GENDARME 2009-11-24
Le scandale est-il près de finir à propos des délits d'initiés que l'on soupçonne d'avoir eu lieu dans la société EADS, il y a quelques années ? Et la justice tranchera-t-elle ?
En tout cas l'AMF, c'est-à-dire l'Autorité des marchés financiers, va entendre un certain nombre de responsables de la société, et poser des questions sur les opérations qui ont eu lieu à l'automne 2005, à une époque où on commençait à se douter, si on avait les bonnes informations, que l'avion A 380 serait fabriqué et livré avec beaucoup de retard.
L'action d'EADS, c'est-à-dire son prix en bourse, était élevé et on pouvait imaginer qu'il allait chuter quand le public serait mis au courant des retards de production. Vendre ses avoirs avant que tout le monde soit au courant était donc une opération rentable, mais indélicate et interdite. L'enquête est donc menée par l'AMF, qui a plus ou moins remplacé la COB, le Commission des opérations de bourse – ce qu'on appelle, dans un langage un peu jargonnant et un peu journalistique, le gendarme de la bourse.
Pourquoi gendarme de la bourse ? Parce que cette commission doit faire respecter les règles. Elle est donc assimilée à un gendarme : ce qui fait intimide, fait peur. Le mot de gendarme est souvent associé, en français à celui qui fait les gros yeux, qui va vous surveiller, vous gronder, vous punir, si vous avez transgressé le règlement. Et il y a là-dedans quelque chose d'un peu enfantin : le gendarme, et non le policier. C'est le croquemitaine, féroce et qui fait trembler, sortant de nulle part, sachant tout, à qui on ne peut rien cacher.
Le mot est ancien. Et d'ailleurs sa formation l'indique bien, c'est comme un nom composé, mais figé, à tel point qu'on ne se rappelle plus de sa composition d'origine. Pourtant, le prononcer doucement, en l'écoutant, suffit à avoir une idée. Les gendarmes sont des gens d'armes, des gens en armes. Et au départ, il s'agit donc bien du pluriel d'homme d'armes. Mais l'expression comme on dit s'est lexicalisée.
Au départ il s'agit d'un soldat, et notamment d'un cavalier. Mais vers la fin du XVIIIe siècle, dès le début de la Révolution, on va nommer ainsi les soldats qui sont chargés du maintien de l'ordre, Le mot va donc naturellement devenir synonyme de policier, et évoquer la force publique.
Mais ses deux parties se sont tellement soudées qu'on va pouvoir faire dériver d'autres mots. La gendarmerie, très tôt, pour désigner soit le corps d'agents de police, soit la caserne ou le lieu de cantonnement. Et puis, bien plus lointain, le verbe se gendarmer qui signifie réagir, protester contre une situation qui ne vous plait pas. Mais là, il n'y a plus vraiment l'idée qu'on est dans une situation de pouvoir ou de contrôle. Simplement, on n'est pas content, et on le dit !
Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/