SOLDAT 2009-11-25
Le soldat franco-israélien Gilad Shalit est de nouveau au centre de l'actualité, et très souvent on le mentionne en précisant son grade : le soldat Shalit. Mais est-ce vraiment un grade ?
Le mot définit en tout cas la position la moins élevée dans l'armée : le soldat obéit à tous ceux qui sont situés au-dessus de lui, c'est-à-dire à tout le monde, des sous-officiers aux officiers généraux. On précise parfois, en ce qui concerne l'armée française tout au moins, soldat de deuxième classe ou de première classe. Ou bien de façon plus générale, on parle de simple soldat, pour désigner l'homme de troupe, qui n'en a aucun autre sous ses ordres : c'est le sans-grade, comme disait Edmond Rostand dans l'Aiglon, « Et nous, les petits, les obscurs, les sans-grades ».
On parle également, en argot militaire, de troufion, de bidasse, etc. Mais justement, le soldat évoque presque toujours l'armée. Et de façon moins technique, le métier militaire ; un général peut être qualifié de grand soldat. Et comme le propre de l'armée est de constituer un corps dans lequel on commande et on obéit, on comprend l'usage de l'expression « petit soldat ». Tout à fait en dehors du contexte militaire, c'est celui qui est toujours prêt à faire les travaux difficiles et peu valorisants, à « aller au front ».
Le féminin soldate n'était pas en usage, traditionnellement, sinon de façon ironique. Mais avec la féminisation des métiers, y compris ceux de la guerre, le mot s'entend de plus en plus de façon assez banale. Ainsi, à propos des scandales de la prison Abou Ghraib où certains prisonniers ont été torturés, le mot soldate a été couramment utilisé, et de la façon la plus neutre, sans effet de sens particulier, pour désigner les femmes de l'armée américaine impliquées dans les tortures des prisonniers.
Un autre usage semble se répandre dans le langage courant, et non seulement dans le jargon militaire : celui de nommer le soldat, d'utiliser l'expression le soldat Untel ou Untel, de la même façon qu'on parle souvent du soldat Shalit. Cette formulation a certainement été encouragée par le succès d'un film dont le titre a été très fréquemment repris, « Il faut sauver le soldat Ryan », de Steven Spielberg, qui date de 1998. Et cette phrase titre a tellement plu qu'elle a presque servi de slogan, en maintes occasions. Suivant les ondulations de l'actualité, on a dit il faut sauver le soldat Guissé, le soldat Cornélie, le soldat Rama Yade, le soldat OTAN.
Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/