Journal en français facile 18 décembre 2016
uliette Jacquemin : Merci d'écouter RFI, 21h ici à Paris, 20h en temps universel. C'est l'heure de votre journal en français facile, avec vous Alexis Guilleux, bonsoir ! Alexis Guilleux : Bonsoir Juliette, bonsoir à tous.
JJ : A la une de l'actualité ce soir, cette attaque dans une citadelle, à Karak, dans le sud de la Jordanie :une série de fusillades a fait au moins neuf morts, dont une touriste canadienne. L'attaque n'a pas été revendiquée. AG : A la une également, l'inquiétude de la confédération des syndicats japonais, après un rapport qui montre que la moitié des heures supplémentaires ne sont jamais payées dans le pays. JJ : La colère des familles des trois femmes kurdes assassinées à Paris en janvier 2013. Leur assassin présumé devait être jugé le mois prochain mais il est mort, hier, après une longue maladie du cerveau.
AG : Et puis comme tous les dimanches nous retrouverons Yvan Amar qui nous expliquera l'expression de la semaine... Aujourd'hui, l'expression « jouer sa carte ». JJ : Le bilan est lourd après la série de fusillades à Karak, un site touristique dans le sud de la Jordanie.
AG : Neuf personnes au moins ont été tuées : parmi eux au moins 5 policiers mais aussi des civils jordaniens et une touriste canadienne. Il y a une trentaine de blessés... Les hommes, non identifiés, ont d'abord ouvert le feu sur des patrouilles de police avant d'entrer dans la citadelle. On ne connait pas encore les raisons de cette attaque. Les dernières précisions avec Angélique Ferrat :
Tout commence dans la petite ville de Qtraneh. La police est appelée pour un incendie et est reçue à coups de fusil. Les hommes fuient en voiture et à Kerak attaquent d'autres policiers, pour se réfugier enfin dans le château des croisés tout proche, en plein centre-ville. C'est là qu'une touriste canadienne est morte de ses blessures. Les assaillants étaient plusieurs, ils étaient lourdement armés. Les autorités jordaniennes admettent que certains sont jordaniens et que tous sont de nationalité arabe. Leurs motivations restent très peu claires. Il n y a eu aucune confirmation ou revendication. Le royaume de Jordanie appartient à la coalition armée qui bombarde les territoires tenus par l'organisation de l'État islamique. La piste terroriste est donc plausible, d'autant que plusieurs attaques ou tentatives d'attentats ont eu lieu ces derniers mois. C'est en tout cas la 1e attaque de ce genre dans un lieu touristique. Un tweet est aussitôt apparu sur internet. Hastag Kerak face au terrorisme.
AG : Les évacuations de civils n'auront toujours pas lieu aujourd'hui, à Alep, dans le nord de la Syrie, ni dans deux villages chiites assiégés par les rebelles. JJ : Les évacuations sont reportées, mais on ne sait pas jusqu'à quand. C'est l'Observatoire syrien des droits de l'homme qui l'annonce. L'opération est reportée car les conditions de sécurité ne sont pas réunies pour l'évacuation de ces deux villages, Foua et Kafraya... Le régime demande que les civils puissent les quitter, en échange, ils laisseront les bus emmener les derniers civils hors d'Alep. AG : Pendant ce temps, le conseil de sécurité de l'ONU, vient de se mettre d'accord sur un projet de texte, pour organiser l'évacuation d'Alep par les Nations unies. JJ : Un compromis entre les positions des russes et des occidentaux. Il doit être voté demain, et il le sera sûrement à l'unanimité, d'après l'ambassadrice américaine à l'Onu, Samantha Power. AG : C'est un chiffre spectaculaire : au Japon les salariés effectuent en moyenne 40 heures supplémentaires de travail par mois. Des heures qui pour près de la moitié ne sont pas payées... Tout simplement parce que les employeurs ne les comptent pas.
JJ : C'est la confédération des syndicats japonais qui est à l'origine d'une étude sur la question. Et elle dénonce aujourd'hui cet écart important, entre les statistiques officielles et la réalité. Les précisions de Francine Quentin :
Au Japon, le pays du karoshi ou décès par excès de travail, la durée légale hebdomadaire est de 40 heures. Mais la loi ne fixe pas le plafond d'heures supplémentaires qu'un salarié peut effectuer. D'où l'équivalent d'une semaine supplémentaire de travail par mois, soit 40 heures en moyenne, mise en évidence par cette étude. Mais ni le patronat ni les syndicats ne semblent vraiment s'en préoccuper car c'est traditionnellement la contrepartie de la garantie de l'emploi à vie et ce temps est soumis à la pression de l'environnement, employeurs et même collègues. Les syndicats préfèrent négocier des salaires qui englobent plus ou moins des dépassements d'horaires, mais très inférieurs à la réalité. Or, selon les spécialistes de la santé au travail au-delà de 20 heures supplémentaires par mois, ajoutées aux 40 heures hebdomadaires, on entre dans une zone à risque où le sommeil ne suffit plus à la récupération. D'autant plus que les japonais ne prennent en moyenne que la moitié de leurs 3 semaines de congés payés par an. AG : Au Venezuela, le président recule à cause de la colère de la population.
JJ : Cette semaine, les billets les plus utilisés dans le pays, les billets de 100 bolivars, devaient être supprimés... Une mesure prise pour lutter contre le trafic de faux billets, et pour que les paiements soient plus pratiques car le pays connaît une forte inflation... Des billets plus forts devaient aussi faire leur apparition. Mais finalement, devant l'indignation des vénézuéliens, il reporte la mesure : les billets de 100 bolivars seront donc supprimés le 2 janvier prochain seulement. AG : On ne connaîtra peut-être jamais la vérité sur cette affaire qui avait secoué Paris en janvier 2013 : l'assassinat de trois militantes kurdes en plein cœur de la capitale française... JJ : Leur assassin présumé, Omer Güney, attendait son procès. Il devait avoir lieu le 23 janvier prochain. Mais il n'aura jamais lieu : il est mort, hier, à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, à Paris. Il était très gravement malade. Le rappel des faits, avec Laurence Théault :
Il ya presque 4 ans, le 9 janvier 2013, trois femmes étaient abattues de plusieurs balles dans la tête dans les locaux du Centre d'information du Kurdistan, près de la gare du nord à Paris. Parmi les victimes, figurait Sakine Cansiz, âgée de 54 ans, une des fondatrice du parti des travailleurs du Kurdistan. Rappelons que le PKK est une organisation politique et armée considérée comme terroriste par l'Union européenne. Omar Güney, avait été arrêté quelques jours après les assassinats mais cet agent d'entretien de 31 ans avait nié les faits malgré les preuves à charge. Il apparaissait notamment sur la vidéo surveillance du centre peu avant les meurtres. L'enquête française a pointé l'implication des services secrets turcs qui ont officiellement démenti. Les avocats de victimes ont fait part dans un communiqué de la colère des familles des victimes privées d'un procès public qu'elles attendaient depuis quatre ans. Ils ont déploré qu'une fois de plus, je cite « la France n'est pas capable de juger un crime politique commis sur le territoire français par des services secrets étrangers ». AG : Personne n'est intéressé pour acheter un carnet de dessins signés Arthur Rimbaud... Le carnet qui appartenait au célèbre poète était mis en vente aux enchères aujourd'hui à Brest, dans l'ouest de la France, pour 120.000 euros... JJ : Mais aucun vendeur ne s'est montré intéressé. Pourtant il s'agit d'une pièce extrêmement rare... Et en général les objets appartenant à des personnalités sont très facilement vendus. En novembre dernier le revolver de Paul Verlaine par exemple avait même été vendu pour plus de 400.000 euros.
JJ : Et on retrouve Yvan Amar pour l'expression de la semaine. Au Congo, l'opposition veut « jouer la carte » du rassemblement, c'est à dire miser sur le rassemblement, et on est là dans le vocabulaire du jeu. L'opposition se dit que le rassemblement c'est vraiment la meilleure tactique. Et si on joue cette carte ça indique bien non seulement l'idée de jeu mais aussi l'idée du risque. C'est un petit peu comme un pari, on a toutes les chances que ce soit la meilleure chose à faire. On a toutes les chances mais on n'en est pas complètement sûr, et en effet, quand on joue aux cartes, il faut jouer la bonne carte, et au bon moment pour remporter le pli, pour, comme on dit de façon familière, pour rafler la mise. On parle aussi si on veut en rajouter de carte maîtresse, celle qui de toute façon sera plus forte que toutes celles que pourraient jouer les adversaires. Si on veut être encore plus certain de l'emporter, on va jouer un atout. Et on sait que l'atout c'est la couleur qui prime sur les autres couleurs, les quatre couleurs étant pique, trèfle, cœur, et carreau. Pendant une partie il y a une couleur qui est plus forte que les autres : c'est la couleur de l'atout, et on dit encore qu'on a encore un atout dans sa manche, c'est à dire qu'on a un avantage dont on ne s'est pas servi on va le sortir au dernier moment et il pourrait bien surprendre tout le monde : on ne s'attend pas à ce que vous l'ayez. Mais alors pourquoi il est dans la manche cet atout ? C'est un sens supplémentaire, ça veut dire qu'on a triché, qu'on a enlevé du paquet pour la dissimuler, pour la cacher dans sa manche une carte d'atout et par un tour de passe-passe on la fait apparaître au dernier moment. Alors quand on utilise cette formule, « avoir encore un atout dans sa manche », on n'a pas dans la tête l'idée d'une tricherie, simplement d'une certaine adresse. Mais l'origine de l'expression évoque bien la triche. JJ : RFI, 21h10 ici à Paris, merci Alexis Guilleux. C'est la fin de cette émission, belle soirée à tous sur la radio du monde.