Journal en français facile 06 octobre 2017
Florent Guignard : Radio France Internationale, il est 20 heures en temps universel, 22 heures à Paris,.
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FG Bonsoir, bienvenue dans le journal en français facile, que je vous présente avec Zéphirin Kouadio, bonsoir Zéphirin.
Zéphirin Kouadio : Bonsoir Florent, bonsoir à tous.
FG Au sommaire de ce journal, Zéphirin, les premiers gestes d'apaisement dans la crise en Catalogne : ZK Oui, Barcelone repousse à mardi la réunion du parlement régional, et Madrid évoque la possibilité d'un dialogue. FG Le prix Nobel de la paix à la Campagne pour l'interdiction des armes nucléaires, alors que la menace de l'arme atomique n'a jamais été aussi forte dans le monde depuis bien longtemps. ZK La colère des Nations-Unies face aux autorités birmanes, qui empêchent les secours humanitaires d'apporter leur aide aux Rohingyas restés en Birmanie. FG Enfin, ambiance tendue à Washington. La crise couve entre Donald Trump et plusieurs de ses ministres.
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ZK Et la tension semble redescendre d'un cran en Espagne, entre les indépendantistes catalans et le gouvernement de Madrid. FG Il y a d'abord eu les excuses publiques, à la télévision, du représentant du gouvernement espagnol en Catalogne. Il s'est excusé pour toutes les violences policières commises dimanche dernier, le jour du référendum sur l'indépendance. Il y a eu ensuite l'annonce par le chef des indépendantistes catalans, Carles Puigdemont, de repousser à mardi la réunion du parlement régional de Catalogne. A l'issue de cette séance, l'indépendance sera-t-elle proclamée ? Un membre du gouvernement régional catalan appelait les indépendantistes catalans à ne pas commettre « l'irréparable ». Alors, le report de cette réunion s'explique-t-il par la volonté de gagner du temps, ou par le souhait de laisser la place au dialogue ? Parce qu'à Madrid, le porte-parole du gouvernement espagnol a fait un pas vers l'apaisement, en parlant d'un possible « dialogue », ce qui paraissait totalement exclu hier encore. A Madrid, la correspondance de Diane Cambon.
A l'issue du conseil de ministres, le porte-parole du gouvernement espagnol, Inigo Mendez de Vigo, a évoqué pour la première fois depuis le début de la crise catalane la possibilité d'ouvrir une fenêtre de dialogue avec les indépendantistes. Je cite : « Il serait bon de colmater la fracture avec le parlement catalan et récupérer le dialogue ». Cette possibilité de négociation est toutefois envisageable seulement si l'exécutif catalan renonce à l'indépendance. Dans les rangs des séparatistes, des voix discordantes à la feuille de route indépendantiste se font entendre pour la première fois depuis la tenue du référendum. Plusieurs membres du gouvernement régional ont suggéré de repousser la déclaration d'indépendance afin de prendre le temps, je cite, de « faire bien les choses ». L'annonce de plusieurs entités bancaires et grandes entreprises catalanes de délocaliser hors de Catalogne leur siège social fait trembler les bases de l'économie locale. Et même si le leader catalan Carles Puigdemont a bien cherché à atténuer les conséquences d'un possible exil des entreprises catalanes, l'inquiétude grandit parmi la société. A cela s'ajoutent les prévisions pessimistes du Fonds monétaire international qui vient d'avertir d'un possible ralentissement de l'économie si le conflit catalan ne se résout pas rapidement. Diane Cambon, Madrid, RFI.
ZK Et puis dans l'actualité de ce vendredi également, Florent, la réaction des Etats-Unis, réaction qui était très attendue, après l'attribution du prix Nobel de la paix 2017 à ICAN, le sigle, en anglais, de la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires. Et cette réaction, Florent, n'est pas très positive. FG Eh non… Les Etats-Unis font savoir ce soir que le Traité d'interdiction des armes nucléaires, pour lequel milite ICAN, « ne rendra pas le monde plus pacifique et ne renforcera la sécurité d'aucun Etat ». Washington confirme que les Etats-Unis ne signeront pas ce traité. L'académie Nobel voulait pourtant mettre en avant le combat contre la prolifération, la multiplication des armes nucléaires, à l'heure où la Corée du Nord multiplie les menaces, et les essais nucléaires, à l'heure où Donald Trump menace justement la Corée du Nord de « destruction totale », et à l'heure encore où le président des Etats-Unis est sur le point de dénoncer l'accord sur le contrôle du programme nucléaire iranien, un accord international qui a justement mis un frein à la prolifération nucléaire en empêchant l'Iran se posséder l'arme atomique. Nicolas Falez.
ICAN est une campagne née il y a 10 ans. Elle regroupe des centaines d'organisations non-gouvernementales qui plaident pour l'élimination complète des arsenaux nucléaires. Cette mobilisation internationale a permis cette année la naissance à l'ONU d'un Traité d'interdiction des armes nucléaires, porté par ICAN et par des Etats engagés contre l'arme atomique : Brésil, Suède, Autriche, Afrique du Sud, Irlande, notamment. Lorsqu'il entrera en vigueur, ce traité ne s'appliquera qu'aux Etats l'ayant ratifié, et aucun des neuf pays possédant la bombe n'a l'intention de le faire. Mais c'est un traité qui dérange quand même les puissances nucléaires. On a par exemple entendu les dirigeants et des diplomates français le critiquer avec des mots assez durs. Le prix Nobel de la paix 2017 récompense donc l'idée d'un monde débarrassé des armes nucléaires, et il survient dans un contexte très tendu, sur fond de crise avec la Corée du Nord et de possible remise en cause par les Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien. ZK Venons-en à la colère des Nations-Unies contre la Birmanie - il s'agit encore et toujours de la crise des Rohingyas, la minorité musulmane birmane, chassée par l'armée. FG Le chef des opérations humanitaires de l'Onu dénonce une situation « inacceptable » ; les autorités birmanes empêchent les organisations humanitaires de porter secours aux Rohingyas qui se trouvent toujours en Birmanie. Il y a un peu plus d'une semaine, les autorités birmanes avaient déjà empêché une délégation de l'Onu d'accéder à la région où se trouvent les Rohingyas, et où l'armée mène sa campagne de répression contre la minorité musulmane - officiellement, c'est parce qu'il faisait mauvais temps... Les Rohingyas continuent de fuir vers le Bangladesh, le pays voisin : plus de 2 000 réfugiés Rohingyas franchissent ainsi chaque jour la frontière pour aller au Bangladesh. Helena Tomic.
En un peu plus de six semaines, le Bangladesh a accueilli au total 515 000 réfugiés Rohingyas en provenance de Birmanie. Et selon l'OIM, l'Organisation internationale pour les migrations, environ 2 000 réfugiés continuent à arriver chaque jour dans les camps du sud du Bangladesh, déjà au bord de l'asphyxie. Pour le chef des affaires humanitaires de l'ONU Mark Lowcock, il est urgent d'ouvrir un accès sans entraves dans l'Arakan : « C'est inacceptable que l'accès à l'Arakan, en particulier dans le nord, soit aussi limité. Il n'y a qu'un petit nombre de personnel international sur place, mais ils sont dans l'incapacité de faire leur travail comme ils le devraient. Nous réitérons notre appel aux autorités birmanes de faire en sorte que les humanitaires, et pas seulement les agences de l'ONU puissent travailler dans des conditions normales. » Le coordinateur des secours d'urgence a également déclaré que l'ONU s'attendait à la poursuite de cet exode en provenance de Birmanie où vivent encore des centaines de milliers de Rohingyas. Les autorités birmanes ont totalement fermé l'accès dans le nord de l'Arakan depuis le 25 août, date à laquelle des combattants Rohingyas ont attaqué une vingtaine de postes-frontière, déclenchant une violente riposte de l'armée. ZK Helena Tomic. On revient aux Etats-Unis, pour parler de l'administration Trump, du gouvernement, et de la mésentente qui règne en son sein. FG Les rumeurs de démissions se multiplient à Washington, la capitale fédérale des Etats-Unis. Certains ministres se posent la question : faut-il partir, ou bien faut-il rester pour éviter le pire avec ce président qui parait tellement incontrôlable ? Grégoire Pourtier.
Jeudi soir, Donald Trump dînait avec les hauts responsables militaires américains et leurs épouses. Et il a lâché benoîtement que ce moment représentait peut-être « le calme avant la tempête ». On n'en saura pas davantage, tout comme il est souvent difficile de distinguer bravades présidentielles et objectifs réels de la Maison-Blanche. Cependant, beaucoup s'inquiètent des tensions internes. Une télévision a récemment révélé que cet été le secrétaire d'État avait qualifié Trump de « débile », pour rester poli... Rex Tillerson n'a ensuite pas nié formellement devant la presse. Le président est ainsi furieux, ajoutant une dimension personnelle aux dissensions étalées au grand jour sur les politiques à mener. Sur la Corée du Nord ou l'Iran, les contradictions sont quasi quotidiennes. Trump peut-il alors conserver Tillerson ? Certains médias affirment que ce dernier a conclu un pacte avec deux autres poids lourds de l'administration, les secrétaires à la Défense et au Trésor. Si l'un des trois est remercié, les deux autres, qui font figures de modérateurs, quitteront aussi leurs fonctions. Alors, tempête sur la scène internationale ou bien à la Maison-Blanche ? L'un n'irait sans doute pas sans l'autre. Grégoire Pourtier, New York, RFI.
FG RFI, 22 heures 10 à Paris. C'est la fin de ce journal en français facile. Très bonne soirée.