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Les mots de l'actualité (2009), INVESTITURE   2009-01-20

INVESTITURE 2009-01-20

« Investiture », c'est le mot du jour, puisque c'est aujourd'hui que le nouveau président des États-Unis s'installe dans sa fonction. Le sens du mot est assez connu, mais il nous rappelle que la politique est une affaire fortement ritualisée et que, d'autre part, le suffrage populaire, même s'il est souverain, n'a pas d'effet en temps réel. Entre une élection et l'entrée en vigueur de son résultat, il faut du temps. On a donc tout un rituel qui entérine le choix des urnes et qui pare l'heureux candidat des emblèmes symboliques du pouvoir, comme signe qu'il a la possibilité concrète de l'exercer. Discours, serment, formules, tout y passe, bien que seul le serment soit obligatoire dans la Constitution américaine.

Pourquoi ce mot « investiture » ? Étymologiquement, il renvoie bien à ce genre de symboles. « Investiture » est de la famille de « vêtement ». Il s'agit de revêtir le héros du jour des vêtements du pouvoir, des vêtements du chef. Et le mot, dans ce sens, n'est pas nouveau. Déjà au Moyen Âge, investir un chef signifiait qu'on le mettait en possession officielle de son fief, de son territoire. Mais dans la langue politique récente, le mot « investiture » a acquis un autre sens. Il s'agit du mandat qui est donné à un candidat pour représenter une certaine force politique, un parti, lors d'une élection. Et là encore, il s'agit de quelque chose d'officiel, mais on n'a ni rituel ni cérémonie. Il s'agit de savoir quelle personnalité représentera le mieux le parti en question, laquelle défendra le mieux ses couleurs, qui aura le plus de chances de l'emporter. Et la personnalité ainsi désignée est un peu le champion de son parti.

Dans ces deux significations, on a donc le même mot, « investiture ». Mais attention à ne pas le confondre avec un autre nom, de la même famille, dérivant du même verbe « investir », mais dont le sens est tout différent : c'est « investissement ». Et cet autre mot a plusieurs sens.

D'abord un sens militaire. Comme investir signifie d'abord entourer (d'un vêtement), il a signifié aussi entourer de troupes, et en particulier encercler une ville assiégée. Mais le sens du mot a évolué. Maintenant, lorsqu'on dit qu'une ville est investie, on entend plutôt qu'elle a été prise, que les troupes qui l'assiégeaient ont pénétré dans ses murs. De « presser de toutes parts », on est arrivé à « faire céder ».

Le mot a encore glissé vers d'autres domaines d'emploi. Si « investir », c'est gonfler une ville de ses troupes, c'est devenu gonfler un projet de son argent, placer son argent, l'employer à un usage spécial, avec l'idée qu'il pourra fructifier. Et de l'argent, on passe même parfois aux actions, aux sentiments. Investir, ou même s'investir dans une activité, c'est y consacrer à la fois de l'énergie, du temps et de l'importance. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


INVESTITURE   2009-01-20 투자 2009-01-20

« Investiture », c'est le mot du jour, puisque c'est aujourd'hui que le nouveau président des États-Unis s'installe dans sa fonction. Le sens du mot est assez connu, mais il nous rappelle que la politique est une affaire fortement ritualisée et que, d'autre part, le suffrage populaire, même s'il est souverain, n'a pas d'effet en temps réel. Entre une élection et l'entrée en vigueur de son résultat, il faut du temps. On a donc tout un rituel qui entérine le choix des urnes et qui pare l'heureux candidat des emblèmes symboliques du pouvoir, comme signe qu'il a la possibilité concrète de l'exercer. Discours, serment, formules, tout y passe, bien que seul le serment soit obligatoire dans la Constitution américaine.

Pourquoi ce mot « investiture » ? Étymologiquement, il renvoie bien à ce genre de symboles. « Investiture » est de la famille de « vêtement ». Il s'agit de revêtir le héros du jour des vêtements du pouvoir, des vêtements du chef. Et le mot, dans ce sens, n'est pas nouveau. Déjà au Moyen Âge, investir un chef signifiait qu'on le mettait en possession officielle de son fief, de son territoire. Mais dans la langue politique récente, le mot « investiture » a acquis un autre sens. Il s'agit du mandat qui est donné à un candidat pour représenter une certaine force politique, un parti, lors d'une élection. Et là encore, il s'agit de quelque chose d'officiel, mais on n'a ni rituel ni cérémonie. Il s'agit de savoir quelle personnalité représentera le mieux le parti en question, laquelle défendra le mieux ses couleurs, qui aura le plus de chances de l'emporter. Et la personnalité ainsi désignée est un peu le champion de son parti.

Dans ces deux significations, on a donc le même mot, « investiture ». Mais attention à ne pas le confondre avec un autre nom, de la même famille, dérivant du même verbe « investir », mais dont le sens est tout différent : c'est « investissement ». Et cet autre mot a plusieurs sens.

D'abord un sens militaire. Comme investir signifie d'abord entourer (d'un vêtement), il a signifié aussi entourer de troupes, et en particulier encercler une ville assiégée. Mais le sens du mot a évolué. Maintenant, lorsqu'on dit qu'une ville est investie, on entend plutôt qu'elle a été prise, que les troupes qui l'assiégeaient ont pénétré dans ses murs. De « presser de toutes parts », on est arrivé à « faire céder ».

Le mot a encore glissé vers d'autres domaines d'emploi. Si « investir », c'est gonfler une ville de ses troupes, c'est devenu gonfler un projet de son argent, placer son argent, l'employer à un usage spécial, avec l'idée qu'il pourra fructifier. Et de l'argent, on passe même parfois aux actions, aux sentiments. Investir, ou même s'investir dans une activité, c'est y consacrer à la fois de l'énergie, du temps et de l'importance. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/