Journal en français facile 12 janvier 2019
Andréane Meslard : 21 heures à Paris, une heure de moins en temps universel. Bonsoir et bienvenue si vous nous rejoignez pour cette nouvelle édition de votre Journal en français facile. Avec moi pour vous le présenter, Hugo Lanoë. Bonsoir Hugo.
Hugo Lanoë : Bonsoir Andréane et bonsoir à tous.
AM : Dans ce journal, neuvième samedi de mobilisation des gilets jaunes. Ils étaient 84 000 dans toute la France aujourd'hui, 8 000 à Paris. Aux États-Unis, c'est le 22e jour de shutdown ce samedi. Un record dans le pays. Au Nicaragua, un juge de la Cour suprême qui a démissionné cette semaine accuse le président Daniel Ortega d'avoir créé un « État de terreur » dans le pays. Vous l'entendrez.
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HL : Pour la neuvième semaine de suite, les gilets jaunes se sont mobilisés en France ce samedi.
AM : Ils étaient au moins 84 000, d'après le ministère français de l'Intérieur à s'être retrouvés dans les rues de plusieurs villes de France. Les gilets jaunes, appelés ainsi par la veste fluo qu'ils portent pour se reconnaître. À Paris ils étaient 8 000 aujourd'hui et contrairement à ce qu'imaginaient les autorités, la mobilisation dans la capitale s'est déroulée sans aucun incident, à part à la fin. Reportage, David Bache.
Ils ont traversé par milliers la capitale : place de la Bastille, grands boulevards, grands magasins. Cinq heures de marche, sans aucun incident. Céline est venue de Seine-et-Marne, voilà comment elle qualifie cette manifestation […]. Le parcours a été déclaré, les forces de l'ordre laissent les gilets jaunes passer. Les slogans fusent, pas les balles des flashballs des CRS. Bref, comme le constate Yann, venu de banlieue parisienne, rien à voir avec les samedis précédents […]. En fin de parcours, au pied de l'Arc de Triomphe, l'atmosphère se dégrade : des manifestants jettent des projectiles sur les forces de l'ordre qui répliquent à coup de gaz lacrymogène et de canons à eau. Des incidents minimes, en comparaison de ce qui avait pu se produire ces dernières semaines.
HL : 74 personnes ont été placées en garde à vue dans la capitale selon la préfecture.
AM : Oui et d'autres chiffres pour cette journée de manifestation. Les gilets jaunes étaient 5 milles à Toulouse, presque 5000 également à Bourges, dans le centre du pays ou encore 6000 à Bordeaux. En France, le grand débat national doit débuter dans trois jours. Et lundi Emmanuel Macron doit envoyer une lettre aux français, pour leur préciser les contours de ce débat.
HL : On reste à Paris, où une explosion a détruit un immeuble ce matin.
AM : C'est une fuite de gaz qui aurait entraîné l'explosion, puis un incendie dans une boulangerie au rez-de-chaussée. Cela s'est produit dans le 9e arrondissement de la capitale, non loin des grands boulevards. Deux pompiers et une touriste espagnole sont morts... dix personnes ont été grièvement blessées et 37 l'ont été légèrement.
HL : L'actualité, c'est aussi la République Démocratique du Congo, où il y aura peut-être une cohabitation au pouvoir.
AM : Oui Hugo, la commission électorale nationale indépendante a dévoilé les résultats des législatives hier soir. Et c'est la majorité, favorable au président sortant Joseph Kabila, qui l'emporte. Alors que, c'est l'opposant Félix Tchisekedi qui a emporté la présidentielle, toujours d'après la CENI. Les élections, c'était le 30 décembre dernier. De son côté, l'opposant Martin Fayulu revendique la victoire. Il conteste aussi les résultats des législatives. Aujourd'hui Martin Fayulu a déposé ses recours devant la cour constitutionnelle.
HL : Aux États-Unis, un record atteint aujourd'hui. C'est le 22e jour de shutdown, c'est-à-dire de blocage des activités gouvernementales américaines.
AM : Depuis 22 jours, 25 % des administrations fédérales sont paralysées. Le précédent record était de 21 jours, et il était détenu par le gouvernement de Bill Clinton, en 1995. Et ça risque de continuer, encore. Aucune solution ne semble se dessiner. Donald Trump veut plus de 5 milliards de dollars pour construire un mur à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Mais les démocrates refusent. En attendant, ce sont 800 000 fonctionnaires qui sont au chômage technique, ou travaillent sans être payés. Précisions, Sami Boukhelifa.
Point commun entre ces centaines de milliers de fonctionnaires américains, plus personne ne perçoit de salaire. Néanmoins ils se distinguent en deux catégories : il y a ceux qui restent chez eux et ceux qui continuent de se rendre au travail tous les jours comme les agents de la TSA, l'administration américaine de la sécurité et des transports. Impossible pour eux de cesser leur activité considérée comme essentielle. Ce sont ces agents qui gèrent aux frontières, dans les aéroports, les arrivées et les départs de millions de voyageurs quotidiennement. Autres secteurs stratégiques : les impôts. L'administration fiscale ne baisse pas le rideau. La sécurité alimentaire, la sécurité météorologique, continue de surveiller les ouragans par exemple. Pour tout le reste, la recherche scientifique, certains secteurs de la justice, les musées, le ramassage des ordures, c'est le blocage. Mais tous les Américains ne subissent pas le Shutdown de la même manière. On est davantage concerné si on habite à Washington. Le fonctionnement de la capitale des États-Unis dépend entièrement de financements fédéraux, ce qui n'est pas forcément le cas dans les autres États.
AM : Donald Trump en tout cas, refuse de déclarer une urgence nationale, je le cite, trop vite. S'il décrète cette urgence nationale, il pourra passer au-dessus du congrès.
HL : Le Nicaragua s'enfonce dans la crise. Depuis la démission d'un premier fonctionnaire haut placé jeudi dernier.
AM : Ce magistrat sandiniste Rafael Solis n'a pas seulement quitté ses fonctions de juge à la Cour suprême de justice du Nicaragua. Il a aussi accusé le président Daniel Ortega, pourtant issu de la même famille politique, d'avoir créé un « État de terreur » dans le pays. Le magistrat était en poste depuis plus de dix ans, et il était vu par beaucoup comme l'un des hommes de confiance de Daniel Ortega. Il a également annoncé quitter toutes ses « fonctions politiques, y compris l'adhésion au Front sandiniste de libération nationale. Rafael Solis compare sa démission à un avertissement...
« La guerre civile, ce n'est pas pour tout de suite. Mais je sens que c'est un risque réel. On ne voit plus comment trouver une issue pacifique. Il n'y a plus de liberté d'expression, plus de liberté pour organiser des partis politiques, la répression est généralisée et les gens sont emprisonnés, il n'y a pas les conditions pour suivre une voie pacifique. Donc, je pense que l'autre voie est en train de se renforcer. Personne ne le souhaite, mais c'est celle que nous avons prise il y a 40 ans pour renverser Somoza, je parle de celle des armes. Plus le régime ferme les portes à une voie pacifique, plus la voie d'une guerre civile se rapproche. C'est ma principale préoccupation, et ce n'est pas notre souhait. » AM : Propos recueillis par Yaïza Martin de la rédaction en espagnol de RFI. HL : RFI, il est 21h08 à Paris.
AM : C'est le moment de retrouver Yvan Amar pour son mot de la semaine.
Du nouveau à la primature de Libreville. C'est ce qu'on a entendu depuis qu'on sait qu'Ali Bongo a nommé un nouveau Premier ministre au Gabon ! Mais on l'a entendu, car c'est une information qui concerne le Gabon. On aurait pu l'entendre ailleurs qu'au Gabon, dans de nombreux pays d'Afrique francophone, ou même en Haïti. Mais le mot est typique du français de la Francophonie et n'est pas employé partout. On comprend bien que le mot est de la même famille que premier. Et le mot primature désigne la fonction de Premier ministre. Et ensuite, ce qui l'entoure : le lieu où il travaille, et les services qui travaillent pour lui. Le mot primature correspond pour le Premier ministre, au mot présidence pour le président. Et c'est Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal, qui a popularisé ce mot, dont l'usage s'est répandu en Afrique. Mais justement, on n'emploie pas le mot à propos des institutions françaises. Alors comment dit-on ? Quel est son synonyme ? Et bien il n'y en a pas vraiment. Il y a un manque dans le français de France. Mais il est vrai qu'on a des manières de contourner ce manque, de se débrouiller sans mot particulier pour nommer la mission du Premier ministre et de ceux qui l'entourent. On se sert en général du nom du lieu où il travaille : c'est Matignon. Et on dit couramment : Untel se verrait bien à Matignon, pour dire qu'il aimerait être Premier ministre. À Matignon, on dit que, on murmure que, c'est-à-dire dans l'entourage du Premier ministre, parmi ses proches collaborateurs.
AM : C'était le mot de la semaine, présenté par Yvan Amar. Il est 21h10 à Paris, c'est la fin de ce Journal en français facile. Merci à Hugo Lanoë, et merci à vous d'écouter RFI.