Journal en français facile 26 avril 2019
Charlotte Lalanne : Vous écoutez RFI il est 22 heures à Paris, 20 heures en temps universel. Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile. À mes côtés pour le présenter, Namouri Dosso, bonsoir Namouri.
Namouri Dosso : Bonsoir Charlotte, bonsoir à tous.
CL : À la une de l'actualité ce soir : la police sri lankaise annonce la mort du cerveau présumé des attentats de dimanche. Il faisait partie des 9 terroristes, il est mort en actionnant sa bombe. Sur place, l'enquête continue, et on en sait un peu plus sur le profil des assaillants. Un profil qui étonne, vous l'entendrez.
ND : Cet appel des Nations Unies au Bangladesh : il faut absolument continuer à subvenir aux besoins des Rohingyas. Cette minorité musulmane a fui la Birmanie face à la répression de l'armée. Neuf cent mille Rohingyas sont réfugiés au Bangladesh depuis 2 ans.
CL : À la une également, la Syrie a cours d'essence. Les autorités sont obligées de restreindre les distributions à la pompe. Le pays est asséché à cause des menaces de sanctions des États-Unis aux fournisseurs de pétrole.
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ND : Il est présenté comme la tête pensante des attentats au Sri Lanka.
CL : Zahran Hashim est mort selon la police. Il faisait partie des kamikazes, c'est à dire de ceux qui se sont fait exploser. C'était dimanche dernier, 4 hôtels et 3 églises étaient attaqués en pleine messe de Pâques. Selon les autorités, il y avait neuf terroristes. Huit ont été identifiés. Et ils partagent une trajectoire commune : des milieux aisés, des études supérieures. Deux d'entre eux sont même des frères d'une famille de riches industriels de Colombo, la capitale. Notre envoyé spécial au Sri Lanka, Sébastien Farcis, s'est rendu dans leur principale usine.
C'est un énorme entrepôt en plein air, situé dans la banlieue nord-est de Colombo. De gros câbles et des transformateurs électriques jonchent le sol. Cette usine de la famille Ibrahim travaillait le cuivre et c'est sous cette couverture que les deux fils, devenus islamistes, auraient fabriqué certaines bombes utilisées pour les attentats de dimanche. Dans l'atelier de bois voisin, un des travailleurs se souvient d'hommes distants, mais très riches : « Nous les voyions passer dans une BMW. Il y a 3 mois, ils ont construit de nouveaux étages pour leur usine, et cela a endommagé notre mur. Dès qu'on leur a signalé, ils ont refait tout notre mur, avec un béton bien meilleur que ce que nous avions. Cela a dû leur coûter des millions. » L'implication de cette famille a choqué tout le Sri Lanka : le père, Mohammed Ibrahim, est l'un des plus grands exportateurs d'épices du pays, bien introduit dans le milieu économique. Et ses deux fils ont étudié à l'étranger. Un restaurateur du quartier se souvient d'une famille généreuse et pieuse : « Pendant le ramadan, ils offraient de la nourriture à tout le quartier, ce qui est très bien vu dans l'islam. Ils nous aidaient un peu, alors qu'est-ce qu'on pouvait dire ? »La police a arrêté plus d'une dizaine de personnes dans ce quartier pour les interroger. Mais la population demande maintenant qu'elle enquête sur les possibles protections politiques dont ces riches entrepreneurs ont pu bénéficier. Sébastien Farcis, Colombo, RFI.
CL : À noter que le bilan des attentats de dimanche a été largement revu à la baisse. On parle désormais de 253 morts, soit 100 de moins que le bilan précédent. Il semblerait que des personnes aient été comptabilisées deux fois.
ND : Donald Trump fait une croix sur le Traité concernant le commerce des armes.
CL : Il vient d'annoncer le retrait des États-Unis de cet accord signé en 2013 par son prédécesseur, Barack Obama. Le président américain n'avait pas choisi son lieu au hasard pour cette annonce, puisqu'il l'a faite lors d'un rassemblement du lobby américain des armes à feu, la NRA.
ND : Direction le Bangladesh à présent, Charlotte, où plus de neuf cent mille Rohingyas sont toujours réfugiés.
CL : Les Rohingyas, c'est cette minorité musulmane de Birmanie. Une population poussée à l'exil en 2017 face à la répression sanglante de l'armée. Deux ans plus tard, ils vivent toujours dans des camps au Bangladesh, dans l'espoir d'un retour proche. Pour le moment, leur rapatriement est trop dangereux, mais le Bangladesh commence à s'impatienter. L'ONU appelle le pays à continuer son aide aux réfugiés. Ce vendredi, des hauts responsables des Nations Unies se sont rendus sur place. Précisions à Rangoun de notre correspondante Sarah Bakaloglou.
Les Nations Unies continuent de travailler pour permettre un retour sûr et durable de la minorité des Rohingyas en Birmanie. Voilà ce qu'ont assuré au Bangladesh les hauts responsables de l'ONU pendant cette visite… Dont Filippo Grandi, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. Des mots pour rassurer un pays qui en février déclarait ne plus être en mesure d'accueillir des Rohingyas fuyant la Birmanie voisine. « Le Bangladesh, qui se montre réceptif en ayant de l'empathie envers une minorité persécutée, en paie-t-il le prix ? » s'était demandé son ministre des Affaires étrangères, au Conseil de sécurité de l'ONU. Mais côté birman, aucun progrès n'a été fait pour permettre un retour des Rohingyas en sécurité dans l'État de l'Arakan, où les accès des Nations Unies sont restreints. Devant des camps de réfugiés surpeuplés, le Bangladesh plaide donc pour le déplacement de 100 000 réfugiés vers une île reculée au large des côtes du pays. Contactée, l'ONU n'a pas souhaité indiquer si le sujet avait été évoqué lors de la rencontre avec la Première ministre du pays cette semaine. Un projet en tout cas critiqué par de nombreuses ONG en raison de l'isolement de cette île et les menaces d'inondation. Sarah Bakaloglou, Rangoun, RFI.
ND : RFI il est 23 heures et cinq minutes à Alep, en Syrie. C'est une image banale ces dernières semaines dans le pays : des files de voitures sur plusieurs centaines de mètres, devant les stations essence.
CL : Après 8 ans de guerre, le pays fait face à un nouveau fléau : la pénurie d'essence. Il faut dire que le secteur pétrolier a été largement affaibli par le conflit. Mais une décision a asséché les pompes : la menace brandie par les États-Unis. En novembre dernier, Washington a prévenu : tout pays ou entreprise fournissant du pétrole à la Syrie sera sanctionné. Cinq mois plus tard, les zones contrôlées par le gouvernement sont à sec. Illustration à Alep, Nicolas Feldmann.
Sur les réseaux sociaux, des photos d'avenues quasi désertes, des files de voitures devant les stations-service. Alep tourne au ralenti. Monseigneur Topji, évêque maronite de la ville : « Les gens sont très démoralisés, toutes les rues sont vides de voitures, les autocars ne passent plus pour prendre des élèves, des marchands qui ont fermé leurs ateliers, voilà. » Comme dans le reste du pays, les Aleppins sont soumis à un rationnement sur l'essence : 20 litres tous les cinq jours par conducteur. « On va à pied et en bicyclette. Nous épargnons le mazout pour les générateurs. On reste un peu sans électricité pendant le jour. » Les prix sur les denrées de première nécessité augmentent aussi : + 30 % sur le riz ou sur le sucre. Georges Sabé, frère mariste résidant à Alep : « Le pays est en train de subir une autre phase de la guerre. Ils sont en train de punir le peuple syrien. Il n'est pas normal non plus que des activités au service de la population puissent s'arrêter parce qu'on manque de gazole, de mazout. » Et pour tenter d'alléger un peu la pression, le gouvernement a annoncé la semaine dernière la reprise de l'activité de la raffinerie de Banyas, à l'ouest du pays. Nicolas Feldmann, Beyrouth, RFI.
ND : L'Algérie toujours debout contre le régime.
CL : Pour le dixième vendredi d'affilée, des rues noires de monde à Alger, la capitale, mais aussi à Oran, Constantine. Les manifestants maintiennent la pression pour réclamer la chute des figures du système Bouteflika, restées au pouvoir après la démission du président le 2 avril dernier.
ND : Après les annonces d'Emmanuel Macron, l'heure de la concrétisation en France. Le gouvernement a du pain sur la planche : il faut définir la méthode et le calendrier.
CL : Les ministres se sont réunis ce lundi en séminaire. Les chantiers sont nombreux : baisse de l'impôt sur le revenu, décentralisation, réforme de la Constitution...
ND : Et parmi les promesses d'Emmanuel Macron hier, le plein emploi d'ici à 2025.
CL : Et un signe positif en ce début d'année : le nombre de chômeurs a légèrement baissé. Moins 0,7 %, mais c'est un chiffre en trompe-l'œil, en d'autres termes cette baisse cache une autre réalité. Jeanne Richard.
Certes, le nombre de chômeurs de catégorie A, la catégorie la plus scrutée, celle qui concerne les personnes sans aucune activité, a légèrement baissé : moins 0,7 % au premier trimestre 2019, moins 1,5 % sur un an. Une embellie à relativiser… En effet, le chômage des catégories B et C, lui, augmente. Il concerne les personnes ayant une activité réduite, qui ont des petits boulots, précaires, intérimaires, CDD, temps partiels, etc. Au final, la hausse compense la baisse et le nombre de chômeurs global lui reste stable. En tout, plus de 5 millions 900 mille personnes sont toujours à la recherche d'un emploi. Dans son enquête sur les « besoins de main-d'œuvre », Pôle emploi ouvre cependant de belles perspectives. Les intentions d'embauche sont en forte hausse : +15 % pour 2019, soit près de 350 000 projets de recrutements supplémentaires. Mais on est encore bien loin de l'objectif du « plein emploi » fixé ce jeudi à l'horizon 2025 par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse. Et si on compare les créations d'emplois ces 18 derniers mois, le chef de l'État fait d'ailleurs moins bien que son prédécesseur François Hollande sur la même période de son quinquennat.
CL : Et puis en football, l'ouverture de la 34e journée de ligue 1 ce soir. Bordeaux mène 2 à un à domicile face à Lyon. Fin de ce Journal en français facile, merci Namouri Dosso.