Journal en français facile 10 août 2019
Andréane Meslard : Vous écoutez RFI, il est 22 heures à Paris, 20h en temps universel. Bonsoir à toutes et à tous, bienvenue dans votre journal en français facile. Avec moi ce soir pour vous le présenter, Sébastien Duhamel. Bonsoir Sébastien.
Sébastien Duhamel : Bonsoir Andréane et bonsoir à tous.
AM : Au sommaire de ce journal, quatre Palestiniens ont été tués ce samedi par des soldats israéliens à la frontière entre Israël et la Bande de Gaza. Pour les autorités israéliennes, ils étaient tous armés et auraient attaqué les soldats. Une nouvelle manifestation à Hong Kong aujourd'hui, dans les rues du centre de la ville et à l'aéroport. Manifestation également en Russie, des dizaines de personnes ont été arrêtées cet après-midi.
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SD : Deux Palestiniens soupçonnés d'avoir tué un soldat israélien en Cisjordanie occupée ont été arrêtés la nuit dernière. Ce sont les services israéliens de sécurité intérieure qui l'ont annoncé aujourd'hui.
AM : Le Shin Bet, c'est le nom du service secret intérieur israélien, a précisé que l'arrestation s'est faite, après enquête. L'un des deux suspects fait partie, selon leurs informations, du mouvement islamiste du Hamas. Après la mort de ce soldat israélien, beaucoup de soldats ont été déployés dans la zone où le corps a été retrouvé. Les groupes armés palestiniens n'ont pas revendiqué le meurtre du soldat, ça veut dire qu'ils n'ont pas dit être responsable de la mort de ce soldat, mais ils ont estimé que c'était une réponse, je cite, normale, à la destruction de logements palestiniens, à la fin du mois de juillet. En parallèle, quatre Palestiniens ont été tués ce samedi, par des soldats israéliens à la frontière qui sépare la bande de Gaza et Israël. Selon les soldats israéliens, ils auraient franchi la frontière et attaqué une patrouille israélienne. Explications, Michel Paul.
C'est un des plus graves incidents à la frontière entre Israël et Gaza ces dernières semaines.. Selon l'armée israélienne, des Palestiniens armés de kalachnikovs, de grenades à main et d'un lance-roquettes ont été repérés la nuit dernière alors qu'ils s'approchaient de la barrière de sécurité qui sépare Israël du territoire palestinien. Toujours selon la porte-parole l'un des Palestiniens a franchi la clôture et lancé une grenade en direction des soldats, les militaires ont alors ouvert le feu et tué quatre Palestiniens. On indique que l'incident n'a pas fait de victimes côté Israélien. De source palestinienne citée par les médias israéliens on affirme que trois des Palestiniens abattus étaient des combattants du Hamas membres du service d'ordre qui tentaient précisément d'empêcher l'infiltration vers Israël d'un civil palestinien. Et puis on indique également que peu après l'incident les forces israéliennes ont frappé une position du Hamas près de la ville de Dir el Balah dans le sud de la bande de Gaza.
AM : Au Yémen, les affrontements se poursuivent à Aden, là où se trouve le siège du gouvernement yéménite. Depuis mercredi, des combats opposent des rebelles séparatistes, aux soldats du gouvernement. Tous sont pourtant, normalement réunis au sein d'une coalition, dirigée par l'Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis. Les séparatistes ont annoncé ce samedi soir, avoir pris le contrôle du palais présidentiel.
SD : RFI, il est 4 heures 06 à Hong Kong, où ont eu lieu de nouvelles manifestations aujourd'hui.
AM : Cela fait deux mois qu'un mouvement de protestation secoue l'ancienne colonie britannique. Des manifestations contre l'exécutif, pro-Pékin, et contre un projet de loi autorisant les extraditions vers la Chine, c'est à dire qui autorise que les prisonniers à Hong Kong soient envoyés en Chine continentale pour être jugés. À Hong Kong, les manifestants sont encore mobilisés à l'aéroport, un sit-in qui doit durer tout le week-end. Ils ont également arpenté les rues de Hong Kong, c'est-à-dire qu'ils ont marché dans les rues aujourd'hui. Rassemblement interdit. Les forces de l'ordre ont donc utilisé des gaz lacrymogènes ce soir pour disperser la foule. Notre envoyé spécial Christophe Paget était à cette manifestation dans le centre de Hong Kong.
C'est une véritable forêt de parapluies – pour se protéger de la chaleur, qui s'est élancée de la gare routière de Taï Po, des milliers de personnes scandant Hongkongais bonne chance, honte à la police (que les manifestants accusent de violences), et « Carrie Laam va en Enfer », Carrie Laam la cheffe de l'exécutif hongkongais dont les manifestants demandent la démission – mais comme l'explique l'in d'entre eux « de toute façon la personne qui la remplacerait serait choisie par Pékin. Il nous faut des élections libres ». La Chine était évidemment dans tous les esprits puisque Taï Po est à 14 kilomètres à peine de la frontière chinoise. Plus au sud samedi matin c'était les familles qui manifestaient pur leurs futurs et ceux de leurs enfants. Là c'était plutôt des jeunes, avec leurs habituels t-shirts noirs. Et sur le bord de la route un vieil homme était en larmes de voir toute cette jeunesse descendre dans la rue pour son avenir. La manifestation s'est terminée au bout d'une heure, dans le calme, quasiment tout le monde a pris le métro, car comme l'expliquait un manifestant la marche était interdite, et personne n'avait pris son équipement de protection de peur d'être arrêté avec sur le chemin. Nous vivons sous une loi martiale de fait, affirmait un autre, puisque depuis plusieurs semaines toutes les manifestations sont interdites. Et de proposer de taper le gouvernement au porte-monnaie en organisant comme lundi dernier une nouvelle grève générale. Christophe Paget, Hong Kong, RFI.
AM : Des manifestations également en Russie aujourd'hui. Des dizaines de milliers de manifestants étaient réunies, dans les rues de Moscou afin, de protester contre l'invalidation de plusieurs dizaines de candidatures de l'opposition pour les élections locales de septembre. Invalider cela signifie que leurs candidatures ont été considérées comme non réglementaires. Les forces de l'ordre ont arrêté des dizaines de personnes. C'est le 4e week-end consécutif de mobilisation en Russie.
SD : La crise politique en Italie, depuis que Matteo Salvini a rompu ce jeudi la coalition au pouvoir. Une coalition c'est une union de différents partis politiques, pour faire face à une situation particulière.
AM : Et cette union, c'était celle entre la Ligue d'extrême droite de Matteo Salvini, le ministre italien de l'Intérieur, et le Mouvement cinq étoiles de Liugi di Maio. Matteo Salvini a réclamé de nouvelles élections législatives et depuis c'est la crise. Ce dernier s'est lancé dans plusieurs discours publics et réunions. Une crise qui risque bien de coûter cher à l'Italie sur le plan économique Altin Lazaj.
Les conséquences ont été immédiates hier sur les marchés financiers. La bourse de Milan a reculé de près de 2 % et demie avec des fortes baisses des valeurs bancaires. La dette italienne a fait aussi les frais : le taux d'emprunt à dix ans a progressé de 30 points. La crise politique pourra provoquer une crise économique, car les difficultés s'accumulent pour le pays. L'Italie, troisième économie de la zone euro a connu une croissance nulle de son PIB sur les six premiers mois de l'année. Pour l'ensemble de l'année, les prévisions de la Commission européenne sont aussi pessimistes. Bruxelles prévoit une croissance de seulement 0,1 % tandis que certains experts anticipent même une récession de l'économie. Dans ce contexte, le chômage qui atteint déjà 9,7 % de la population active pourra augmenter davantage. Autre problème. L'Italie affiche une dette colossale de 132 % de son PIB, une charge importante pour l'économie. Le pays paye en intérêt 65 milliards d'euros par an, autant que le budget de l'éducation nationale.
AM : Altin Lazaj. Tout de suite le mot de la semaine, tous les samedis, Yvan Amar vous explique un mot qui a fait l'actualité cette semaine. Aujourd'hui, il s'agit de « souverainiste ».
Le Pape tout récemment, dans une déclaration assez politique, vient de mettre en garde contre les dangers du souverainisme, et du populisme. Les deux termes n'ont certainement pas le même sens, mais ils désignent souvent des sensibilités politiques, des familles politiques proches. Ce mot de souverainiste, en tout cas en Europe, apparaît assez récemment : il est courant depuis la fin des années 90 et il apparaît à cause des discussions sur la politique européenne. Les souverainistes sont ceux qui se sont opposés à une politique européenne forte, à un réel pouvoir d'une Europe économique et plus encore politique. En fait le mot est assez clair : les souverainistes sont ceux qui militent pour un état souverain, et qui s'opposent à un pouvoir qui serait au-dessus des états, un pouvoir supranational. Ça s'apparente donc un peu à un nationalisme. Ce mot a été popularisé par ceux qui sont justement de ce bord-là, de cette tendance : ce sont souvent les souverainistes qui s'appellent eux-mêmes souverainistes. Cela se comprend bien : on a parlé souvent d'anti-européens, ou d'eurosceptiques. Mais on sent bien que ces mots sont négatifs : il s'agit de ceux qui se déclarent anti-européens, par rapport à une Europe qui se construit. Même eurosceptique se comprend par rapport à ceux qui croient en l'Europe : ce sont ceux qui ne croient pas à l'avenir de l'Europe. Alors que souverainiste est un mot qui s'affirme, qui est sûr de lui. Mais on voit que le mot a pris, qu'il s'est imposé : la preuve : ceux qui s'opposent ou se méfient du souverainisme peuvent l'employer.
AM : Yvan Amar. Et c'est ainsi que se termine ce Journal en français facile, merci à vous de l'avoir suivi. N'oubliez pas que vous pouvez le retrouver sur notre site www.rfi.fr à la rubrique Savoirs, au pluriel. RFI il est 22h10 à Paris.