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Cinq semaines en ballon de Jules Verne, CHAPITRE XXXIX

CHAPITRE XXXIX

Le pays dans le coude du Niger.—Vue fantastique des monts Hombori.—Kabra.—Tembouctou. <p > — Plan du docteur Barth.—Décadence.—Où le Ciel voudra . Pendant cette maussade journée du lundi, le docteur Fergusson se plut à donner à ses compagnons mille détails sur la contrée qu'ils traversaient. <p > Le sol assez plat n'offrait aucun obstacle à leur marche . Le seul souci du docteur était causé par ce maudit vent du nord-est qui soufflait avec rage et l'éloignait de la latitude de Tembouctou . Le Niger, après avoir remonté au nord jusqu'à cette ville, s'arrondit comme un immense jet d'eau et retombe dans l'océan Atlantique en gerbe largement épanouie ; dans ce coude, le pays est très varié, tantôt d'une fertilité luxuriante, tantôt d'une extrême aridité ; les plaines incultes succèdent aux champs de maïs, qui sont remplacés par de vastes terrains couverts de genêts ; toutes les espèces d'oiseaux d'humeur aquatique, pélicans, sarcelles martins-pêcheurs, vivent en troupes nombreuses sur les bords des torrents et des marigots. <p > De temps en temps apparaissait un camp de Touareg, abrités sous leurs tentes de cuir, tandis que les femmes vaquaient aux travaux extérieurs, trayant leurs chamelles et fumant leurs pipes à gros foyer. <p > Le Victoria , vers huit heures du soir, s'était avancé de plus de doux cents milles à l'ouest, et les voyageurs furent alors témoins d'un magnifique spectacle. <p > Quelques rayons de lune se frayèrent un chemin par une fissure des nuages, et, glissant entre les raies de pluie, tombèrent sur la chaîne des monts Hombori. <p > Rien de plus étrange que ces crêtes d'apparence basaltique ; elles se profilaient en silhouettes fantastiques sur le ciel assombri ; on eut dit les ruines légendaires d'une immense ville du moyen âge, telles que, par les nuits sombres, les banquises des mers glaciales en présentent au regard étonné . « Voilà un site des Mystères d'Udolphe , dit le docteur ; Ann Radcliff n'aurait pas découpé ces montagnes sous un plus effrayant aspect. <p > —Ma foi ! <p > répondit Joe, je n'aimerais pas à me promener seul le soir dans ce pays de fantômes . Voyez-vous, mon maître, si ce n'était pas si lourd, j'emporterais tout ce paysage en Écosse . Cela ferait bien sur les bords du lac Lomond, et les touristes y courraient en foule . —Notre ballon n'est pas assez grand pour te permettre cette fantaisie. <p > Mais il me semble que notre direction change . Bon ! les lutins de l'endroit sont fort aimables ; ils nous soufflent un petit vent de sud-est qui va nous remettre en bon chemin . » En effet, le Victoria reprenait une route plus au nord, et le 20, au matin, il passait au-dessus d'un inextricable réseau de canaux, de torrents, de rivières, tout l'enchevêtrement complet des affluents du Niger. <p > Plusieurs de ces canaux, recouverts d'une herbe épaisse, ressemblaient à de grasses prairies . Là, le docteur retrouva la route de Barth, quand celui-ci s'embarqua sur le fleuve pour le descendre jusqu à Tembouctou . Large de huit cents toises, le Niger coulait ici entre deux rives riches en crucifères et en tamarins ; les troupeaux bondissants des gazelles mêlaient leurs cornes annelées aux grandes herbes, entre lesquelles l'alligator les guettait en silence . De longues files d'ânes et de chameaux, chargés des marchandises de Jenné, s'enfonçaient sous les beaux arbres ; bientôt un amphithéâtre de maisons basses apparut à un détour du fleuve ; sur les terrasses et les toits était amoncelé tout le fourrage recueilli dans les contrées environnantes. <p > « C'est Kabra, s'écria joyeusement le docteur ; c'est le port de Tembouctou ; la ville n'est pas à cinq milles d'ici ! <p > Alors vous êtes satisfait, Monsieur ? <p > demanda Joe . —Enchanté, mon garçon. <p > —Bon, tout est pour le mieux, » <p > En effet, à deux heures, la reine du désert, la mystérieuse Tembouctou, qui eut, comme Athènes et Rome, ses écoles de savants et ses chaires de philosophie, se déploya sous les regards des voyageurs. <p > Fergusson en suivait les moindres détails sur le plan tracé par Barth lui-même, il en reconnut l'extrême exactitude. <p > La ville forme un vaste triangle inscrit dans une immense plaine de sable blanc ; sa pointe se dirige vers le nord et perce un coin du désert ; rien aux alentours ; à peine quelques graminées, des mimosas nains et des arbrisseaux rabougris. <p > Quant à l'aspect de Tembouctou , que l'on se figure un entassement de billes et de dés à jour ; voilà l'effet produit à vol d'oiseau ; les rues, assez étroites, sont bordées de maisons qui n'ont qu'un rez-de-chaussée, construites en briques cuites au soleil, et de huttes de paille et de roseaux, celles-ci coniques, celles-là carrées ; sur les terrasses sont nonchalamment étendus quelques habitants drapés dans leur robe éclatante, la lance ou le mousquet à la main ; de femmes point, à cette heure du jour. <p > « Mais on les dit belles, ajouta le docteur. <p > Vous voyez les trois tours des trois mosquées, restées seules entre un grand nombre . La ville est bien déchue de son ancienne splendeur ! Au sommet du triangle s'élève la mosquée de Sankore avec ses rangées de galeries soutenues par des arcades d'un dessin assez pur ; plus loin, près du quartier de Sane-Gungu, la mosquée de Sidi-Yahia et quelques maisons à deux étages . Ne cherchez ni palais ni monuments . Le cheik est un simple trafiquant, et sa demeure royale un comptoir . —Il me semble, dit Kennedy, apercevoir des remparts à demi renversés. <p > —Ils ont été détruits par les Foullannes en 1826 ; alors la ville était plus grande d'un tiers, car Tembouctou, depuis le XIe siècle, objet de convoitise générale, a successivement appartenu aux Touareg, aux Sourayens, aux Marocains, aux Foullannes ; et ce grand centre de civilisation, où un savant comme Ahmed-Baba possédait au XVIe siècle une bibliothèque de seize cents manuscrits, n'est plus qu'un entrepôt de commerce de l'Afrique centrale. <p > » La ville paraissait livrée, en effet, à une grande incurie ; elle accusait la nonchalance épidémique des cités qui s'en vont ; d'immenses décombres s'amoncelaient dans les faubourgs et formaient avec la colline du marché les seuls accidents du terrain. <p > Au passage du Victoria , il se fit bien quelque mouvement, le tambour fut battu ; mais à peine si le dernier savant de l'endroit eut le temps d'observer ce nouveau phénomène ; les voyageurs ; repoussés par le vent du désert, reprirent le cours sinueux du fleuve, et bientôt Tembouctou ne fut plus qu'un des souvenirs rapides de leur voyage. <p > « Et maintenant, dit le docteur, le ciel nous conduise où il lui plaira ! <p > —Pourvu que ce soit dans l'ouest ! <p > répliqua Kennedy ! —Bah ! <p > fit Joe, il s'agirait de revenir à Zanzibar par le même chemin, et de traverser l'Océan jusqu'en Amérique, cela ne m'effrayerait guère ! —Il faudrait d'abord le pouvoir, Joe. <p > —Et que nous manque-t-il pour cela ! <p > —Du gaz, mon garçon ; la force ascensionnelle du ballon diminue sensiblement, et il faudra de grands ménagements pour qu'il nous porte jusqu'à la côte. <p > Je vais même être forcé de jeter du lest . Nous sommes trop 1ourds . —Voilà ce que c'est que de ne rien faire, mon maître ! <p > A rester toute la journée étendu comme un fainéant dans son hamac, on engraisse et l'on devient pesant . C'est un voyage de paresseux que le notre, et, au retour, on nous trouvera affreusement gros et gras . —Voilà bien des réflexions dignes de Joe, répondit le chasseur ; mais attends donc la fin ; sais-tu ce que le ciel nous réserve ? <p > Nous sommes encore loin du terme de notre voyage . Où crois-tu rencontrer la côte d'Afrique, Samuel ? —Je serais fort empêché de te répondre, Dick ; nous sommes à la merci de vents très variables ; mais enfin je m'estimerai heureux si j'arrive entre Sierra-Leone et Portendick ; il y a là une certaine étendue le pays où nous rencontrerons des amis. <p > —Et ce sera plaisir de leur serrer la main ; mais suivons-nous, au moins, la direction voulue ! <p > —Pas trop, Dick, pas trop ; regarde l'aiguille aimantée nous portons au sud, et nous remontons le Niger vers ses sources. <p > —Une fameuse occasion de les découvrir, riposta Joe, si elles n'étaient déjà connues. <p > Est-ce qu'à la rigueur on ne pourrait pas lui en trouver d'autres ? —Non, Joe ; mais sois tranquille, j'espère bien ne pas aller jusque-là. <p > » A la nuit tombante, le docteur jeta les derniers sacs de lest ; le Victoria se releva, le chalumeau, quoique fonctionnant à pleine flamme, pouvait à peine le maintenir ; il se trouvait alors à soixante milles dans le sud de Tembouctou, et, le lendemain, il se réveillait sur les bords du Niger, non loin du lac Debo.

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CHAPITRE XXXIX CHAPTER XXXIX CAPÍTULO XXXIX CAPÍTULO XXXIX

Le pays dans le coude du Niger.—Vue fantastique des monts Hombori.—Kabra.—Tembouctou. <p ||||elbow|||||||||| The country in the bend of Niger.-Fantastic view of the Hombori.-Kabra.-Timbuktu mountains. > — Plan du docteur Barth.—Décadence.—Où le Ciel voudra - Plan of Doctor Barth. — Decadence. — Where Heaven will want. . Pendant cette maussade journée du lundi, le docteur Fergusson se plut à donner à ses compagnons mille détails sur la contrée qu'ils traversaient. <p ||gloomy||||||||||||||||||||| During this gloomy day on Monday, Doctor Fergusson took pleasure in giving his companions a thousand details on the country they were crossing. > Le sol assez plat n'offrait aucun obstacle à leur marche The fairly flat ground offered no obstacle to their progress. . Le seul souci du docteur était causé par ce maudit vent du nord-est qui soufflait avec rage et l'éloignait de la latitude de Tembouctou |||||||||||||||||||was driving it||||| The doctor's only concern was caused by this cursed northeast wind which blew with rage and moved it away from the latitude of Tembouctou. . Le Niger, après avoir remonté au nord jusqu'à cette ville, s'arrondit comme un immense jet d'eau et retombe dans l'océan Atlantique en gerbe largement épanouie ; dans ce coude, le pays est très varié, tantôt d'une fertilité luxuriante, tantôt d'une extrême aridité ; les plaines incultes succèdent aux champs de maïs, qui sont remplacés par de vastes terrains couverts de genêts ; toutes les espèces d'oiseaux d'humeur aquatique, pélicans, sarcelles martins-pêcheurs, vivent en troupes nombreuses sur les bords des torrents et des marigots. <p ||||||||||rounds||||||||||||spray||blooming|||||||||||||||||||uncultivated|||||corn||||||||||broom plants||||||||teal||||||||||||||marshes| Niger, after having gone up north to this city, rounds out like a huge jet of water and falls back into the Atlantic Ocean in a broad bloom; in this bend, the country is very varied, sometimes of a luxuriant fertility, sometimes of an extreme aridity; the uncultivated plains succeed the fields of corn, which are replaced by vast grounds covered with broom; all the species of birds in an aquatic mood, pelicans, teals kingfishers, live in large troops on the banks of torrents and backwaters. > De temps en temps apparaissait un camp de Touareg, abrités sous leurs tentes de cuir, tandis que les femmes vaquaient aux travaux extérieurs, trayant leurs chamelles et fumant leurs pipes à gros foyer. <p |||||||||sheltered||||||||||were tending||||milking||camels|||||||| From time to time a Tuareg camp appeared, sheltered under their leather tents, while the women went about outside work, milking their camels and smoking their pipes with big hearths. > Le  Victoria , vers huit heures du soir, s'était avancé de plus de doux cents milles à l'ouest, et les voyageurs furent alors témoins d'un magnifique spectacle. <p The Victoria, about eight o'clock in the evening, had advanced more than a hundred hundred miles to the west, and the travelers were then witness to a magnificent spectacle. > Quelques rayons de lune se frayèrent un chemin par une fissure des nuages, et, glissant entre les raies de pluie, tombèrent sur la chaîne des monts Hombori. <p |||||made|||||||||||||||||||||| A few moonbeams made their way through a crack in the clouds, and, sliding between the lines of rain, fell on the chain of the Hombori mountains. > Rien de plus étrange que ces crêtes d'apparence basaltique ; elles se profilaient en silhouettes fantastiques sur le ciel assombri ; on eut dit les ruines légendaires d'une immense ville du moyen âge, telles que, par les nuits sombres, les banquises des mers glaciales en présentent au regard étonné ||||||crests||||||||||||darkened||||||||||||||||||||ice floes|||glacial||||| Nothing is stranger than these basalt-like ridges; they stood out in fantastic silhouettes against the dark sky; one would have said the legendary ruins of an immense city of the Middle Ages, such that, on the dark nights, the ice floes of the freezing seas present some with astonished look. . « Voilà un site des  Mystères d'Udolphe , dit le docteur ; Ann Radcliff n'aurait pas découpé ces montagnes sous un plus effrayant aspect. <p |||||||||||||carved|||||||| "This is a site of the Mysteries of Udolphe," said the doctor; Ann Radcliff would not have carved out these mountains in a more frightening way. > —Ma foi ! <p > répondit Joe, je n'aimerais pas à me promener seul le soir dans ce pays de fantômes replied Joe, I would not like to walk alone in the evening in this country of ghosts. . Voyez-vous, mon maître, si ce n'était pas si lourd, j'emporterais tout ce paysage en Écosse You see, my master, if it was not so heavy, I would take this whole landscape to Scotland. . Cela ferait bien sur les bords du lac Lomond, et les touristes y courraient en foule |||||||||||||would run|| It would do well on the shores of Lake Lomond, and tourists would run in crowds. . —Notre ballon n'est pas assez grand pour te permettre cette fantaisie. <p “Our balloon is not big enough to allow you this fantasy. > Mais il me semble que notre direction change But it seems to me that our direction is changing. . Bon ! les lutins de l'endroit sont fort aimables ; ils nous soufflent un petit vent de sud-est qui va nous remettre en bon chemin |goblins||||||||||||||||||||| the local elves are very kind; they blow a little south-easterly wind that will get us back on track. . » En effet, le  Victoria reprenait une route plus au nord, et le 20, au matin, il passait au-dessus d'un inextricable réseau de canaux, de torrents, de rivières, tout l'enchevêtrement complet des affluents du Niger. <p ||||||||||||||||||||||||||||the entanglement|||affluents||| Indeed, the Victoria resumed a route further north, and on the 20th, in the morning, it passed over an inextricable network of canals, torrents, rivers, all the complete entanglement of the tributaries of Niger. > Plusieurs de ces canaux, recouverts d'une herbe épaisse, ressemblaient à de grasses prairies Several of these canals, covered with thick grass, looked like thick meadows. . Là, le docteur retrouva la route de Barth, quand celui-ci s'embarqua sur le fleuve pour le descendre jusqu à Tembouctou There, the doctor found the road to Barth, when he embarked on the river to descend to Tembouctou. . Large de huit cents toises, le Niger coulait ici entre deux rives riches en crucifères et en tamarins ; les troupeaux bondissants des gazelles mêlaient leurs cornes annelées aux grandes herbes, entre lesquelles l'alligator les guettait en silence |||||||||||||||||tamarinds||herds||||||horns|ringed|||||||||| Eight hundred toises wide, Niger flowed here between two banks rich in cruciferous and tamarind; the leaping herds of gazelles mingled their ringed horns with the tall grass, between which the alligator silently watched them. . De longues files d'ânes et de chameaux, chargés des marchandises de Jenné, s'enfonçaient sous les beaux arbres ; bientôt un amphithéâtre de maisons basses apparut à un détour du fleuve ; sur les terrasses et les toits était amoncelé tout le fourrage recueilli dans les contrées environnantes. <p |||of donkeys|||camels||||||||||||||||||||||||||||||amoncelled|||forage|||||| Long lines of donkeys and camels, loaded with Jenné's merchandise, sank under the beautiful trees; soon an amphitheater of low houses appeared at a bend in the river; on the terraces and roofs was heaped up all the fodder collected in the surrounding countries. > « C'est Kabra, s'écria joyeusement le docteur ; c'est le port de Tembouctou ; la ville n'est pas à cinq milles d'ici ! <p "It's Kabra," cried the doctor cheerfully; it is the port of Tembouctou; the city is not five miles from here! > Alors vous êtes satisfait, Monsieur ? <p So are you satisfied, sir? > demanda Joe asked Joe. . —Enchanté, mon garçon. <p “Delighted, my boy. > —Bon, tout est pour le mieux, » <p "Good, everything is for the best," > En effet, à deux heures, la reine du désert, la mystérieuse Tembouctou, qui eut, comme Athènes et Rome, ses écoles de savants et ses chaires de philosophie, se déploya sous les regards des voyageurs. <p ||||||||||||||||||||||||chairs|||||||||| In fact, at two o'clock, the queen of the desert, the mysterious Tembouctou, who had, like Athens and Rome, her schools of scholars and her chairs of philosophy, deployed before the eyes of travelers. > Fergusson en suivait les moindres détails sur le plan tracé par Barth lui-même, il en reconnut l'extrême exactitude. <p Fergusson followed the smallest details on the plan drawn by Barth himself, he recognized its extreme accuracy. > La ville forme un vaste triangle inscrit dans une immense plaine de sable blanc ; sa pointe se dirige vers le nord et perce un coin du désert ; rien aux alentours ; à peine quelques graminées, des mimosas nains et des arbrisseaux rabougris. <p |||||||||||||||||||||||||||||around||||grasses|||dwarfs|||shrublets|stunted| The city forms a vast triangle inscribed in an immense plain of white sand; its point goes north and pierces a corner of the desert; nothing around; barely a few grasses, dwarf mimosas and stunted shrubs. > Quant à l'aspect de Tembouctou , que l'on se figure un entassement de billes et de dés à jour ; voilà l'effet produit à vol d'oiseau ; les rues, assez étroites, sont bordées de maisons qui n'ont qu'un rez-de-chaussée, construites en briques cuites au soleil, et de huttes de paille et de roseaux, celles-ci coniques, celles-là carrées ; sur les terrasses sont nonchalamment étendus quelques habitants drapés dans leur robe éclatante, la lance ou le mousquet à la main ; de femmes point, à cette heure du jour. <p ||||||||||||balls|||||||||||||||||||||||||||||baked|||||||straw|||reeds|||||||||||||||draped||||||||||||||||||||| As for the aspect of Tembouctou, let one imagine a heap of marbles and dice up to date; this is the effect produced as the crow flies; the streets, quite narrow, are lined with houses which have only one ground floor, built of bricks baked in the sun, and with straw huts and reeds, these conical, these square; on the terraces are nonchalantly spread out a few inhabitants draped in their bright dresses, spears or muskets in their hands; no women at this time of day. > « Mais on les dit belles, ajouta le docteur. <p "But they are said to be beautiful," added the doctor. > Vous voyez les trois tours des trois mosquées, restées seules entre un grand nombre You see the three towers of the three mosques, left alone among many. . La ville est bien déchue de son ancienne splendeur The city is well stripped of its former splendor! ! Au sommet du triangle s'élève la mosquée de Sankore avec ses rangées de galeries soutenues par des arcades d'un dessin assez pur ; plus loin, près du quartier de Sane-Gungu, la mosquée de Sidi-Yahia et quelques maisons à deux étages At the top of the triangle rises the Sankore mosque with its rows of galleries supported by arcades of a fairly pure design; further on, near the Sane-Gungu district, the Sidi-Yahia mosque and some two-story houses. . Ne cherchez ni palais ni monuments Look for no palaces or monuments. . Le cheik est un simple trafiquant, et sa demeure royale un comptoir |||||trafficker||||||counter The sheik is a simple trafficker, and his royal residence a counter. . —Il me semble, dit Kennedy, apercevoir des remparts à demi renversés. <p "It seems to me," said Kennedy, "to see the ramparts half overturned. > —Ils ont été détruits par les Foullannes en 1826 ; alors la ville était plus grande d'un tiers, car Tembouctou, depuis le XIe siècle, objet de convoitise générale, a successivement appartenu aux Touareg, aux Sourayens, aux Marocains, aux Foullannes ; et ce grand centre de civilisation, où un savant comme Ahmed-Baba possédait au XVIe siècle une bibliothèque de seize cents manuscrits, n'est plus qu'un entrepôt de commerce de l'Afrique centrale. <p ||||||||||||||||||||||||coveted||||||||||||||||||||||||||||||||||||||warehouse|||||| - They were destroyed by the Foullannes in 1826; then the city was larger by a third, because Tembouctou, since the 11th century, object of general covetousness, has successively belonged to the Touareg, the Sourayens, the Moroccans, the Foullannes; and this great center of civilization, where a scholar like Ahmed-Baba owned a library of sixteen hundred manuscripts in the sixteenth century, is no more than a trade warehouse for Central Africa. > » La ville paraissait livrée, en effet, à une grande incurie ; elle accusait la nonchalance épidémique des cités qui s'en vont ; d'immenses décombres s'amoncelaient dans les faubourgs et formaient avec la colline du marché les seuls accidents du terrain. <p |||||||||negligence||||||||||||debris|were piling|||suburbs||||||||||||| The city appeared, in fact, to be in a state of great neglect; she accused the epidemic nonchalance of the cities which are leaving; immense rubble piled up in the suburbs and formed with the market hill the only accidents on the ground. > Au passage du  Victoria , il se fit bien quelque mouvement, le tambour fut battu ; mais à peine si le dernier savant de l'endroit eut le temps d'observer ce nouveau phénomène ; les voyageurs ; repoussés par le vent du désert, reprirent le cours sinueux du fleuve, et bientôt Tembouctou ne fut plus qu'un des souvenirs rapides de leur voyage. <p As the Victoria passed, there was some movement, the drum was beaten; but hardly if the last scientist of the place had time to observe this new phenomenon; The travellers ; repelled by the desert wind, resumed the winding course of the river, and soon Tembouctou was only one of the quick memories of their journey. > « Et maintenant, dit le docteur, le ciel nous conduise où il lui plaira ! <p "And now," said the doctor, "heaven will lead us where it pleases!" > —Pourvu que ce soit dans l'ouest ! <p "As long as it's in the west!" > répliqua Kennedy ! —Bah ! <p > fit Joe, il s'agirait de revenir à Zanzibar par le même chemin, et de traverser l'Océan jusqu'en Amérique, cela ne m'effrayerait guère ||||||||||||||||||||wouldn't scare|hardly said Joe, it would be a question of returning to Zanzibar by the same path, and of crossing the Ocean to America, that would hardly scare me! ! —Il faudrait d'abord le pouvoir, Joe. <p “We need power first, Joe. > —Et que nous manque-t-il pour cela ! <p "And what are we missing for that!" > —Du gaz, mon garçon ; la force ascensionnelle du ballon diminue sensiblement, et il faudra de grands ménagements pour qu'il nous porte jusqu'à la côte. <p ||||||||||||||||maneuvers|||||||| “Gas, boy; the upward force of the balloon decreases appreciably, and it will take great care so that it carries us to the coast. > Je vais même être forcé de jeter du lest . Nous sommes trop 1ourds . —Voilà ce que c'est que de ne rien faire, mon maître ! <p "That's what it is to do nothing, my master!" > A rester toute la journée étendu comme un fainéant dans son hamac, on engraisse et l'on devient pesant ||||||||lazy person||||||||| Staying all day stretched out like a slacker in your hammock, you get fat and you get heavy. . C'est un voyage de paresseux que le notre, et, au retour, on nous trouvera affreusement gros et gras Ours is a lazy journey, and when we return we will be found frightfully fat and fat. . —Voilà bien des réflexions dignes de Joe, répondit le chasseur ; mais attends donc la fin ; sais-tu ce que le ciel nous réserve ? <p ||||||||||||||||||||sky||| "These are reflections worthy of Joe," replied the hunter; but wait for the end; do you know what the sky has in store for us? > Nous sommes encore loin du terme de notre voyage We are still far from the end of our journey. . Où crois-tu rencontrer la côte d'Afrique, Samuel Where do you think you will meet the African coast, Samuel? ? —Je serais fort empêché de te répondre, Dick ; nous sommes à la merci de vents très variables ; mais enfin je m'estimerai heureux si j'arrive entre Sierra-Leone et Portendick ; il y a là une certaine étendue le pays où nous rencontrerons des amis. <p “I would be very much unable to answer you, Dick; we are at the mercy of very variable winds; but finally I will consider myself happy if I arrive between Sierra-Leone and Portendick; there is a certain extent in the country where we will meet friends. > —Et ce sera plaisir de leur serrer la main ; mais suivons-nous, au moins, la direction voulue ! <p ||||||||||||||||wanted| "And it will be a pleasure to shake their hand; but do we follow, at least, the desired direction! > —Pas trop, Dick, pas trop ; regarde l'aiguille aimantée nous portons au sud, et nous remontons le Niger vers ses sources. <p ||||||the needle|magnetized||||||||||||| “Not too much, Dick, not too much; look at the magnetic needle we carry to the south, and we go up Niger towards its sources. > —Une fameuse occasion de les découvrir, riposta Joe, si elles n'étaient déjà connues. <p "A great opportunity to find them," replied Joe, "if they weren't already known." > Est-ce qu'à la rigueur on ne pourrait pas lui en trouver d'autres Could we not find him others? ? —Non, Joe ; mais sois tranquille, j'espère bien ne pas aller jusque-là. <p “No, Joe; but don't worry, I hope not to go that far. > » A la nuit tombante, le docteur jeta les derniers sacs de lest ; le  Victoria se releva, le chalumeau, quoique fonctionnant à pleine flamme, pouvait à peine le maintenir ; il se trouvait alors à soixante milles dans le sud de Tembouctou, et, le lendemain, il se réveillait sur les bords du Niger, non loin du lac Debo. |||||||||||ballast||||||torch|||||||||||||||||||||||||||||||||||||| At nightfall, the doctor threw the last bags of ballast; the Victoria rose, the torch, although operating at full flame, could hardly hold it; he was then sixty miles south of Tembouctou, and the next day he woke up on the banks of the Niger, not far from Lake Debo.