Journal en français facile 17 janvier 2019
Loïc Bussières : 21h à Paris, 1h de moins en temps universel. L'heure de votre Journal en français facile. C'est Zéphyrin Kouadio qui présente avec moi cette édition. Bonsoir Zéphyrin.
Zéphyrin Kouadio : Bonsoir.
LB : À la une ce soir : l'explosion d'une voiture piégée en Colombie, à Bogota. Au moins 9 personnes sont mortes. Plusieurs dizaines d'autres sont blessées. L'attaque eut lieu devant l'école de la police. Les détails avec notre correspondante Marie-Eve Deteuf.
ZK : Le flou autour du Brexit après le rejet de l'accord de Theresa May par le parlement. Bruxelles se dit prêt à un report du départ britannique. La Première ministre, elle, prépare son plan B.
LB : Enfin, manger mieux pour limiter le réchauffement climatique, c'est le diagnostic de scientifiques. Ils expliquent leur méthode dans une revue médicale britannique.
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ZK : On part en Colombie où l'explosion d'une voiture piégée a tué au moins 9 personnes ce jeudi à Bogota.
LB : Dans le sud de la capitale précisément, devant le siège de l'École de police, on fait le point avec notre correspondante Marie-Eve Deteuf.
Bogota est sous le choc. La ville n'avait pas connu d'attentat depuis juin 2017 et aucun attentat aussi meurtrier depuis plus de quinze ans. Les circonstances de l'explosion restent encore confuses. Le conducteur de la voiture est décédé, déchiqueté par l'explosion, ce qui a alimenté la rumeur d'un attentat suicide. Une pratique complètement inhabituelle en Colombie. Selon une autre version, le véhicule aurait été détecté par les chiens dits anti-explosifs. Le conducteur paniqué aurait redémarré et percuté un édifice, provoquant l'explosion. Le président de la République Ivan Duque a annulé un déplacement prévu en province pour se rendre sur les lieux du drame. Tous les secteurs politiques ont énergiquement condamné le fait, y compris le parti de la FARC, issu de l'ancienne guérilla des FARC démobilisée. Aucune piste pour le moment sur l'auteur de l'attentat, qui n'a pas été revendiqué. Tous les soupçons se portent sur la petite guérilla de l'ELN ou sur une dissidence des Farc, ces guérilleros qui n'ont pas rendu les armes. Marie Eve Detoeuf, Bogota.
LB : Ce soir, le parquet de Bogota affirme fait savoir que l'auteur de l'attentat à la voiture piégée a été identifié sans préciser si l'homme José Aldemar Rojas Rodriguez est ou non lié à un groupe armé.
ZK : Dans l'actualité également, la mort du Canadien enlevé hier sur un site minier du Burkina Faso.
LB : Kirk Woodman a vraisemblablement été assassiné par ses ravisseurs. Le corps du géologue a été retrouvé criblé de balles. Le Gouvernement canadien condamne « un crime odieux » et se dit prêt à apporter son aide aux autorités de Ouagadougou pour « rechercher les responsables ».
ZK : Le flou autour de la libération de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.
LB : Dans la foulée de leur acquittement mardi, la CPI s'était prononcée pour la mise en liberté de l'ex-président ivoirien et de l'ancien chef du mouvement des Jeunes patriotes. Mais les procureurs de la Cour ont fait appel hier de cette décision et demandé leur maintien en détention le temps de recevoir les motivations des juges concernant l'acquittement.
ZK : Le Brexit peut-être reporté. L'Union européenne se dit en tous cas prête à étudier la question 48h après le rejet par les députés britanniques de l'accord porté par Theresa May.
LB : La Première ministre qui planche actuellement sur un plan B sur lequel le parlement se prononcera à la fin du mois. Il s'agit de de trouver un consensus a déclaré Theresa May, comprendre un terrain d'entente. Mais la démarche ne convainc pas l'opposition travailliste qui dénonce un dialogue de façade. Juliette Gheerbrant.
Jeremy Corbyn reproche à la Première ministre de ne pas accepter elle même de faire certaines concessions, comme il l'a expliqué jeudi, en meeting dans le sud-est du pays : « Pour parvenir à un accord qui obtienne la majorité au Parlement Theresa May doit laisser tomber ses lignes rouges et faire des propositions sérieuses pour l'avenir (applaudissements) ». La ligne rouge, c'est l'idée que le Royaume-Uni puisse rester dans l'union douanière, ce qui résout entre autres le problème de la frontière irlandaise. Mais jamais les députés conservateurs partisans d'un brexit dur n'accepteraient une telle option. Pas plus qu'ils n'accepteraient la deuxième condition que Jeremy Corbyn pose à Theresa May pour entamer le dialogue : « Je le dis à la Première ministre, je suis tout à fait prêt à discuter, mais le point de départ de toute négociation sur le brexit doit être que la menace d'une désastreuse sortie sans accord soit exclue. Retirez maintenant cette option de la table, Madame la Première ministre ! » La sortie de l'impasse ne semble pas se rapprocher. Et sous la pression de son parti, Jeremy Corbyn n'écarte plus complètement l'idée d'un nouveau référendum, même s'il continue de lui préférer des législatives anticipées.
LB : On le disait à l'instant. Bruxelles réfléchit à un report du départ britannique au-delà du 29 mars, comme prévu, mais uniquement si Londres apporte de solides garanties, préviennent des diplomates européens. De son côté, la France a déclenché un plan d'urgence pour se préparer à un Brexit sans accord. Une éventualité « de moins en moins improbable » selon Édouard Philippe.
ZK : L'actualité en France justement et les suites de l'affaire Ghosn. Renault confirme travailler sur le remplacement de son PDG toujours emprisonné au Japon.
LB : Pour des soupçons de malversations au sein du groupe Nissan, allié de Renault, le constructeur répond à l'appel de son premier actionnaire l'État français à travers la voix de Bruno le Maire qui demande publiquement qu'un successeur soit trouvé à un Carlos Ghosn « durablement empêché », selon les mots du ministre de l'Économie.
ZK : Le ministère de l'Économie qui répond par ailleurs aujourd'hui dans une note sur la Fiscalité et les dépenses publiques. À cette question essentielle : où vont les impôts ?
LB : Le document est publié sur le site dédié au Grand débat national et censé y contribuer. Objectif pour le gouvernement faire de la pédagogie fiscale auprès des Français. Anieshka Koumor.
Le ministère de l'Économie rappelle que la France possède le niveau de dépense publique le plus élevé des pays développés. Soit 56,5 % du PIB. Pour plus de clarté, les dépenses publiques sont présentées sur un budget de 1000 euros. Ainsi, les retraites constituent le poste le plus lourd, 268 euros. Viennent ensuite : l'assurance-maladie, les allocations familiales, le chômage, l'aide au logement et autres primes. Au total, la protection sociale pèse pour plus de la moitié, soit 575 euros. Le reste est destiné aux dépenses sectorielles comme les crédits d'impôt alloués aux entreprises, mais aussi l'argent destiné aux routes, au transport et aux équipements collectifs. Dans la même case, on retrouve le fonctionnement des musées, la gestion de l'eau et des déchets, ainsi que l'éclairage public. Les services publics régaliens, dont la défense, la sécurité et la justice arrivent en troisième position. L'éducation, la recherche et les administrations publiques se placent en queue de peloton. Le ministère rappelle que malgré le niveau élevé de prélèvements obligatoires, la France est en déficit depuis plus de trente ans. Ce qui signifie que l'administration dépense plus que ce qu'elle perçoit.
ZK : Nouvel épisode dans l'affaire Benalla, l'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron a été placé en garde à vue.
LB : Il doit s'expliquer, entre autres, sur l'utilisation controversée de ses passeports diplomatiques après son limogeage de l'Élysée. Il est visé par une enquête pour abus de confiance, étendue à faux et usage de faux. Alexandre Benalla sera par ailleurs de nouveau entendu par la commission d'enquête du Sénat la semaine prochaine.
ZK : Pour refermer cette édition, on s'intéresse au réchauffement climatique et à cette question : comment faire pour limiter le phénomène au quotidien ?
LB : Les scientifiques le répètent assez souvent, il faut changer nos comportements en matière d'alimentation notamment. C'est en tous cas ce qui ressort d'une étude d'envergure publiée dans la revue médicale britannique The Lancet. Ses auteurs affirment que l'on pourra bien nourrir sainement les 10 milliards d'êtres humains que nous serons en 2050, mais à condition de changer pas mal de choses. Simon Rozé.
Oui, il est possible de nourrir 10 milliards de personnes avec un impact limité pour la planète. Aujourd'hui près de 3 milliards d'humains mangent trop ou trop peu et la production alimentaire actuelle est un cauchemar pour l'environnement, responsable d'un tiers des émissions de gaz à effet de serre et de la surexploitation des ressources. On pourrait donc faire autrement, sans pour autant se priver et en contentant tout le monde, il n'est par exemple pas question de se priver de viande. Il faudra cependant en manger moins, une à deux fois par semaine maximum et mettre l'accent sur les légumes et les céréales pour obtenir un apport en calories largement suffisant. Un tel menu est par ailleurs adaptable en fonction des traditions locales. Il aurait également le double avantage d'éviter les 11 millions de morts annuelles dues à de mauvais régimes alimentaires et n'exploiterait pas les écosystèmes au dela de leurs limites. Mais il reste cependant beaucoup à faire pour y parvenir, une révolution agricole mondiale comme l'écrivent les chercheurs qui prônent la mise en place d'un réel engagement international pour une alimentation plus saine et la production d'aliments de meilleure qualité.