journal en français facile 2016/05/24
Edmond Sadaka : Bonsoir à tous et bienvenue dans ce journal en français facile que je vous présente en compagnie de Sylvie Berruet, bonsoir Sylvie.
Sylvie Berruet : Bonsoir Edmond, bonsoir à tous.
ES : À la une ce soir : en Irak et en Syrie, le groupe Etat islamique doit faire face depuis hier à une double offensive terrestre et aérienne contre ses fiefs de Fallouja et Raqqa. Explications dans un instant de Daniel Vallot.
SB : En Grèce, la police a commencé a évacué le camp de migrants d'Idomeni à la frontière avec la Macédoine. Plus de 8000 migrants s'y entassent dans des conditions très difficiles depuis trois mois. Les opérations ont débuté dans le calme... Reportage de Charlotte Stiévenard.
ES : À suivre aussi : la fin ce mardi soir du sommet humanitaire mondial d'Istanbul. L'objectif était d'améliorer la réponse aux crises humanitaires. Nous ferons le bilan avec notre envoyée spéciale Juliette Gheerbrant.
SB : En France, le ton se durcit entre une partie du syndicat CGT et le gouvernement sur la loi Travail. Les forces de l'ordre ont débloqué par la force ce matin une raffinerie et un dépôt de carburant. SB : L'organisation Etat Islamique fait face en ce moment à une double offensive menée aussi bien en Syrie qu'en Irak. ES : Hier lundi, c'était une vaste opération militaire qui commençait sur la ville irakienne de Falloujah. Depuis aujourd'hui mardi, c'est dans la province syrienne de Raqqa que les combattants de l'organisation djihadiste sont menacés. Les précisions de Daniel Vallot.
L'offensive sur le nord de Raqqa est emmenée par des combattants kurdes, auxquels se sont ralliées quelques unités arabes. Cette coalition, baptisée « Forces démocratiques syriennes » est soutenue par les États-Unis et elle ambitionne de s'emparer de tous les territoires situés au nord de la ville de Raqqa. Selon l'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme, qui dispose d'un vaste réseau d'informateur sur le terrain, cette offensive a été précédée d'intenses bombardements sur le nord de la province de Raqqa et sur la ville elle-même. Des raids effectués par la coalition qui auraient fait une vingtaine de morts selon l'OSDH. Au sol, les Forces démocratiques syriennes, auraient engagé plusieurs milliers d'hommes dans l'offensive, selon une source américaine citée par l'Agence France Presse. L'annonce de cette opération coïncide avec celle lancée en Irak sur Falloujah et ce n'est sûrement pas le fruit du hasard : il y a sans doute la volonté de coordonner les efforts lancés contre l'organisation Etat Islamique, tant sur le front irakien que sur le front syrien. ES : À Falloujah en Irak justement, l'ONU et la Croix Rouge Internationale s'inquiètent pour le sort de la population. Des civils sont pris au piège des bombardements qui sont menés depuis hier lundi. Cette ville de Falloudjah compterait encore 100 000 habitants, soit trois fois moins qu'avant l'arrivée du groupe Etat islamique en janvier 2014. SB : En Grèce, la police a commencé ce matin à évacuer le camp de tentes improvisé d'Idomeni dans le nord du pays, à la frontière avec la Macédoine. C'est là que vivent depuis plusieurs mois, dans des conditions très difficiles, un peu plus de 8000 migrants, faute d'avoir réussi à gagner d'autres pays d'Europe. ES : L'opération a débuté dans le calme. Elle pourrait durer au moins une semaine. Les autorités grecques expliquent que ces migrants seront transférés dans les prochains jours dans des camps situés plus au sud et qui sont gérés, qui seront organisés, par l'état. À la mi-journée, plus de 1100 personnes avaient quitté les lieux à bord de plus d'une vingtaine de bus. Le reportage de notre correspondante en Grèce, Charlotte Stiévenard.
Contrôles de police renforcés aux abords du camp d'Idomeni, interdiction pour les réfugiés sortis d'y retourner. Un jour avant l'évacuation, les réfugiés comme Mustafa al Hamoud, 24 ans, s'y attendaient, mais lui était encore sceptique « Ils ont dit demain, peut-être, mais je ne pense pas, car cela va causer des problèmes. Ça va causer des problèmes, ce n'est pas facile de bouger 4000 ou 5000 personnes le même jour. Et les gens ne voudront pas venir juste pour aller dans d'autres camps. Tout le monde dit que si vous n'ouvrez pas la frontière, envoyez nous simplement dans nos pays. » Le matin, face à une présence policière massive, ceux qui sont montés dans les bus l'ont fait de leur plein gré, selon les Organisations non gouvernementales autorisées à rester. Caterina Goula, coordinatrice pour la distribution de nourriture de l'ONG Praxis a du rester dehors elle, mais elle explique ce calme par la préparation de l'opération : « Ce qui avait été annoncé par les haut-parleurs c'est qu'aujourd'hui, à 6h, des bus partiraient d'Idomeni. Ça, plus les médias qui décrivaient une procédure de ce type, ils en ont déduit que quelque chose comme ça allait se passer. C'est une combinaison d'informations officielles et innofficielle par les médias. » L'évacuation pourrait durer plusieurs jours. Une source policière indique cependant qu'elle devrait être terminée d'ici la fin de la semaine. SB : Le premier sommet humanitaire mondial voulu par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki Moon s'est achevé à Istanbul aujourd'hui. Le bilan est plutôt positif, malgré les doutes - au début de la réunion - de certaines ONG.
ES : 135 pays étaient représentés et c'était la première fois que des États, des ONG (organisations non-gouvernementales), des acteurs du secteur privé et les grandes agences de l'ONU se retrouvaient pour travailler ensemble. Ban Ki Moon a clos le sommet, a refermé le sommet, devant la presse en compagnie du président turc. Juliette Gheerbrant est notre envoyée spéciale à Istanbul.
Pour certains participants c'est sûr, le sommet va faire date dans l'histoire de l'humanitaire. Il se termine en tout cas mieux qu'il n'avait commencé, et mardi soir la plupart des participants se disaient satisfaits. Ban Ki Moon s'est dit fier de ce sommet mais également déçu par l'absence des dirigeants du G7, à l'exception d'Angela Merkel. Il a interpelé les membres du conseil de sécurité : même s'ils sont absents, ils ont le devoir d'agir. Ban Ki Moon les a appelés à la compassion, à la solidarité, et à faire preuve de volonté politique pour résoudre les conflits. Le président Erdogan, a lui bien sûr rappelé le rôle de son pays dans l'aide aux réfugiés syriens, près de 3 millions en Turquie. Et il a regretté que seuls quelques pays de la région assument la quasi-totalité de cette charge. Interrogé sur l'aide promise par l'Union Européenne, il a dit qu'il avait évoqué le sujet avec la chancelière allemande, car les milliards d'euros promis ne sont pas arrivés. Sur la question des visas, Recep Tayyip Erdogan s'est emporté : « il y a des limites a-t-il-dit, il est inacceptable qu'on impose tous ces critères à son pays et il n'hésitera pas à demander au parlement de ne pas ratifier l'accord conclu en mars dernier avec Bruxelles si la situation ne se débloque pas ». Selon Ban-Ki Moon, 1500 engagements ont été pris. Ils sont le fruit de deux ans de consultations avec les différents acteurs et ils n'ont pas été détaillés à Istanbul. Un bilan sera présenté à la prochaine Assemblée générale de l'ONU en septembre. Toujours en Turquie, le nouveau Premier ministre Binali Yildirim, a dévoilé, a présenté, aujourd'hui la composition de son gouvernement. La moitié des portefeuilles changent d'attribution, mais les principaux ministres chargés de la politique économique restent en place. SB : En France, le conflit entre le gouvernement et le syndicat CGT sur la loi travail se durcit.
ES : Le président et son Premier ministre adoptent une position très ferme alors que le blocage des raffineries et dépôts pétroliers fait craindre à certains une pénurie, un manque, de carburant. Tôt ce matin, les forces de l'ordre ont débloqué une raffinerie et un dépôt de carburant de Fos-sur-Mer dans le Bouches-du-Rhône. Manuel Valls promet que d'autres dépôts seront libérés. SB : La compagnie pétrolière française Total est bien entendu très concernée par cette situation car elle exploite cinq des huit raffineries françaises. Elle est donc en « première ligne ». Le PDG de Total, Patrick Pouyanné a averti aujourd'hui les salariés grévistes. Il a assuré que ces blocages le font hésiter à investir dans le secteur en France. Marc Bertrand.
Patrick Pouyanné accuse les salariés grévistes de rompre le pacte conclu avec l'entreprise. Ce pacte, c'est le plan de restructuration lancé l'an dernier pour sauver les raffineries françaises de Total. Le groupe prévoit 600 millions d'euros d'investissement, pour moderniser les raffineries de Donges, dans l'Ouest, et de La Mède, dans le Sud de la France. Toutes deux sont bloquées depuis plusieurs jours par les salariés qui réclament le retrait du projet de loi travail. Le PDG du groupe y voit une prise en otage de l'outil industriel. « Il faut qu'on se pose la question », dit-il, « de savoir si c'est là que nous devons investir ». La semaine dernière déjà, le directeur de la branche raffinage de Total avait menacé de revoir ses projets en France en cas d'arrêt des raffineries. Les grèves affectent l'activité du groupe en France, il détient cinq des huit raffineries françaises. Toutes sont partiellement ou totalement à l'arrêt. Du côté des stations-service du groupe, un tiers sont à sec ou manquent de carburant.
ES : Dans la rue, une huitième journée nationale de mobilisation est programmée jeudi par plusieurs syndicats et une grève nationale est projetée le 26 juin, jour d'examen du texte au Sénat. Par ailleurs, une grève reconductible est annoncée chaque jour à la SNCF à partir du 31 mai à 19h. Grève annoncée également de tous les syndicats de l'aviation civile les 3, 4 et 5 juin. C'est la fin de ce journal en français facile, merci de l'avoir suivi. À demain Sylvie. Il est 22h10 à Paris.