Comment Jeanne d'arc a-t-elle réussi à convaincre le roi de France ?
Cet épisode est sponsorisé par Age of Empires IV, le 4ème volet de la saga mythique de stratégie
en temps réel ! Plongez au cœur des grandes batailles historiques en bâtissant des cités,
en gérant vos ressources et en menant vos troupes à la victoire à travers 4 campagnes réunissant 35
missions et vous permettant de choisir une des 8 civilisations en jeu : les Anglais,
les Français, les Chinois, l'Empire Mongol, la Dynastie Abbasside, les Rus, le Saint-Empire
romain germanique et le Sultanat de Delhi. Age of Empires, c'est mon premier souvenir de jeu PC
et presque 25 ans après je dois dire que je suis toujours aussi content de découvrir les nouveaux
opus quand ils sortent. Cette fois ci Age of Empires IV s'étale sur près de 500 ans d'Histoire,
du Haut Moyen Age à la Renaissance. Vous pourrez donc contrôler les hordes mongols de Gengis
Khan ou incarner la jeune pucelle d'Orléans, Jeanne d'Arc, pour bouter les anglais en dehors
du royaume de France. Jeanne d'Arc qu'on trouvait d'ailleurs dans Age of Empires II et que l'on va
de nouveau suivre ici à travers notamment le siège d'Orléans ou la bataille de Patay. Des
séquences filmées ont d'ailleurs été tournées en France, à Orléans, à Chinon et à Rouen où Jeanne
a été brûlée vive, pour illustrer la vie de Jeanne d'Arc, je trouve ça assez chouette de pousser le
concept comme ça. Quoi qu'il en soit, le jeu est disponible sur PC Windows 10 et 11 et surprise,
il est disponible directement dans le Game Pass pour PC ! Le Game Pass,
c'est un service (un abonnement) de Microsoft qui permet d'avoir accès à tout un tas de jeux,
dont des nouveautés comme Age of Empires IV mais aussi pleins d'autres jeux comme Halo ou
Flight Simulator, dès le jour de leur sortie. Je l'utilise personnellement depuis pas mal de
temps et c'est top ! Je vous laisse un lien en description si vous voulez en savoir plus et je
vous souhaite à tous un bon épisode !" Mes chers camarades, bien le bonjour !
Dans l'Histoire de France, il y a quelques personnages absolument incontournables. Et
parmi ces derniers, Jeanne d'Arc est sans doute l'une des figures les plus
fascinantes du Moyen âge, notamment parce que l'on sait beaucoup de choses sur elle.
Et si on ne va pas détailler ici toute sa vie, je vous rappelle le personnage
dans une vulgarisation de haute volée qui va durer à peu près 30s, accrochez vous.
Jeanne d'Arc est un personnage emblématique de l'Histoire de France, né en 1412, elle entend dès
son adolescence des voix qui lui parlent et qui seraient celles des saints chrétiens...rien que
ça ! Suite à l'illumination, elle est convaincue de devoir sauver le royaume de France en portant
secours au roi Charles VII, en mauvaise posture face aux Bourguignons et aux anglais. Elle joint
la parole aux actes, rencontre le roi, mène les batailles, fait sacrer le roi et renverse le cours
de la guerre de Cent Ans. Elle sera capturée puis livrée aux anglais avant d'être brûlée
vive et de rentrer dans l'Histoire. Elle qui aurait aimé descendre avant de partir en fumée,
aurait dit dans son dernier souffle “Vous ne m'avez pas cru, vous m'aurez cuite!”.
Bon, si cette dernière phrase est totalement fausse, les deux procès dont elle a fait
l'objet — oui, car il y en a eu deux — nous renseignent énormément sur ce personnage hors
du commun. Mais, comme souvent en Histoire, plus on a d'éléments, plus cela soulève de questions.
Jeanne d'Arc méritera clairement plusieurs épisodes qui sortiront sur la chaîne à des
intervalles assez espacés, mais aujourd'hui, je vais tenter de me concentrer sur trois
questions qui, je l'espère, vous brosseront un portrait assez fidèle du personnage.
Pourquoi Jeanne s'est engagée dans la guerre de Cent Ans ?
Comment expliquer l'engouement qu'elle a suscité ? A-t-elle participé activement aux combats ?
Allez c'est parti !
Commençons par un peu de contexte. Depuis le début du XVe siècle, suite à la folie de Charles VI,
le royaume de France est traversé par une guerre sanglante entre deux grands partis nobles proches
de la couronne : les Orléans, aussi appelés les Armagnacs, et les Bourguignons. Chacun,
pour vaincre, tente à tour de rôle de s'attirer les bonnes grâces des rois d'Angleterre. Ce
sont les Bourguignons qui en profitent le plus lorsqu'après sa victoire d'Azincourt en 1415,
Henry V d'Angleterre finit par épouser une des filles de Charles VI. L'enfant tirée de
cette union, le futur Henri VI, est déclaré héritier présomptif de la couronne de France,
tandis que le duc de Bourgogne Philippe le Bon, renforce ses fiefs.
On a donc, en 1429, un royaume séparé en trois.
D'un côté, le nord la Loire qui reconnaît en grande majorité Henri VI ; de l'autre,
le sud, qui soutient Charles VII, fils de Charles VI replié sur Bourges,
et au nord-est les terres bourguignonnes . Entre les deux souverains, c'est la guerre.
Une guerre entre armées, mais aussi une guerre de symbole pour acquérir
de la légitimité. Et c'est justement sur ce point précis que l'apparition
Jeanne d'Arc va tout bouleverser alors que le conflit se déroule mal pour les Armagnacs.
La jeune femme, née vers 1412, vient des marges du royaume, sur les rives de la Meuse,
dans le village de Domrémy, située à l'époque à la frontière entre les terres du royaume et celle du
Saint Empire. C'est un endroit que se disputent durement les Armagnacs et les Bourguignons,
parce qu'il est sur la route reliant les terres contrôlées au nord et au sud par les Ducs de
Bourgogne . En 1429, les partisans de Charles VII possèdent encore dans la région quelques places
fortes, comme Vaucouleurs, à une vingtaine de kilomètres au nord de Domrémy. Mais une bonne
partie de la zone penche pour le duc de Bourgogne, comme le village de Maxey, situé à deux kilomètres
en face de Domrémy de l'autre côté de la Meuse. A l'opposé, le hameau où habite la famille de
Jeanne est Armagnac. Son père, un notable local propriétaire de plusieurs terres, est un partisan
reconnu des Orléans qui ont soutenu en 1412 la révolte des bourgeois de Neufchâteau, à dix
kilomètres au sud de Domrémy, contre les troupes du duc de Lorraine, alors allié des Bourguignons.
C'est compliqué donc mais ce qu'il faut retenir c'est que Jeanne baigne dans un milieu
foncièrement Armagnac, ce qui se ressent même dans les saints qui lui seraient apparu à partir
de ses treize ans. Oui, car dans ce conflit entre les familles de la haute noblesse qui mobilise une
grande partie du royaume depuis plus de vingt ans ans, même les forces divines ont un camp.
Ainsi Jeanne entend la voix de saint Michel, l'abbaye du Mont Saint Michel étant à l'époque
une forteresse Armagnac qui résiste aux Anglais, mais elle n'entend pas celle de saint Denis,
pourtant le patron traditionnel des rois de France. Son abbaye, proche de Paris,
est en effet en territoire anglo-bourguignon et contrôlée par le parti opposé.
A la question : pourquoi Jeanne, qu'on appellera bientôt la pucelle d'Orléans,
choisit-elle le camp de Charles VII et des armagnacs, on peut donc répondre que c'est
avant tout un choix partisan ! C'est pourquoi un de ses premiers actes militaires sera de
voler au secours de la ville d'Orléans, fief central de son parti, et qu'elle demande aux
Anglais dans une lettre qu'elle leur adresse de libérer le chef des Armagnac, Charles d'Orléans,
qu'ils détiennent prisonnier à Londres depuis sa défaite à Azincourt en 1415.
Son affiliation à un des camps de la guerre civile explique aussi pourquoi
beaucoup de sujets du royaume de France proches eux des Bourguignons jugent assez
sévèrement Jeanne. On a par exemple l'auteur anonyme qu'on appelle le Bourgeois de Paris,
sans doute un clerc vivant dans la capitale ralliée au duc de Bourgogne et à Henri VI,
qui a des mots très dur, mais apparement pas assez, à l'encontre de Jeanne. Il met en doute
les légendes que racontent les Armagnacs à son sujet et la qualifie de « créature en
forme de femme » suggérant ainsi qu'elle est un être démoniaque...rien que ça !
C'est donc en Armagnac que Jeanne rejoint la cour de Chinon en février 1429 où elle
parvient après avoir traversé incognito des terres bourguignonnes. L'adolescente qui se
présente devant le souverain est une complète étrangère : c'est une femme,
issu d'un milieu populaire, elle est très jeune, dans une société où l'on valorise le grand âge,
et elle vient d'une région frontalière vue de haut par les élites du royaume,
originaires elles du Val de Loire ou des environ de Paris. Pourtant,
elle se fait accepter par Charles VII. Cette réussite est encore aujourd'hui expliquée sous
l'angle du miracle. Jeanne, inspirée par Dieu, aurait reconnu le souverain déguisé
en simple courtisan au sein de sa cour, comme on le voit par exemple dans le film de Luc Besson.
Bon, cette scène a été inventée plus tard et elle est rentrée dans l'Histoire mythique de
Jeanne d'Arc. En réalité, le succès de Jeanne ne tient pas du prodige,
mais du contexte. Je vous explique !
En ce début du XVe siècle, le Grand Schisme, une crise religieuse qui a scindé pendant
presque quarante ans l'Église latine, favorise l'émergence du phénomène des prophétesses,
des femmes généralement issues de milieux modestes et affirmant détenir une révélation
divine propre à sauver le royaume, voir la Chrétienté tout entière. Dès le XIVe siècle
certaines d'entre elles, comme Brigitte de Suède, sont devenues célèbres en annonçant qu'une femme
viendrait au secours de la couronne de France et qu'elle serait vierge, à l'image de Marie,
la mère du Christ, dont le culte s'est alors fortement développé. Jeanne pense être
l'incarnation de cette pucelle et d'ailleurs, elle n'est pas la seule. Durant ses pérégrinations,
elle rencontre d'autres jeunes femmes qui, comme elle, ont entendu des appels venus de Dieu
ou de ses saints, et veulent apporter leur soutien à la couronne, comme Catherine de La
Rochelle ou Piéronne la Bretonne qui sera brûlée sur le parvis de Notre-Dame de Paris en 1430.
ça sentait déjà un peu le roussi, elle aurait dû se méfier...
Le roi et ses proches croient en l'existence des ces femmes et leur tendent régulièrement
l'oreille. Pour autant, ils n'en acceptent pas n'importe qui. Après son arrivée à Chinon,
Jeanne est ainsi longuement interrogée afin de savoir si elle correspond à ce qui est attendu
d'une prophétesse chrétienne, notamment au niveau de son corps. On vérifie sa virginité,
qualité qui renvoie à Marie, mère du Christ, qui figure d'ailleurs sur son pennon, son étendard,
mais qui renvoie aussi à de nombreuses saintes, particulièrement à deux qui lui sont apparues en
vision : sainte Catherine et sainte Marguerite. Ses partisans remarquent également d'autres
signes prouvant son destin exceptionnel : par exemple elle est anorexique et ne consomme que
des aliments renvoyant à une symbolique chrétienne : le vin, le pain, le poisson du carême. La seule
chaire qu'elle mange est celle du Christ, sous forme d'hosties qu'elle ingère régulièrement
pendant les communions— car depuis le XIIIe siècle, l'Église affirme que le pain consacré
se changeait vraiment en corps de Jésus. Enfin, les conseillers de Charles VII cherchent dans des
textes célèbres un passage qui pourrait annoncer la venue de la jeune femme et convaincre leurs
partisans du bien-fondé de sa mission. Comme on l'a vu dans la vidéo sur Merlin, ils le trouvent
dans les prophéties attribuées à l'enchanteur par Geoffroy de Monmouth au XIIe siècle.
Dernière étape de légitimation de Jeanne, et, par extension,
de la cause des Armagnacs : faire de la pucelle une bergère. Le truc,
c'est que Jeanne ne l'a jamais été, comme elle l'a expliqué à son procès.
Pourtant, dès 1429, Perceval de Boulainvilliers, un proche de Charles VII, écrit dans une lettre
au duc de Milan que la Pucelle « dès […] sa septième année [fut employé] à garder les
agneaux. Pas un des plus petits ne périt et ne devient la proie des bêtes féroces. […] Elle eut
sa première révélation [en gardant] les brebis de ses parents. » Au XVe siècle,
évoquer l'image du pasteur gardant ses troupeaux renvoie à nombre de
significations politico-religieuses. Dans la Bible, Goliath est vaincu par un berger,
David, qui devient par la suite roi. Alors que les Psaumes affirment que « L'Éternel
est mon berger », l'Évangile de Luc explique lui qu'un ange est apparu à des bergers pour
leur annoncer la naissance du Christ, scène d'ailleurs abondamment représentée au Moyen
âge sur des enluminures où parfois, comme ici, une bergère accompagne le berger.
Pour toutes ces raisons, depuis le XIVe siècle, les souverains, notamment en France,
sont comparés à des bergers. On considère qu'ils doivent être, à l'image de Jésus,
des bons pasteurs dirigeant avec justesse — mais fermeté — leurs troupeaux.
Jeanne est une figure profondément chrétienne,
elle se croit investie d'une mission qui ne concerne pas seulement la France,
mais aussi l'ensemble de la Création. Comme nombre d'autres prophètes, elle veut d'abord purifier le
royaume de ses pêchés qu'elle estime être la cause de ses défaites. C'est d'autant plus le cas que,
depuis le XIIIe siècle et la canonisation de saint Louis, on pense que la couronne de
France est sacrée et bénie par Dieu. C'est pour retrouver cette sacralité qu'elle veut
interdire le blasphème, le jeu d'argent et qu'elle chasse les prostituées de l'armée.
La troupe, engagée selon elle dans une sainte mission, doit être pure avant d'aller au combat.
C'est aussi pour que la monarchie retrouve son caractère divin qu'elle insiste pour que Charles
VII soit couronné à Reims où, croit-on, les souverains, oints par l'huile sacrée contenue
dans la sainte ampoule — qui selon une légende développée depuis le IXe siècle, aurait été amenée
du ciel par une colombe — deviennent des élus par Dieu et acquièrent des pouvoirs merveilleux comme
celui de guérir les écrouelles, une maladie pas vraiment esthétique. Ce retour à l'ordre voulu
par le Créateur doit contrebalancer les désordres créés par la guerre avec les Anglais, qui oppose
chrétiens contre chrétiens. Jeanne aspire en effet à une paix qui permettra d'unifier la chrétienté
sous le commandement de Charles VII, qui relancera alors une grande croisade et reprendra Jérusalem!
Un beau programme qui, comme l'espère nombre des contemporains de la Pucelle,
déclenchera la fin des temps et le retour du Christ sur Terre. Les projets de Jeanne
ne s'arrêtent donc pas aux frontières du royaume, mais concernent toute la Chrétienté!
En mars 1430, elle écrit ainsi une lettre aux hussites de Bohème, une hérésie qui
a vu le jour au début du XVe siècle, en les priant de retourner à la vraie foi sous peine
d'être punis par ses armées. La ferveur qui entourait Jeanne ne touche pas tout le monde,
comme on l'a vu plus haut. Elle s'éteint aussi, sans mauvais jeu de mot, en grande partie
lorsque l'entrée de Charles VII dans Paris ne se réalise pas comme elle l'avait pourtant annoncé.
S'il y a bien une chose qui distingue Jeanne de nombre d'autres prophétesses,
c'est qu'elle affirme publiquement qu'elle est une « cheffe de guerre ».
En l'espace d'un an d'activité militaire à peine, du 29 avril 1429 au 23 mai 1430, elle a ainsi :
participé à la levée du siège de l'Orléans ; aidé à la prise de Troyes ;
lancé la chevauchée victorieuse vers Reims en plein territoire anglo-bourguignon ;
échoué devant les murailles de Paris défendue entre autres par ses habitants,
opération durant laquelle elle est blessée par un carreau d'arbalète ;
pris la ville de Saint-Pierre-le-Moûtier ;
tente de lever le siège de Compiègne, opération durant laquelle elle est capturée.
C'est une liste non exhaustive mais Jeanne a donc vu beaucoup d'action, notamment des sièges,
ce qui est normal durant une guerre où les batailles en rase campagne, trop coûteuses,
sont rares, et où la plupart des opérations se concentrent sur le contrôle des places
fortes. Reste à savoir dans quelle mesure Jeanne a participé activement aux combats.
Lors de son procès, elle a affirmé n'avoir jamais tué personne et que,
si elle portait bien une épée, elle lui préférait quarante fois son étendard. Mais cela ne veut pas
dire pour autant qu'elle n'a joué aucun rôle dans les affrontements. L'étendard servait par
exemple à rallier les hommes, et à les diriger, ce qu'elle fit selon de nombreuses chroniques.
Certains témoins, comme Jean d'Alençon, ont même affirmé qu'elle avait de véritables
talents de tacticienne, chose que Jean de Dunois attribue plus à Dieu qu'à elle. Enfin, rien, à
part son sexe, ne semble la distinguer des autres chevaliers. Armée et possédant plusieurs montures
comme l'un d'entre eux, elle tend à se comporter comme la représentation idéale d'un membre de
cette aristocratie militaire, montrant son courage en première ligne, faisant preuve de loyauté
envers son suzerain et affirmant faire la guerre pour une juste cause, et pas pour s'enrichir.
Disons le tout court, si tout ça sort clairement de l'ordinaire et reste un phénomène exceptionnel,
cette participation d'une femme aux combats n'est en rien inconnue au XVe siècle.
La littérature épique a mis plusieurs fois en scène des guerrières, souvent vierges,
alors que l'Ancien Testament fait mention de femmes participant au combat, comme Judith
ou la juge et prophétesse Débora, que l'on voit représentée ici sur une enluminure du
XIIIe siècle, personnages auxquels Jeanne est comparée dès 1429 dans le poème que
lui consacre l'écrivaine Christine de Pisan. Pareillement, le coût humain de la guerre de
Cent Ans a créé des situations extraordinaires. On a ainsi vu certaines dames de la noblesse,
privées de leur époux mort ou prisonnier, commander à la défense de leur château,
sans pour autant participer activement au combat, comme la dame de la Roche-Guyon en 1418 dont
le mari a été tué du côté des Armagnac lors de la bataille d'Azincourt en 1415.
Poser la question des combats amène forcément celle des habits.Est ce que la aussi,
il y a des choses qui sortent de l'ordinaire avec Jeanne ?
Dès son départ de Vaucouleurs, Jeanne s'est vêtue en homme et s'est coupée les cheveux courts afin
de ne laisser qu'une calotte en haut du crâne, mode propre aux chevaliers que l'on peut voir sur
cette enluminure du XVe siècle représentant l'un ses compagnons d'armes, Jean de Dunois. Double
transgression donc, à la fois genrée et sociale, Jeanne quittant à la fois son sexe et sa classe.
Car il ne faut pas oublier qu'au Moyen âge l'habit fait littéralement le moine. Un vêtement, et une
coupe de cheveux à l'époque féodale ne sont en effet pas l'objet de choix individuel,
mais désigne une position fixe dans la société chrétienne. Un moine porte la
robe et la tonsure, une femme mariée doit être voilée, etc.
Dans ce contexte, la volonté de Jeanne de s'habiller en guerrier renforce le caractère
exceptionnel et urgent de sa mission. C'est parce que les hommes ont été incapables de rétablir
l'ordre divin dans le royaume qu'une jeune femme, issue d'un rang modeste, doit prendre leur place,
discours qu'appuient d'ailleurs Charles VII et son entourage : c'est en effet le roi qui achète
à Jeanne l'armure complète qu'elle va revêtir pour la coquette somme de cent livres, l'équivalent
à l'époque de près d'un an et demi de salaire d'un manœuvre, l'ouvrier de base d'un chantier.
Mais il ne faut pas croire que ça ne gênait pas les gens qui vivaient à la
même époque que Jeanne d'Arc ! Porter un vêtement masculin ça
n'est pas anodin et ça sera d'ailleurs une des raisons de sa condamnation.
Même après son exécution, les enluminures qui la représente la montre généralement avec les
cheveux longs et une robe, par exemple ici, dans Les Vigiles de la mort de Charles VII
de Martial d'Auvergne, manuscrit réalisé en 1484 , comme si sa transgression des
frontières entre les genres gênait en dehors du contexte particulier et de l'urgence de
la Guerre contre les Anglo-Bourguignons. Cette idée perdure même au XIXe siècle,
par exemple sur ce très célèbre tableau réalisé par Ingres dans les années 1850.
Jeanne est capturée à Compiègne le 23 mai 1430 par des troupes bourguignonnes. De là, elle est
vendue aux Anglais puis transférée à Rouen, sur des terres dépendant directement d'Henri VI, pour
être jugée par un tribunal composé en très grande majorité des ecclésiastiques
français, comme Pierre Cauchon, pendant une procédure complexe qui dura plusieurs mois.
Une procédure si complexe que nous lui consacrerons peut-être un jour
une vidéo complète, en tout cas, ça vaut le coup !
Il faut surtout retenir de ce procès que l'on reproche à Jeanne principalement
des faits d'hérésies et surtout d'avoir tenté d'occuper la place
d'intermédiaire entre les fidèles et Dieu, une position qui reste, en ce XVe siècle,
le monopole de l'Église. Elle est brûlée le 30 mai 1431. Elle a sans doute à peine dix-neuf ans.
Mais ce n'est pas la fin de son histoire. Dès 1450, juste après qu'il ait repris Rouen aux
Anglais, Charles VII ordonne l'ouverture d'une enquête sur la vie de Jeanne qui débouche sur
un procès en révision. Il s'agit à la fois d'établir pour le roi sa souveraineté sur
la ville et sur le duché de Normandie, mais aussi de tout faire pour que son
nom et son sacre ne soient plus associés à une hérétique. L'opération réussit, et,
en 1456, Jeanne est réhabilitée, mais pas canonisée. Il faut pour cela attendre 1920,
dans un tout autre contexte dont nous reparlerons sans doute, dans un prochain épisode…
Merci à William Blanc, historien du médiévalisme pour la préparation de cette émission. Merci
à tous de l'avoir suivi, n'hésitez pas à vous abonner pour ne pas louper les prochaines vidéos !
Je vous rappelle au passage que cet épisode est sponsorisé par Age of Empires IV dans
lequel vous retrouverez la pucelle d'Orléans à travers notamment la bataille de Patay ou
le siège d'Orléans ! Age of Empires IV, c'est un jeu de stratégie en temps réel
où vous construisez vos bases, gérez vos ressources et allez écraser vos
ennemis en utilisant les avantages de votre civilisation. Les français par exemple,
sont plutôt doués en commerce et bénéficient d'une unité spéciale capable de charger l'ennemi,
les chevaliers du Roi ! Etant un grand fan de la licence, je ne peux que vous conseiller de
vous jeter dessus ! Le jeu est disponible sur PC Windows 10 & 11 et il est inclus
dans le service Game Pass ! Je vous mets un lien en description pour en savoir plus !
A très vite sur Nota Bene. Ciao !