×

Używamy ciasteczek, aby ulepszyć LingQ. Odwiedzając stronę wyrażasz zgodę na nasze polityka Cookie.


image

Les mots de l'actualité (2009), MARTYRISATION   2009-01-12

MARTYRISATION 2009-01-12

Rama Yade, secrétaire d'État aux Droits de l'homme, a appelé hier à l'arrêt de la martyrisation de Gaza. Le mot est absent des dictionnaires. Pourtant, on peut penser que son sens est aisément déduit de son origine.

En apparence, Rama Yade dit : « Arrêtez de martyriser Gaza ». Et ce mot de « martyrisation » peut être compris comme le fait de martyriser. Le message est donc très fort. Il équivaut à peu près à : « Arrêtez de persécuter, de torturer, de supplicier Gaza ! ».

En effet, le verbe « martyriser » a un sens violent. Il veut dire faire souffrir de façon très intense, avec une idée de durée dans la souffrance. Mais on a aussi l'idée d'une souffrance volontairement infligée. Il ne s'agit pas de tuer, ni de punir, mais de faire mal. Ce mot de « martyriser », même s'il n'est pas absolument fréquent, n'est pas si rare. Il ne s'emploie d'ailleurs que dans le cas où le rapport de force est totalement inégal. Celui qui martyrise a toute latitude de le faire ; celui qui est martyrisé n'a aucun moyen de se défendre. Mais on sait aussi que martyriser vient du mot « martyr », dont l'histoire est particulière, religieuse et chrétienne. Un martyr, c'est d'abord celui ou celle qui a accepté d'être persécuté pour sa religion. Cela nous renvoie à une époque où les chrétiens étaient pourchassés, où ils n'avaient pas le droit de pratiquer leur religion, et où on les obligeait même à abjurer, à renier publiquement leur engagement religieux. Ceux qui refusaient étaient martyrisés, c'est-à-dire tués dans des souffrances particulières : livrés aux lions, percés de flèches, grillés comme saint Laurent… L'imagination était sans limites. Mais il faut se souvenir que le martyr, même s'il n'était pas volontaire, avait refusé le choix qui lui était proposé. Il était martyr par droiture, par fidélité à sa foi. Et c'était son martyre, c'est-à-dire son supplice, qui était le signe de sa foi et l'envoyait tout droit au royaume des cieux. Cela évoque donc l'idée d'un sacrifice qu'on fait en connaissance de cause. Enfin, il faut évidemment se souvenir que ce mot de « martyr » est cité dans le nom de certaines organisations terroristes (en tout cas dans leur traduction française habituelle) : les brigades des martyrs d'Al-Aqsa, par exemple. Alors, qu'a exactement voulu dire Rama Yade, et qu'a-t-elle dit ? « Arrêtez les supplices que vous faites endurer aux populations de Gaza », ou bien « Arrêtez de transformer les populations de Gaza en martyrs » ?

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


MARTYRISATION   2009-01-12 MARTYRDOM 2009-01-12

Rama Yade, secrétaire d'État aux Droits de l'homme, a appelé hier à l'arrêt de la martyrisation de Gaza. Le mot est absent des dictionnaires. Pourtant, on peut penser que son sens est aisément déduit de son origine.

En apparence, Rama Yade dit : « Arrêtez de martyriser Gaza ». Et ce mot de « martyrisation » peut être compris comme le fait de martyriser. Le message est donc très fort. Il équivaut à peu près à : « Arrêtez de persécuter, de torturer, de supplicier Gaza ! ».

En effet, le verbe « martyriser » a un sens violent. Il veut dire faire souffrir de façon très intense, avec une idée de durée dans la souffrance. Mais on a aussi l'idée d'une souffrance volontairement infligée. Il ne s'agit pas de tuer, ni de punir, mais de faire mal. Ce mot de « martyriser », même s'il n'est pas absolument fréquent, n'est pas si rare. Il ne s'emploie d'ailleurs que dans le cas où le rapport de force est totalement inégal. Celui qui martyrise a toute latitude de le faire ; celui qui est martyrisé n'a aucun moyen de se défendre. Mais on sait aussi que martyriser vient du mot « martyr », dont l'histoire est particulière, religieuse et chrétienne. Un martyr, c'est d'abord celui ou celle qui a accepté d'être persécuté pour sa religion. Cela nous renvoie à une époque où les chrétiens étaient pourchassés, où ils n'avaient pas le droit de pratiquer leur religion, et où on les obligeait même à abjurer, à renier publiquement leur engagement religieux. Ceux qui refusaient étaient martyrisés, c'est-à-dire tués dans des souffrances particulières : livrés aux lions, percés de flèches, grillés comme saint Laurent… L'imagination était sans limites. Mais il faut se souvenir que le martyr, même s'il n'était pas volontaire, avait refusé le choix qui lui était proposé. Il était martyr par droiture, par fidélité à sa foi. Et c'était son martyre, c'est-à-dire son supplice, qui était le signe de sa foi et l'envoyait tout droit au royaume des cieux. Cela évoque donc l'idée d'un sacrifice qu'on fait en connaissance de cause. Enfin, il faut évidemment se souvenir que ce mot de « martyr » est cité dans le nom de certaines organisations terroristes (en tout cas dans leur traduction française habituelle) : les brigades des martyrs d'Al-Aqsa, par exemple. Alors, qu'a exactement voulu dire Rama Yade, et qu'a-t-elle dit ? « Arrêtez les supplices que vous faites endurer aux populations de Gaza », ou bien « Arrêtez de transformer les populations de Gaza en martyrs » ?

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/