Journal en français facile 29 avril 2019
Charlotte Lalanne : Vous écoutez RFI il est 22 heures à Paris, 20 heures en temps universel. Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile, en compagnie de Clémentine Pawlotsky, bonsoir Clémentine !
Clémentine Pawlotsky : Bonsoir Charlotte, bonsoir à tous.
CL : À la une de l'actualité ce soir : des nouvelles têtes pour la police et la défense au Sri Lanka... Le président a tenu ses promesses après les attentats meurtriers de Pâques, alors que les forces de l'ordre recherchent toujours des jihadistes. La menace reste importante.
CP : Le bilan de la première journée de la grande assemblée consultative en Afghanistan. Au programme une question : « Comment négocier la paix avec les talibans ? » CL : Nous irons également en Espagne, où le parti socialiste sort vainqueur des législatives. Victoire sans majorité absolue cependant. Une période d'incertitude s'ouvre donc, pour former un gouvernement de coalition.
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CP : Le Sri Lanka sous la menace de nouveaux attentats...
CL : Les autorités sont en alerte, neuf jours après les attaques-suicides qui ont tué 253 personnes dans le pays, le jour de Pâques. Il y aurait encore des cellules dormantes du groupe État islamique, c'est à dire des combattants prêts à passer à l'action. La police recherche activement ces individus : 150 personnes ont déjà été arrêtées. Et dans le même temps, le président fait le ménage dans son entourage : le chef de la police a été suspendu et le ministère de la Défense a un nouveau chef. Vincent Souriau.
En pleine crise sécuritaire, l'exécutif veut faire table rase. L'ancien plus haut gradé de l'armée sri-lankaise devient le numéro un du ministère de la Défense, chargé de faire le ménage au sein de cette institution critiquée jusqu'au sommet de l'État pour son manque de vigilance. Le Premier ministre en personne s'est énervé hier dans la presse sri-lankaise après les ratés des services de renseignement. L'important, dit-il, n'était pas de transmettre les alertes en haut lieu, c'était d'agir pour empêcher ces attaques. Et cela n'a pas été fait. Le coup de balai touche aussi la police. L'inspecteur général de la police, qui dirige tout l'appareil policier doit céder la place. Mais, signe que la crise politique bat son plein, il n'a toujours pas présenté sa démission et continue d'habiter ses appartements de fonction. Le Parlement va devoir se réunir pour forcer sa destitution et laisser le champ libre à son adjoint, qui prend la tête de l'institution policière.
CP : Situation de crise donc au Sri Lanka après ces attaques sans précédent depuis la fin de la guerre civile il y a 10 ans. Des attaques commises par le groupe État Islamique, en représailles à la perte de Baghouz en Syrie. C'est ce qu'affirme dans une vidéo le chef de l'organisation jihadiste.
CL : Abou Bakr Al Baghdadi n'avait pas donné signe de vie depuis cinq ans. Il apparaît donc dans une vidéo de propagande diffusée ce lundi. Une vidéo à prendre avec beaucoup de prudence, on ne sait pas à quelle date elle a été tournée. L'homme, longue barbe grise, y parle lentement. Il affirme que les attaques contre des églises et des hôtels au Sri Lanka constituent je cite une « vengeance pour les frères à Baghouz ». Baghouz dernier fief du groupe EI dans l'est de la Syrie, reconquis je vous le rappelle fin mars par les forces démocratiques syriennes.
CP : Direction l'Afghanistan à présent, où vient de s'achever la première journée de la Loya Jirga.
CL : C'est cette grande assemblée consultative entre des membres de la société civile et du gouvernement. Il s'agit notamment d'avancer sur les négociations de paix avec les talibans. 3 200 personnes venues de tout le pays étaient réunies à Kaboul aujourd'hui. Les rencontres vont durer trois jours. Alors quel est le bilan de cette première journée ? Reportage à Kaboul de Sonia Ghezali.
Katawazi, lunettes sur le nez, un long et imposant turban ocre sur la tête, part satisfait de cette première journée de Loya Jirga. Demain, les discussions commenceront et il donnera son avis sur les négociations avec les talibans : « Il faut un cessez-le-feu pour que la guerre cesse entre les talibans et l'armée. Ce que les talibans demandent, on l'acceptera. Ici, au Qatar ou ailleurs. On discutera. Mais avant toute discussion, il faut un cessez-le-feu. » Le représentant communautaire a fait le déplacement avec son épouse. Hanifa Katawazi est membre du conseil provincial de Paktika depuis 14 ans. Avec son époux elle en a payé le prix. Dix-huit membres de leur famille ont été tués par les talibans, dont deux de leurs fils : « J'ai été victime des talibans, mais je ne veux pas que cela arrive à d'autres. Je veux que nos jeunes cessent d'être tués. Ce qui m'est arrivé est passé, je ne peux pas changer le passé et ramener mes fils à la vie, mais je pense à l'avenir. Dans les provinces, dans les villages, loin du centre-ville, il n y a pas d'éducation, les filles ne peuvent pas aller à l'école. Il faut que cela change. » Demain le couple sera au rendez-vous à nouveau pour transmettre leurs doléances et leurs opinions. La paix avec les talibans est la seule solution pour mettre fin au conflit, disent-ils. Mais ils devront accepter eux aussi certaines conditions. Sonia Ghezali, Kaboul, RFI.
CP : Il est le grand vainqueur des élections législatives en Espagne.
CL : L'actuel chef du gouvernement Pedro Sánchez a remporté, avec le parti socialiste, 123 sièges, soit près de 40 de plus qu'au précédent scrutin. Et surtout, c'est plus du double de son grand rival. Le parti conservateur qui connaît une débâcle historique, au profit de la montée des centristes de Ciudadanos et des ultras de Vox. François Musseau.
Il s'agit bien sûr d'une surprise. Les sondages avaient donné Pedro Sánchez gagnant, mais pas avec une telle différence sur son premier rival, le parti Populaire, qui n'obtient que la moitié des sièges socialistes. Les ressorts de cette victoire du chef du gouvernement sortant sont divers. Le premier tient à la perte de vitesse de Podemos et le fait qu'une partie de son électorat s'est reporté sur le parti socialiste. Ensuite, la droite a rendu service à Pedro Sanchez avec ses divisions. Parti Populaire, Ciudadanos et les ultras de Vox ont finalement été pêchés dans les mêmes eaux, auprès des mêmes votants, avec un discours très droitier et agressif. Ce qui fait qu'une partie des votants de centre-droit ont eux aussi finalement préféré la modération de Pedro Sánchez. Et puis il faut parler de la mobilisation très importante de l'électorat socialiste lui-même. Souvent, une partie d'entre eux a tendance à ne pas aller voter lorsqu'ils ne voient pas clairement l'enjeu du scrutin, comme ce fut le cas en 2016. Mais cette fois-ci, il y a eu un sursaut, d'où cette participation élevée de 75 %, du fait de la simple présence de l'extrême-droite. Une extrême-droite qui jusqu'alors n'était pas représentée et qui a tout de même arraché deux millions et demi de votants et 24 sièges. François Musseau, Madrid, RFI.
CP : L'Espagne où l'on apprend que l'ex-président catalan Carles Puigdemont est interdit de candidature aux Européennes.
CL : La Commission électorale centrale a exclu sa candidature et celle de deux autres membres de son parti, Ensemble pour la Catalogne. Tous les trois ont fui leur pays pour échapper à la justice, ils sont poursuivis dans le cadre de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.
CP : La planète en alerte rouge.
CL : Il faut agir et vite contre la destruction de la biodiversité. Une menace pour l'homme, voilà le message lancé ce lundi au premier jour d'une réunion mondiale à Paris. 130 pays y sont rassemblés, en présence de scientifiques pour établir un premier inventaire de l'état de nos écosystèmes depuis 15 ans. Les experts décrivent le début de la sixième extinction de masse sur terre. Ils sont réunis à paris donc jusqu'à samedi…
CP : Et deux dirigeants manquaient à l'appel en ce jour d'ouverture. Angela Merkel et Emmanuel Macron, occupés à un autre sommet à Berlin.
CL : Objectif : renouer le dialogue entre la Serbie et le Kosovo. Vingt ans après le conflit meurtrier entre les deux pays, les négociations de paix sont au point mort. Dans une déclaration préliminaire, la chancelière allemande a évoqué les enjeux de cette rencontre :
L'Allemagne et la France veulent montrer par cette rencontre que nous portons une responsabilité commune pour cette région. Il est de l'intérêt de l'Europe que la situation dans cette zone évolue de façon positive. Les relations entre la Serbie et le Kosovo figureront à l'ordre du jour. Quel rôle pouvons-nous jouer ? Que pouvons-nous faire pour que la situation ne devienne pas encore plus insoluble qu'elle ne semble l'être déjà aujourd'hui ? L'introduction de droits de douane plus élevés entre la Serbie et le Kosovo vont dans une mauvaise direction. Il s'agit aujourd'hui d'une discussion ouverte. Des décisions ne seront pas prises. Nous voulons de façon honnête dialoguer ensemble. Les solutions à trouver doivent être positives pour toute la région. Des accords au détriment de certains pays sont à éviter. Le format de ce soir doit permettre d'avancer dans cette direction.
CL : Propos recueillis par Pascal Thibault à Berlin.
CP : Le Japon à l'aube d'une nouvelle ère.
CL : Dans quelques heures, l'empereur Akihito abdiquera, après 30 ans de règne. À 83 ans, il laissera le trône à son fils. Le prince héritier Naruhito s'apprête donc à devenir le 1er mai le 126e souverain du trône du Chrysanthème. Une passation historique, cela n'était pas arrivé depuis 200 ans.
CP : Et puis il était un passionné, fin connaisseur de la Thaïlande, une voix que vous avez certainement déjà entendue sur Radio France Internationale.
CL : Arnaud Dubus est mort brutalement ce lundi. Pendant 30 ans il a été notre collaborateur, correspondant en Asie du Sud-Est. Toutes nos pensées vont à sa famille et à ses proches. Il est 22h10 à Paris, deux heures de moins en temps universel.