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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Épilogue

Épilogue

Quatre ans après

M. Brooke était parti et revenu. L'Amérique était pacifiée. Le mariage s'était fait à l'époque indiquée. Dieu l'avait béni. Les jeunes époux sont heureux. Jo, Beth et Amy croient qu'elles n'ont plus rien à souhaiter sur cette terre ; elles ont un neveu, et quel neveu ! C'est à faire oublier, même à Beth, toutes les poupées. Être tante, n'est-ce pas le comble de la félicité ? Mais tout cela est déjà de l'histoire ancienne, et, arrivé là, j'ai à vous conter une histoire toute nouvelle, mais si étonnante celle-ci, que Jo n'en peut pas revenir.

Croiriez-vous que Laurie, que cet absurde Laurie a voulu l'épouser, comme si c'était bien nécessaire d'être époux quand on est déjà de si bons amis ? Et cela, sous prétexte qu'ayant passé vingt et un ans l'un et l'autre, s'ils ne se mariaient pas, ils courraient risque de rester, elle vieille fille, lui vieux garçon. Jo lui a ri au nez, vous vous en doutez bien, et puis après, elle a tenté de le raisonner. Elle a tâché de lui faire comprendre qu'elle n'était pas faite du tout pour être la femme d'un jeune et beau monsieur aussi riche que lui ; que, d'abord, puisqu'on lui avait répété si souvent que sa vocation à elle eût été d'être un garçon, il était manifeste qu'elle ne pouvait être la femme de personne au monde ; mais qu'en admettant qu'elle dût jamais faire la folie de se marier, elle entendait bien ne se marier que quand elle serait absolument vieille, et qu'alors elle n'épouserait qu'un monsieur qui n'aimerait que la campagne, les forêts, les montagnes, les bords des fleuves, qui aurait une ferme dans laquelle il aurait réuni toutes les bêtes de la création : des vaches superbes, de jolis veaux, beaucoup de moutons avec leurs agneaux, des chèvres pleines d'esprit et même des essaims de très gais petit cochons en bas âge et tout roses ; enfin, par-dessus tout cela, de fiers et beaux chevaux de labour, de vrais paysans et de vraies paysannes.

M. Laurentz, qui assistait à l'entretien, – ce n'est pas Laurie que je veux dire, – avait arrêté Jo à ce point de son discours, et, d'autorité, c'est-à- dire d'un geste qui n'admettait pas de relique, l'avait fait monter dans la grande voiture à trois banquettes, avec sa mère, son père, M. et M me Brooke, Beth et Amy, qui commençaient à devenir de grandes demoiselles. Laurie, lui, avait lestement sauté sur le siège du cocher et s'était emparé des rênes.

C'est tout au plus si l'on avait laissé à Jo le temps de mettre un châle et un chapeau, tant c'était pressé, lui disait-on.

« Où allons-nous ? où allons-nous ? Je veux savoir où l'on me mène ! criait-elle. Je n'ai pas le nez assez long pour qu'on me conduise ainsi par le bout du nez, sans m'instruire du sort qu'on veut me faire.

– Vous le saurez quand nous y serons ; d'ici là, pas de questions, ma belle grande Jo. Vous défiez-vous de moi ? »

C'était toujours M. Laurentz qui parlait.

Au bout d'une heure, on était arrivé, par un chemin admirable, bordé de beaux arbres et de vertes prairies traversant un bois magnifique, à la porte d'une ferme d'où sortaient des régiments de moutons et le plus beau troupeau de vaches dont une jeune fille ait jamais pu rêver.

La ferme était complète ; rien n'y manquait : du fumier, une mare, des poules, des canes, des canards, des oies, et même les essaims de petits cochons propres comme des sous, délurés et joueurs que Jo avait fait figurer sur son programme. Il y avait des attelages de beaux chevaux attelés à des charrues qui entraient d'un grand pas par une vaste porte. Il y avait des meules de foin. On apercevait des granges pleines de gerbes et de fourrages.

« Comment trouvez-vous cela ? lui dit M. Laurentz après l'avoir fait promener partout et présentée au fermier, à la fermière, aux faucheurs, aux ouvriers de labour, aux bêtes et aux gens, à tout le monde.

– Ça, dit Jo, si ce n'était pas commandé par ce joli château qu'on me cache et où il y a des maîtres, je dirais que c'est tout bonnement splendide, que c'est le rêve des rêves, et qu'on donnerait je ne sais quoi pour être à tout jamais la fermière d'une ferme comme celle-là.

– Eh bien ! lui dit M. Laurentz, rien n'est plus facile, et il n'y a pour cela qu'une petite chose à faire, fermière Jo, c'est de mettre votre main, votre jolie main dans la main du fermier Laurie, pour qu'elle y reste à tout jamais.

– Quoi ! s'écria Jo avec une indignation qui ne laissait pas d'être comique, quoi ! vous aussi, monsieur Laurentz ! Mais tout le monde est donc fou ! fou ! fou ! autour de moi. Ce grand garçon, – et elle montrait Laurie, – a-t-il mordu l'espèce humaine tout entière, excepté moi ? »

Beth s'avança vers Jo.

« Moi-même, dit-elle à Jo, j'ai donné mon consentement. Vous ne refuserez pas le vôtre à votre fidèle Laurie. Songez donc, Jo, que c'est pour vous, pour vous seule que, depuis trois ans, il s'est fait agriculteur, presque paysan, et qu'il a complètement changé de goûts et de vie ? Trois ans, c'est une épreuve, cela !

– Et songez aussi, reprit Amy, que le bois de là-bas, que nous avons traversé, dépend de la ferme, et que, pour mes paysages, bois, prés, forêts, eaux vives, étangs, bêtes à cornes et autres, j'aurais tout sous la main.

– Ma foi, dit Jo, tout cela est si impossible, si peu explicable, et peut-être si peu raisonnable, que, que... eh bien ! Oui, que je l'accepte ! Aussi bien mes cheveux ont tant repoussé depuis tantôt cinq ans, qu'il faut croire que je suis peut-être une femme après tout. Mais, si cela tourne mal, vous en aurez seul la responsabilité, monsieur Laurentz. – Oui, j'accepte, dit-elle au radieux Laurie en posant solennellement la main sur son épaule, comme pour prendre, par ce geste imposant, possession de tout son être, oui j'accepte... toutefois j'y mets une condition : c'est que les grands-parents demeureront, pour de bon, tous les trois avec les deux jeunes personnes, dans le trop joli château, mais que monsieur mon mari et moi nous habiterons la ferme. Il veut être le mari d'une fermière, eh bien, fermier il sera, et « pas pour rire ».

– C'est entendu ! répondirent les grands- parents tout d'une voix.

– C'est promis, répondit Laurie.

– Ah ! quel Laurie vous faites ! s'écria Jo. Vous m'avez fait faire bien des folies, mon ami. Pourvu que celle-ci soit la dernière.

– Rappelez-vous, Jo, ce que je vous disais le jour des fiançailles de Meg : « Laurie ne peut pas se passer de Jo. » Depuis quatre ans, ma conviction a eu le temps de se faire, je suppose. Soyez tranquille, Laurie tiendra toutes ses paroles à son indispensable Jo. »

Si nous relevions le voile trois ou quatre ans plus tard encore, nous verrions d'autres mariages assurément. Amy et Beth ont eu leur tour. Dans ce pays extraordinaire, où les demoiselles sont épousées pour leurs mérites et non pour leurs dots, les amis de Laurie n'ont pas été assez mal avisés pour laisser coiffer sainte Catherine à deux filles à la fois si charmantes et si sages.

Mais c'est assez de deux heureux mariages pour finir gaiement une histoire qui a eu ses heures sombres. Nos lecteurs ont de l'imagination, qu'ils rêvent le reste.

Quant au premier père de ce livre, qu'il pardonne à son père adoptif en France de l'avoir conduit, quelquefois, où peut-être il ne voulait pas qu'il allât. Si Américain qu'on soit, si épris qu'on puisse être de son indépendance, pas plus qu'un être humain un livre ne voyage impunément. Du moment où les circonstances vous ont amené à habiter un autre pays que celui où l'on est né, il faut se résigner, si l'on veut s'y faire accepter, à sacrifier quelque chose aux goûts et aux moeurs de ce pays nouveau, et ce n'est qu'à la condition d'en prendre et d'en garder quelque chose qu'on parvient à s'y acclimater. Ce que je tiens à affirmer, c'est que jamais enfant adoptifs n'ont été traités avec plus d'amour que les Quatre Filles du Docteur Marsch par celui qui les présente aujourd'hui au public français. Il n'est certes aucune de ses oeuvres personnelles à laquelle il ait donné plus de soins et qu'il ait entourée de plus de sollicitude.

Cet ouvrage est le 963e publié dans la collection À tous les vents par la Bibliothèque électronique du Québec. La Bibliothèque électronique du Québec est la propriété exclusive de Jean-Yves Dupuis.

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Épilogue Epilog Epilogue Epilogo Epiloog

Quatre ans après Four years on

M. Brooke était parti et revenu. Mr. Brooke had left and returned. L'Amérique était pacifiée. America was pacified. Le mariage s'était fait à l'époque indiquée. The wedding took place at the time indicated. Dieu l'avait béni. God had blessed him. Les jeunes époux sont heureux. The newlyweds are happy. Jo, Beth et Amy croient qu'elles n'ont plus rien à souhaiter sur cette terre ; elles ont un neveu, et quel neveu ! Jo, Beth and Amy believe they have nothing left to wish for on this earth; they have a nephew, and what a nephew! Jo, Beth y Amy creen que ya no tienen nada que desear en esta tierra; tienen un sobrino, ¡y qué sobrino! C'est à faire oublier, même à Beth, toutes les poupées. It's enough to make even Beth forget all the dolls. Être tante, n'est-ce pas le comble de la félicité ? Isn't being an aunt the height of bliss? Mais tout cela est déjà de l'histoire ancienne, et, arrivé là, j'ai à vous conter une histoire toute nouvelle, mais si étonnante celle-ci, que Jo n'en peut pas revenir. But that's all in the past, and now I have to tell you a brand-new story, one so astonishing that Jo can't come back from it. Pero eso ya es historia antigua, y cuando llegue allí tendré una nueva historia que contarte, una tan asombrosa que Jo no podrá creérsela.

Croiriez-vous que Laurie, que cet absurde Laurie a voulu l'épouser, comme si c'était bien nécessaire d'être époux quand on est déjà de si bons amis ? Would you believe that Laurie, that absurd Laurie, wanted to marry him, as if it were necessary to be a husband when we're already such good friends? ¿Creerías que Laurie, esa absurda Laurie, quería casarse con él, como si fuera necesario ser marido cuando ya son tan buenos amigos? Et cela, sous prétexte qu'ayant passé vingt et un ans l'un et l'autre, s'ils ne se mariaient pas, ils courraient risque de rester, elle vieille fille, lui vieux garçon. And this on the pretext that, having passed the age of twenty-one, if they didn't get married, they would run the risk of remaining, she an old maid, he an old bachelor. Y esto con el pretexto de que, habiendo superado ambos la edad de veintiún años, si no se casaban, correrían el riesgo de quedarse, ella solterona, él solterón. Jo lui a ri au nez, vous vous en doutez bien, et puis après, elle a tenté de le raisonner. Jo laughed in his face, as you can imagine, and then tried to reason with him. Elle a tâché de lui faire comprendre qu'elle n'était pas faite du tout pour être la femme d'un jeune et beau monsieur aussi riche que lui ; que, d'abord, puisqu'on lui avait répété si souvent que sa vocation à elle eût été d'être un garçon, il était manifeste qu'elle ne pouvait être la femme de personne au monde ; mais qu'en admettant qu'elle dût jamais faire la folie de se marier, elle entendait bien ne se marier que quand elle serait absolument vieille, et qu'alors elle n'épouserait qu'un monsieur qui n'aimerait que la campagne, les forêts, les montagnes, les bords des fleuves, qui aurait une ferme dans laquelle il aurait réuni toutes les bêtes de la création : des vaches superbes, de jolis veaux, beaucoup de moutons avec leurs agneaux, des chèvres pleines d'esprit et même des essaims de très gais petit cochons en bas âge et tout roses ; enfin, par-dessus tout cela, de fiers et beaux chevaux de labour, de vrais paysans et de vraies paysannes. She tried to make him understand that she wasn't at all cut out to be the wife of a young, handsome gentleman as rich as he was; that, first of all, since she'd been told so often that her vocation was to be a boy, it was obvious that she couldn't be the wife of anyone in the world ; But even if she were ever to do the foolish thing of marrying, she intended not to do so until she was absolutely old, and then she would only marry a gentleman who loved nothing but the countryside, forests, mountains and riverbanks, who had a farm on which he had gathered all the beasts of creation: superb cows, pretty calves, lots of sheep with their lambs, witty goats and even swarms of cheerful pink piglets; finally, on top of all that, proud and beautiful plough horses, real farmers and real peasants.

M. Laurentz, qui assistait à l'entretien, – ce n'est pas Laurie que je veux dire, – avait arrêté Jo à ce point de son discours, et, d'autorité, c'est-à- dire d'un geste qui n'admettait pas de relique, l'avait fait monter dans la grande voiture à trois banquettes, avec sa mère, son père, M. et M me Brooke, Beth et Amy, qui commençaient à devenir de grandes demoiselles. Mr. Laurentz, who was present at the interview - it's not Laurie I mean - had stopped Jo at this point in his speech, and with authority, that is to say with a gesture that admitted no relics, had made her get into the big three-seat carriage, with her mother, her father, Mr. and Mrs. Brooke, Beth and Amy, who were starting to become big ladies. Laurie, lui, avait lestement sauté sur le siège du cocher et s'était emparé des rênes. Laurie had jumped into the coachman's seat and grabbed the reins.

C'est tout au plus si l'on avait laissé à Jo le temps de mettre un châle et un chapeau, tant c'était pressé, lui disait-on. Jo was told that it was all the more urgent that she be given time to put on a shawl and hat. Como mucho, si a Jo le hubiera dado tiempo a ponerse un chal y un sombrero, ya que tenía mucha prisa, según le dijeron.

« Où allons-nous ? "Where are we going? où allons-nous ? Je veux savoir où l'on me mène ! I want to know where I'm being led! Quiero saber adónde me llevan. criait-elle. Je n'ai pas le nez assez long pour qu'on me conduise ainsi par le bout du nez, sans m'instruire du sort qu'on veut me faire. My nose isn't long enough to be led around by the nose, without being told what to do.

– Vous le saurez quand nous y serons ; d'ici là, pas de questions, ma belle grande Jo. - You'll know when we get there; until then, no questions asked, my beautiful big Jo. Vous défiez-vous de moi ? Are you challenging me? »

C'était toujours M. Laurentz qui parlait.

Au bout d'une heure, on était arrivé, par un chemin admirable, bordé de beaux arbres et de vertes prairies traversant un bois magnifique, à la porte d'une ferme d'où sortaient des régiments de moutons et le plus beau troupeau de vaches dont une jeune fille ait jamais pu rêver. After an hour, we'd arrived at a farm gate along an admirable path, lined with beautiful trees and green meadows, through a magnificent wood, from which came regiments of sheep and the most beautiful herd of cows a young girl could ever dream of.

La ferme était complète ; rien n'y manquait : du fumier, une mare, des poules, des canes, des canards, des oies, et même les essaims de petits cochons propres comme des sous, délurés et joueurs que Jo avait fait figurer sur son programme. The farm was complete; nothing was missing: manure, a pond, chickens, ducks, geese, and even the swarms of clean-cut, playful little pigs Jo had included in his program. La granja estaba completa; no faltaba nada: estiércol, un estanque, gallinas, patos, gansos e incluso los enjambres de cerditos limpios y juguetones que Jo había incluido en su programa. Il y avait des attelages de beaux chevaux attelés à des charrues qui entraient d'un grand pas par une vaste porte. There were carriages of beautiful horses harnessed to ploughs, which entered at a great stride through a vast gate. Il y avait des meules de foin. There were haystacks. Había pajares. On apercevait des granges pleines de gerbes et de fourrages. We could see barns full of sheaves and fodder. Podíamos ver graneros llenos de gavillas y forraje.

« Comment trouvez-vous cela ? "How do you like that? lui dit M. Laurentz après l'avoir fait promener partout et présentée au fermier, à la fermière, aux faucheurs, aux ouvriers de labour, aux bêtes et aux gens, à tout le monde. said Mr. Laurentz, after walking her around and introducing her to the farmer, the farmer's wife, the reapers, the ploughmen, the beasts and the people, everyone.

– Ça, dit Jo, si ce n'était pas commandé par ce joli château qu'on me cache et où il y a des maîtres, je dirais que c'est tout bonnement splendide, que c'est le rêve des rêves, et qu'on donnerait je ne sais quoi pour être à tout jamais la fermière d'une ferme comme celle-là. - That," says Jo, "if it weren't for this lovely castle they're hiding from me, where there are masters, I'd say it was simply splendid, the dream of dreams, and I'd give anything to be the farm girl of a farm like that forever.

– Eh bien ! - Well, well, well! lui dit M. Laurentz, rien n'est plus facile, et il n'y a pour cela qu'une petite chose à faire, fermière Jo, c'est de mettre votre main, votre jolie main dans la main du fermier Laurie, pour qu'elle y reste à tout jamais. said Mr. Laurentz, nothing could be easier, and there's only one little thing to do, Farmer Jo, and that's to put your hand, your pretty hand, in Farmer Laurie's hand, so that it stays there forever.

– Quoi ! - What! s'écria Jo avec une indignation qui ne laissait pas d'être comique, quoi ! exclaimed Jo with an indignation that never failed to be comical, what! vous aussi, monsieur Laurentz ! you too, Monsieur Laurentz! Mais tout le monde est donc fou ! Everyone's crazy! fou ! crazy! fou ! crazy! autour de moi. around me. Ce grand garçon, – et elle montrait Laurie, – a-t-il mordu l'espèce humaine tout entière, excepté moi ? This big boy," and she pointed at Laurie, "has he bitten the whole human race, except me? Este grandullón -señaló a Laurie-, ¿ha mordido a todos menos a mí? »

Beth s'avança vers Jo. Beth moved toward Jo.

« Moi-même, dit-elle à Jo, j'ai donné mon consentement. "I myself," she said to Jo, "have given my consent. Vous ne refuserez pas le vôtre à votre fidèle Laurie. You won't deny your faithful Laurie yours. Songez donc, Jo, que c'est pour vous, pour vous seule que, depuis trois ans, il s'est fait agriculteur, presque paysan, et qu'il a complètement changé de goûts et de vie ? Just think, Jo, that it's for you, for you alone, that in the last three years he's become a farmer, almost a peasant, and that he's completely changed his tastes and his life? Trois ans, c'est une épreuve, cela ! Three years is quite an ordeal!

– Et songez aussi, reprit Amy, que le bois de là-bas, que nous avons traversé, dépend de la ferme, et que, pour mes paysages, bois, prés, forêts, eaux vives, étangs, bêtes à cornes et autres, j'aurais tout sous la main. - And consider, too," Amy continued, "that the woods over there, which we've passed through, depend on the farm, and that for my landscapes, woods, meadows, forests, whitewater, ponds, horned beasts and the like, I'd have everything at hand.

– Ma foi, dit Jo, tout cela est si impossible, si peu explicable, et peut-être si peu raisonnable, que, que... eh bien ! - Well," says Jo, "it's all so impossible, so inexplicable, and perhaps so unreasonable, that... well! Oui, que je l'accepte ! Yes, that I accept! Aussi bien mes cheveux ont tant repoussé depuis tantôt cinq ans, qu'il faut croire que je suis peut-être une femme après tout. My hair has grown back so much in the last five years, I guess I might be a woman after all. Mais, si cela tourne mal, vous en aurez seul la responsabilité, monsieur Laurentz. But if anything goes wrong, you'll be solely responsible, Mr. Laurentz. – Oui, j'accepte, dit-elle au radieux Laurie en posant solennellement la main sur son épaule, comme pour prendre, par ce geste imposant, possession de tout son être, oui j'accepte... toutefois j'y mets une condition : c'est que les grands-parents demeureront, pour de bon, tous les trois avec les deux jeunes personnes, dans le trop joli château, mais que monsieur mon mari et moi nous habiterons la ferme. - Yes, I accept," she said to the radiant Laurie, placing her hand solemnly on his shoulder, as if to take possession of his whole being with this imposing gesture, "yes, I accept... but on one condition: the grandparents will live, for good, all three of them with the two young people, in the too pretty château, but my husband and I will live on the farm. - Sí, acepto -dijo al radiante Laurie, poniéndole solemnemente la mano en el hombro, como si quisiera apoderarse de todo su ser con ese imponente gesto-, sí, acepto... pero tengo una condición: los abuelos vivirán para siempre, los tres con los dos jóvenes, en el castillo demasiado bonito, pero mi marido y yo viviremos en la granja. Il veut être le mari d'une fermière, eh bien, fermier il sera, et « pas pour rire ». He wants to be a farmer's husband, well, he'll be a farmer, and "not in jest".

– C'est entendu ! - You've got it! répondirent les grands- parents tout d'une voix. replied the grandparents in one voice.

– C'est promis, répondit Laurie. - I promise," Laurie replied.

– Ah ! quel Laurie vous faites ! What a Laurie you are! s'écria Jo. Jo exclaimed. Vous m'avez fait faire bien des folies, mon ami. You've made me do a lot of foolish things, my friend. Pourvu que celle-ci soit la dernière. Let's hope this is the last one.

– Rappelez-vous, Jo, ce que je vous disais le jour des fiançailles de Meg : « Laurie ne peut pas se passer de Jo. - Remember, Jo, what I told you on the day of Meg's engagement: "Laurie can't do without Jo. - Recuerda, Jo, lo que te dije el día del compromiso de Meg: "Laurie no puede prescindir de Jo". » Depuis quatre ans, ma conviction a eu le temps de se faire, je suppose. "Over the past four years, my conviction has had time to develop, I suppose. Soyez tranquille, Laurie tiendra toutes ses paroles à son indispensable Jo. Rest assured, Laurie will keep her word to her indispensable Jo. Ten por seguro que Laurie cumplirá su palabra con su imprescindible Jo. »

Si nous relevions le voile trois ou quatre ans plus tard encore, nous verrions d'autres mariages assurément. If we lifted the veil three or four years later, we'd certainly see other marriages. Amy et Beth ont eu leur tour. Amy and Beth had their turn. Dans ce pays extraordinaire, où les demoiselles sont épousées pour leurs mérites et non pour leurs dots, les amis de Laurie n'ont pas été assez mal avisés pour laisser coiffer sainte Catherine à deux filles à la fois si charmantes et si sages. In this extraordinary country, where damsels are married for their merits and not for their dowries, Laurie's friends weren't unwise enough to let two girls, so charming and so wise, wear St. Catherine's hair.

Mais c'est assez de deux heureux mariages pour finir gaiement une histoire qui a eu ses heures sombres. But that's enough of two happy marriages to cheerfully end a story that has had its dark hours. Nos lecteurs ont de l'imagination, qu'ils rêvent le reste. Our readers have imagination, let them dream the rest.

Quant au premier père de ce livre, qu'il pardonne à son père adoptif en France de l'avoir conduit, quelquefois, où peut-être il ne voulait pas qu'il allât. As for the first father of this book, may he forgive his adoptive father in France for having led him, at times, where perhaps he did not want him to go. En cuanto al primer padre de este libro, que perdone a su padre adoptivo en Francia por haberle llevado, a veces, adonde quizá no quería que fuera. Si Américain qu'on soit, si épris qu'on puisse être de son indépendance, pas plus qu'un être humain un livre ne voyage impunément. No matter how American one may be, no matter how much one may love one's independence, a book does not travel with impunity any more than a human being. Por muy estadounidense que seas, por mucho que ames tu independencia, un libro no viaja impunemente como tampoco lo hace un ser humano. Du moment où les circonstances vous ont amené à habiter un autre pays que celui où l'on est né, il faut se résigner, si l'on veut s'y faire accepter, à sacrifier quelque chose aux goûts et aux moeurs de ce pays nouveau, et ce n'est qu'à la condition d'en prendre et d'en garder quelque chose qu'on parvient à s'y acclimater. As soon as circumstances lead you to live in a country other than the one in which you were born, you have to resign yourself, if you want to be accepted there, to sacrificing something to the tastes and customs of this new country, and it's only on the condition of taking and keeping something of it that you manage to acclimatize. En cuanto las circunstancias te llevan a vivir en un país distinto del que naciste, tienes que resignarte, si quieres que te acepten allí, a sacrificar algo a los gustos y costumbres de este nuevo país, y sólo a condición de tomar algo de él y conservarlo consigues aclimatarte. Ce que je tiens à affirmer, c'est que jamais enfant adoptifs n'ont été traités avec plus d'amour que les Quatre Filles du Docteur Marsch par celui qui les présente aujourd'hui au public français. What I do want to say is that never have adopted children been treated with more love than The Four Daughters of Doctor Marsch by the man who is presenting them to the French public today. Il n'est certes aucune de ses oeuvres personnelles à laquelle il ait donné plus de soins et qu'il ait entourée de plus de sollicitude. There is certainly none of his personal works to which he has given more care and which he has surrounded with more solicitude. No hay ciertamente ninguna de sus obras personales a la que haya dedicado más cuidado y que haya rodeado de más solicitud.

Cet ouvrage est le 963e publié dans la collection À tous les vents par la Bibliothèque électronique du Québec. This book is the 963rd to be published in the À tous les vents collection by the Bibliothèque électronique du Québec. La Bibliothèque électronique du Québec est la propriété exclusive de Jean-Yves Dupuis. The Quebec Electronic Library is the exclusive property of Jean-Yves Dupuis.