Une sainte nitouche
Une femme qui joue les prudes Une personne qui joue l'innocence, qui tente de cacher ses défauts Une hypocrite
Si vous scrutez attentivement votre calendrier, vous constaterez qu'il n'existe aucun jour consacré à sainte Nitouche.
Est-ce parce qu'elle est complètement tombée dans l'oubli ? Pas vraiment, car sauf si ses parents ont voulu le punir dès sa naissance, aucun bébé de sexe féminin n'a jamais été prénommé Nitouche. Pour qu'une personne soit canonisée, il est impératif qu'elle ait eu une vie exemplaire, irréprochable (sans compter l'obligation d'avoir réalisé au moins deux miracles).
Et parmi les choses qu'elle ne devait surtout pas faire, c'était, bien entendu, s'adonner à l'abominable péché de chair hors mariage ou avec d'autres partenaires que son époux ou épouse. Notre sainte nitouche serait donc une femme très vertueuse, sexuellement intouchable ; ce serait une femme dont on pourrait dire "on n'y touche pas" ou, phonétiquement, "on nitouche pas".
Ironiquement, une sainte nitouche est donc une personne qui joue les vertueuses, les prudes, qui prétend ne pas vouloir "y toucher", au point qu'on pourrait la canoniser plus tard, mais qui ne trompe aucunement son monde.
Par extension, l'appellation s'applique à des personnes qui tentent de cacher leurs défauts et jouent les innocentes. C'est au XVIe siècle que la locution apparaît, entre autres chez Rabelais dans Gargantua.