Attentats à Paris: Les échanges radio des policiers pendant la soirée du 13 nove
La justice a pu accéder aux divers échanges effectués entre policiers de l'est de la capitale, le 13 novembre au soir, et les analyser.
Des documents auxquels L'Obs a eu accès qui démontrent à quel point la soirée a été difficile pour des forces de l'ordre parfois dépassées par les événements, mais aussi débordées par les nombreuses fausses alertes. Tout commence à 21h28, quand l'un des chefs de la police prend la parole sur le canal utilisé par les policiers affectés à la surveillance de l'Est de Paris pour communiquer, et baptisé « conférence 43. » Le chef ordonne aux équipes du 10e arrondissement de retourner vers leurs quartiers. Trois minutes plus tard, alors que les terroristes viennent de frapper les terrasses du Carillon et du Petit Cambodge, un des premiers policiers arrivés sur place, réclame de l'aide : « il faut du monde sur place, il y a plein de blessés par balles ! » L'un des messages suivants fait état d'une « dizaine de personnes qui ne bougent plus », puis, la conversation devient inaudible. Sur le terrain, les policiers ne savent pas où donner de la tête. Entre les victimes, les blessés qui ont besoin d'être soignés de toute urgence, la Polo noire non identifiée qui s'échappe à toute vitesse ainsi que la constatation de nouveaux coups de feu au bar la Belle Equipe, la situation devient rapidement difficile à gérer. Puis, à 21h50, un policier annonce des coups de feu « a priori au niveau du 41, boulevard Voltaire », avant de conclure, confus, qu'« on a des coups de feu de partout… » Les tirs qu'il vient de signaler proviennent du Bataclan, où le carnage vient de débuter. A 21h54, et alors que des hommes tirent depuis environ un quart d'heure, un policier prend la parole. « Bataclan. Bataclan. Apparemment trois individus identifiés à l'intérieur (…) trois tireurs…. Apparemment ils arrivent au niveau du balcon, c'est reçu ? » A ce moment, sur le terrain, seuls un membre de la BAC (Brigade Anti-Criminelle) et son chauffeur parviennent à entrer dans la salle de spectacles. Leur équipement se limite à une arme de poing et un gilet pare-balles, ce qui ralentit la progression des deux hommes mais ne les empêche pas de tuer Samy Amimour. « Un terroriste abattu sur le Bataclan. A priori, ils ont fait péter une bombe également hein ! On continue à progresser », prévient immédiatement le commissaire de la BAC, qui ne sait pas qu'en réalité, son tir a déclenché l'explosion de la ceinture d'explosifs que portait le terroriste. A ce sujet, un autre policier de la BAC transmet un peu plus tard à l'état-major que « les démineurs nous informent que si les individus qui sont retranchés au Bataclan ont des ceintures de TATP, s'il y a des échanges de coups de feu, euh… ça peut exploser. » Un paramètre qui complique considérablement l'intervention des forces spéciales sur place qui lanceront l'assaut à minuit passé. Accusées d'avoir manqué de réactivité, les forces de l'ordre peuvent trouver dans les fausses alertes, un moyen de se défendre face à la vindicte populaire. Car les rumeurs infondées ont fusé tout au long de la soirée par téléphone ou sur les réseaux sociaux. Des tirs ont par exemple été signalés à plusieurs reprises place de la République alors qu'il n'y en a jamais eu ce soir-là. Un individu « agressif », porteur de « deux machettes », mais surtout imaginaire a été signalé avenue Parmentier. Tout au long de la soirée, plusieurs équipes sont envoyées inutilement rue de la Fontaine au Roi pour neutraliser un éventuel terroriste retranché, qui était en fait un habitant voulant sortir de chez lui, tout comme les otages du Bataclan voulaient quitter au plus vite la salle de spectacles. Ils ne le feront qu'au milieu de la nuit, après s'être convaincus que les hommes qui essayaient d'accéder à la pièce dans laquelle ils s'étaient retranchés étaient bien des policiers et non des terroristes…