Sainte-Soline, Retraites : la stratégie du chaos
Des black blocs, des gens de l'extrême gauche, des gens de l'ultra gauche.
On parle des dégradations et des 1000 individus
et pas des 3,5 millions qui manifestent.
Il est fondamental que l'ensemble de la classe politique
puisse condamner la violence.
Certains voudraient nous réduire au 49-3
qui serait devenu tout à coup une arme antidémocratique.
Organisé, manifestement je l'ai dit, par des groupuscules d'extrême gauche.
Le gouvernement qui tente de se relancer en jouant sur la peur et le chaos.
C'est le sommaire de ce numéro 20 de Pol'Express.
Plus de 200 blessés, dont 5 en urgence absolue :
3 du côté des manifestants et deux du côté des gendarmes.
Tout ça pour un trou dans un champ.
Un simple cratère destiné à stocker de l'eau puisée dans les nappes phréatiques en hiver,
afin d'irriguer les cultures en été.
Face aux 30 000 manifestants rassemblés à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres,
la gendarmerie a déployé la plupart de ses moyens.
Hélicoptères, blindés à roues et quads.
4 000 grenades ont été tirées en quelques heures.
S'agissait-il de protéger des biens ou des personnes ?
Non. Le gouvernement voulait faire étalage de son autorité et de sa force.
Une posture de matamore qui pourrait se retourner contre lui.
Hier, le Parquet de Niort a confirmé que le pronostic vital d'un des manifestants
était engagé.
S'il venait à décéder, l'exécutif en porterait la responsabilité devant l'opinion.
Car depuis l'adoption du projet de loi réformant les retraites grâce au 49-3,
le pays est entré dans une spirale de violence.
Les manifestations nocturnes non déclarées sont réprimées avec une brutalité croissante.
Les défilés syndicaux de jeudi dernier
se sont achevés dans une débauche de violence policière, comme à Paris.
Sans compter le comportement de la brigade de répression de l'action violente moto.
Révélés par le site Loopsider et le Monde,
des échanges enregistrés entre ces policiers et de jeunes manifestants
ont entraîné la saisine de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN)
par Laurent Nuñez, le préfet de police.
Qu'il y ait dans les cortèges des groupes venus pour attaquer les gendarmes et les policiers,
ne saurait justifier la démesure dans l'usage de la force publique.
Pourquoi, comme à Sainte-Soline, des manifestants pacifiques
doivent-ils faire les frais de la violence d'un millier d'éléments radicalisés ?
Maintenir l'ordre, c'est faire preuve de discernement.
Et non faire la guerre à la population française.
On connaît bien cette violence opportuniste qui accompagne les grandes mobilisations.
Depuis les années 70, elle se rejoue le même film : affronter l'État et ses représentants
dans l'espoir d'entraîner la masse des manifestants derrière elle.
Ça n'a jamais marché.
En revanche, à chaque fois, le pouvoir en place instrumentalise les incidents
pour criminaliser la contestation de sa politique.
Les dernières heures en ont apporté la confirmation.
Malgré cette interdiction de manifestation,
des milliers de personnes se sont rendues sur site
dont plus d'un millier de personnes extrêmement radicalisées, extrêmement violentes.
Parmi eux des black blocs, des gens de l'extrême gauche,
des gens de l'ultra gauche.
Ce déchaînement de violence est absolument inexcusable,
organisé manifestement, je l'ai dit, par des groupuscules d'extrême gauche.
L'extrême gauche, l'ultra gauche !
On a compris.
Gérald Darmanin essaie d'impliquer dans les incidents la France insoumise
et par ricochet la Nupes.
Samedi, sur RMC, Fabien Roussel a bien décortiqué le procédé.
Quand il y a 1000 individus violents sur 3,5 millions manifestants,
on parle des dégradations et des 1000 individus
et pas des 3,5 millions qui manifestent pacifiquement.
Et quelque part, et quelque part je me demande
si ce n'est pas ce que cherche le président de la République.
C'est-à-dire à tout faire pour radicaliser le mouvement,
pour susciter tant de colère qu'elle déborde.
Et le décrédibiliser.
Et jouer l'opinion contre les organisations syndicales.
De retourner l'opinion contre les manifestations.
Cette stratégie a un nom. C'est la stratégie de la peur et du chaos.
Il s'agit d'effrayer les Français et de les diviser en déplaçant le débat.
Les voici sommés de se prononcer sur les violences
plutôt que sur le report à 64 ans du départ en retraite.
Et je veux solennellement appeler l'ensemble des responsables politiques,
l'ensemble des élus de la nation, quelle que soit leur opinion politique,
qu'ils soient pour la réforme des retraites, contre les bassines,
après tout cela est dans un débat démocratique bien évidemment,
à condamner ces violences extrêmement fortes contre les gendarmes de la République.
Je viens vous voir comme porte-parole du gouvernement,
comme ministre délégué en charge du renouveau démocratique,
et que le premier point que je voulais aborder avec vous
c'est qu'il est fondamental que l'ensemble de la classe politique
puisse condamner la violence.
Il est vrai que le gouvernement est à la ramasse.
Il ne s'attendait pas à ce que les manifestations contre la réforme des retraites
se poursuivent après l'adoption de la loi.
Le recours au 49-3 a montré que l'exécutif n'avait plus de majorité à l'Assemblée nationale.
Il serait logique de procéder à une dissolution.
Mais comme nous l'apprend un sondage publié par le Journal du Dimanche,
le Rassemblement national serait le grand gagnant de l'opération.
Selon l'IFOP, le parti lepéniste gagnerait 7 points par rapport à juin 2022
passant de 19 % à 26 %.
Il ferait ainsi jeu égal avec la Nupes qui conserverait son score des législatives.
En revanche le camp macroniste perdrait 5 points.
Emmanuel Macron ne peut donc renvoyer les députés devant leurs électeurs.
Du coup, le président de la République a trouvé la parade.
On va faire moins de lois.
Elisabeth Borne a été ainsi chargée par Emmanuel Macron
de “définir un programme législatif”.
Pour avoir à la fois moins de textes de loi,
des textes plus courts, plus clairs,
pour aussi changer les choses pour nos compatriotes de manière plus tangible.
Tout ne passe pas par la loi.
Mais aussi étrange que cela puisse paraître,
il faudra bien voter de temps en temps.
Il paraît que ça se fait encore dans une démocratie.
Hier, dans un entretien accordé à l'Agence France Presse,
la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé qu'elle n'utiliserait plus l'article 49-3
sauf pour les textes budgétaires.
Un signe d'apaisement, affirmait-on dans les couloirs.
Le bon peuple est prié d'applaudir devant tant d'audace.
En réalité la Première ministre se moque du monde.
Depuis sa désignation, elle a utilisé le 49-3 à 11 reprises.
À chaque fois, il s'agissait d'un texte budgétaire.
Y compris le projet de loi réformant les retraites.
Autrement dit, Élisabeth Borne nous annonce qu'elle va continuer à faire
ce qu'elle fait depuis le début.
Dans le registre des formules contradictoire,
la locataire de Matignon n'est pas avare.
Écoutez-la ce week-end, chez les amis d'Édouard Philippe.
Certains voudraient nous réduire au 49-3
qui serait devenue tout à coup une arme antidémocratique.
Nous avons fait ce que les Français attendaient de nous :
construire des compromis sur des textes utiles pour nos concitoyens.
Petite question : si la Première ministre a vraiment construit des compromis,
pourquoi a-t-elle eu recours au 49-3 ?
Dans la même dépêche AFP,
Élisabeth Borne annonce une vague de consultations politiques et syndicales.
Objectif, trouver des alliés.
Mais qui se risquera à passer un accord avec une Première ministre en sursis ?
C'est un secret de polichinelle, Élisabeth Borne est sur un siège éjectable.
Elle peut espérer rester en place jusqu'à la décision du Conseil constitutionnel, fin avril.
Après, c'est l'inconnu.
Les manifestations de demain seront donc déterminantes.
Soit le gouvernement persiste dans l'escalade de la violence
au risque de briser le cadre républicain,
soit il se résout à trouver une porte de sortie : retrait ou référendum.
Tout dépendra de l'ampleur des cortèges et de leur capacité à résister aux provocations.
Il y avait une élection législative partielle en Ariège, ce dimanche.
Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le résultat est assez original.
La députée sortante, l'insoumise Bénédicte Taurine
arrive en tête devant Martine Froger, candidate socialiste dissidente.
La première obtient 31,18 % des suffrages,
la seconde en recueille 26,42 %.
Derrière, vient le candidat du RN et enfin la candidate Renaissance Anne-Sophie Tribout.
Elle atteint péniblement la barre des 10 %.
Soit la moitié de son précédent score.
Dans un communiqué, la candidate macroniste appelle les électeurs
à "faire barrage à Bénédicte Taurine" au second tour,
"en utilisant le seul bulletin qu'il leur reste à disposition".
Sous-entendu, celui de Martine Froger.
Pour Anne-Sophie Tribout : "les Ariégeois auront le choix le 2 avril
entre une députée objectivement dangereuse pour la démocratie,
et une députée objectivement inutile".
Si Martine Froger venait à l'emporter grâce aux voix de Renaissance, voire celles du RN,
ce résultat relancerait les tensions à la tête du Parti socialiste.
Martine Froger est en effet soutenue par Carole Delga,
la présidente de la région Occitanie
et Nicolas Mayer-Rossignol, premier secrétaire délégué du Parti socialiste.
Gauche de rupture ou gauche d'accompagnement des marchés,
il va falloir choisir une fois pour toutes.
Merci d'avoir regardé cette chronique.
Si vous l'avez trouvée pertinente, partagez-la. C'est une aide précieuse.
Les pouces sont toujours les bienvenus
et vous pouvez, bien sûr, vous abonner à la chaîne.
N'oubliez pas de cliquer sur la cloche pour recevoir les notifications.
Enfin, vous nous retrouver sur Facebook et Twitter.
Les liens sont dans la description.
Pour nous soutenir financièrement, c'est par là.
Nous n'avons pas d'autres ressources que vos dons.
C'est le gage de notre indépendance. Mais c'est aussi notre fragilité.
Alors, on compte sur vous.
Je vous dis à jeudi pour le Bourbon de Serge.