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Les mots de l'actualité, PÉNURIE   2010-02-24

PÉNURIE 2010-02-24

La grève dans les raffineries du groupe pétrolier Total fait peser une certaine inquiétude sur les possibilités de s'approvisionner en essence partout en France dans les jours qui viennent. Est-ce que nous sommes menacés de pénurie ? Le sens de ce dernier mot est clair : il y aura pénurie, si on ne trouve plus d'essence à la pompe, si les distributeurs n'en ont pas assez pour tous les clients, si le pompiste est obligé de dire à l'automobiliste qui s'arrête : « Désolé, mais la cuve est vide ! On n'a plus une goutte pour vous ! » Mais parlerait-il de pénurie, le pompiste ? Pas sûr ! Même si le mot est usuel et si tout le monde le comprend, il reste un peu administratif. C'est aux informations, dans les journaux qu'on parle de pénurie. Et cela signifie simplement qu'il y a un manque. S'agit-il de n'importe quel manque ? Pas vraiment : c'est un manque collectif. S'il n'y a plus de café ce matin à la maison, je ne parlerai pas de pénurie : c'est juste que j'ai oublié d'en acheter, ou peut-être que je n'ai plus assez d'argent. Mais si les rayons des magasins sont vides, si même avec de l'argent, on n'arrive pas à en trouver, si toute une collectivité n'en a pas, là on parlera de pénurie ! Cela correspond à un défaut d'approvisionnement. D'ailleurs, c'est cette idée d'approvisionnement qui permet de faire la différence entre pénurie et carence. Les deux mots soulignent un manque. Mais on parle de pénurie uniquement quand on n'arrive pas à se procurer la denrée en question : pénurie de blé, de pain, de sucre. En revanche, on parlera de carence en calcium, en magnésium par exemple, pour un organisme qui en manque. Ce n'est pas qu'il ne peut s'en procurer, c'est qu'il ne peut plus la fabriquer, ou la conserver, ou la fixer. Alors, le mot de « pénurie » a été jadis en usage quand il s'agissait d'un manque de denrées de première nécessité : pénurie était synonyme de disette. C'était le premier acte de la famine ! Est-ce que cela signifie vraiment qu'il n'y a plus rien ? La pénurie de blé implique-t-elle qu'il n'y a plus un grain pour personne ? N'exagérons pas ! Mais cela donne quand même l'idée qu'il n'y en a plus assez ! Et même, qu'il n'y en a presque plus ! Et c'est là vraisemblablement l'origine du mot. La pénurie, c'est quand il y en a à peine. Paene en latin, signifie « presque », mais sa présence est comprise dans ce mot comme si elle était négative : c'est de presque plus qu'il s'agit, c'est dans le règne du presque rien qu'on se trouve. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/

PÉNURIE   2010-02-24 SHORTAGE 2010-02-24

La grève dans les raffineries du groupe pétrolier Total fait peser une certaine inquiétude sur les possibilités de s'approvisionner en essence partout en France dans les jours qui viennent. Est-ce que nous sommes menacés de pénurie ? Le sens de ce dernier mot est clair : il y aura pénurie, si on ne trouve plus d'essence à la pompe, si les distributeurs n'en ont pas assez pour tous les clients, si le pompiste est obligé de dire à l'automobiliste qui s'arrête : « Désolé, mais la cuve est vide ! On n'a plus une goutte pour vous ! » Mais parlerait-il de pénurie, le pompiste ? Pas sûr ! Même si le mot est usuel et si tout le monde le comprend, il reste un peu administratif. C'est aux informations, dans les journaux qu'on parle de pénurie. Et cela signifie simplement qu'il y a un manque. S'agit-il de n'importe quel manque ? Pas vraiment : c'est un manque collectif. S'il n'y a plus de café ce matin à la maison, je ne parlerai pas de pénurie : c'est juste que j'ai oublié d'en acheter, ou peut-être que je n'ai plus assez d'argent. Mais si les rayons des magasins sont vides, si même avec de l'argent, on n'arrive pas à en trouver, si toute une collectivité n'en a pas, là on parlera de pénurie ! Cela correspond à un défaut d'approvisionnement. D'ailleurs, c'est cette idée d'approvisionnement qui permet de faire la différence entre pénurie et carence. Les deux mots soulignent un manque. Mais on parle de pénurie uniquement quand on n'arrive pas à se procurer la denrée en question : pénurie de blé, de pain, de sucre. En revanche, on parlera de carence en calcium, en magnésium par exemple, pour un organisme qui en manque. Ce n'est pas qu'il ne peut s'en procurer, c'est qu'il ne peut plus la fabriquer, ou la conserver, ou la fixer. Alors, le mot de « pénurie » a été jadis en usage quand il s'agissait d'un manque de denrées de première nécessité : pénurie était synonyme de disette. C'était le premier acte de la famine ! Est-ce que cela signifie vraiment qu'il n'y a plus rien ? La pénurie de blé implique-t-elle qu'il n'y a plus un grain pour personne ? N'exagérons pas ! Mais cela donne quand même l'idée qu'il n'y en a plus assez ! Et même, qu'il n'y en a presque plus ! Et c'est là vraisemblablement l'origine du mot. La pénurie, c'est quand il y en a à peine. Paene en latin, signifie « presque », mais sa présence est comprise dans ce mot comme si elle était négative : c'est de presque plus qu'il s'agit, c'est dans le règne du presque rien qu'on se trouve. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/