Les secrets des acteurs X (ft. Anna Polina et Rico Simmons)
Peu importe la taille du sexe.
On n'apprend pas à conduire en regardant Fast & Furious.
Donc on n'apprend pas à faire l'amour en regardant du porno.
J'ai même fait les gardes du corps.
Et on se dit putain, on va casser la table.
C'est un cinéma qui est réservé aux adultes et uniquement aux adultes.
Si nous n'avons pas envie en sorte de faire l'amour, nous ne faisons pas l'amour.
C'est quoi la tête du porno ?
Les coulisses du métier d'acteur X, la réalité des tournages, les difficultés, les salaires
ou encore les secrets d'une industrie massive mais finalement peu connue.
Salut c'est Hugo, on se retrouve aujourd'hui pour le sixième épisode de notre série consacrée à la découverte de métiers particuliers.
On a déjà reçu François Hollande, ancien président de la République, l'astronaute Thomas Pesquet
ou encore Christophe Coppen, ancien négociateur du RED.
Aujourd'hui, vous l'aurez compris, changement d'univers.
Ce sont deux acteurs de films pour adultes, Annapolina et Rico Simmons
qui vont répondre à nos questions, même les plus indiscrètes.
Alors si ces vidéos vous plaisent, vous pouvez vous abonner.
Bienvenue à tous les nouveaux et je vous laisse tout de suite avec leurs réponses.
Comment avez-vous commencé à exercer ce métier ?
J'avais un attrait pour les femmes, les filles de joie.
En règle générale, dans la littérature, dans le cinéma, il y avait une actrice qui s'appelait Ménissa Loren.
Je l'ai vue comme une superwoman.
Je l'ai trouvée extrêmement pertinente.
J'ai trouvé que sa voix était envoûtante, que sa présence était forte
et je me suis dit « Waouh ! Elle baisse des mecs, elle baisse des nanas, elle s'éclate, elle ne s'excuse pas pour ça. »
Et ça m'avait fait une très forte impression.
Un an ou deux plus tard, je suis tombée sur King Kong Théorie de Virginie Despentes
qui parle très bien du sujet dans le chapitre Pornosorcière
et ça a tourné dans ma tête.
Et avec la candeur de mes 19 ans, je me suis dit « Et pourquoi pas moi ? Je vais essayer. »
J'écoutais beaucoup les cours de Michel Onfrel.
Il parlait souvent des possibilités du corps
et le fait de pouvoir apprendre à se connaître à travers des expériences.
Évidemment, j'avais un attrait pour le sexe.
Il vaut mieux en avoir un pour faire ce métier-là.
Et je me suis dit « Mais pourquoi pas essayer d'apprendre à me connaître par ce biais ? »
J'ai eu l'opportunité de faire un tournage et ça s'est très bien passé.
Clairement non.
C'est très différent pour une actrice et pour un acteur.
Le coeur même du porno, en tout cas quand il y a un acteur,
c'est d'avoir la possibilité d'avoir une érection en continu
et de ne pas être déstabilisé par le contexte, par l'équipe, par ce qu'on nous demande.
Parce qu'on va parfois nous demander de faire des choses dans des contextes,
des situations inhabituelles qui peuvent être déstabilisantes.
Donc il faut savoir garder son calme, il faut savoir rester concentré.
Et ça, c'est vraiment pas donné à tout le monde.
Il faut être, comme je le dis, extrêmement à l'aise avec sa sexualité,
le faire dans des bonnes conditions, être parfaitement encadré et savoir.
Peu importe que la raison ce soit le cul, l'argent, la gloire.
On ne juge pas.
Mais il faut avoir la raison de base.
Et il ne faut pas que ce soit une raison qui soit destructrice
parce que si de base elle est destructrice, ça n'amènera pas à quelque chose de bon.
Donc ce n'est pas non plus fait pour toutes les femmes.
Il faut avoir toujours en tête qu'ensuite, il va falloir gérer le fait qu'on soit vu
par des millions de gens.
Et ça, toutes les personnes qui veulent faire ça ou qui ont l'intention de le faire
n'ont pas forcément confiance.
Je dirais dans un premier temps que tout dépend du tournage.
Si nous sommes sur un film scénarisé avec du texte,
si on nous demande de ramener des tenues aussi qui sont à nous,
de faire par moments des UV ou bien d'avoir une certaine manicure,
on va commencer à préparer ça en amont.
On va commencer à apprendre le texte parce qu'il y a des films X avec des scénarios.
Ensuite, on va aussi proposer nos tenues à la réa, à la styliste, à l'assistante de la réa
pour créer un petit peu ce personnage.
Et ensuite, il y a le moment où on vient sur le tournage.
Donc chacun fait comme il veut.
Personnellement, j'essaie de venir en forme et de vraiment faire en sorte
d'avoir dormi le plus possible.
Et ensuite, il y a une autre préparation qui est purement physique,
à savoir faire ses tests, donc avoir des tests de moins de 14 jours qui soient clean,
donc négatifs.
Ensuite, il y aura la douche, l'hygiène intime.
Pour moi, en tant que femme qui fait de l'anal,
je vais aussi préparer l'anal avec un plug, du lubrifiant.
Si je suis proche du partenaire, on peut couper la scène avant le début de l'anal.
Et je peux demander à mon partenaire aussi de m'aider, d'aller un petit peu doucement.
Donc quand on voit par moments des scènes coupées dans les films X
et qu'on voit la pénétration assez intense,
en ce qui me concerne, très souvent, il y a une préparation qui a été faite avant.
On fait des tests tous les 15 jours,
et des tests assez complets, assez poussés.
On fait très attention à ça, c'est même la base.
Les productions ne payent pas les tests,
c'est aux comédiennes et comédiens de prendre en charge ça.
Des fois, dans une même semaine, on travaille pour plusieurs productions en même temps,
donc qui doit payer ?
On va dire, s'il y a juste du sexe,
normalement, en théorie, une heure, une heure et demie, c'est fait, on est d'accord.
Une heure, c'est très bien.
Une heure, c'est très bien.
Une heure, c'est très bien, c'est un temps légit.
Si on veut choisir dans les rushs, après au montage...
Alors, il faut aussi ajouter un truc,
c'est que durant ce temps-là, on n'est pas en action pendant une heure.
Il faut être clair.
Et c'est peut-être même d'autant plus difficile.
On coupe régulièrement parce qu'on fait un plan large,
parce qu'on fait un plan serré, parce qu'on fait des gros plans,
et que tout ça, ça nécessite parfois de couper.
On tourne pas forcément avec quatre caméras en même temps.
Des fois, il y en a qu'une, et il faut tout faire avec une caméra.
Donc, on est obligé de couper, on est obligé de changer de position.
Donc, ça implique...
Encore une fois, moi, pour le côté acteur-homme,
il faut rester concentré pendant tout ce temps-là,
et c'est pas forcément évident.
Combien de scènes tournez-vous par mois ?
Alors, la fréquence des tournages, après, ça dépend des périodes.
Je pense que c'est comme tous les artistes.
Il y a des périodes de creux, et il y a des périodes où c'est intense.
Ça dépend, moi.
Ça m'est arrivé aussi d'avoir à en refuser
parce que je pouvais pas faire cinq scènes dans la semaine.
Au bout d'un moment, c'est super fatigant,
mais ça peut être ça.
Ça peut être trois, quatre, cinq scènes.
À un moment donné, il faut dire stop.
Mais il y a des périodes où, genre, pendant une semaine ou deux,
il y a rien, mais bon, il faut savoir l'accepter.
Et puis, des fois, ça reprend, il y a des vagues.
Moi, ce qui me concerne, c'est vrai que sur plusieurs années,
mon expérience, elle a été très différente.
Quand, au tout début, je tournais comme une jeune pro à maths
qui voulait simplement s'amuser,
alors là, clairement, tant qu'ils étaient sympas,
ah ben j'arrive, ah ben j'arrive, ah mais je suis en tournage,
non mais c'est pas grave, je viendrai demain sur le tien.
J'avais vraiment ce côté très...
plein de candeur, et j'étais super contente de venir.
Et ensuite, quand je me suis professionnalisée,
je tournais vraiment, j'avais un certain nombre de films à faire.
Et donc, j'ai déjà commencé à tourner beaucoup, beaucoup moins.
Puis, par la suite, j'ai quasiment arrêté de tourner,
je ne tournais qu'avec mes copains de l'époque.
Et à l'heure d'aujourd'hui, je n'accepte que certaines propositions
qui m'intéressent réellement parce que l'image me plaît,
parce que j'aime bien la boîte de production,
parce qu'ils acceptent mon cachet aussi.
Ça, ça rentre en compte pour toutes ces raisons-là.
Mais en parallèle, je fais des tournages pour mes plateformes.
Oui, parce que le métier a changé.
Et en revanche, des tournages pour mes plateformes,
j'en fais quand même un minimum, on va dire au moins 7 jours, 10 jours par mois.
À mes tous débuts, j'étais aussi une jeune femme de 19, 20 ans.
Je ne connaissais pas certaines pratiques,
je ne connaissais peut-être pas assez bien mon corps.
Et donc, je prenais très facilement du plaisir.
Et j'oubliais complètement la caméra.
C'est-à-dire que je me faisais plaisir à moi,
je découvrais un acteur, une actrice,
et je m'en fichais complètement comment la caméra me trouve,
comment je fais du bruit ou pas.
Et ça a été vraiment une quête de plaisir à ce moment-là.
Ensuite, il y a le moment où on se professionnalise un petit peu.
Il y a le fait qu'il y a des acteurs qu'on connaît depuis très, très longtemps.
Donc c'est vrai que quand on tourne ensemble depuis 10 ans,
on ne va pas non plus dire qu'on est dans le...
On est un vieux couple.
Voilà, c'est ça.
Voilà, tu as joué mon mari 40 fois, c'est OK.
Donc oui, on n'aura pas le même désir, la même adrénaline
qu'avec un nouvel acteur, une nouvelle actrice.
Et ensuite, il y a une autre chose qui rentre en compte,
c'est le réa.
C'est-à-dire qu'un réa qui s'est effacé,
qui va vraiment suivre un peu l'action,
va doucement dire, change position,
il va falloir changer de position, etc., etc.
On va être plus à même de l'oublier
et de vraiment prendre du plaisir
lorsqu'on fait une scène qui est constamment coupée, coupée, coupée
pour changer la lumière, pour changer l'axe,
parce que ceci, parce que cela,
et que ce n'est pas confortable,
et qu'on est en train de se casser la gueule de la banquette
et on se dit, putain, on va casser la table,
peu importe.
Dans ces moments-là, non, clairement, il n'y a pas d'orgasme.
En tant qu'acteur, la plupart du temps,
on nous demande quand même d'avoir une éjaculation,
donc il faut savoir rester concentré
et y aller chercher au fin fond de soi
les ressources pour pouvoir éjaculer.
Et c'est très mental.
Est-ce que vous ressentez une pression sur votre apparence physique ?
Ce n'est pas le porno ou des réalisateurs
qui m'ont fait me sentir pas comme il faut
ou avoir tel ou tel défaut.
Dans le X, c'est quand même le premier endroit
où j'ai vu aussi bien des filles complètement,
qui avaient eu recours à la chirurgie,
des pieds à la tête,
que des filles extrêmement naturelles
avec des petits seins, etc.
Et que ces filles-là, on les prenait dans les mêmes productions
en disant « tu es belle, tu es belle comme tu es,
parce que dans ton mood, tu es belle. »
Ça ne veut pas dire que la blonde super thin plaira à tout le monde.
Ça ne veut pas dire que la brune pulpeuse plaira à tout le monde.
Ça veut juste dire « you're beautiful, you're beautiful, you're beautiful. »
Et il faut continuer à le répéter aux nanas.
Et moi, dans ce contexte-là,
le porno m'a plus aidé qu'autre chose.
De plus en plus de projets,
d'ailleurs souvent qui viennent de femmes,
qui veulent montrer des corps
qu'on n'a pas forcément l'habitude de voir.
Et moi, je trouve ça génial.
J'ai accepté beaucoup de ces projets-là,
parce que je trouvais ça intéressant
de montrer d'autres choses, tout simplement.
Moi, je n'ai pas un corps de Golgothe,
et j'ai réussi à trouver ma place pendant des années,
parce qu'il y avait besoin aussi de cette diversité.
Il y a forcément des acteurs qui sont plus grands, plus musclés que moi,
mais ils répondent aussi à un besoin.
Et moi, j'étais là aussi pour faire un peu le gars Next Door.
En même temps, j'ai joué à peu près tous les rôles possibles et imaginables.
J'ai même fait les gardes du corps,
c'est-à-dire un truc pas crédible du tout.
Mais c'est super important.
Je trouve ça bien qu'il y ait de nouvelles générations de réalisatrices, réalisateurs,
qui disent qu'il faut qu'il y ait plus de diversité dans les types de corps qu'on montre,
et de ne pas imposer la dictate d'une norme du corps.
Comment est-ce que votre entourage perçoit votre métier ?
Il y a eu une petite étude au début,
parce que j'ai été très vite repéré par la famille.
J'avais quand même pris soin d'en parler à certains proches.
Et en fait, une fois qu'on explique qu'on est dans un cadre qui est très pro,
que tout est très bien encadré, qu'on travaille avec des gens sérieux,
qu'on voit qu'on s'épanouit aussi, parce qu'il y a ça aussi,
la famille l'accepte, les proches l'acceptent.
Je ne crois pas avoir eu de proches qui se soient éloignés de moi
parce que je faisais ce métier-là.
Lorsque j'ai commencé à faire du vix,
mes amis autour de moi trouvaient ça presque drôle
parce qu'il s'agissait un petit peu d'aventure.
Ils avaient une grande curiosité pour mon activité.
Néanmoins, mon meilleur ami m'a accompagnée sur mon premier tournage.
Il a vérifié que tout se passe bien, donc j'ai été bien soutenue aussi.
Et le moment où c'est devenu plus compliqué,
c'est lorsque j'ai décidé d'en faire un métier.
C'est-à-dire qu'en gros, le « Ah, c'est ma copine Anna, elle fait ça, ça, ça. »
Et « C'est quoi ? Elle fait du bordeaux ? »
C'était un peu « Oh, waouh ! »
Mais lorsque j'ai dit « Non, je vais vraiment faire ça, ce sera mon métier. »
C'est comme ça.
Là, les gens ont eu un petit temps d'adaptation.
Moi, j'entends très bien et je comprends
qu'un parent n'ait pas forcément envie que sa fille fasse du porno.
Je peux l'accepter et je pense aussi qu'on peut aimer les gens
sans pour autant être fan de ce qu'ils font.
Je pense que c'est totalement compatible.
On n'est pas obligé de rejeter, mais on n'est pas obligé d'approuver à 100%.
En tout cas, lorsque les gens nous aiment,
généralement, ils se montrent bienveillants.
Et c'est ce que j'ai constaté autour de moi.
Les personnes qui m'aiment sont toujours extrêmement bienveillantes à mon égard.
Et dans ma vie personnelle amoureuse,
en toute franchise, ça ne pose pas vraiment de problème.
En revanche, j'accepte de faire des arrangements, puisque nous sommes deux.
Si la personne me dit « Attends, écoute, là, tu vas sur ce tournage,
je ne suis pas sûre d'aimer le contenu de ce site ou de telle chose.
Est-ce qu'on peut en discuter ? »
Ça, je suis totalement ouverte.
Ce n'est pas non plus « Je décide de tout, tu n'as rien à me dire ».
C'est un entre-deux.
Lorsque je suis chez moi avec mon amoureux,
nous n'avons pas de caméra autour de nous,
nous n'avons pas tant de positions à faire.
Nous ne sommes pas obligés de faire l'amour.
D'ailleurs, si nous n'avons pas envie en sorte de faire l'amour,
nous ne faisons pas l'amour.
Première chose.
Deuxième chose, j'ai beaucoup travaillé sur une forme de confiance,
à savoir d'être OK avec ça.
Moi, je suis dans une relation qui est quand même exclusive.
Il y a une différence entre le pro, où vraiment je fais mes tournages,
et le perso, lorsque je suis avec mon partenaire.
Et enfin, il y a aussi autre chose,
c'est que certaines personnes s'imaginent
qu'une actrice X baisse du matin au soir.
Du matin au soir, et comme ça tous les jours.
Les gros poncifs.
La réalité des faits, c'est que je tourne,
comme je l'ai dit, on va dire sept jours par mois maximum,
si je compte les tournages et les plateformes.
Donc, in fine, ça ne représente pas la majorité de mes journées.
Comment voyez-vous le rapport ou les tensions entre les films pornographiques
et la question de l'éducation sexuelle ?
C'est du cinéma X, un cinéma qui est réservé aux adultes,
et uniquement aux adultes.
La loi est très claire là-dessus, la mise à disposition est répréhensible.
Il ne devrait pas y avoir de débat, le cinéma, les films X,
c'est pour les adultes, point barre.
Ce n'est pas là pour faire l'éducation sexuelle des enfants.
Il y a les parents qui sont là pour ça, il y a l'éducation nationale,
il y a peut-être d'autres institutions.
Le porno, il n'est pas là pour ça, le porno, c'est du divertissement.
On n'apprend pas à conduire en regardant Fast & Furious.
Donc, on n'apprend pas à faire l'amour en regardant du porno.
Mais le problème se trouve dans le fait qu'il n'y ait pas beaucoup de référentiels sexuels.
Les parents ne sont pas toujours à l'aise avec ça,
ils n'ont pas toujours été formés à ça.
L'école, je crois que les cours d'éducation sexuelle,
en tout cas moi, de ce que j'ai connu à mon époque,
se résumaient à « mettez un préservatif, sinon vous aurez des maladies ».
Et c'est déjà ça, parce que du coup, j'ai mis des capotes,
donc quelque part, c'est rentré et ça m'a déjà préservé de ça.
Ensuite, c'est très rare, il y en a dans quelques écoles,
quelques moments, des intervenants extérieurs qui viennent un petit peu
parler de la pornographie.
On nous accuse, nous, constamment de donner le mauvais exemple,
alors que nous, nous ne sommes pas là pour ça,
nous sommes là pour apporter du plaisir.
Et comme l'a dit Rico, nous sommes des adultes
qui faisons du contenu pour les adultes.
Ça dépend de l'expérience qu'on a.
L'idéal, c'est quand même d'avoir un cash,
enfin en tout cas un tarif fixe, et d'ailleurs, c'est souvent ce qui se passe,
que ce soit pour les actrices comme pour les acteurs.
Il y a un salaire fixe, alors pour les acteurs,
ça dépend de la notoriété qu'on a.
Il y en a certains, ça peut monter jusqu'à plusieurs milliers de dollars,
la scène, mais ça reste des exceptions.
On est plutôt sur des centaines que sur des milliers.
Après, c'est un métier où, il faut le reconnaître,
les actrices sont mieux payées, sont beaucoup mieux payées que les hommes.
Parce que c'est vrai que le cinéma X repose beaucoup sur l'image de la femme
qui est mise en avant, donc moi je trouve ça tout à fait légitime que les...
même si on travaille aussi beaucoup en tant qu'acteur,
mais je trouve ça légitime que les femmes puissent toucher plus.
Et puis, voilà, c'est bien aussi qu'il y ait un métier
où les femmes puissent toucher plus en soi,
ça ne me pose pas de problème.
Et les femmes, ça va aussi être en fonction des pratiques.
C'est un calce-solo, le fille-garçon, fille-garçon-garçon,
l'anal, la double pénétration, et en fonction de ça,
elles peuvent augmenter le tarif,
mais ça c'est vraiment en fonction de la fille,
à combien elle va... quelle sera la différence en fait.
Je pense que c'est aussi une question de...
il y a des jeunes filles qui arrivent et qui vont demander justement
des cachets bien plus importants, alors qu'à mon époque,
puisque t'étais nouvelle, t'allais demander un cachet moins important.
Donc ça a aussi pas mal changé là-dessus,
et pour moi, dans le bon sens.
Ça peut commencer, oui, avec quelques centaines d'euros,
et ça peut grimper sur quelques milliers,
mais pareil, c'est des cas, mais vraiment, vraiment,
à part ces quelques filles, et c'est très rare.
Que pensez-vous des plateformes comme OnlyFans ou encore MIME ?
Alors en toute franchise, j'ai mis beaucoup de temps à me mettre sur les plateformes,
puisqu'au début, peut-être que je procrastinais un petit peu,
que je me disais, je sais pas si je suis capable de produire un bon contenu,
et la première fois que j'ai ouvert un de mes comptes de plateforme,
je me disais, mais non, c'est pas assez bien, le contenu n'est pas assez bon,
et finalement, des personnes m'ont rejointes,
des personnes extrêmement bienveillantes,
et ça, c'est vraiment le plaisir des plateformes,
c'est que la plupart du temps, à 99%,
ce sont quand même des personnes qui envoient beaucoup de messages de soutien,
d'encouragement, qui viennent pour être excitées,
et qui viennent vraiment pour le plaisir,
mais aussi pour échanger avec nous.
Petit à petit, je me suis libérée, j'ai appris de nouvelles pratiques,
comme le Dirty Talk, le GOE, Joke of Instruction,
et j'adore ça, c'est ce qui m'éclate le plus aujourd'hui,
et j'en fais beaucoup, et en tout cas, mes abonnés ont l'air d'apprécier ça,
j'aime le contact direct avec eux,
le fait de pouvoir leur proposer aussi des vidéos personnalisées,
des photos personnalisées, de leur parler en direct,
de donner des conseils s'ils ont envie,
et certains sont vraiment devenus comme des... presque comme des amis,
ça peut paraître étrange, mais c'est une réalité.
Ensuite, c'est intéressant de tourner pour soi-même,
parce que justement, on n'a pas à se dire, ça doit durer tant,
on décide, et par moments, moi je préfère faire 12 minutes
où je suis réellement excitée, où je me donne vraiment à fond,
avec la tenue qui me plaît, l'éclairage qui me plaît,
plutôt que de tourner 2 heures, 3 heures,
et finalement, de ne pas être fan de ce que je fais.
Pour ça, c'est... je préfère ne pas donner de chiffres,
mais les plateformes, oui, ça peut aller...
ça peut être moyen, ça peut aller très haut, ça dépend.
Il faut savoir par contre une chose très particulière,
on peut faire un très bon mois à un moment donné,
et faire un mois tout pourri, enfin, beaucoup moins bon que le mois d'après.
C'est-à-dire que c'est là où la plateforme, ça te challenge constamment.
Il ne suffit pas d'avoir des abonnés, il faut garder ces abonnés,
et leur donner quelque chose d'intéressant.
Je n'ai pas une vision globale de tout,
mais j'ai l'impression que, comme toujours, il y a toujours eu la webcam,
il y a les salons de l'érotisme, il y a les plateformes.
Enfin, les plateformes, c'est nouveau,
mais les salons de l'érotisme et la webcam, c'est là depuis longtemps.
Ce type de travail, il y a toujours des parallèles,
tout comme le striptease, il y a toujours des parallèles
pour continuer à générer un certain revenu.
Et aujourd'hui, avec les plateformes, je pense qu'en s'investissant,
il est possible de, justement, au contraire, bien s'en sortir.
En revanche, peut-être qu'il y a aussi moins de productions,
peut-être qu'il y a moins de films scénarisés,
peut-être qu'il y a moins de place pour ça.
Je ne pense pas que ce soit un métier qui se précarise tant que ça, non plus.
Je pense qu'en revanche, il y a peut-être des productions
qui peuvent éventuellement profiter de la naïveté de certaines filles qui débutent,
leur faire miroiter un salaire qui, en fait, est dérisoire.
Mais sinon, je pense qu'une fille qui trouve sa voie,
elle arrive à imposer son salaire, enfin son cachet,
elle arrive à imposer un cachet qui sera correct.
Ce qui est dommage, c'est qu'une fille, ou même un garçon,
mais surtout une fille qui débute, ne sait pas par où commencer.
Et elle peut tomber dans des choses trap, tomber au mauvais endroit,
ça peut arriver, on sait que c'est arrivé dernièrement,
on pourra peut-être en reparler.
Et ça, c'est dommage, c'est pour ça qu'il faudrait pouvoir communiquer là-dessus,
il faudrait pouvoir faire en sorte qu'il y ait un cadre,
qu'on puisse les renseigner et leur dire,
c'est un salaire, enfin un cachet, c'est de temps à temps,
il faut travailler avec telle production, oui, oui, oui,
avec cette personne, non, il ne faut pas.
Mais il n'y a pas ça, en fait, quand on débarque, et c'est un peu dommage.
Alors là-dessus, moi, je trouve qu'il y a quand même eu un grand changement
lorsqu'il y a eu une charte de déontologie qui est sortie.
Alors, ça me semblait important de faire un petit point rapide ici,
cette charte de déontologie dont parle Annapolina,
c'est un texte qui a été publié il y a deux ans par la société de production Marc Dorcel,
et élaboré par une ex-actrice X, Lisa Del Sierra, un sociologue et un avocat.
Concrètement, dans cette charte, on retrouve 18 recommandations
proposées à tous les producteurs de films pour adultes,
pour que les tournages soient plus responsables et respectent tout simplement la loi.
Parmi elles, le fait que toutes les scènes de sexe sont définies à l'avance par le contrat,
qu'aucune pression ne devrait être exercée sur les acteurs et actrices
pour obtenir leur consentement, ou encore qu'aucune actrice ou acteur
ne pourra être forcée à tourner sans préservatif.
Cependant, il faut noter que les productions n'ont aucune obligation à l'appliquer.
C'est quand même une charte qui, jusque-là, en tout cas de tout ce que j'ai vu,
a été vraiment appliquée.
Ça permet aux filles justement d'avoir un accueil, d'assister à un tournage
avant de tourner elle-même, d'être mieux informées.
Aujourd'hui aussi, dans les médias, je vois plus d'intervenantes de figures du X qui en parlent.
Aujourd'hui, on est quand même mieux renseignés qu'à mon époque
sur quels statuts on peut peut-être adopter.
Je trouve que c'est beaucoup moins sombre.
Ces chartes, elles ont le « mérite d'exister », mais elles sont quand même arrivées très très tard.
Elles sont arrivées suite à des affaires où ça aurait pu être anticipé.
Pour cette dernière question, on a voulu évoquer avec Anna et Rico
des événements qui ont fait l'actualité ces derniers mois dans le milieu du porno.
Le premier, c'est la mise en examen de 18 personnes travaillant dans l'industrie des films pour adultes
pour viol, proxénétisme et traite d'êtres humains en 2021.
Parmi eux, il y a notamment le producteur et acteur Pascal O.P.
Il est accusé d'avoir profité de la naïveté et de la détresse de nombreuses femmes
pour les faire tourner dans des films pornographiques.
Il est aussi accusé de les avoir contraints à certaines pratiques
auxquelles elles n'étaient pas consentantes pendant les tournages.
La deuxième actualité qui fait suite donc à ces révélations,
c'est un rapport du Sénat sur les dérives de l'industrie du porno
qui a été intitulé « L'enfer du décor » et qui a été publié le 28 septembre 2022.
Il a été rédigé par quatre sénatrices françaises et a nécessité six mois de travaux.
Dedans, on apprend que des dizaines de femmes ont subi des pressions,
voire même dans certains cas des viols de la part de certains réalisateurs, producteurs ou acteurs,
et que leur consentement n'a pas toujours été respecté.
En résumé, dans plusieurs cas, on est dans une zone de non-droit
avec des principes certes théoriques, mais qui ne sont pas respectés dans les faits.
Ça nous semblait donc intéressant d'avoir le regard de certains professionnels du secteur
sur des dérives existantes aujourd'hui.
Est-ce que vous avez déjà eu des mauvaises expériences ?
La plupart des... Enfin, je veux dire, la très vaste majorité des tournages que j'ai faits,
il n'y a jamais eu aucun problème.
Il peut y avoir des querelles entre comédiens, des comédiennes, des réalisateurs, etc.
Ça, ça arrive, mais je veux dire, ça arrive dans le monde du travail aussi d'avoir des conflits.
Par contre, ce genre de cas où il y a eu des viols,
où en effet, il y a eu un système qui a été mis en place par un producteur,
moi, je n'ai jamais vu ça. Enfin, je ne sais pas pourquoi,
je n'ai jamais assisté à ça de ma vie, de toute ma carrière.
Ce qui fait que ça arrive aujourd'hui, c'est que ça a été maintenu secret pendant très longtemps.
D'aucuns diront que tout le monde était au courant, ce qui me fait doucement rigoler.
Les personnes qui avaient mis ce système en place
ont fait en sorte qu'ils restent cachés le plus longtemps possible.
Les filles qui tournaient dans ces scènes-là, on ne les voyait jamais,
justement parce qu'ils savaient très bien que ce qu'ils faisaient, c'était quelque chose d'extrêmement grave.
Ils ont fait en sorte que ces filles ne puissent pas avoir de contact avec le reste du métier,
pour qu'elles ne puissent pas en parler, pour qu'elles ne puissent pas dénoncer ce qu'elles avaient vécu.
Je n'ai jamais assisté aux choses que j'ai lues, aux choses qui m'ont été rapportées.
Et effectivement, je pense que ces choses odieuses qui se sont produites
par des personnes criminelles et déviantes
ne doivent surtout pas représenter toutes les personnes qui font ce métier avec passion,
avec amour et avec respect pour les acteurs, les actrices, les techniciens.
Et vraiment, c'est terrible d'être associé à ça,
parce qu'on est vraiment dans quelque chose de...
Je me permets de le dire, c'est criminel, on n'est plus dans le délit,
on est dans quelque chose de criminel,
tandis que nous, on fait simplement, on exerce un métier subversif.
Donc entre subversif d'adultes avec adultes consentants,
pour des adultes consentants, il n'y a aucun rapport avec criminel.
Et être associé à ça, c'est juste terrible.
Si je peux dire un mot du rapport qui a été fourni par des sénatrices,
j'aimerais juste dire que c'est une très vaste blague,
une très mauvaise blague, je l'ai parcourue.
On lit quelque chose dont la conclusion était déjà écrite
avant même qu'il y ait des interviews qui aient été faites.
Ça se voit, un rapport parlementaire du Sénat qui, dès le début,
annonce la couleur en disant l'enfer du décor, je crois,
c'est juste pas sérieux.
Il y a des actrices qui ont été interviewées,
systématiquement, dans tout le rapport.
Toutes les propositions qu'elles font, elles sont minimisées,
elles sont dénigrées tout au long du rapport.
On ne met en avant que les problèmes, et jamais les solutions,
ou ce qui va bien, tout simplement, ce qui va bien.
La grande majorité de ce qui se passe dans ce métier se déroule très bien,
il n'y a aucun souci.
Et là, on essaye de faire d'un cas une généralité,
c'est un cas qui est dramatique,
c'est une putain de mauvaise promotion pour notre métier,
mais c'est, encore une fois, pas du tout représentatif
de ce qui se passe au jour le jour, vraiment pas.
Merci d'avoir regardé cette vidéo, je sais que ça change des sujets
qu'on a l'occasion de traiter au quotidien,
mais on veut aussi vous proposer d'autres thématiques qu'on peut aborder.
Merci à Blanche, journaliste au sein de l'équipe,
qui a préparé et mené cette interview,
et à Anna et Rico d'avoir accepté aussi de répondre à nos questions.
Prenez soin de vous, et on se dit à bientôt.