(2) Mort de Nahel : le pouvoir craint l'embrasement général - YouTube
Ce sont des mots d'affection, de peine partagée.
Des images extrêmement choquantes.
Notre détermination à ce que toute la vérité soit faite.
Je demande solennellement de décréter l'état d'urgence.
Est-ce qu'un refus d'obtempérer justifie de tirer à bout portant ?
La mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre mardi.
C'est le sommaire, un peu bousculé, de ce numéro 46 du Bourbon de Serge.
Est-il encore possible d'arrêter la spirale de la violence ?
De faire que la justice s'applique dans toute sa rigueur
sans que le pays bascule dans l'engrenage de l'émeute et de la répression.
Comme en 2005, quand deux adolescents, poursuivis par la police
étaient morts électrocutés à Clichy-Sous-Bois.
Trois semaines d'émeutes avaient suivi le drame.
Ce jeudi après-midi, à Nanterre, à proximité de la cité Pablo Picasso,
une marche blanche rendait un dernier hommage au jeune Nahel,
tué mardi par un policier motocycliste.
Justice pour Nahel !
Justice pour Nahel !
Justice pour Nahel !
Justice pour Nahel !
Tout le monde déteste la police !
Tout le monde déteste la police !
Police assassin !
Police assassin !
À l'issue de sa garde à vue,
le policier, auteur du coup de feu, a été présenté à deux juges d'instruction
en vue de sa mise en examen pour homicide volontaire.
Il est placé en détention provisoire.
Mardi soir, Nanterre a connu une première nuit d'émeute.
Celle d'hier, la seconde, a été nettement plus violente.
Comme en témoignent ces images tournées au petit matin.
Voitures brûlées, ébauche de barricades, asphalte fondu,
étuis et palets de grenade lacrymogène…
Autant de témoignages qui montrent que l'appel au calme du maire de Nanterre,
Patrick Jarry, est resté vain.
Selon la préfecture de police de Paris, les forces de l'ordre ont interpellé 87 personnes
dans la capitale et les départements de la petite couronne.
14 policiers ont été blessés.
Pourtant, l'exécutif s'est montré à la hauteur.
Une fois n'est pas coutume.
Il a tout de suite perçu le caractère dévastateur de la vidéo
sur laquelle on voit le fonctionnaire de police tirer sur l'adolescent.
Comment ce tir que rien ne semble justifier
n'aurait-il pas provoqué l'indignation générale ?
Comment, dans un contexte croissant de dénonciation des violences policières,
cet homicide en direct ou presque,
n'aurait pas été ressenti comme la dérive de trop.
Le principe de réalité s'est imposé.
Voilà pourquoi, hier, le chef de l'État a lui-même pris la parole.
Témoignant d'une empathie inconnue chez lui.
Ce sont des mots d'affection, de peine partagée,
de soutien à sa famille et à ses proches.
Ensuite, la justice a été immédiatement saisie,
je souhaite qu'elle fasse son travail avec, évidemment, célérité.
Il faut le calme pour que la justice se fasse.
Et il faut du calme partout parce que nous n'avons pas besoin d'avoir, en effet,
un embrasement, une situation qui viendrait se dégrader.
Il aura donc fallu six ans pour qu'Emmanuel Macron
s'exprime comme un président doit le faire en pareille circonstance.
Mieux vaut tard que jamais.
Et ce n'est pas la seule surprise de la séquence.
La veille, à l'Assemblée nationale, Gérald Darmanin s'est montré irréprochable
dans ses habits neufs de ministre de la République.
Ce matin en effet à Nanterre,
deux motards de la DEPC, de la préfecture de police
ont procédé à un contrôle.
Nous ne connaissons pas, sauf les images extrêmement choquantes
que j'ai vues personnellement comme beaucoup de Français,
les conditions exactes puisque les policiers en ce moment sont auditionnés
par les services de la justice.
Deux enquêtes ont été confiées à l'IGPN.
Et évidemment je veux aussi dire que c'est un drame,
que ce jeune conducteur de 17 ans soit mort des suites de ce contrôle manifestement.
Je veux moi aussi
comme le maire de Nanterre que j'ai eu au téléphone en début d'après-midi
dont je salue aussi les paroles républicaines qu'il a portées médiatiquement,
avoir le plus rapidement, pour la famille de ce jeune,
pour la ville de Nanterre mais aussi pour la Police nationale et pour ses policiers,
les résultats de cette enquête en respectant évidemment les procédures judiciaires.
Je veux aussi vous dire ici
que je suis très attaché à la protection de l'innocence des accusés
et notamment de celui qui a tiré qui est policier,
qui aura à rendre compte devant son administration et devant la justice de ses actes.
Mais je ne suis pas juge,
je ne suis pas procureur de la République, madame,
et je veux aussi être attentif à la présomption d'innocence des fonctionnaires de police.
La terne Élisabeth Borne a elle aussi laissé percer une émotion.
La Première ministre a condamné sans appel le meurtre du jeune conducteur.
Un jeune homme de 17 ans a été tué.
C'est un terrible drame.
Et je veux commencer par dire ma profonde émotion
et adresser mes condoléances à sa famille, à ses proches et à son quartier.
Le président de la République a eu l'occasion de le dire ce matin :
c'est la nation toute entière qui est touchée par ce drame.
Je me suis entretenue tout à l'heure avec le maire de Nanterre, Patrick Jarry.
Je lui ai dit mon soutien, celui de mon gouvernement
et j'ai partagé avec lui notre détermination à ce que toute la vérité soit faite.
Aujourd'hui, il y a un choc, un deuil, une colère.
Les images choquantes diffusées hier
montrent une intervention qui ne semble manifestement pas conforme
aux règles d'engagement de nos forces de l'ordre.
La justice devra établir les faits.
Elle a été saisie, elle a commencé son travail.
Un policier est en garde à vue.
Quelle est la part de sincérité dans ces postures ?
Chacun appréciera.
Mais en témoignant leur sympathie pour la victime
et en reconnaissant de facto la faute du policier,
le chef de l'État et le gouvernement se sont mis à dos le parti de l'ordre :
la droite et l'extrême droite.
Ce matin, Éric Ciotti réclamait des mesures d'exception pour enrayer les émeutes.
Je demande solennellement au président de la République et au gouvernement
de décréter l'état d'urgence sans délai,
sur la base de la loi du 3 avril 1955.
Cette loi peut concerner l'ensemble du territoire
ou elle ne peut concerner que des parties de ce territoire.
Je propose qu'elle soit appliquée dans les quartiers
qui, la nuit dernière, ont fait l'objet des plus graves violences
et des exactions les plus condamnables.
La veille, Marine Le Pen avait dénoncé les propos du président :
Les propos tenus par le président de la République sont très excessifs
et je trouve irresponsables.
Est-ce que l'acte est inexcusable ? Est-ce qu'il est inexplicable ?
C'est à la justice de répondre.
Une ligne de fracture qui était déjà perceptible, mardi, à l'Assemblée.
D'un côté, ceux qui placent l'exigence de justice avant la défense des forces de l'ordre.
De l'autre, ceux qui font le choix inverse.
Ainsi Mathieu Lefèvre, député Renaissance et ancien collaborateur de Gérald Darmanin.
Je ne crois pas qu'il y ait des problèmes de doctrine,
et encore une fois les émotions quand on a quelqu'un qui refuse d'obtempérer,
elles peuvent aussi venir très vite.
Vous savez, la justice ne se rend pas sur la base d'une vidéo de trente secondes.
Ce n'est pas ce qu'il s'est passé.
On ne s'est pas… aussi parfois peut-être,
mais on verra très bien ce qu'il se passera dans l'enquête administrative
et dans l'enquête judiciaire.
Moi je ne connais pas un cas dans lequel il y a des policiers
qui ont eu un comportement qui était un comportement erroné
où ils n'aient pas été sanctionnés.
Ils sont toujours sanctionnés.
Ce que je reproche c'est ce discours qui consiste à dire :
“Tout est de la faute des policiers”.
Pardon. Je ne dis pas que c'est vous,
mais j'ai vu ça dans les tweets de gauche et d'extrême gauche.
Le premier problème c'est d'abord le refus d'obtempérer.
Moi quand on me demande de m'arrêter, je m'arrête.
Sébastien Jumel lui répond.
Est-ce qu'un refus d'obtempérer justifie de tirer à bout portant ?
Est-ce qu'un défaut de permis de conduire,
peut-être qui aurait été le motif de la fuite,
justifie l'utilisation d'une arme ?
Est-ce que les policiers, dont la tâche est difficile,
ont des arguments pour considérer qu'ils étaient menacés ou non ?
Tout cela devra être évidemment interrogé, enquêté.
Mais la première des réactions c'est la sidération.
Vous me montrez les images, je les découvre en même temps que vous m'interrogez.
Sidération, et puis quand même je me dis : notre société est bien malade.
Il y a vraiment urgence à réconcilier la République avec elle-même.
Peut-être même les forces de l'ordre avec les citoyens eux-mêmes,
quel que soit où ils habitent.
Jean-Philippe Tanguy, porte-parole du Rassemblement national,
estime que les forces de l'ordre doivent bénéficier d'une présomption de confiance.
On ne sait pas qu'est ce qu'il s'est passé avant ces images,
qu'est ce qu'ils se disent dans la voiture,
est-ce que la personne dans la voiture avait quelque chose,
qu'est ce qu'il s'est passé après…
Pour moi il y a une présomption de confiance dans les forces de l'ordre de la République
et s'il y a eu un accident, une erreur humaine ou quelque chose d'inacceptable,
l'enquête le prouvera.
Je ne vois pas en quoi
comme le fait toujours la gauche mettre de l'huile sur le feu,
accuser les forces de l'ordre sans élément de preuve,
permet de rendre justice ni à nos institutions, ni à la famille de la victime,
s'il devait y avoir une enquête.
Que les femmes et les hommes politiques apprennent la retenue
et attendent de savoir ce qu'il en est en tout cas.
On ne rend pas la justice sur la base d'une vidéo d'Iphone.
Manuel Bompard, le numéro deux de la France insoumise,
souligne que sans la vidéo, la version policière des faits aurait été toute autre.
Bien évidemment, une vidéo ça ne dit pas tout d'une scène.
Ce que j'observe, et c'est la raison pour laquelle nous avons réagi pour notre part,
c'est que dès ce matin dans les articles qui évoquaient ce triste événement,
les sources policières qui étaient citées donnaient une vision des choses
qui étaient manifestement une vision des choses mensongères.
Et à partir de ce moment-là
on se rend bien compte qu'il y a de climat d'omerta permanent,
où quand il y a une situation de cette nature
il y a une tentative de l'institution de en permanence protéger les policiers.
Et en l'occurrence, bien évidemment tous les policiers ne font pas ça
mais quand il y a des policiers qui ne respectent pas la loi
et la doctrine qui est définie d'usage de la force,
il faut qu'ils soient sanctionnés.
Et donc il ne faut pas que l'institution policière les protège.
Je pense que c'est aussi la raison pour laquelle
il y a eu un certain nombre de réactions indignées ce matin.
Jeudi soir 40 000 policiers et gendarmes seront déployés dans tout le pays
pour prévenir les violences.
Dont 5 000 affectés à la surveillance de Paris et de la petite couronne.
Ces effectifs ont pour consigne de ne pas céder aux provocations,
mais de procéder à des interpellations.
Gérald Darmanin supervisera les opérations.
Si les forces de l'ordre ont la main trop lourde,
c'est l'ensemble des banlieues françaises qui basculeront dans la violence.
Si, à l'inverse, elles se montrent trop discrètes,
c'est la droite et l'extrême droite qui donneront de la voix.
Pris en tenaille entre l'exigence de justice
et l'aspiration non moins légitime au rétablissement de l'ordre,
le président et le gouvernement jouent les funambules.
Combien de temps conserveront-ils cet équilibre instable ?
Demain ou après-demain, on sera fixé.
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