Journal en français facile 16 avril 2019
Romain Auzouy : Vous écoutez RFI il est 22h à Paris, 20h en temps universel. Bonsoir à tous, c'est l'heure de votre Journal en français facile. Présenté en compagnie de Sylvie Berruet, bonsoir Sylvie.
Sylvie Berruet : Bonsoir Romain, bonsoir à tous
RA : À la une de l'actualité ce soir : Emmanuel Macron promet que la reconstruction de la cathédrale Notre Dame se fera d'ici 5 ans. Le chef de l'État s'est exprimé au lendemain de l'incendie qui a gravement endommagé cette cathédrale, l'un des symboles de Paris.
SB : Et l'émotion est toujours très forte 24h après le sinistre. Toute la journée des milliers de personnes se sont déplacées aux abords de la cathédrale dont le toit a été détruit dans l'incendie.
RA : Dans l'actualité internationale également des prisonniers palestiniens qui cessent une grève de la faim dans des établissements israéliens.
SB : Et puis la mort à 64 ans d'Aziz Chouaki. Dramaturge et écrivain algérien à l'œuvre considérable.
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SB : Au lendemain de l'incendie de la cathédrale Notre Dame de Paris, le Président français s'est donc exprimé à la nation
RA : Un discours court, moins de 6 minutes, au ton très solennel. Et un discours qui est intervenu 24h après l'allocution que le chef de l'État devait prononcer, pour annoncer des mesures suivant le grand débat. Mais cette allocution a été reportée, en raison du drame qui a touché l'un des symboles de Paris. Ce soir Emmanuel Macron a d'ailleurs évoqué cette concordance des évènements, écoutez un extrait de son discours ce soir.
[Transcription manquante]
RA : Emmanuel Macron s'exprimant à la nation ce soir. Une annonce à retenir de ce discours, le Président français a promis que la cathédrale Notre Dame de Paris serait reconstruite d'ici 5 ans. C'est la grande question du jour au lendemain de l'incendie, la reconstruction. Elle va coûter très cher. Toute la journée les dons se sont multipliés, ils dépassent actuellement les 750 millions d'euros. On va notamment citer les trois plus grandes fortunes de France qui à elles trois ont donné 500 millions d'euros.
SB : Car les dégâts sont considérables.
RA : Le feu n'a été maîtrisé que dans la matinée, après que plusieurs centaines de pompiers ont lutté contre les flammes pendant 15h. Toute la charpente ainsi que la toiture ont brûlé. En revanche les deux tours de Notre Dame qui sont l'emblème de la cathédrale, sont toujours debout. Mais les autorités se voulaient prudentes aujourd'hui, le secrétaire d'État à l'Intérieur Laurent Nunez a affirmé que des « vulnérabilités avaient été identifiées », c'est-à-dire qu'il y a encore des incertitudes sur l'état exact de la cathédrale. 24h après le choc, l'émotion est encore très forte, et toute la journée les réactions des dirigeants étrangers ont encore afflué. Et puis aux abords de la cathédrale, ce sont des centaines, des milliers de personnes qui ont voulu voir la cathédrale endommagée. Parmi eux de très nombreux touristes étrangers. Marine de La Moissonnière leur a tendu son micro.
À quelques mètres de Notre-Dame, au milieu des caméras des télévisions étrangères, des touristes prennent la cathédrale en photo ou plutôt ce qu'il en reste. Beatriz Arregui, venue d'Espagne, s'estime privilégiée d'avoir pu la voir entière. « Nous avons eu la chance de voir Notre-Dame dans toute sa splendeur hier après-midi, mais nous n'avons pas pu rentrer parce qu'il y avait trop de queue. Alors ce matin, on s'est dit, c'est obligé, il faut qu'on revienne voir dans quel état elle est. C'est impressionnant. C'est une tragédie ce qui s'est passé. Il ne reste quasiment rien de la partie arrière. La façade tient encore debout, mais on voit des traces de fumée. » Un peu plus loin, une touriste américaine regarde elle aussi les dégâts. Logée dans un hôtel juste en face, elle a tout vu hier et n'en revient toujours pas. « Je suis tellement désolée pour les Parisiens et pour le monde entier. Ce qui m'inquiète le plus, c'est ce qui a été détruit à l'intérieur. Dieu merci, j'avais déjà visité Notre-Dame. J'avais pu admirer toutes les merveilles à l'intérieur : les vitraux, les orgues… J'espère qu'il en reste quelque chose. On ne peut pas remplacer l'histoire. » Tous les touristes rencontrés ce matin espèrent qu'il sera possible de reconstruire la cathédrale, mais ils savent que cela prendra des années.
RA : Cinq années selon le président français, c'était Marine de La Moissonnière aux abords de la cathédrale Notre Dame.
SB : Dans l'actualité internationale, des prisonniers palestiniens qui arrêtent leur grève de la faim
RA : Ils sont détenus dans des prisons israéliennes et depuis 8 jours refusaient de s'alimenter. Le point de mécontentement concernait l'accès au téléphone dans les prisons, un point sur lequel un accord a pu être trouvé. C'est ce qu'annonce le club des prisonniers palestiniens. Correspondance de Guilhem Delteil.
D'un côté comme de l'autre, la question des détenus est éminemment politique et il est toujours difficile de faire la part des choses. Même le nombre de personnes en grève de la faim était contesté : une centaine selon les services pénitentiaires israéliens, 400 selon des sources palestiniennes. Mais ce lundi soir, tous les détenus ont accepté de recommencer à s'alimenter : selon le club des prisonniers palestiniens, organe représentant les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes, un accord a été trouvé. Mais une fois encore, la teneur de cet accord varie d'une source à l'autre. Le bras de fer est né de l'accès au téléphone. Selon les services israéliens, des portables frauduleusement introduits en prison servaient à planifier des attaques. Des brouilleurs d'ondes ont donc été installés, entraînant des tensions dans plusieurs prisons en février et mars, puis ce mouvement de grève de la faim. Selon le club des prisonniers palestiniens, l'installation de ces brouilleurs d'onde doit être arrêtée et des téléphones publics mis en place pour permettre aux détenus d'appeler trois fois par semaine leur famille. En revanche selon les Israéliens, les brouilleurs d'ondes seront maintenus. Mais des téléphones seront bien installés pour les détenus dits « de sécurité »... après que ceux-ci aient remis leurs téléphones portables, précise toutefois les médias israéliens. Guilhem Delteil, Jérusalem, RFI.
SB : Également au Proche Orient, en Égypte, c'était attendu : un vote du Parlement qui pourrait permettre au Président Abdel Fattah al-Sissi de rester à la tête du pays jusqu'en 2030.
RA : C'est une modification de la Constitution. Car aujourd'hui en Égypte il n'est pas possible d'exercer plus de deux mandats présidentiels. L'amendement qui a été adopté aujourd'hui précise qu'Abdel Fattah al-Sissi pourra être réélu pour un troisième mandat de six ans. Et surtout, que son mandat actuel pourra être prolongé de deux années supplémentaires. Le vote du Parement doit encore être suivi d'un référendum qui devrait être organisé dans les prochains jours. Tout cela inquiète les ONG.
SB : Et puis on a appris aujourd'hui la mort d'Aziz Chouaki.
RA : Dramaturge et écrivain algérien. Il est mort brutalement à l'âge de 67 ans et laisse derrière lui une œuvre très importante, composée principalement de nouvelles, de romans et de pièces de théâtre. Retour sur sa carrière avec Catherine Fruchon-Toussaint.
Aziz Chouaki était d'abord musicien. Un artiste qui ensuite a fait danser les mots. Sur le sol de son Algérie natale où il naît en 1951, il commence par écrire des poèmes, des nouvelles et un premier roman intitulé "Baya". Des débuts prometteurs un peu sur les traces de son grand-père, premier instituteur musulman sorti de l'école normale sous la colonisation et cité par Albert Camus dans un de ses livres. Mais en 1991, le pays se fracture, il est sur la liste des intellectuels indésirables, il est chassé par le Front islamique et s'exile en France. La blessure ne se refermera jamais, l'écriture sera son nouveau territoire. Que ce soit avec "L'étoile d'Alger" son roman ou "Les oranges" très vite adapté sur scène, Aziz Chouaki affiche un univers sombre, cynique, accusateur, traversé parfois d'éclairci, mais surtout il se sert de l'oralité théâtrale pour faire claquer les mots, pour ciseler la langue française, quitte à associer ses textes au hip-hop ou au rock. En 2015, sa pièce "Esperanza" consacrée à la migration clandestine est interprétée au festival d'Avignon, dans le cycle "Ca va, ça va le Monde", diffusé sur RFI, un texte repris récemment à Paris avec succès où là encore Aziz Chouaki faisait entendre son refus des soumissions et sa passion pour la liberté.
RA : Et nos pensées vont ce soir vers la femme d'Aziz Chouaki, notre collaboratrice de longue date : Yasmine Chouaki qui présente l'émission "En Sol Majeur" sur RFI. Enfin football, actuellement les deux premiers matchs comptant pour les 1/4 de finale retour de la Ligue des Champions. La Juventus Turin accueille l'Ajax Amsterdam. Et le FC Barcelone reçoit Manchester United. Fin de ce Journal en français facile.