Journal en français facile 03 février 2020
Loic Bussières : 21h à Paris 20h en temps universel. Bonsoir et bienvenue si vous nous rejoignez pour votre Journal en français facile que je vous présente en compagnie de Zéphyrin Kouadio. Bonsoir Zéphyrin.
Zéphyrin Kouadio : Bonsoir Loïc, bonsoir à tous.
LB : À la une : l'épidémie de coronavirus et le bilan qui ne cesse de grimper, plus de 360 morts en Chine et des mesures de protection qui se renforcent, y compris hors de Pékin. Nous irons à Taïwan dans cette édition.
ZK : Objectif présidentiel aux États-Unis, Jour J pour le caucus de l'Iowa, première étape des primaires pour les démocrates. Les détails dans un instant.
LB : Nous reviendrons également sur la crise des éleveurs au Venezuela. La production de viande a chuté dans le pays : elle ne couvrirait pas les besoins de plus de la moitié de la population.
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ZK : 361 morts, c'est le dernier bilan en date de l'épidémie de coronavirus en Chine. Le pays compte également 17 000 cas de contaminations et les chiffres ne cessent de s'alourdir.
LB : Et ils dépassent désormais ceux de l'épidémie de Sras, le syndrome respiratoire aigu sévère qui avait frappé le pays en 2002. Les experts s'interrogent désormais sur le mode de propagation de virus, d'autant que de nouveaux foyers sont suspectés, comme dans la ville côtière de Wenzhou. À quelque 200 kilomètres des côtes chinoises, l'archipel de Taïwan a donc renforcé ses mesures de protection. Les précisions de notre correspondant, Adrien Simorre.
Tout l'enjeu pour les autorités taïwanaises est d'empêcher la propagation du virus via les Taïwanais de retour sur l'archipel. L'enjeu est de taille : près d'un million de Taïwanais résidents de l'autre côté du détroit. Depuis huit jours, les Taïwanais en provenance de Hubei doivent déjà rester cloîtrés chez eux, pendant quatorze jours. La mesure a depuis été élargie à la province de Guangdong et la ville de Wenzhou. Chaque personne confinée reçoit au préalable un téléphone portable… . Su Chai-Ping, médecin au centre taïwanais pour le contrôle des maladies. « Le téléphone portable va enregistrer la position des personnes confinées par GPS. La police peut ainsi observer leurs déplacements et s'assurer qu'ils ne s'éloignent pas de leur maison ». À Taïwan, plus d'un millier de personnes seraient ainsi cloîtrées chez elles. Les vacances scolaires ont aussi été prolongées de deux semaines/et une nouvelle méthode pour le moins inédite a été adoptée pour éviter la pénurie de masques. « Si le dernier chiffre de votre carte d'identité est impair, vous ne pourrez acheter votre masque que les jours impairs. Et si le dernier numéro de votre carte d'identité est pair, ce sera les jours pairs ». En 2003, l'épidémie du Sras avait coûté la vie à des dizaines de Taïwanais, un épisode douloureux que le gouvernement veut à tout prix éviter. « En 2003, lors du Sras il y avait malheureusement eu une propagation directement sur le sol taïwanais. Pour l'instant, cela n'est pas arrivé. Nous pensons donc que c'est un bon signe. » Avec ces nouvelles mesures, les autorités semblent être sur la bonne voie pour éviter une nouvelle tragédie. Pour l'heure, seules 10 personnes ont été contaminées à Taïwan, toutes sont dans un état stable. Adrien Simorre, Taipei, RFI.
ZK : À la une également, les États-Unis où tous les yeux sont dirigés vers l'Iowa, ce tout petit État rural du Midwest est le premier à voter pour les primaires qui désigneront les candidats de chaque parti à la présidentielle.
LB : Chez les démocrates, il reste encore 11 candidats. Chez les républicains, moins de suspense : c'est Donald Trump, le président sortant, qui sera choisi, même si deux autres petits candidats se présentent face à lui. Contrairement à la grande majorité des États américains, l'Iowa organise un « caucus ». Qu'est-ce qu'un caucus et pourquoi celui de l'Iowa est si important ? Les explications de Marie Normand.
Dans un « caucus », pas d'isoloir. Tous les sympathisants d'un même parti se retrouvent au même moment, au même endroit. Il faut donc un lieu assez grand, comme une école ou un gymnase. Chez les républicains, les personnes présentes écoutent d'abord les discours des représentants des candidats, puis inscrivent leur choix sur un bout de papier. Mais chez les démocrates, c'est un peu plus étonnant. Chaque personne présente se déplace physiquement dans la salle et rejoint le groupe de son candidat préféré. Les groupes trop petits (moins de 15 % des présents) sont éliminés d'office. Ensuite, une négociation s'engage entre les groupes restants (les groupes « viables ») et les indécis ou ceux dont le candidat a été éliminé au premier tour pour qu'ils rejoignent l'un ou l'autre des camps. Cela peut durer assez longtemps, selon la taille de la circonscription. On compte ensuite le nombre de personnes dans chaque groupe, et chaque candidat reçoit un nombre proportionnel de délégués. Ces derniers répéteront le même processus à des échelons supérieurs, au niveau du comté, puis de l'État. Cet été, les deux partis démocrates et républicains se réuniront lors d'une convention nationale pour investir le candidat qui aura obtenu le plus de délégués, le plus de soutiens dans l'ensemble des États.
ZK : À Caracas, au Venezuela, la production de viande a chuté en 2019, elle ne couvrirait pas les besoins de plus de la moitié de la population.
LB : C'est ce qu'affirme la fédération nationale des éleveurs. Touché par la pire crise économique de son histoire, le Venezuela subit une inflation estimée à 200 000 % en 2019. Et le résultat c'est l'effondrement de tout son appareil productif en particulier l'agriculture. Correspondance à Caracas de Benjamin Delille.
En 2019, la production de viande au Venezuela a couvert moins de 40 % de la demande nationale. Et la situation est encore plus catastrophique pour le lait selon la Fedenaga, la fédération des éleveurs : moins de 30 % de la demande vénézuélienne a été fournie l'année dernière. Le résultat est très visible dans les supermarchés où les rayons de viandes sont de plus en plus vides, et les briques de lait difficiles à trouver. Comme le reste de l'agriculture, en chute libre depuis plusieurs années, l'élevage est victime des différentes pénuries d'eau, d'essence, et aussi des coupures d'électricité qui abîment le matériel et rendent le travail plus difficile. La particularité du secteur de la viande c'est qu'il est fortement touché par la délinquance organisée. Dans un pays où la monnaie fiduciaire disparaît à cause de l'inflation, il vaut mieux voler du bétail que des banques. Le phénomène est particulièrement inquiétant à la frontière avec la Colombie où plus de 700 000 têtes auraient été volées puis revendues dans le pays voisin. Autre conséquence de ce trafic de viande : l'apparition de vendeurs à la sauvette qui bradent les prix et ne respectent aucune règle d'hygiène. Une concurrence déloyale qui oblige bon nombre d'éleveurs à mettre la clef sous la porte. Benjamin Delille, Caracas, RFI.
ZK : Trois jours après le Brexit, les désaccords entre le Royaume-Uni et l'Union européenne sont toujours d'actualité.
LB : Le Premier ministre britannique prononçait aujourd'hui son premier discours depuis la sortie du Royaume-Uni et il a posé ses conditions pour conclure un accord commercial avec l'UE. Un message est très ferme, Boris Johnson préfère renoncer à un accord plutôt que de signer un texte l'obligeant à s'aligner sur les règles communautaires.
ZK : Toujours au Royaume-Uni, le Gouvernement britannique promet de sévir davantage contre les personnes condamnées pour terrorisme.
LB : Au lendemain d'une nouvelle attaque au couteau à Londres revendiquée par le groupe État islamique. Son auteur, qui a été abattu par la police après avoir blessé trois personnes venait de sortir de prison. Il avait été condamné en 2018 pour divers délits en lien avec une entreprise terroriste. Par ailleurs en France, un homme de 19 ans a été blessé par balle après avoir tenté de rentrer dans la caserne de la gendarmerie de Dieuze dans l'Est. Le procureur de la République de Metz dit ne pas exclure qu'il s'agisse d'un acte terroriste.
ZK : En bref, Emmanuel macron à Varsovie. Le président français veut marquer un tournant dans les relations avec la Pologne.
LB : Objectif : dissiper les malentendus sur plusieurs sujets qui fâchent : le climat, la relation avec la Russie ou encore l'OTAN.
ZK : Lui était à Rome aujourd'hui, le Premier ministre hongrois Viktor Orban participait à une conférence aux côtés de figures de la droite identitaire, comme l'italien Matteo Salvini et la Française Marion Maréchal.
LB : Viktor Orban s'affiche au côté de l'extrême droite européenne, tout en continuant à siéger, avec les conservateurs du PPE, le Parti Populaire Européen. Même si la formation d'Orban a été suspendue temporairement, en raison des atteintes à l'État de droit en Hongrie, et n'assiste plus aux grandes réunions du PPE. En montrant son affinité avec l'extrême droite, Orban cherche-t-il la rupture définitive avec le PPE ? À Budapest, Florence La Bruyère.
Un pied dedans, un pied dehors. Depuis des années, Viktor Orban joue à l'équilibriste. Il affirme qu'il veut continuer à faire partie des conservateurs du parti populaire européen. Mais il ne cesse de critiquer ce même PPE, qui serait tombé sous l'influence des libéraux et de la gauche européenne, et même sous celle du milliardaire George Soros, l'éternelle bête noire de Viktor Orban. « Le PPE décline, il perd des positions et il s'affaiblit » déclarait récemment l'homme fort de Budapest avant d'annoncer : » Nous allons lancer quelque chose de nouveau dans la politique européenne. » En s'affichant à Rome avec les ténors de l'extrême droite, Orban fait un pied de nez au PPE. Il montre qu'il a d'autres alliés potentiels sur la scène européenne. Mais l'affaire ira-t-elle jusqu'au divorce ? Pas sûr que le PPE veuille vraiment exclure le parti d'Orban. Une exclusion risquerait de radicaliser encore plus Viktor Orban. Quant à ce dernier, il tente pour l'instant de changer le PPE de l'intérieur. En prônant un retour à ce qu'il appelle « les vraies valeurs de la démocratie chrétienne. »