Macron en tournée : c'est le fiasco
Pardon. Ils chantaient des chants montagnards.
“Est-ce que vous chanteriez avec nous ?”
C'est pas des casseroles qui feront avancer la France.
Travail, ordre, progrès.
Il n'a aucune envie de voir que des personnes peuvent en bénéficier,
le renvoyer au Maghreb ou ailleurs.
Emmanuel Macron qui se fait secouer,
le gouvernement qui ressort l'épouvantail des fraudeurs immigrés
et une proposition de loi qui veut rétablir le départ en retraite à 62 ans.
C'est le sommaire du numéro 24 de Pol'Express.
Après le vide intersidéral de l'allocution de lundi,
place maintenant à la séquence reconquête du pays.
Emmanuel Macron veut multiplier les rencontres avec les Français.
Sous bonne escorte.
Pas moins de 600 CRS ont été mobilisés, aujourd'hui,
pour son déplacement à Ganges, dans l'Hérault,
et pas mal de gendarmes comme le montrent ces images
tournées par Montpellier Poing Info.
La ville ne compte pourtant que 4 000 habitants.
À la différence de la séquence du grand débat, après les Gilets jaunes,
le bateleur de l'Élysée ne fait plus illusion.
Les maladresses s'enchaînent.
Au point que les Français qui s'intéressent encore à ces tribulations
ont l'impression d'évoluer tout à coup dans un monde parallèle.
Ainsi la première sortie présidentielle dans les rues de la capitale,
juste après l'allocution télévisée.
Le président a trouvé le moyen de pousser la chansonnette avec des identitaires.
Il y a des millions de gens qui chantent dans ce pays.
Mais non, il fallait que le président tombe sur une fine équipe
dont le répertoire inclut des chants nationalistes et des chants militaires du IIIe Reich.
Ce n'est pas de chance.
Car officiellement, cette rencontre n'est due qu'au seul hasard.
Même s'il se trouve que le projet Canto, c'est le nom de cette association,
a reçu une subvention de 40 000 euros du ministère de la Culture
pour développer un site et une application.
Vous avez dix jeunes qui arrivent,
je ne les connais pas, je ne sais pas qui c'est,
qui chantent… non mais pardon ils chantaient des chants montagnards.
Ils me disent : “Tiens est-ce que vous chanteriez avec nous ?”
Là c'est simple. Vous leur dites : “Non, non, etc”,
les mêmes qui filment vous m'auriez fait 48 heures
sur le thème : “Il est méprisant.”
La musique est décidément au coeur des préoccupations du président.
En Alsace où il s'est déplacé hier, sous les huées,
Emmanuel Macron s'est risqué à un commentaire sur le concert de casseroles
qui a accompagné sa causerie de lundi.
Ce n'est pas des casseroles qui feront avancer la France.
On peut relancer massivement l'industrie de casseroles aussi qui ne produit pas assez.
Mais moi, ce qui m'intéresse,
c'est ce qui va permettre à nos compatriotes de mieux vivre.
Casserole. Un mot à éviter.
Car pour ce qui est de relancer l'industrie de la casserole,
le gouvernement compte déjà quelques orfèvres.
Ce n'est pas Marlène Schiappa qui dira le contraire.
En 2021, la playmate du gouvernement, alors ministre déléguée à la citoyenneté,
a créé un fonds baptisé Marianne.
Deux millions et demi d'euros ont été distribués à des associations
censées défendre les valeurs républicaines.
Objectif : prévenir les discours radicaux
comme ceux qui ont conduit à l'assassinat de Samuel Paty en octobre 2020.
La discrète Union des sociétés d'éducation physique et de préparation militaire
a ainsi empoché 355 000 euros pour des publications confidentielles.
Une autre association, Reconstruire le commun,
a touché 330 000 euros du fonds Marianne.
Ces sommes auraient financé pour partie des vidéos hostiles à des candidats de gauche
lors des campagnes électorales de 2022.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, qui estime avoir été victime de ces agissements,
a porté plainte.
Au Sénat, les socialistes ont lancé une proposition de commission d'enquête flash.
De son côté, le groupe Rassemblement national de l'Assemblée nationale
demande une commission d'enquête.
Enfin, l'inspection générale de l'administration et le procureur de la République
ont été saisis.
Mais le chef de l'État est au-dessus de ces contingences.
C'est bien simple, il n'est qu'amour.
Dans le Bas-Rhin, il a salué Laurent Berger
qui vient d'annoncer son départ de la direction de la CFDT en juin prochain.
C'est quelqu'un pour qui j'ai du respect, oserais-je dire de l'amitié.
De l'amitié…
C'est pour cela, sans doute, qu'il a refusé de le recevoir à l'Élysée avec l'intersyndicale.
Plus c'est gros, plus ça passe.
Pendant ce temps, Olivier Véran rafraîchit la devise de la République.
100 jours, trois grands axes mis en avant par le président de la République :
travail, ordre, progrès.
Travail, ordre progrès. Un drôle d'attelage.
La formule renvoie à Pétain pour le travail
et à Auguste Comte, le philosophe du positivisme, pour l'ordre et le progrès.
À moins qu'il ne s'agisse d'un hommage au Brésil,
puisque ce pays arbore sur son drapeau la devise d'Auguste Comte.
Quoi qu'il en soit, ce programme travail, ordre, progrès,
sonne un peu comme “Bosse, tiens-toi tranquille et tout ira bien. “
C'est bien de cela qu'il s'agit d'ailleurs.
Écoutez le seul moment de sincérité de l'intervention présidentielle de lundi.
Travailler tous progressivement un peu plus
comme l'ont d'ailleurs fait tous nos voisins européens,
c'est aussi produire plus de richesses pour notre pays tout entier.
Vous avez remarqué ?
Il n'est plus question de sauver les retraites et le système de répartition,
mais de travailler davantage pour accroître la richesse nationale
et nous aligner sur nos voisins.
Ce barnum médiatico-politique devrait durer 100 jours.
Nous avons devant nous 100 jours d'apaisement,
d'unité, d'ambition et d'action au service de la France.
Voilà une référence bien malheureuse.
Dans l'histoire de notre pays, les cent-jours,
c'est la période qui sépare le retour d'exil de Napoléon
de son départ pour l'île de Sainte Hélène après la défaite de Waterloo.
Pour ce qui est de symboliser un nouvel élan ou même l'apaisement, on repassera.
Ça sent plutôt la défaite.
Il faut croire que le petit caporal de l'Élysée aura été trahi par son inconscient.
En fait de nouvel élan, c'est plutôt sur les vieilles ficelles démagogiques
que s'appuie l'exécutif.
Comme à chaque fois qu'il est en difficulté, il ressort l'épouvantail de l'immigration.
Nos compatriotes, légitimement, en ont ras-le-bol de la fraude.
Ils en ont ras-le-bol de voir des personnes qui peuvent toucher des aides qu'ils payent eux-mêmes.
C'est l'argent du contribuable,
il n'a aucune envie de voir que des personnes peuvent en bénéficier,
le renvoyer au Maghreb ou ailleurs,
alors qu'ils n'y ont pas droit.
Ce n'est pas fait pour ça le modèle social.
Des propos qui n'ont pas manqué de faire réagir.
“Jour 1 des 100 jours d'apaisement : flatter les préjugés xénophobes”
a ainsi tweeté le président du groupe socialiste, Boris Vallaud.
Pourquoi je cite Boris Vallaud ?
Parce qu'il est à l'origine de la plus grosse opération du Parquet national financier
contre cinq grandes banques françaises soupçonnées de fraude fiscale aux dividendes.
En 2018, avec 250 citoyens de sa circonscription,
il a porté plainte contre les pratiques d'optimisation fiscale de certaines banques.
Pratiques qui se sont traduites par plusieurs dizaines de milliards en moins
dans les caisses de l'État.
À titre de comparaison, selon Bercy,
la fraude sociale s'est élevée à un milliard et demi en 2022.
Dont 788 millions au préjudice de l'Urssaf.
Rappelons que ce sont les employeurs qui règlent ces dernières cotisations.
Lundi, je vous indiquais que le groupe LFI poussait à la rédaction
d'une nouvelle motion de censure transpartisane portée par le groupe LIOT.
Mais ce dernier préfère présenter une proposition de loi
ramenant l'âge de la retraite à 62 ans.
Le texte a été déposé ce matin et sera examiné le 8 juin.
Ce jour-là, en effet, le groupe LIOT aura la main sur l'ordre du jour de la séance.
C'est sa niche parlementaire.
À la différence d'une motion de censure,
une majorité simple suffit pour que la proposition de loi soit adoptée.
Mais rien ne serait gagné pour autant.
Il faudrait ensuite que le Sénat la vote, ce qui est improbable
au regard de la position des Républicains sur la réforme des retraites.
La démarche du groupe LIOT reste donc symbolique.
Ce qui ne veut pas dire sans effets.
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Je vous dis à lundi pour un nouveau numéro de Pol'Express.