaine et on n'est pas encore capable
de les décrire et donc ce discours part
de ce travail qui consiste à scruter bas
je pas votre travail votre la société
qui est autour de vous à la recherche de
phénomènes émergents et une fois que
vous en avez identifié un
vous créer un concept qui permet de
rendre compte de ce phénomène et ensuite
vous porter un jugement sur ce concept
est ce que c'est quelque chose qui va
dans le sens de ce que je considère
comme ce qui est bon ou est-ce que ça va
dans le sens de ce que je considère
comme mauvais un bon exemple de ça c'est
infobésité en à celui qui a créé le
concept infobésité a rendu un grand
service à tout le monde parce qu'on a
une évolution technologique
l'information en continu qui fait que
les informations au lieu de nous nourrir
intellectuellement nous bourre le crâne
et une fois qu'on a ce concept est bien
ça permet de prendre du recul par
rapport à ce phénomène et de se demander
d'accord qu'est-ce qu'on en fait
j'aimerais quand même juste revenir très
rapidement sur quelque chose que tu as
dit qui m'a tout de suite fait penser à
un philosophe alors évidemment des
formations professionnelles on va peut
parler de philosophie ce que tu dis sur
le langage me fait penser à eagle à deux
titres d'ailleurs première chose c'est
que tu as dit le monde évolue plus vite
que les mots qu'on utilise pour le
décrire et ça ça me fait penser à une
phrase de hegel qui dit que c'est
toujours au au crépuscule que la
chouette de minerve prend son envol il
voulait dire par là que la philosophie
arrive toujours après la réalité arrive
toujours après ce qui a lieu et il ya
une deuxième raison pour laquelle ça me
fait penser à eagle c'est que hegel
disait que le vrai c'est le tout et j'ai
l'impression et là tu vas me dire si
c'est une
une interprétation abusive de ma part
que ce que tu prônes c'est le fait que
tout le monde prenne la parole que tout
le monde s'exprime et que le vrai en en
auto émergera c'est à dire qu'une fois
que tout le monde se sera exprimée est
les choses vont se décanter
naturellement et que c'est comme ça que
finalement la la civilisation avance une
certaine mal apposition d'abord maths ça
en fait à habermas une grande partie de
son oeuvre ça a été de civiliser le
débat public et donc il a il a envisagé
un modèle de conversation où on essayait
d'exclure
d'exclure tout ce qui est intimidations
personnel d'exclure tout ce qu'ils
appellent à l'autorité etc mais il l'a
fait en philosophe il ya un courant de
l'argumentation qui s'appelle la
pragmatique électrique qui est qui a été
lancée par deux chercheurs hollandais
qui s'appelle frank banham et ron et rob
rottendorf donc ils ont créé un courant
qui s'appelle à pragma dialectique et
donc qui est une évolution de la de la
dialectique antique qui essaient de nous
donner des outils concrets qui
permettent de d'avoir des échanges ou en
écartant progressivement tout ce qui
nuit
à la discussion critique on arrive à
faire émerger quelque chose comme une
comme une vérité c'est pas tellement ma
position
je j'aurais tendance à aborder la vérité
plus comme un comme un idéal comme un
idéal individuel donc je me méfie de
l'idée qu'une procédure puisse permettre
de faire émerger la vérité je pense que
la vérité c'est ce qu'on sait ce qu'on
doit chercher quand on est dans la phase
de création d'un discours c'est l'effort
enfin c'est vraiment difficile l'effort
de se dire est ce que je pourrais pas
détruire cette partie de mon discours en
allant chercher des faits qui le défait
qui vont à son encontre pour pouvoir le
reconstruire plus fort donc c'est
quelque chose qu'on doit poursuivre en
tant qu'individus et un idéal éthique et
je me méfie de ceux qui ont trouvé une
méthode qui permettrait de la faire
émerger intéressant ça rejoint quand
même la notion de dialectique qu'on
utilise
par rapport à socrate c'est à dire la
confrontation qui permet de raffermir
nos idées et nos arguments
d'ailleurs petite question amusante à ce
sujet qu'est ce que ça donne de
rhétoriciens ou même deux traiteurs qui
s'affrontent bah c'est pas très
intéressant toute façon en fait c'est
vraiment une chose que j'essaie de que
j'essaie de faire avancer
il faut arrêter de croire que la guerre
des idées se se remporte avec des
petites phrases et des petites saillies
c'est pas ça la guerre des idées on
prend un exemple que je trouve assez
intéressant
les gens qui débattent par exemple avec
je sais pas moi les gens qui débattent
avec besancenot les gens qui débattent
avec des avec des communistes
ne peuvent pratiquement rien faire par
rapport à leurs adversaires alors que
quelqu'un comme raymond aron qui a pris
le temps de s'installer dans un livre
qui s'appelle l'opium des intellectuels
de démonter un à un tous les postulats
sur lesquels repose la vision marxiste
du monde et bah là on a quelque chose
qui est beaucoup plus résistant à
l'épreuve du temps donc je sais qu'on a
tendance à associer ma discipline au
fait de faire des petites phrases qui
font mouche dans les débats mais ça ne
sert à rien si vous voulez si vous
voulez avancer dans le si vous voulez
gagner la guerre des idées
il faut la tactique est moins importante
que la stratégie et la stratégie ça
suppose d'identifier dans la pensée de
vos adversaires les idées qu'ils
considèrent comme les plus solides et de
faire un travail de fond pour pouvoir
pouvoir les réfuter est donc un livre
comme celui qui a écrit raymond aron on
pourrait prendre d'autres auteurs c'est
un livre qui a un impact beaucoup plus
profond que les gens qui ont essayé de
confronter les gens qui portaient cette
idéologie dans les débats
et est ce que tu penses
que dans certains cas la rhétorique ne
sert plus à rien
je vais illustrer sa
parfois on est confronté à des personnes
qui veulent absolument débattre d'un
sujet sur lesquels on a un désaccord est
très souvent pendant que la personne mme
exposé son point de vue je m'en rends
compte à quel point il me faudrait du
temps pour tout reprendre à la base en
gros pour lui expliquer les trente cinq
années qui ont fait que je pense comme
je pense parce que très souvent j'ai
l'impression qu'on confond ce que l'on
pense et comment on pense et parfois ce
que l'on pense découle de comment on
pense mais on veut pas expliquer à
quelqu'un en quelques lignes comment on
pense on peut pas lui faire pour parler
comme spinoza l'historique des causes et
des effets qui nous ont conduit à penser
comme on pense on s'aperçoit qu'il
faudrait presque partir du postulat
initial et un postulat par définition
c'est difficile à démontrer c'est
difficile a approuvé par des arguments
donc ma question pour la résumer c'est
penses tu que il y a une limite de la