DESCENDRE 2009-01-28
On célèbre actuellement le bicentenaire de Charles Darwin. Expositions et parutions font redécouvrir l'auteur de cette théorie fondatrice et en même temps très révélatrice de la science moderne, celle de l'évolution. C'est en effet Charles Darwin qui a théorisé le fait que l'homme était le maillon d'une chaîne d'évolution des êtres vivants, et que nos lointains ancêtres n'étaient pas des hommes tels qu'on les connaît aujourd'hui. L'espèce donc n'est pas née telle quelle. Elle s'est modifiée au cours du temps. Et, bien souvent, cette théorie a été résumée – et d'une certaine façon un peu caricaturée – par la célèbre phrase « l'homme descend du singe ». On n'a certainement pas le temps d'entrer dans les détails ; tout juste dira-t-on rapidement que le singe et l'homme sont peut-être plutôt cousins, et non père et fils. Ils descendent probablement tous deux d'un ancêtre commun. Mais mon intérêt va d'abord à ce verbe et à cette image : « descendre ». Les plaisanteries n'ont pas manqué. L'homme descend du singe, le singe descend de l'arbre. L'homme descend du singe, certains descendent plus vite que d'autres. Quand je vous vois, j'ai l'impression qu'il y remonte… Si l'on fait tant de blagues là-dessus, c'est que l'image les porte. Descendre de quelqu'un signifie en effet avoir pour ancêtre cette personne. On peut employer le mot dans une perspective anthropologique et collective, ou beaucoup plus individuelle.
Les Acadiens d'aujourd'hui descendent des premiers colons français qui ont peuplé le Canada. Madame de Maintenon descendait d'Agrippa d'Aubigné. En effet, celle qui fut la femme très catholique de Louis XIV était la petite-fille du grand poète protestant.
On retrouve ce mouvement dans bien d'autres mots : les enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants d'une personne constituent sa descendance ; ce sont ses descendants. En revanche, quand on parle de ceux qui vous ont précédé et qui vous ont engendré, même à plusieurs générations de distance, on parle de son ascendance, et de ses ascendants. Quand on regarde en arrière, on dit qu'on remonte : il a fait remonter son arbre généalogique jusqu'au XVIIe siècle. Tout cela s'exprime donc selon une comparaison entre une ligne généalogique et un fleuve qui s'écoule d'amont en aval, et que sa pente dirige vers la mer. On remonte si l'on va contre le mouvement naturel. Et de la même façon, on parle de remonter dans le temps (enfin c'est ce qu'on imagine !) lorsqu'on tente de renverser le cours des choses, d'aller à reculons, d'essayer de rejoindre sa source. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/