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Cinq semaines en ballon de Jules Verne, CHAPITRE III

CHAPITRE III

L'ami du docteur. —D'où datait leur amitié. —Dick Kennedy à Londres.— Proposition inattendue, mais point rassurante.—Proverbe peu consolant.—Quelques mots du martyrologe africain —Avantages d'un aérostat. —Le secret du docteur Fergusson

Le docteur Fergusson avait un ami. Non pas un autre lui-même, un alter ego ; l'amitié ne saurait exister entre deux êtres parfaitement identiques.

Mais s'ils possédaient des qualités, des aptitudes, un tempérament distincts, Dick Kennedy et Samuel Fergusson vivaient d'un seul et même coeur, et cela ne 1es gênait pas trop. Au contraire.

Ce Dick Kennedy était un Écossais dans toute l'acception du mot, ouvert, résolu, entêté. Il habitait la petite ville de Leith, près d'Édimbourg, une véritable banlieue de la « Vieille Enfumée » [Sobriquet d'Édimbourg, Auld Reekie,]. C'était quelquefois un pêcheur, mais partout et toujours un chasseur déterminé : rien de moins étonnant de la part d'un enfant de la Calédonie, quelque peu coureur des montagnes des Highlands On le citait comme un merveilleux tireur à la carabine ; non seulement il tranchait des balles sur une lame de couteau, mais il les coupait en deux moitiés si égales, qu'en les pesant ensuite on ne pouvait y trouver de différence appréciable.

La physionomie de Kennedy rappelait beaucoup celle de Halbert Glendinning, telle que l'a peinte Walter Scott dans « le Monastére » ; sa taille dépassait six pieds anglais [Environ cinq pieds huit pouces.] ; plein de grâce et d'aisance, il paraissait doué d'une force herculéenne ; une figure fortement hâlée par le soleil, des yeux vifs et noirs, une hardiesse naturelle très décidée, enfin quelque chose de bon et de solide dans toute sa personne prévenait en faveur de l'Écossais.

La connaissance des deux amis se fit dans l'Inde, à l'époque où tous deux appartenaient au même régiment ; pendant que Dick chassait au tigre et à l'éléphant, Samuel chassait à la plante et à l'insecte ; chacun pouvait se dire adroit dans sa partie, et plus d'une plante rare devint la proie du docteur, qui valut à conquérir autant qu'une paire de défenses en ivoire.

Ces deux jeunes gens n'eurent jamais l'occasion de se sauver la vie, ni de se rendre un service quelconque. De là une amitié inaltérable. La destinée les éloigna parfois, mais la sympathie les réunit toujours.

Depuis leur rentrée en Angleterre, ils furent souvent séparés par les lointaines expéditions du docteur ; mais, de retour, celui-ci ne manqua, jamais d'aller, non pas demander, mais donner quelques semaines de lui-même à son ami l'Écossais.

Dick causait du passé, Samuel préparait l'avenir : l'un regardait en avant, l'autre en arrière. De là un esprit inquiet, celui de Fergusson, une placidité parfaite, celle de Kennedy.

Après son voyage au Tibet, le docteur resta près de deux ans sans parler d'explorations nouvelles ; Dick supposa que ses instincts de voyage, ses appétits d'aventures se calmaient Il en fut ravi Cela, pensait-il, devait finir mal un jour ou l'autre ; quelque habitude que l'on ait des hommes, on ne voyage pas impunément au milieu des anthropophages et des bêtes féroces ; Kennedy engageait donc Samuel à enrayer, ayant assez fait d'ailleurs pour la science, et trop pour la gratitude humaine.

A cela, le docteur se contentait de ne rien répondre ; il demeurait pensif, puis il se livrait à de secrets calculs, passant ses nuits dans des travaux de chiffres, expérimentant même des engins singuliers dont personne ne pouvait se rendre compte. On sentait qu'une grande pensée fermentait dans son cerveau.

« Qu'a-t-il pu ruminer ainsi ?» se demanda Kennedy, quand son ami l'eut quitté pour retourner à Londres, au mois de janvier.

Il l'apprit un matin par l'article du Daily Telegraph .

« Miséricorde ! s'écria-t-il. Le fou ! l'insensé traverser l'Afrique en ballon ! Il ne manquait plus que cela ! Voilà donc ce qu'il méditait depuis deux ans ! » A la place de tous ces points d'exclamation, mettez des coups de poing solidement appliqués sur la tête, et vous aurez une idée de l'exercice auquel se livrait le brave Dick en parlant ainsi . Lorsque sa femme de confiance, la vieille Elspeth, voulut insinuer que ce pourrait bien être une mystification :

« Allons donc ! répondit-il, est-ce que je ne reconnais pas mon homme ?

Est-ce que ce n'est pas de lui ? Voyager à travers les airs ! Le voilà jaloux des aigles maintenant ! Non, certes, cela ne sera pas ! je saurai bien l'empêcher ! Eh ! si on le laissait faire, il partirait un beau jour pour la lune ! » Le soir même, Kennedy, moitié inquiet, moitié exaspéré, prenait le chemin de fer à General Railway station, et le lendemain il arrivait à Londres. Trois quarts d'heure après un cab le déposait à la petite maison du docteur, Soho square, Greek street ; il en franchit le perron, et s'annonça en frappant à la porte cinq coups solidement appuyés.

Fergusson lui ouvrit en personne.

« Dick ? fit-il sans trop d`étonnement.

—Dick lui-même, riposta Kennedy.

—Comment, mon cher Dick, toi à Londres, pendant les chasses d'hiver ?

—Moi, à Londres.

—Et qu'y viens-tu faire ?

—Empêcher une folie sans nom !

—Une folie ? dit le docteur.

—Est-ce vrai ce que raconte ce journal, répondit Kennedy en tendant le numéro du Daily Telegraph .

—Ah ! c'est de cela que tu parles ! Ces journaux sont bien indiscrets ! Mais asseois-toi donc, mon cher Dick.

—Je ne m'asseoirai pas. Tu as parfaitement l'intention d'entreprendre ce voyage ?

—Parfaitement ; mes préparatifs vont bon train, et je

—Où sont-ils que je les mette en pièces, tes préparatifs ? Où sont-ils que j'en fasse des morceaux »

Le digne Écossais se mettait très sérieusement en colère.

« Du calme, mon cher Dick reprit le docteur. Je conçois ton irritation.

Tu m'en veux de ce que je ne t'ai pas encore appris mes nouveaux projets.

—Il appelle cela de nouveaux projets !

—J'ai été fort occupé, reprit Samuel sans admettre l'interruption, j'ai eu fort à faire ! Mais sois tranquille, je ne serais pas parti sans t'écrire

—Eh ! je me moque bien.

—Parce que j'ai l'intention de t'emmener avec moi. » L'Écossais fit un bond qu'un chamois n'eût pas désavoué. « Ah ca ! dit-il, tu veux donc que l'on nous renferme tous les deux à l'hôpital de Betlehem ! [Hôpital de fous à Londres.]

—J'ai positivement compté sur toi, mon cher Dick, et je t'ai choisi à l'exclusion de bien d'autres. » Kennedy demeurait en pleine stupéfaction. « Quand tu m'auras écouté pendant dix minutes, répondit tranquillement le docteur, tu me remercieras

—Tu parles sérieusement ?

—Très sérieusement.

—Et si je refuse de t'accompagner ?

—Tu ne refuseras pas.

—Mais enfin, si je refuse ?

—Je partirai seul.

—Asseyons-nous, dit le chasseur, et parlons sans passion. Du moment que tu ne plaisantes pas, cela vaut la peine que l'on discute.

—Discutons en déjeunant, si tu n'y vois pas d'obstacle, mon cher Dick. » Les deux amis se placèrent l'un en face de l'autre devant une petite table, entre une pile de sandwichs et une théière énorme « Mon cher Samuel, dit le chasseur, ton projet est insensé ! il est impossible ! il ne ressemble à rien de sérieux ni de praticable !

—C'est ce que nous verrons bien après avoir essayé.

—Mais ce que précisément il ne faut pas faire, c'est d'essayer.

—Pourquoi cela, s'il te plaît ?

—Et les dangers, et les obstacles de toute nature !

—Les obstacles, répondit sérieusement Fergusson, sont inventés pour être vaincus ; quant aux dangers, qui peut se flatter de les fuir ? Tout est danger dans la vie ; il peut être très dangereux de s'asseoir devant sa table ou de mettre son chapeau sur sa tête ; il faut d'ailleurs considérer ce qui doit arriver comme arrivé déjà, et ne voir que le présent dans l'avenir, car l'avenir n'est qu'un présent un peu plus éloigné.

—Que cela ! fit Kennedy en levant les épaules. Tu es toujours fataliste !

—Toujours, mais dans le bon sens du mot. Ne nous préoccupons donc pas de ce que le sort nous réserve et n'oublions jamais notre bon proverbe d'Angleterre :

« L'homme né pour être pendu ne sera jamais noyé ! » Il n'y avait rien à répondre, ce qui n'empêcha pas Kennedy de reprendre une série d'arguments faciles à imaginer, mais trop longs à rapporter ici « Mais enfin, dit-il après une heure de discussion, si tu veux absolument traverser l'Afrique, si cela est nécessaire à ton bonheur, pourquoi ne pas prendre les routes ordinaires ?

—Pourquoi ? répondit le docteur en s'animant ; parce que jusqu'ici toutes les tentatives ont échoué ! Parce que depuis Mungo-Park assassiné sur le Niger jusqu'à Yogel disparu dans le Wadaï, depuis Oudney mort à Murmur, Clapperton mort à Sackatou, jusqu'au Français Maizan coupé en morceaux, depuis le major Laing tué par les Touaregs jusqu'à Roscher de Hambourg massacré au commencement de l860, de nombreuses victimes ont été inscrites au martyrologe africain ! Parce que lutter contre les éléments, contre la faim, la soif, la fièvre, contre les animaux féroces et contre des peuplades plus féroces encore, est impossible ! Parce que ce qui ne peut être fait d'une façon doit être entrepris d'une autre ! Enfin parce que, là où l'on ne peut passer au milieu, il faut passer à côté ou passer dessus !

—S'il ne s'agissait que de passer dessus ! répliqua Kennedy ; mais passer par-dessus !

—Eh bien, reprit le docteur avec le plus grand sang-froid du monde, qu'ai-je à redouter ! Tu admettras bien que j'ai pris mes précautions de manière à ne pas craindre une chute de mon ballon ; si donc il vient à me faire défaut, je me retrouverai sur terre dans les conditions normales des explorateurs ; mais mon ballon ne me manquera pas, il n'y faut pas compter.

—-Il faut y compter, au contraire.

—Non pas, mon cher Dick. J'entends bien ne pas m'en séparer avant mon arrivée à la côte occidentale d'Afrique. Avec lui, tout est possible ; sans lui, je retombe dans les dangers et les obstacles naturels d'une pareille expédition ; avec lui, ni la chaleur, ni les torrents, ni les tempêtes, ni le simoun, ni les climats insalubres, ni les animaux sauvages, ni les hommes ne sont à craindre ! Si j'ai trop chaud, je monte, si j'ai froid, je descends ; une montagne, je la dépasse ; un précipice, je le franchis ; un fleuve, je le traverse ; un orage, je le domine ; un torrent, je le rase comme un oiseau ! Je marche sans fatigue, je m'arrête sans avoir besoin de repos ! Je plane sur les cités nouvelles ! Je vole avec la rapidité de l'ouragan tantôt au plus haut des airs, tantôt à cent pieds du sol, et la carte africaine se déroule sous mes yeux dans le grand atlas du monde ! » Le brave Kennedy commençait à se sentir ému, et cependant le spectacle évoqué devant ses yeux lui donnait le vertige. Il contemplait Samuel avec admiration, mais avec crainte aussi ; il se sentait déjà balancé dans l'espace.

« Voyons, fit-il, voyons un peu, mon cher Samuel, tu as donc trouvé le moyen de diriger les ballons ?

—Pas le moins du monde. C'est une utopie.

—Mais alors tu iras

—Où voudra la Providence ; mais cependant de l'est à l'ouest.

—Pourquoi cela ?

—Parce que je compte me servir des vents alizés, dont la direction est constante.

—Oh ! vraiment ! fit Kennedy en réfléchissant : les vents alizés.... certainement... on peut à la rigueur... il y a quelque chose...

—S'il y a quelque chose ! non, mon brave ami, il y a tout. Le gouvernement anglais a mis un transport à ma disposition ; il a été convenu également que trois ou quatre navires iraient croiser sur la côte occidentale vers l'époque présumée de mon arrivée. Dans trois mois au plus, je serai à Zanzibar, où j'opérerai le gonflement de mon ballon, et de là nous nous élancerons

—Nous ! fit Dick.

—Aurais-tu encore l'apparence d'une objection à me faire ? Parle, ami Kennedy.

—Une objection ! j'en aurais mille ; mais, entre autres, dis-moi : si tu comptes voir le pays, si tu comptes monter et descendre à ta volonté, tu ne le pourras faire sans perdre ton gaz ; il n'y a pas eu jusqu'ici d'autres moyens de procéder, et c'est ce qui a toujours empêché les longues pérégrinations dans l'atmosphère.

—Mon cher Dick, je ne te dirai qu'une seule chose : je ne perdrai pas un atome de gaz, pas une molécule.

—Et tu descendras à volonté

—Je descendrai à volonté.

—Et comment feras-tu ?

—Ceci est mon secret, ami Dick. Aie confiance, et que ma devise soit la tienne : « Excelcior ! » —Va pour « Excelsior ! » répondit le chasseur, qui ne savait pas un mot de latin.

Mais il était bien décidé à s'opposer, par tous les moyens possibles, au départ de son ami Il fit donc mine d'être de son avis et se contenta d'observer. Quant à Samuel, il alla surveiller ses apprêts.

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CHAPITRE III KAPITEL III CHAPTER III CAPÍTULO III ROZDZIAŁ III CAPÍTULO III

L'ami du docteur. The friend|| The doctor's friend. —D'où datait leur amitié. |originated|their|friendship |датується|| “Where did their friendship date from? —Звідки походила їхня дружба. —Dick Kennedy à Londres.— Proposition inattendue, mais point rassurante.—Proverbe peu consolant.—Quelques mots du martyrologe africain —Avantages d'un aérostat. |||||unanticipated||point|reassuring|||||words||martyrology|||of a|aerostat |||||||||||||||martyrologio||||aerostato |Кеннеді|||||||||||||||||| —Dick Kennedy in London.— Unexpected proposition, but not reassuring. — A little consoling proverb. — A few words from the African martyrologist — Advantages of an aerostat. —Дік Кеннеді в Лондоні.— Несподівана пропозиція, але не надто заспокійлива.— Невтішна приказка.— Кілька слів з африканського мартиролога — Переваги аеростата. —Le secret du docteur Fergusson —Таємниця доктора Фергюсона

Le docteur Fergusson avait un ami. |||had|| Non pas un autre lui-même, un alter ego ; l'amitié ne saurait exister entre deux êtres parfaitement identiques. |||another||||alter||friendship||could|||||perfectly| ||||||||его||||||||| |||||||otro yo|||||||||| Not another himself, an alter ego; friendship cannot exist between two perfectly identical beings. Ні, не інший він сам, альтер его; дружба не може існувати між двома абсолютно ідентичними істотами.

Mais s'ils possédaient des qualités, des aptitudes, un tempérament distincts, Dick Kennedy et Samuel Fergusson vivaient d'un seul et même coeur, et cela ne 1es gênait pas trop. |||||||||||||||lived||||same|heart||||do|bothered||too ||||||здібності|||відмінні|||||||||||||||не||| But if they had qualities, aptitudes, a distinct temperament, Dick Kennedy and Samuel Fergusson lived with one and the same heart, and that did not bother them too much. Але якщо б вони мали різні якості, здібності, вдачу, Дік Кеннеді та Семюель Фергуссон жили від одного і того ж серця, і це їх не дуже турбувало. Au contraire. |contrary On the contrary. Навпаки.

Ce Dick Kennedy était un Écossais dans toute l'acception du mot, ouvert, résolu, entêté. |||||Scottish|||the sense||word|||determined |||||||||||||teimoso ||||||||значенні||||рішучий| This Dick Kennedy was a Scot in all the meaning of the word, open, resolute, stubborn. Il habitait la petite ville de Leith, près d'Édimbourg, une véritable banlieue de la « Vieille Enfumée » [Sobriquet d'Édimbourg, Auld Reekie,]. |||||||||||suburb|||||||| |||||||||||передмістя|||Стара||||| ||||||Leith|||||suburbio|||||Apodo|||Vieille Enfumée He lived in the small town of Leith, near Edinburgh, a veritable suburb of the "Old Smoky" [Edinburgh Nickname, Auld Reekie,]. Він жив у маленькому місті Лейт, неподалік Единбурга, справжньому передмісті «Старого Диму» [Псевдонім Единбурга, Олд Рікі]. C'était quelquefois un pêcheur, mais partout et toujours un chasseur déterminé : rien de moins étonnant de la part d'un enfant de la Calédonie, quelque peu coureur des montagnes des Highlands On le citait comme un merveilleux tireur à la carabine ; non seulement il tranchait des balles sur une lame de couteau, mais il les coupait en deux moitiés si égales, qu'en les pesant ensuite on ne pouvait y trouver de différence appréciable. |||hunter||||||hunter||||||||||child||||||||||||||||wonderful|shooter|||||||cut||bullets|||blade||knife||||||||||||||||||||| |algumas vezes||||||||caçador|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| Era||||||||||||||||||||||||||||||||mencionaba||||tirador||||||||||||||||||||||||||||||||||| |||рибалка|||||||||||||||одного||||||||||||||цитували||||стрілець|||||||різав||кулями|||лезо||||||||||||||важити||||||||| He was sometimes a fisherman, but everywhere and always a determined hunter: nothing less surprising on the part of a child from Caledonia, somewhat a runner in the Highland mountains. He was cited as a marvelous rifle shooter; not only did he slice bullets on a knife blade, but he cut them into two halves so equal that by weighing them afterwards there was no appreciable difference. Іноді він був рибалкою, але завжди і всюди — рішучим мисливцем: нічого дивного у цьому для дитини з Каледонії, яка була дещо гірським побігуном Високогір'я. Його згадували як чудового стрільця з гвинтівки; він не лише розділяв кулі на ножі, але й розрізав їх на дві рівні частини так акуратно, що, зважуючи їх потім, не можна було знайти відчутну різницю.

La physionomie de Kennedy rappelait beaucoup celle de Halbert Glendinning, telle que l'a peinte Walter Scott dans « le Monastére » ; sa taille dépassait six pieds anglais [Environ cinq pieds huit pouces.] ||||reminded|||||||||painted|||||||||||||||| |||||||||Glendinning|||||||||||||||||||| |обличчя|||||||Галберт Глендіннінг|||||зображена|||||||||||||||| The physiognomy of Kennedy was very reminiscent of that of Halbert Glendinning, as painted by Walter Scott in "the Monastery"; her height exceeded six English feet [About five feet eight inches.] Фізіономія Кеннеді дуже нагадувала фізіономію Халберта Глендінніна, такою, якою її змалював Вальтер Скотт у «Монастирі»; його зріст перевищував шість англійських футів [Приблизно п'ять футів вісім дюймів.] ; plein de grâce et d'aisance, il paraissait doué d'une force herculéenne ; une figure fortement hâlée par le soleil, des yeux vifs et noirs, une hardiesse naturelle très décidée, enfin quelque chose de bon et de solide dans toute sa personne prévenait en faveur de l'Écossais. full||thanks||ease|||endowed|||Herculean||||bronzed||||||||||boldness|||||||||||||all|||||||the Scotsman ||||||||||||||bronceada|||||||||||||||||||||||||||||| ||||||||||||||засмагла|||||||||||||||||||||||||||||| ; full of grace and ease, he seemed gifted with a Herculean strength; a face strongly tanned by the sun, lively and black eyes, a very determined natural boldness, finally something good and solid in his whole person warned in favor of the Scotsman. ; повний грації та легкості, він здавалося наділений геркулесовою силою; обличчя сильно загоріле на сонці, живі і чорні очі, дуже рішуча природна сміливість, нарешті, щось добре та міцне в його всій особистості заздалегідь заступалося за шотландця.

La connaissance des deux amis se fit dans l'Inde, à l'époque où tous deux appartenaient au même régiment ; pendant que Dick chassait au tigre et à l'éléphant, Samuel chassait à la plante et à l'insecte ; chacun pouvait se dire adroit dans sa partie, et plus d'une plante rare devint la proie du docteur, qui valut à conquérir autant qu'une paire de défenses en ivoire. |knowledge|||||||||||||||||||||||||||||||||the insect|||||skilled|||||||||||prey||||was worth|||as much|||||| |знайомство|||||||||||||належали до||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||вартість||завоювати||||||| A|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||hábil|||||||||||||||||||||||| The acquaintance of the two friends was made in India, at the time when both belonged to the same regiment; while Dick hunted tiger and elephant, Samuel hunted plant and insect; everyone could say they were skillful in their part, and more than one rare plant fell prey to the doctor, who was worth conquering as much as a pair of ivory tusks. Знання цих двох друзів виникло в Індії, у той час, коли обидва належали до одного полку; поки Дік полював на тигрів та слонів, Самуель полював на рослини та комах; кожен міг сказати, що він вправний у своїй справі, і більше одного рідкісного рослини стало здобутком доктора, яке дорівнювало вартості цілого парі слонових бивнів з слонової кістки.

Ces deux jeunes gens n'eurent jamais l'occasion de se sauver la vie, ni de se rendre un service quelconque. ||young||||||||||||||||any ||||не мали|||||||||||||| These two young people never had the occasion to save their lives, or to render any service whatsoever. Ці двоє молодих людей ніколи не мали нагоди врятувати один одному життя або надати будь-яку послугу. De là une amitié inaltérable. ||||незмінна Hence an unalterable friendship. La destinée les éloigna parfois, mais la sympathie les réunit toujours. |||distant||||||| |||віддаляла||||||| Destiny sometimes alienated them, but sympathy always united them. Доля іноді віддаляла їх, але симпатія завжди об'єднувала.

Depuis leur rentrée en Angleterre, ils furent souvent séparés par les lointaines expéditions du docteur ; mais, de retour, celui-ci ne manqua, jamais d'aller, non pas demander, mais donner quelques semaines de lui-même à son ami l'Écossais. |||||||||||||||||||||did not|never|to go|||ask||||||||||| ||повернення||||||||||||||||||||||||||||||||||| Since their return to England, they were often separated by the distant expeditions of the doctor; but, on his return, he never failed, never to go, not to ask, but to give a few weeks of himself to his friend the Scotsman. Відколи вони повернулися в Англію, їх часто розлучали далекі експедиції доктора; але, повернувшись, він ніколи не забував піти, не просячи, а даруючи кілька тижнів себе своєму другу-Шотландцеві.

Dick causait du passé, Samuel préparait l'avenir : l'un regardait en avant, l'autre en arrière. |caused||past|||||||||| |викликав|||||||||||| Dick chatted about the past, Samuel prepared for the future: one looked forward, the other backward. Дік говорив про минуле, Самуель готував майбутнє: один дивився вперед, інший назад. De là un esprit inquiet, celui de Fergusson, une placidité parfaite, celle de Kennedy. |||||||||placidity|perfect||| ||||||||||ідеальна|||

Après son voyage au Tibet, le docteur resta près de deux ans sans parler d'explorations nouvelles ; Dick supposa que ses instincts de voyage, ses appétits d'aventures se calmaient Il en fut ravi Cela, pensait-il, devait finir mal un jour ou l'autre ; quelque habitude que l'on ait des hommes, on ne voyage pas impunément au milieu des anthropophages et des bêtes féroces ; Kennedy engageait donc Samuel à enrayer, ayant assez fait d'ailleurs pour la science, et trop pour la gratitude humaine. |||||||||||||||||supposed||||||||||calmed|||was|delighted||thought||||||||||||||||||||||||anthropophages|||beasts|ferocious||was engaging||||stem|having|enough||||||||||| |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||controlar||||||||||||| ||||||||||||||досліджень|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||безкарно||||людожери||||дикі звірі||||||зупинити||||||||||||| After his trip to Tibet, the doctor remained almost two years without speaking of new explorations; Dick supposed that his travel instincts, his appetites for adventure had subsided. He was delighted. He thought that it would end badly sooner or later; whatever habit one has of men, one does not travel with impunity in the midst of cannibals and ferocious beasts; Kennedy therefore hired Samuel to stop, having done enough for science, and too much for human gratitude.

A cela, le docteur se contentait de ne rien répondre ; il demeurait pensif, puis il se livrait à de secrets calculs, passant ses nuits dans des travaux de chiffres, expérimentant même des engins singuliers dont personne ne pouvait se rendre compte. |that||||||||respond||remained|thoughtful||||indulged||||||||||works|||experimenting||||||||could||make|counts |||||||||||залишався|||||||||||||||||||||пристрої|||||||| To this the doctor contented himself with answering nothing; he remained thoughtful, then he engaged in secret calculations, spending his nights in numerical work, even experimenting with singular devices of which no one could be aware. На це лікар просто нічого не відповідав; він залишався замисленим, а потім займався таємними розрахунками, проводячи ночі за числовими завданнями, навіть експериментуючи з дивними пристроями, про які ніхто не міг здогадатися. On sentait qu'une grande pensée fermentait dans son cerveau. ||||||||brain |||||бродила||| We felt that a big thought was fermenting in his brain. Відчувалося, що в його мозку зріла велика думка.

« Qu'a-t-il pu ruminer ainsi ?» se demanda Kennedy, quand son ami l'eut quitté pour retourner à Londres, au mois de janvier. ||||ruminate||||||||||||||||| Що має||||переживати в думках||||||||||||||||| “What could he have been brooding on?” Wondered Kennedy, when his friend had left him to return to London in January. «Що він міг так довго обдумувати?» — запитував себе Кеннеді, коли його друг залишив його, щоб повернутися до Лондона в січні.

Il l'apprit un matin par l'article du  Daily Telegraph . |learned it||||the article||| |навчився||||||| He learned about it one morning from the Daily Telegraph article.

« Miséricorde ! помилування "Mercy! s'écria-t-il. if he cried. Le fou ! |crazy The fool ! l'insensé traverser l'Afrique en ballon ! the fool|||| божевільний|||| the foolish balloon across Africa! Il ne manquait plus que cela ! ||was missing|more||that It missed only this ! Voilà donc ce qu'il méditait depuis deux ans ! ||||міркував||| So that's what he meditated for two years! » A la place de tous ces points d'exclamation, mettez des coups de poing solidement appliqués sur la tête, et vous aurez une idée de l'exercice auquel se livrait le brave Dick en parlant ainsi . |||||||of exclamation|put||punches|||||||||||||||to which|||||||| ||||||крапок|знак оклику|||||||||||||||||||||||||| In place of all these exclamation marks, put punches firmly applied to the head, and you will have an idea of the exercise in which the brave Dick engaged in speaking thus. Lorsque sa femme de confiance, la vieille Elspeth, voulut insinuer que ce pourrait bien être une mystification : ||woman|||||||insinuate|||could|||| |||||||||натякнути||||||| When his trusted wife, old Elspeth, wanted to imply that it might well be a hoax:

« Allons donc ! "Come on! répondit-il, est-ce que je ne reconnais pas mon homme ? he replied, do I not recognize my man? відповів він, хіба я не впізнаю свого чоловіка?

Est-ce que ce n'est pas de lui ? Is it not from him? Хіба це не від нього? Voyager à travers les airs ! ||||повітря Travel through the air! Подорожувати крізь повітря! Le voilà jaloux des aigles maintenant ! ||jealous||eagles|now ||заздрісний||| Now he's jealous of the eagles now! Non, certes, cela ne sera pas ! |certainly|||| No, certainly it will not be! Ні, звичайно, цього не буде! je saurai bien l'empêcher ! |||prevent |||його зупинити I will know how to prevent it! Я добре це заважу! Eh ! Hey! Гей! si on le laissait faire, il partirait un beau jour pour la lune ! ||||||||||||moon |||дозволяв||||||||| if we let him do it, he would leave one day for the moon! якщо б він мав можливість, він би одного прекрасного дня поїхав на місяць! » Le soir même, Kennedy, moitié inquiet, moitié exaspéré, prenait le chemin de fer à General Railway station, et le lendemain il arrivait à Londres. |evening|even||half|||||||||||||||next day||was arriving|| ||||||||||||||||станція||||||| The same evening Kennedy, half worried, half exasperated, took the train to General Railway station, and the next day he arrived in London. Того ж вечора Кеннеді, наполовину занепокоєний, наполовину роздратований, прямував до залізничної станції General Railway, а наступного дня прибув до Лондона. Trois quarts d'heure après un cab le déposait à la petite maison du docteur, Soho square, Greek street ; il en franchit le perron, et s'annonça en frappant à la porte cinq coups solidement appuyés. |||||cab||deposited|||||||||||||crossed||steps||announced himself||knocking|||||knocks|solidly|pressed ||||||||||||||Сохо||||||||||||||||||| Three quarters of an hour after a cab dropped him off at the doctor's little house, Soho square, Greek street; he crossed the steps, and announced himself by knocking on the door five knocks firmly pressed. Через півгодини після цього таксі залишило його біля маленького будинку лікаря на площі Сохо, на вулиці Грік; він піднявся на ґанок і заявив про себе, постукавши в двері п'ятьма сильними ударами.

Fergusson lui ouvrit en personne. Fergusson opened it in person.

« Dick ? fit-il sans trop d`étonnement. |||||astonishment he said without too much astonishment.

—Dick lui-même, riposta Kennedy. |||відповідає| "Dick himself," replied Kennedy.

—Comment, mon cher Dick, toi à Londres, pendant les chasses d'hiver ? |||||||||hunts| ||||||||||зимових полювань "How, my dear Dick, you in London during the winter hunts?" —Як, мій дорогий Дік, ти в Лондоні під час зимових полювань?

—Moi, à Londres. —Я, у Лондоні.

—Et qu'y viens-tu faire ? —І що ти там робиш?

—Empêcher une folie sans nom ! Prevent||madness|| Запобігти|||| "Prevent nameless madness!" —Запобігти безіменному божевіллю!

—Une folie ? —Божевілля? dit le docteur. сказав лікар.

—Est-ce vrai ce que raconte ce journal, répondit Kennedy en tendant le numéro du  Daily Telegraph . ||true|||tells||||||holding||||| |||||||||||протягуючи||||| “Is that what the newspaper is saying,” said Kennedy, handing over the Daily Telegraph.

—Ah ! c'est de cela que tu parles ! Ces journaux sont bien indiscrets ! |||дуже|недоречні These newspapers are very intrusive! Mais asseois-toi donc, mon cher Dick. |sit||||| |сідай|||||

—Je ne m'asseoirai pas. ||will sit| “I won't sit down. Tu as parfaitement l'intention d'entreprendre ce voyage ? |||намір|підприємствувати|| Do you fully intend to take this trip? Ти абсолютно налаштований вирушити в цю подорож?

—Parfaitement ; mes préparatifs vont bon train, et je |||are going|||| —Абсолютно; мої приготування йдуть гарно, і я

—Où sont-ils que je les mette en pièces, tes préparatifs ? -Where are they so I can tear them apart? —Де вони, щоб я їх розбив на шматки, твої приготування? Où sont-ils que j'en fasse des morceaux » ||||I make|make||pieces Where are they that I'm making pieces of them?" Де вони, щоб я з них зробив шматки»

Le digne Écossais se mettait très sérieusement en colère. |dignified||||||| Гідний шотландець дуже серйозно розгнівався.

« Du calme, mon cher Dick reprit le docteur. «Спокійно, мій дорогий Дік, - продовжив лікар. Je conçois ton irritation. |understand|| I can understand your irritation. Я розумію твою роздратованість.

Tu m'en veux de ce que je ne t'ai pas encore appris mes nouveaux projets. |||||||||||навчив||| You are angry with me that I have not yet taught you about my new projects. Ти на мене сердитися за те, що я ще не розповів тобі про свої нові плани.

—Il appelle cela de nouveaux projets ! “He calls them new projects! — Він називає це новими планами!

—J'ai été fort occupé, reprit Samuel sans admettre l'interruption, j'ai eu fort à faire ! |||||||admit|||||| ||||||||перерва||||| “I have been very busy,” resumed Samuel without admitting the interruption, “I had a lot to do! —Я був дуже зайнятий, продовжив Самуїл, не визнаючи перерви, у мене було багато справ! Mais sois tranquille, je ne serais pas parti sans t'écrire |||||would be|||| |||||||||тобі написати But don't worry, I wouldn't have left without writing to you Але будь спокійний, я б не пішов, не написавши тобі

—Eh ! —Ех! je me moque bien. ||care (about)| ||плюю| I don't care. мені байдуже.

—Parce que j'ai l'intention de t'emmener avec moi. |||||взяти тебе|| —Бо я маю намір забрати тебе з собою. » L'Écossais fit un bond qu'un chamois n'eût pas désavoué. |||leap||chamois|||disowned ||||||||не осудив |||||gamo|||desonraria The Scotsman made a leap that a chamois would not have disowned. » Шотландець стрибнув так, як би не осоромився і козеріг. « Ah ca ! dit-il, tu veux donc que l'on nous renferme tous les deux à l'hôpital de Betlehem ! ||||||||confine||||||| |||||||||||||лікарня|| he said, so you want us both locked up in Betlehem hospital! сказав він, ти хочеш, щоб нас обох закрили в лікарні Бетлехем! [Hôpital de fous à Londres.] лікарня|||| [Лікарня божевільних у Лондоні.]

—J'ai positivement compté sur toi, mon cher Dick, et je t'ai choisi à l'exclusion de bien d'autres. |||||||||||||виключенні||| “I counted on you positively, my dear Dick, and I chose you to the exclusion of many others. —Я насправді розраховував на тебе, мій дорогий Діку, і вибрав тебе на виключення з багатьох інших. » Kennedy demeurait en pleine stupéfaction. |remained||| |залишався||| Kennedy remained in amazement. » Кеннеді залишався у повному здивуванні. « Quand tu m'auras écouté pendant dix minutes, répondit tranquillement le docteur, tu me remercieras |||||||||||||will thank |||послухаєш|||||||||| « Коли ти вислухаєш мене протягом десяти хвилин, спокійно відповів доктор, ти мені подякуєш.

—Tu parles sérieusement ? — Ти серйозно говориш?

—Très sérieusement.

—Et si je refuse de t'accompagner ? |||||супроводжувати тебе

—Tu ne refuseras pas. ||відмовишся|

—Mais enfin, si je refuse ? "But what if I refuse?"

—Je partirai seul. |will leave|alone “I'll go alone.

—Asseyons-nous, dit le chasseur, et parlons sans passion. сідати|||||||| “Let’s sit down,” said the hunter, “and talk without passion. Du moment que tu ne plaisantes pas, cela vaut la peine que l'on discute. ||||||||is worth|||||discuss |||||жартуєш|||||||| As long as you're not joking, it's worth discussing. Якщо ти не жартуєш, це варто обговорити.

—Discutons en déjeunant, si tu n'y vois pas d'obstacle, mon cher Dick. ||eating lunch||||||||| ||обідаючи||||||перешкода||| “Let's talk over lunch, if you don't see an obstacle, my dear Dick. —Давайте поговоримо під час обіду, якщо ти з цим не заперечуєш, мій дорогий Дік. » Les deux amis se placèrent l'un en face de l'autre devant une petite table, entre une pile de sandwichs et une théière énorme ||||placed|||||||||||||||||teapot| |||||||||||||||||||||bule de chá| ||||розмістили||||||||||||||сендвічів|||| The two friends placed themselves opposite each other in front of a small table, between a stack of sandwiches and a huge teapot. Двоє друзів сіли один навпроти одного за маленьким столиком, між купою сендвічів та величезним чайником. « Mon cher Samuel, dit le chasseur, ton projet est insensé ! |dear|||||||| “My dear Samuel,” said the hunter, “your plan is crazy! il est impossible ! il ne ressemble à rien de sérieux ni de praticable ! |||||||||practical ||схожий||||||| він не схожий ні на що серйозне й практичне!

—C'est ce que nous verrons bien après avoir essayé. ||||||||tried ||||побачимо|||| —Ось це ми й побачимо після того, як спробуємо.

—Mais ce que précisément il ne faut pas faire, c'est d'essayer. ||||||||||to try ||||||||||намагатися “But what exactly should not be done is to try. —Але те, що точно не треба робити, це намагатися.

—Pourquoi cela, s'il te plaît ? “Why is that, please?

—Et les dangers, et les obstacles de toute nature !

—Les obstacles, répondit sérieusement Fergusson, sont inventés pour être vaincus ; quant aux dangers, qui peut se flatter de les fuir ? ||||||||||||||||flatter||| |||||||||superados|||||||||| |||||||||переможені|||||||||| “Obstacles,” Fergusson replied seriously, “are invented to be overcome; as to the dangers, who can flatter himself to flee from them? —Перешкоди, серйозно відповів Фергюсон, придумуються для того, щоб їх подолати; а що стосується небезпек, хто може сподіватися їх уникнути? Tout est danger dans la vie ; il peut être très dangereux de s'asseoir devant sa table ou de mettre son chapeau sur sa tête ; il faut d'ailleurs considérer ce qui doit arriver comme arrivé déjà, et ne voir que le présent dans l'avenir, car l'avenir n'est qu'un présent un peu plus éloigné. ||||||||||||сідати|||||||||||||||вважати|||||||||||||||||||||||| Everything is danger in life; it can be very dangerous to sit down at your table or put your hat on your head; we must also consider what must happen as already happened, and see only the present in the future, because the future is only a present a little more distant. Все в житті є небезпекою; може бути дуже небезпечно сидіти за своїм столом або надягати капелюх на голову; слід також розглядати те, що має статися, як уже сталося, і бачити лише теперішнє в майбутньому, адже майбутнє — це лише трохи віддалене теперішнє.

—Que cela ! —Ось вам! fit Kennedy en levant les épaules. Kennedy said, shrugging his shoulders. Tu es toujours fataliste ! ||always| You are always fatalistic!

—Toujours, mais dans le bon sens du mot. “Always, but in a good way. Ne nous préoccupons donc pas de ce que le sort nous réserve et n'oublions jamais notre bon proverbe d'Angleterre : ||Let's not worry|||||||||||||||| |||||||||доля||||не забуваймо||||| So let's not worry about what fate has in store for us and never forget our good English proverb: Тож не турбуймось про те, що нам приготувала доля, і ніколи не забуваймо нашу хорошу англійську приказку:

« L'homme né pour être pendu ne sera jamais noyé ! |born||be|hanged||will||drowned ||||ahorcado||||ahogado ||||повішений|||| ||||enforcado||||afogado "The man born to be hanged will never be drowned!" «Людина, народжена для того, щоб бути повішеною, ніколи не потоне!» » Il n'y avait rien à répondre, ce qui n'empêcha pas Kennedy de reprendre une série d'arguments faciles à imaginer, mais trop longs à rapporter ici ||||||||did not prevent|||||||||||||||| ||||||||не завадило|||||||||||||||| There was nothing to answer, which did not prevent Kennedy from repeating a series of arguments easy to imagine, but too long to report here Не було що відповісти, але це не завадило Кеннеді продовжити низку аргументів, які легко уявити, але занадто довгі, щоб їх тут наводити. « Mais enfin, dit-il après une heure de discussion, si tu veux absolument traverser l'Afrique, si cela est nécessaire à ton bonheur, pourquoi ne pas prendre les routes ordinaires ? |||||||||||||||||||||happiness||||||| “But anyway,” he said after an hour of discussion, “if you absolutely want to cross Africa, if it is necessary for your happiness, why not take the ordinary roads?

—Pourquoi ? répondit le docteur en s'animant ; parce que jusqu'ici toutes les tentatives ont échoué ! ||||||||||||failed ||||оживляючись|||до цього моменту||||| replied the doctor, animating himself; because so far all attempts have failed! Parce que depuis Mungo-Park assassiné sur le Niger jusqu'à Yogel disparu dans le Wadaï, depuis Oudney mort à Murmur, Clapperton mort à Sackatou, jusqu'au Français Maizan coupé en morceaux, depuis le major Laing tué par les Touaregs jusqu'à Roscher de Hambourg massacré au commencement de l860, de nombreuses victimes ont été inscrites au martyrologe africain ! |||||||||||||||||died|||||||||||||||||killed|||||||||||||||||been||||African |||||||||||||||||||||||||||||||||||||tuareg|||||||||||||||||| |||||вбитий||||||||||||||Мурмур|||||||||||||||||||||||||||||||||||| Because from Mungo-Park assassinated on Niger to Yogel disappeared in Wadaï, from Oudney dead in Murmur, Clapperton dead in Sackatou, to the French Maizan cut into pieces, from Major Laing killed by the Tuaregs to Hamburg Roscher massacred at the beginning of l860, many victims have been registered in the African martyrology! Бо від вбитого Мунго-Парка на Нізі до зниклого Йогела в Вадаї, від Оудні, що загинув у Мурмурі, Клаппертона, що помер у Саккату, до французького Майзана, якого розчленували, від майора Лейна, вбитого туарегами, до Рошера з Гамбурга, що був замучений на початку 1860 року, багато жертв було записано в африканських мартирологах! Parce que lutter contre les éléments, contre la faim, la soif, la fièvre, contre les animaux féroces et contre des peuplades plus féroces encore, est impossible ! ||struggle||||||||||||||||||tribes||||| ||||||||||спрага||||||||||||||| Because fighting against the elements, against hunger, thirst, fever, against ferocious animals and against even more ferocious peoples, is impossible! Бо боротися з природними стихіями, з голодом, спрагою, лихоманкою, з дикими тваринами і з ще дикими племенами неможливо! Parce que ce qui ne peut être fait d'une façon doit être entrepris d'une autre ! Because what cannot be done in one way must be undertaken in another! Бо те, що не може бути виконано одним способом, повинно бути вжите іншим! Enfin parce que, là où l'on ne peut passer au milieu, il faut passer à côté ou passer dessus ! ||||||||||||must|||||pass|above Finally because, where you can't go in the middle, you have to pass by or pass over! Нарешті тому, що там, де ми не можемо пройти посередині, потрібно пройти поруч або зверху!

—S'il ne s'agissait que de passer dessus ! "If it was only a question of passing over it!" —Якби йшлося лише про те, щоб пройти зверху! répliqua Kennedy ; mais passer par-dessus ! відповів||||| replied Kennedy; but get over it! відповів Кеннеді; але пройти через!

—Eh bien, reprit le docteur avec le plus grand sang-froid du monde, qu'ai-je à redouter ! |||||||||||||що мені||| "Well," replied the doctor, with the greatest composure in the world, "what have I to fear!" Tu admettras bien que j'ai pris mes précautions de manière à ne pas craindre une chute de mon ballon ; si donc il vient à me faire défaut, je me retrouverai sur terre dans les conditions normales des explorateurs ; mais mon ballon ne me manquera pas, il n'y faut pas compter. |will admit||||||||||||fear|||||||||||||fault|||||||||||||||||will not||||must||count |||||||||||||боятися||||||||||||||||||||||||дослідники|||||||||||| You will admit that I took my precautions so as not to fear a fall from my balloon; if therefore it fails me, I will find myself on earth in the normal conditions of explorers; but I won't miss my balloon, you can't count on it.

—-Il faut y compter, au contraire. - You have to count on it, on the contrary.

—Non pas, mon cher Dick. J'entends bien ne pas m'en séparer avant mon arrivée à la côte occidentale d'Afrique. I do not intend to part with it before I arrive on the west coast of Africa. Avec lui, tout est possible ; sans lui, je retombe dans les dangers et les obstacles naturels d'une pareille expédition ; avec lui, ni la chaleur, ni les torrents, ni les tempêtes, ni le simoun, ni les climats insalubres, ni les animaux sauvages, ni les hommes ne sont à craindre ! |||||||||||||||||such||||||heat|||torrents||||||simoom|||||||||||||||fear ||||||||||||||||||||||||||||||||simún||||||||||||||| With him everything is possible; without him, I fall back into the dangers and natural obstacles of such an expedition; with it, neither the heat, nor the torrents, nor the storms, nor the simoun, nor the unhealthy climates, neither the wild animals, nor the men are to be feared! Si j'ai trop chaud, je monte, si j'ai froid, je descends ; une montagne, je la dépasse ; un précipice, je le franchis ; un fleuve, je le traverse ; un orage, je le domine ; un torrent, je le rase comme un oiseau ! |||hot||||||||||||||precipice||||||||||storm||||||||skims|||bird ||||||||||||||||||||franqueo|||||||tormenta||||||||||| |||||subo||||||||||||||||||||||tempestade||||||||||| If I am too hot, I go up, if I am cold, I go down; a mountain, I go beyond it; a precipice, I cross it; a river, I cross it; a storm, I dominate it; a torrent, I shave it like a bird! Je marche sans fatigue, je m'arrête sans avoir besoin de repos ! I walk without fatigue, I stop without needing rest! Je plane sur les cités nouvelles ! |am soaring|||| I hover over the new cities! Je vole avec la rapidité de l'ouragan tantôt au plus haut des airs, tantôt à cent pieds du sol, et la carte africaine se déroule sous mes yeux dans le grand atlas du monde ! |||||||now|||||||||||||||||||my||||||| |||||||||||||ora|||||||||||||||||||| I fly with the speed of the hurricane sometimes high above the ground, sometimes a hundred feet from the ground, and the African map unfolds before my eyes in the great atlas of the world! » Le brave Kennedy commençait à se sentir ému, et cependant le spectacle évoqué devant ses yeux lui donnait le vertige. |||was starting||||moved||||||before|||||| The brave Kennedy was beginning to feel moved, and yet the sight evoked before his eyes made him dizzy. Il contemplait Samuel avec admiration, mais avec crainte aussi ; il se sentait déjà balancé dans l'espace. |contemplated||||||fear|||||||| He looked at Samuel with admiration, but also with fear; he already felt swayed in space.

« Voyons, fit-il, voyons un peu, mon cher Samuel, tu as donc trouvé le moyen de diriger les ballons ? Let's see|||Let's see|||||||||||way|||| "Come on," he said, "let's take a look, my dear Samuel, so you found a way to direct the balloons?

—Pas le moins du monde. ||least|| -Not at all. C'est une utopie. It is a utopia.

—Mais alors tu iras |then||will go - But then you will go

—Où voudra la Providence ; mais cependant de l'est à l'ouest. |will want||||however|||| —Where Providence wants; but however from east to west.

—Pourquoi cela ? |that -Why that ?

—Parce que je compte me servir des vents alizés, dont la direction est constante. |||||use|||trade winds||||| ||||||||alísios||||| "Because I intend to use the trade winds, whose direction is constant.

—Oh ! vraiment ! fit Kennedy en réfléchissant : les vents alizés.... certainement... on peut à la rigueur... il y a quelque chose... ||||||trade winds||||||||||| ||||||||||||rigor||||| ||||||vientos alisios||||||||||| said Kennedy, reflecting: the trade winds .... certainly ... we can in a pinch ... there is something ...

—S'il y a quelque chose ! -If there is anything ! non, mon brave ami, il y a tout. no, my good friend, there is everything. Le gouvernement anglais a mis un transport à ma disposition ; il a été convenu également que trois ou quatre navires iraient croiser sur la côte occidentale vers l'époque présumée de mon arrivée. ||||put||||||||||||||||||||||||||| The English government has made transportation available to me; it was also agreed that three or four ships would cruise on the west coast around the time of my arrival. Dans trois mois au plus, je serai à Zanzibar, où j'opérerai le gonflement de mon ballon, et de là nous nous élancerons ||||||||||I will operate|||||||||||will take off In three months at most, I will be in Zanzibar, where I will inflate my balloon, and from there we will start

—Nous ! fit Dick. fit|Dick said Dick.

—Aurais-tu encore l'apparence d'une objection à me faire ? "Do you still have the appearance of an objection to make to me?" Parle, ami Kennedy. Speak, friend Kennedy.

—Une objection ! j'en aurais mille ; mais, entre autres, dis-moi : si tu comptes voir le pays, si tu comptes monter et descendre à ta volonté, tu ne le pourras faire sans perdre ton gaz ; il n'y a pas eu jusqu'ici d'autres moyens de procéder, et c'est ce qui a toujours empêché les longues pérégrinations dans l'atmosphère. |would have|||between||||||count||||||||||||will|||||||||||||||||means|||||||||prevented|||peregrinations|| I would have a thousand; but, among other things, tell me: if you intend to see the country, if you intend to go up and down at your will, you cannot do it without losing your gas; so far, there have been no other means of proceeding, and this has always prevented long wanderings in the atmosphere.

—Mon cher Dick, je ne te dirai qu'une seule chose : je ne perdrai pas un atome de gaz, pas une molécule. ||||||||only|||||||||||| “My dear Dick, I will tell you only one thing: I will not lose an atom of gas, not a molecule.

—Et tu descendras à volonté ||will descend|| -And you will descend at will

—Je descendrai à volonté. |will descend||will

—Et comment feras-tu ? "And how will you do it?"

—Ceci est mon secret, ami Dick. Aie confiance, et que ma devise soit la tienne : « Excelcior ! Ouch||||||||yours| |||||máxima|||| Have confidence, and may my motto be yours: “Excelcior! » —Va pour « Excelsior ! —Va for “Excelsior! » répondit le chasseur, qui ne savait pas un mot de latin. |||||knew||||| Replied the hunter, who did not know a word of Latin.

Mais il était bien décidé à s'opposer, par tous les moyens possibles, au départ de son ami Il fit donc mine d'être de son avis et se contenta d'observer. |||||||||||||||||||||||||||contented|to observe But he was determined to oppose, by all possible means, the departure of his friend. He therefore pretended to be of his opinion and was content to observe. Quant à Samuel, il alla surveiller ses apprêts. ||||went|monitor||preparations |||||||preparativos |||||||preparativos As for Samuel, he went to watch his preparations.