MOTION DE CENSURE REJETÉE, RESTE LA COLÈRE
La motion de censure n'est pas adoptée.
Hé, ramasse tes couilles, enculé !
Je le dis avec cette motion de censure, rien n'a été réglé.
Le 49.3 n'est pas l'invention d'un dictateur.
Lâche-moi ! Lâche-moi !
L'électrochoc il est là, à 9 voix près, vous vous rendez compte ?
Ils vont arriver à une situation d'ingouvernabilité du pays.
Il faut que tous on fasse passer le message très puissamment au président de la République
que la France n'est pas un joujou.
Quand le compte n'y est pas, on retire sa réforme
plutôt que de faire le choix de brutaliser les Français et la démocratie.
Tu vas te casser, […] ! Dégage !
9 petites voix,
c'est donc ce qu'il aura manqué pour faire tomber le gouvernement.
L'exécutif s'en sort d'un cheveux,
la séquence parlementaire autour de la réforme des retraites est terminée
mais la colère elle, dans les rues, reste bien présente.
Alors quelles conséquences pour la suite du mouvement ?
Que compte faire l'opposition ?
On fait le point tout de suite sur Blast.
Ric-rac,
c'est le terme technique pour qualifier le vote d'hier soir à l'Assemblée.
Après avoir déclenché l'article 49.3,
le gouvernement faisait face à une motion de censure transpartisane.
Majorité requise pour l'adoption de la motion de censure,
soit la majorité absolue des membres composant cette Assemblée 287 pour l'adoption 278.
La majorité requise n'étant pas atteinte, la motion de censure n'est pas adoptée.
La motion du groupe Liot avait besoin de 287 voix
pour renverser la Première ministre et envoyer la réforme des retraites aux oubliettes.
Elle en a obtenu 278.
La réforme est considérée comme adoptée
mais la faiblesse de l'écart a surpris tout le monde.
Pourtant Elisabeth Borne restait droite dans ses bottes.
Mesdames et messieurs les députés, avec cette réforme,
nous ne sommes jamais allés aussi loin dans la construction d'un compromis.
Le 49.3 n'est pas l'invention d'un dictateur,
mais le choix profondément démocrate qu'a fait le général de Gaulle
et qu'a approuvé le peuple français.
Car à la fin, il y a un vote.
Nous sommes au terme du cheminement démocratique et politique de cette réforme.
Si vous voulez renverser le gouvernement qui la porte,
vous en avez désormais la possibilité.
Le compromis à grands coups de 49.3, celle-là quand même, il fallait l'oser.
Pour l'opposition, c'est simple,
le gouvernement vit désormais sur une autre planète,
loin, très loin de la France :
Neuf voix avec un gouvernement qui est d'ores et déjà mort aux yeux des Français,
qui n'a plus aucune légitimité,
et évidemment une Première ministre
qui n'a ni légitimité ni pouvoir pour pouvoir continuer son action
et qui doit évidemment démissionner en emportant sa réforme avec elle.
Je le dis avec cette motion de censure.
Rien n'a été réglé.
Et tout continue dans le pays pour continuer à faire en sorte que cette réforme soit retirée.
Et vous l'aurez compris, les centaines de milliers de gens
qui se rassemblent maintenant tous les jours dans le pays depuis ce jeudi
et le passage en force avec le 49.3
ne s'arrêteront pas parce que cette motion de censure
a été si petitement battue à neuf petites voix.
Je crois que la seule option raisonnable désormais,
c'est de renoncer à ce texte sur les retraites.
Ce qui s'est passé est grave, c'est grave évidemment pour notre droit à la retraite,
c'est grave aussi pour la démocratie.
Nous avons le sentiment que la Première ministre, le président de la République,
le gouvernement, la majorité, ne comprennent pas ce qui est en train de se passer dans le pays.
Nous avons le sentiment, finalement,
qu'ils ne mesurent pas la gravité de la fracture démocratique qu'ils sont en train de produire
en faisant comme si, finalement, on pouvait oublier tout ça, passer à autre chose
et que cela soit sans conséquence.
Il n'y a pas de majorité dans le pays,
il n'y a pas de majorité parmi les organisations syndicales qui s'opposent
toutes ensemble à cette réforme.
Il n'y en a pas non plus à l'Assemblée nationale,
de l'aveu même de la Première ministre qui disait il y a quelques jours
le compte n'y est pas.
Et quand le compte n'y est pas.
On retire sa réforme plutôt que de faire le choix de brutaliser les Français et la démocratie.
Mais l'homme du jour,
c'était incontestablement Charles de Courson
qui a porté la motion de censure transpartisane.
Notre décision de déposer une motion de censure n'a pas été prise à la légère.
D'autant qu'en réalité, rien ne vous obligeait au 49.3.
Le courage, le respect des institutions, le respect de vos engagements
auraient dû conduire au vote.
Nous voulions voter, même les groupes de la majorité voulaient voter.
Ce vote, vous l'auriez très probablement perdu.
Mais c'est la règle en démocratie.
Ce centriste, député depuis 30 ans,
a bien failli fédérer toutes les oppositions et réussir son pari.
Cocasse, l'homme est issu d'une d'une grande famille de parlementaires,
qui siège à l'Assemblée nationale depuis 1789.
230 ans plus tôt, son ancêtre,
le député Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau
faisait partie de ceux qui avaient voté la mort du roi.
C'était en 1793 et lui en 2023, c'est du gouvernement Borne dont il a failli obtenir la tête.
Pour en finir avec la généalogie de Monsieur de Courson,
signalons tout de même que son père a été résistant,
et son grand-père s'est opposé au fait d'accorder les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Atavisme familial donc quand il faut avoir un certain sens de l'histoire.
Il faut rendre hommage à nos 19 collègues républicains
qui ont voté la motion de censure.
Et s'il y en avait eu neuf de plus, eh bien, ils étaient battus.
Voilà.
Donc tous les autres groupes massivement contre eux.
Ils sont minoritaires à l'Assemblée nationale.
Et dans le pays, ils ont déclenché le 49.3,
ils ont déclenché une crise sociale que plus personne ne maîtrise.
Si c'est comme ça qu'ils pensent gouverner,
eh bien, ça n'ira pas loin.
Et donc, ils vont arriver à une situation d'ingouvernabilité du pays.
C'est l'autre fait majeur de la soirée :
19 députés Les Républicains ont voté la motion de censure.
Soit un tiers du groupe.
Oui, oui, des députés de droite ont failli renverser le gouvernement d'Emmanuel Macron
Pour avoir voulu reculer l'âge de départ à la retraite.
Projet qu'ils ont depuis des années.
On vit quand même dans une époque assez formidable.
Et ce sont bien eux qui ont failli tout faire basculer.
Écoutez comment Aurore Bergé leur parlait juste avant le vote :
Ils ont honte, en effet, de voir certains de leur famille politique
assumer de voter une motion non seulement transpartisane,
mais avec l'extrême droite.
J'ai connu un parti politique où, en effet,
il y avait des digues qui étaient claires avec l'extrême droite.
Je sais que ces voix sont très minoritaires
et j'espère qu'elles le resteront.
Car oui, nous avons besoin de partis républicains,
de partis clairs avec leurs valeurs.
Pilonner les gens qui ont votre sort dans leurs mains,
c'est du génie politiquement.
C'est à se demander si la patronne du groupe Renaissance
n'avait pas pour but secret de convaincre un maximum de députés de droite de voter contre le gouvernement.
L'électrochoc est là, à 9 voix près.
Vous vous rendez compte de la situation ?
Est-ce qu'aujourd'hui, vraiment, on peut imaginer
que dans une démocratie mature comme notre propre pays,
on laisse pourrir la situation comme cela ?
Je suis assez fier que nous ayons pu, au fond,
installer, y compris à droite, un message populaire
qui, je pense, peut-être même auprès de ceux
qui nous en veulent un peu dans notre famille politique,
peut-être que ce sont ceux qui se rendront compte
dans quelque temps qu'on a été des lanceurs d'alerte
et qu'on a rendu service à la reconstruction de la famille.
Rendre service à la famille, cela reste à voir.
Olivier Marleix et Eric Ciotti,
avaient promis l'exclusion à ceux qui franchiraient la ligne rouge de la motion de censure.
En aparté, un autre Républicain m'expliquait hier soir
qu'à cinq ils auraient pu avoir peur, à 19 ils étaient tranquilles.
La reconstruction du parti s'annonce sportive.
En tout cas à droite un verrou a sauté.
La fin de la séquence parlementaire n'a rien d'une victoire pour la majorité.
Plus affaiblie que jamais,
Elisabeth Borne se maintient à Matignon mais dans quel état ?
Elle est décrédibilisée, son assise est inexistante.
Avec quels syndicats va-t-elle trouver des compromis ?
Ils sont tous contre elle.
Avec quels parlementaires trouver une majorité ?
Même la droite la boude.
Cette réforme, pour moi, elle est déjà défaite.
Elle est illégitime. Elle chutera.
Soit par les Français dans la rue,
soit par les Français dans les urnes.
Mais ce qui est en cause, c'est comment
on va vivre ensemble maintenant.
Et il s'agit bien de vivre ensemble
et de trouver le chemin de l'apaisement.
Et il faut que tous,
on fasse passer le message très puissamment
au président de la République
que la France n'est pas un joujou
avec lequel jouerait un enfant capricieux.
C'est la République, c'est notre bien commun.
Et il ne peut pas jouer avec ça.
Et maintenant ?
C'est un peu la question que l'on se pose à chaque nouvelle étape de cette histoire.
La mobilisation repart de plus belle jeudi,
sans doute ragaillardie par les déboires du gouvernement à l'Assemblée.
La Nupes et le RN s'apprêtent à saisir le Conseil constitutionnel dans les jours qui viennent.
Et la gauche parlementaire au grand complet
planche sur l'organisation d'un référendum d'initiative partagée.
Comme écrit sur les pancartes hier dans l'hémicycle, la suite se passera dans la rue.
Et pendant ce temps, au dehors de l'Assemblée bunkerisée,
Paris et de nombreuses villes de France en sont à leur cinquième soirée de mobilisation consécutive.
Le torchon et les poubelles brûlent.
Les derniers jours ont été marqués par un durcissement brutal dans le maintien de l'ordre
comme on peut le voir sur les images de Jose Rexach.
Tiens, ramasse tes couilles, enculé !
Depuis jeudi, des centaines de personnes ont été interpellées.
Lâche-moi… Lâche-moi…
Hé tu arrêtes.
Lâche-moi…
Les policiers traquent tout rassemblement suspect autour des lieux de pouvoir
et la préfecture a lâché la bride aux excités de la BRAV-M.
La tension monte et le pays s'enfonce da ns la crise.
Je suis journaliste.
Que va faire le président qui apparaît plus seul que jamais ?
Dissoudre l'Assemblée ?
Ce serait du suicide sauf à vouloir bien sûr ouvrir un boulevard à l'extrême droite.
Abandonner sa réforme ?
Il est toujours temps. Elle n'a pas été promulguée.
C'est donc le retour de la politique du tonfa
comme au moment des Gilets jaunes
mais on ne voit toujours pas comment Emmanuel Macron va sortir de l'impasse où il a plongé le pays.
C'est ça le problème de la stratégie du bâton,
parfois les retours sont violents.
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Merci à tous et à jeudi pour le compte-rendu de la manifestation.