Journal en français facile 16 janvier 2019
Loïc Bussières : 21h à Paris, 1h de moins temps universel. L'heure de votre Journal en français facile. C'est Zéphyrin Kouadio qui présente avec moi cette édition. Bonsoir Zéphyrin.
Zéphyrin Kouadio : Bonsoir.
LB : Au sommaire : la décision des juges de la cour pénale internationale. La CPI qui s'oppose au maintien en détention de Laurent Gbagbo. L'ancien président ivoirien acquitté hier de crime contre l'humanité tout comme l'ex-chef des Jeunes patriotes Charles Blé Goudé.
ZK : Au Royaume-Uni, Theresa May évite un deuxième revers, après le rejet massif de son plan d'accord sur le Brexit. Hier les députés ont voté contre la défiance des travaillistes de justesse. C'est ce que nous dira Anissa El Jabri.
LB : Et puis en France, un nouvel épisode dans le feuilleton Benalla. L'ex-collaborateur aurait utilisé une vingtaine de fois son passeport diplomatique depuis son licenciement de l'Élysée.
-----
ZK : L'ancien président de la Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, sera bientôt libre. De même que l'ancien chef du mouvement des Jeunes Patriotes, Charles Blé-Goudé.
LB : La décision a été annoncée aujourd'hui par la CPI, la Cour Pénale Internationale de La Haye, aux Pays-Bas. 24 heures après l'acquittement des deux hommes de crimes contre l'humanité. Clémentine Pawlotsky.
Pour les juges de la CPI, rien ne justifie le maintien en détention de Laurent Gbagbo et Charles Blé-Goudé, autrement dit, ils ne resteront pas en prison. Ils ont tous les 2 été acquittés hier, cela signifie qu'ils n'ont pas été reconnus coupables. Ils étaient jugés pour crimes contre l'humanité, pendant la crise en Côte d'Ivoire, entre 2010 et 2011. À ce moment-là, plus de 3000 personnes ont été tuées. Mais d'après les juges, les preuves de la responsabilité de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé dans ces crimes, étaient insuffisantes. Les deux hommes seront donc bientôt libres. Mais cela ne veut pas dire que l'affaire est terminée puisque le Procureur va faire appel, c'est-à-dire que d'autres juges vont dire s'ils confirment ou non l'acquittement de l'ancien président de la Cote d'Ivoire et de l'ancien leader des Jeunes Patriotes. Pendant ce temps là, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé doivent se tenir à disposition de la justice. Autrement dit, si de nouvelles audiences ont lieu, ils devront à nouveau se présenter devant la Cour Pénale Internationale.
ZK : L'autre grand titre de ce journal, c'est le Brexit et cette motion de censure contre Theresa May sur laquelle les députés viennent de se prononcer.
LB : Motion de censure déposée par l'opposition travailliste contre la Première ministre au lendemain du rejet massif de son accord sur le Brexit au parlement. Vous le disiez Zéphyrin, les députés viennent de voter et ils ont renouvelé leur confiance à Theresa May. Elle avait besoin de 318 voix pour éviter la censure. À l'arrivée, elle en comptabilise un peu plus de 325. C'est à peine plus que la majorité Anissa El Jabri.
C'est le reflet de la très petite majorité de May sauf qu'en plus elle n'a même pas tout à fait fait le plein des voix, ça reste un résultat sans surprise. Dès hier soir, même ses adversaires les plus bruyants chez les conservateurs avaient annoncé leur soutien. Le meilleur argument de Theresa May s'appelle Jeremy Corbyn, le leader des travaillistes bête noire des tories, de toute façon pas prêts à prendre le risque de perdre le pouvoir. Maintenant la Première ministre survit, mais avec une autorité chancelante après le revers massif et historique subi hier soir. Elle va entamer des discussions avec les parlementaires, ça commence dès ce soir. Theresa May a 3 jours pour faire avancer le débat. Elle doit présenter lundi un plan B aux députés, le seul ciment qui unit l'opposition et Theresa May, c'est la volonté d'éviter une sortie sèche, sans accord du Royaume-Uni de l'Union européenne, ça renforce encore une possibilité dont on parle depuis déjà une semaine, le report de la sortie de l'UE. Elle est prévue toujours pour l'instant, le 29 mars, c'est dans 10 semaines.
ZK : Dans l'actualité également, cette déclaration de Mike Pence après la mort de soldats US dans une attaque suicide dans le nord de la Syrie.
LB : « Nous resterons dans la région et nous poursuivrons la lutte pour assurer que le groupe État islamique ne montre plus sa face immonde », voilà les mots du vice-président américain qui confirme toutefois le retrait à venir des troupes américaines en Syrie. Un retrait qui depuis qu'il a été annoncé le mois dernier par Donald Trump entraîne de nombreuses réactions et des conséquences. À commencer par celle de la Turquie, qui partage une frontière avec la Syrie, et qui affirme vouloir imposer ce qu'elle appelle une « zone de sécurité », de 30 km en territoire syrien. L'idée vient d'être rejetée par les Kurdes de Syrie dont les forces sont actuellement implantées dans cette région. La Russie exprime également ses réticences. Nicolas Falez.
La priorité de la Turquie c'est toujours d'empêcher la formation d'une entité kurde dans le nord de la Syrie, car Ankara est en conflit ouvert avec les mouvements autonomistes kurdes sur son sol comme à ses frontières. C'est pour cela que la Turquie a applaudi le mois dernier l'annonce du retrait militaire américain de Syrie privée de ce soutien américain, les Kurdes de Syrie apparaissaient alors à la merci d'une opération armée que le Président turc Erdogan annonce comme imminente. Depuis, les États-Unis ont nuancé l'annonce de leur retrait, refusant d'indiquer un calendrier et Donald Trump a dit son opposition à une intervention militaire turque contre les Kurdes de Syrie, tout en exprimant son soutien à l'idée d'une « zone de sécurité » qui serait contrôlée par les Turcs en territoire syrien. C'est ce scénario qui - sans surprise - a été rejeté ces dernières heures par Damas, par les Kurdes de Syrie, quant à Russie, soutien du régime de Bachar El Assad, elle exprime clairement ses réticences. " Nous sommes convaincus que l'issue optimale, et la seule qui soit juste, est un passage de ces territoires sous contrôle du gouvernement syrien, des forces armées syriennes et de leurs structures administratives" estime le Chef de la Diplomatie russe Serguei Lavrov. Le pouvoir syrien de Bachar EL Assad a bien l'intention de poursuivre sa reconquête méthodique des territoires perdus pendant les années de conflit. Et aujourd'hui ce sont ses alliés, Russie en tête, qui semblent en position de dire qui va remplir le vide laissé par le retrait américain.
ZK : Au Kenya, le bilan est d'au moins 21 morts au lendemain de l'attaque d'un complexe hôtelier de Nairobi.
LB : Selon un nouveau bilan du chef de la police, l'attaque aura duré près de 20 heures, menée par un commando d'islamistes shebab. Les assaillants ont tous été tués, sans que leur nombre précis ne soit indiqué. Les islamistes shebab qui disent ce soir avoir agi en représailles au transfert de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem.
ZK : Au Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa sort du silence au troisième jour d'une fronde sociale déclenchée par la hausse des prix du carburant. Le Président, en tournée à l'étranger, appelle au calme. La contestation au Zimbabwe a fait au moins 3 morts depuis lundi et de nombreux blessés. Plus de 200 personnes ont été interpellées, dont la figure de la société civile le pasteur Evan Mawarire. 16h à Caracas, au Venezuela. L'opposition, majoritaire à l'Assemblée nationale, même si cette dernière n'est plus reconnue par l'exécutif, a adopté hier un décret d'amnistie, comprendre de pardon, très large qui inclut les militaires qui refuseraient de reconnaître la légitimité du second mandat de Nicolas Maduro.
LB : Il s'agit d'une nouvelle étape en vue d'assumer le pouvoir dans le cadre d'un gouvernement de transition, c'est ce qu'affirme le président de l'Assemblée nationale Juan Guaido. Un président qui n'avait pas hésité à déclarer au lendemain de l'investiture de Nicolas Maduro qu'il était le seul élu légitime à pouvoir assumer le pouvoir selon la Constitution vénézuélienne. Qu'est-ce que ce décret et quelle pourrait être sa portée ? Les explications de Romain Lemaresquier.
Il s'agit d'un décret court, qui ne comporte que six articles, mais qui pourrait avoir une portée considérable s'il est suivi par les militaires et les fonctionnaires vénézuéliens. Selon le texte adopté ce mardi, tout civil, militaire ou fonctionnaire qui a contribué ou contribuera à la défense de la constitution de la république bolivarienne sera protégé d'éventuelles poursuites. C'est-à-dire qu'il sera exonéré de responsabilité civile, pénale, administrative, disciplinaire ou fiscale, et ce pour la période courant entre janvier 1999, c'est à dire l'arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez, et aujourd'hui. Les prisonniers politiques, les personnes persécutées, les exilés politiques qu'ils soient civils ou militaires seront également amnistiés après examen de leur dossier. Enfin les militaires, civils ou fonctionnaires qui contribueront au rétablissement de la démocratie au Venezuela bénéficieront également de toutes les garanties constitutionnelles. Il s‘agit clairement d'un appel à désobéir à l'exécutif en place, un exécutif illégitime, car résultat d'élections frauduleuses selon l'opposition et une bonne partie de la communauté internationale. Reste à savoir si les militaires et les fonctionnaires, et principalement les subalternes, vont suivre ces consignes, ce qui permettrait à l'Assemblée nationale de bénéficier d'une légitimité tant sur le plan national qu'international.
ZK : En France, Alexandre Benalla de nouveau à la une. La commission d'enquête du Sénat reprenait ses auditions aujourd'hui.
LB : Pour tenter de faire toute la lumière sur "l'affaire Benalla", l'ex-chargé de mission de l'Élysée, mis en examen pour violences en réunion après des images le montrant en train de frapper un manifestant le 1er mai dernier, sera entendu une nouvelle fois la semaine prochaine. Avant cela, ce sont Jean-Yves le Drian, Christophe Castaner et Patric Strzoda qui se sont exprimé. Ce dernier, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron affirme notamment qu'Alexandre Benalla avait utilisé" presque une vingtaine de fois" ses passeports diplomatiques après son licenciement au mois de juillet.