Se libérer du regard des autres en 5 minutes | David Laroche | TEDxGEM (1)
Traducteur: Claire Ghyselen Relecteur: eric vautier
Comment pouvons-nous expliquer que certaines personnes osent,
alors que d'autres n'osent pas ?
Comment peut-on expliquer
que par exemple Antoine Griezmann
à qui on a dit qu'il était trop petit pour faire du football,
il a été rejeté par quatre clubs,
puisse obtenir la Coupe du Monde ?
Comment peut-on expliquer qu'une personne comme Charles Aznavour,
ses professeurs de chant lui ont dit qu'il n'avait ni la taille, ni la voix
et qu'il ferait mieux de changer de carrière,
puisse devenir une légende de la chanson ?
Comment peut-on expliquer
que certaines personnes arrivent à dépasser, à transcender la peur
qu'on peut avoir en parlant en public ou la peur liée au regard des autres ?
Une des peurs les plus importantes pour l'être humain,
c'est la peur d'être exclu du cercle social.
La peur d'être rejeté.
Et par conséquent,
vous allez être effrayé à l'idée du jugement ou du regard des autres.
Je me passionne pour cette question depuis 15 ans
et ça m'a amené à faire trois découvertes
qui ont radicalement changé ma manière d'observer, de voir
ce qu'était le regard des autres.
La raison pour laquelle ça me passionne autant,
c'est que j'étais un jeune homme mal dans sa peau,
avec des pensées de suicide,
j'avais du mal à oser lever la main en cours,
à aborder cette fille qui me plaisait,
du mal à être moi-même
et j'arrivais même à faire une excellente performance d'être capable le même soir
d'être précoce et d'avoir une panne.
Ce n'est pas donné à tout le monde, sincèrement.
Du coup, je me suis lancé un défi,
celui de faire plein de choses que je ne connaissais pas
et qui m'effrayaient à cause du regard des autres.
Ça a commencé avec le fait de lever la main en cours.
Mes potes me disaient :
« Tu penses que tu vas arriver à être confiant en levant la main en cours ?
Tout le monde sait faire ça. »
À l'époque, j'étais trop stressé pour pouvoir répondre que oui,
et c'était bien la seule idée que j'avais.
Alors, j'ai levé la main en cours, abordé des centaines d'inconnus,
allé voir ces filles que me plaisait, parlé en public,
je me suis même lancé le défi d'aller dans des boîtes de nuit,
et parler à la première moitié et leur dire bonjour.
Je me suis aperçu que la deuxième moitié de la boîte de nuit,
celle qui arrive après,
elle se dit : « Mais qui c'est ce type à qui tout le monde dit bonjour ? »
Ce qui se passe, vu que tout le monde a peur du regard des autres,
et tout le monde a envie dans les yeux de l'autre de paraître important,
la première moitié de la boîte, en passant à côté de moi, me faisait : « Salut ! »
Des gens me demandaient : « Est-ce que tu es le fils du patron,
une célébrité, qui tu es ? »
Ça m'a fasciné de me dire que quelques détails dans ma communication
et ma manière de respirer pouvait tout changer.
Je me suis dit que j'allais lancer une chaîne Youtube.
Je restais stressé, pas très à l'aise
mais j'ai envie de partager au plus grand nombre
comment faire pour arriver à être plus à l'aise.
Donc, je démarre ma chaîne Youtube.
Je mets plusieurs jours à oser me filmer.
Je mets plusieurs jours à oser mettre ma vidéo sur Youtube en privé.
Et je mets plusieurs jours à oser cliquer sur le bouton publier
parce que je me demande ce qu'on va penser de moi.
Notre cerveau est drôle
car il imagine que la Terre entière va voir ma vidéo sur un milliard de vidéos.
J'ai trois abonnés : moi, mon deuxième compte, ma mère.
(Rires)
Il y a un type qui sort de nulle part,
Youtube a dû embaucher une bande de cousins,
pour entraîner les personnes qui ont du mal avec le regard des autres.
il y a un type qui sort de nulle part
et qui marque : « David, tu ne mérites pas de vivre. »
(Rires) (Applaudissements)
J'en rigole aujourd'hui ; je n'en ai pas rigolé sur le coup.
J'ai continué de faire des vidéos, plusieurs centaines.
Chaque vidéo essaye de faire des choses différentes et nouvelles.
Dans le métro, dehors.
Essayer d'apprendre à devenir un meilleur communiquant.
Un jour, un pote m'appelle.
C'est un fondateur d'un des plus gros incubateurs de start-ups en Europe.
« David, je viens de diffuser une de tes vidéos à toutes mes start-ups. »
Sur le coup, je suis trop content.
Je le remercie : « C'est top la confiance que tu as en moi.
Quelle vidéo tu as choisie ? »
Il me dit : « Une de tes premières. »
Je dis : « Mais pourquoi t'as fait ça ?
Pourquoi une de mes premières ? »
« Je sais ce que je fais.
Je vais attendre quelques semaines et leur donner une de tes dernières. »
« Pourquoi tu fais ça ? »
Il me dit : « Je veux leur montrer que vraiment, tout est possible. »
(Rires)
Et sur le coup, comme vous, je me dis :
« C'est une critique ? Qu'est-ce qu'il veut dire par là ? »
Ça m'a amené à faire trois découvertes qui ont transformé ma vision.
Je vous montre une image de mes premières vidéos.
J'avais testé les T-shirts et je m'étais dit que ça ne marchait pas
à cause du T-shirt.
Je mets un costume et un type me dit
d'arrêter de mettre le costume de mon père.
Ça n'était pas le costume de mon père.
Je ne sais pas pourquoi il a dit ça.
Mais grâce à lui, j'ai changé de costume.
(Rires)
Et je me suis aperçu que je mettais énormément de valeur sur les critiques.
Il y avait toujours des gens qui disaient : « Tu es trop jeune,
tu ne vas pas y arriver, tu ne t'exprimes pas assez bien. »
Je mettais trop d'énergie là-dessus,
trop de poids à ce que les autres pensaient de moi.
Donc j'ai continué et je me suis demandé quel défi me ferait vraiment flipper.
Ancien timide, le plus stressant pour moi, c'était de louer une salle.
Donc j'ai loué une salle de 1 400 personnes.
Et je me suis dit que j'avais un mois pour faire un one man show.
Sachant que j'ai demandé autour de moi
et qu'on m'a dit qu'en un mois c'est impossible de faire un one man show.
Voici la salle, ça a donné ça.
1 400 personnes.
J'étais terrorisé.
Sincèrement, avant de monter sur scène,
je ne suis jamais allé autant de fois aux toilettes en 20 minutes
avant de monter sur scène.
Ça m'a permis d'avoir ma première découverte :
l'entraînement,
le fait de t'entraîner tous les jours à faire des choses non connues,
le fait de te dépasser, le fait de te remettre en question
et pourquoi pas apprendre des critiques car il y a des critiques intéressantes,
je me suis rendu compte que l'entraînement,
ça rend obsolète les critiques.
Plein de gens ont dit un tas de choses sur le fait que je n'y arriverais pas.
Mais quand tu n'es pas concentré sur eux
mais que tu es concentré sur apprendre et faire des choses que tu ne connais pas,
le temps qu'ils aient fini de parler, toi, tu as progressé.
J'aimerais partager cette idée et cette invitation,
à aller faire des choses qui représentent un défi pour soi.
Chacun sa taille.
Aujourd'hui, j'ai le privilège, la chance, de côtoyer, rencontrer, interviewer,
accompagner des personnes qui excellent dans leur domaine,
producteur de films, des sportifs olympiques, des champions du monde,
des entrepreneurs qui génèrent plusieurs dizaines de millions d'euros,
peu importe là où ils en sont,
tous, il y a quelque chose qui nous fait peur lié au regard des autres.
Mon invitation est de dire :
« Qu'est-ce que je peux faire qui me fait vraiment flipper
et qui peut-être va me permettre en plus d'être fier de moi ? »
Être là avec vous me permet de repenser à ce jeune homme que j'étais et de me dire :
« Waouh ! »
Ça me paraissait impossible et ça allait au-delà de ce que j'imaginais
car ça a démarré avec un truc où mes potes se moquaient de moi :
lever la main en cours.
Je suis allé plus loin dans ces défis et je me suis dit :
« OK, qu'est-ce qui me ferait encore plus flipper que le spectacle ? »
Je vais partir aux États-Unis
et je vais annoncer à tout le monde sur ma chaîne Youtube et partout
que je vais interviewer trente Américains considérés comme inaccessibles.
Sachant que quand j'annonce ça, j'ai aucune idée comment faire.
Je me retrouve donc à New York.
Première fois à New York.
Je ne sais pas comment je vais faire
et j'obtiens l'interview avec Seth Godin, une légende du marketing aux États-Unis,
c'est quelqu'un qui a accompagné Yahoo.
À la fin de l'interview, il me dit : « Quand est-ce qu'il est ton train ? »
Sous-entendu, ce serait bien que tu dégages.
(Rires)
Je suis sur le quai du train,
c'est ma première interview de ma vie à New York, aux États-Unis,
et je suis en train de réaliser
que je viens de rater une des interviews les plus importantes de ma vie.
La raison pour laquelle j'ai raté cette interview,
c'est qu'en fait mon anglais est pourri.
(Rires)
Et donc, Seth Godin, il passe aux TED aux États-Unis,
le plus gros TED, à la télé, à la radio,
et il est habitué à raconter des blagues.
Quand il raconte une blague, il a l'habitude que les gens rigolent.
Mais vu mon mauvais anglais,
quand il raconte une blague, je ne comprends pas que c'est une blague
ou je comprends deux minutes plus tard.
C'est la raison pour laquelle mes interviews suivantes,
quand tu les regardes sur ma chaîne Youtube américaine,
tu vois que je rigole dans le doute.
(Rires)
Il y a des moments où je rigole et ça n'a rien à voir,
et c'est pour ça que j'ai des commentaires sur ma chaîne américaine comme ceci,
c'est la traduction :
Super interview du côté de l'interviewé, donc pas moi,
mais si j'entends encore ce Frenchie Boy, c'est une traduction,
pouffer de rire comme une fillette, trois petits points.
Des comme ça, j'en ai des centaines.
Des gens me disent que c'est mieux d'arrêter de parler anglais
car ça leur fait mal aux oreilles.
(Rires)
Des gens me disent que c'était déshonorer les gens que j'interviewais
avec mon anglais de merde.
Alors je me suis lancé d'autres défis : parler par exemple devant 200 personnes
qui étaient les dirigeants de boîtes de S&P500;, c'est comme le CAP40.
À la fin de mon intervention, j'ai quelqu'un qui va voir l'animateur
et qui lui dit : « Pourquoi lui ? »
(Rires)
Sincèrement quoi, pourquoi lui, il y en d'autres excellents.
Et un autre dit à l'animateur : « Tu sais, dans tous les intervenants,
il n'y en a qu'un seul que je retiendrai.
Je n'ai pas tout compris ce qu'il a raconté.
Mais par contre, je pense que notre entreprise
a un peu plus besoin de l'état d'esprit qu'il a eu.
Faire 10 000 km, aller parler une langue qu'il ne connaît pas
devant des personnes qui l'impressionnent,
je pense que si on faisait un peu plus ça dans notre entreprise,
des trucs qui pourraient se passer. »
Alors j'ai commencé à me poser des questions :
suis-je le seul qu'on critique ?
Alors je suis allé sur un site Internet appelé Allociné,
voir ce que les gens pensaient de mon film préféré,
Cinq oscars, deuxième meilleur film au box-office monde l'année de sa sortie.
Quand tu regardes les commentaires les plus mauvais sur Allociné,
il y a des gens qui sont sincères.
Je vous en ai sélectionné trois que j'ai vus aujourd'hui.
Je les ai trouvés magnifiques.
Le premier :
« C'est sans aucun doute un des films les plus ratés de l'histoire du cinéma,
(Rires)
Bref, une daube magistrale. »
C'est mon film préféré.
(Rires)
« Le film est tellement nul qu'il devient une parodie,
les acteurs jouent mal et n'ont aucun charisme. »